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Jour du dépassement de la France : pourquoi arrive-t-il plus tôt que dans le reste du monde ?

Par Matéo Da Ponte le 10.05.2023 à 17h23

Si tout le monde vivait comme les Français, il nous faudrait presque trois planètes Terre pour répondre à nos besoins. La conséquence d’une consommation excessive de ce que les écosystèmes peuvent régénérer d’après Earth Overshoot Day.

Jeunes militants écologistes français lors d’une grève pour le climat, à Perpignan, en 2019.

ARNAUD LE VU / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP

 

En 2022, l’humanité avait consommé l’ensemble des ressources que la planète peut générer en un an, le 28 juillet 2022. C’est ce qu’on appelle le Jour du dépassement, qui est calculé par Global Footprint Network (GFN), un institut de recherche international établi en Californie (Etats-Unis). En France, ce jour a eu lieu le 5 mai 2023. À titre de comparaison, ce jour tombe le 26 mars pour la Belgique, le 29 mai pour la Croatie et le 11 juin pour la Roumanie. En dehors de l’Europe, le jour du dépassement arrive le 2 juin en Chine et le 24 juin en Argentine. La France, comme beaucoup de pays en Europe, est l’un des pays les plus en « déficit écologique ».

La dépendance de la France aux énergies fossiles

Crédits : SDES, Bilan énergétique de la France

La guerre en Ukraine nous l’a encore montré : la France est dépendante en matière d’énergies fossiles, dont le pétrole et le gaz. À l’heure actuelle, les énergies renouvelables ne représentent que 14 % de la consommation des énergies dans l’Hexagone (chiffres de 2020 du Service des données et études statistiques, le SDES). Ce qui est insuffisant pour répondre aux demandes en énergie des Français. Or, les émissions de gaz à effet de serre et l’utilisation des ressources fossiles sont des causes majeures de l’évolution de la date du jour de dépassement, selon les calculs faits par GFN.

A contrario, la Roumanie s’illustre en Europe pour son indépendance aux énergies fossiles avec 24 % d’énergies renouvelables, selon la Direction générale du Trésor. De manière similaire, en Suède, d’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les énergies fossiles ne représentent que 27 % des énergies. Son mix électrique se répartit sur le nucléaire, la biomasse, la réutilisation des déchets et l’hydroélectricité.

Une empreinte carbone encore trop importante

L’empreinte carbone est la quantité de gaz à effet de serre émise par l’activité humaine (prendre l’avion, utiliser un téléphone, etc.). En 2021, l’empreinte carbone d’un Français en une année est estimée à 8,9 tonnes de CO2.

Un chiffre en augmentation, puisqu’en 2020, cette empreinte était de 8,3 tonnes de CO2 par personne d’après le SDES. Or, selon les consignes gouvernementales, il faudrait tendre vers deux tonnes de CO2 par habitant pour suffisamment réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

Pour reprendre la comparaison avec la Suède, l’empreinte carbone par habitant s’y établissait à 3,4 tonnes de CO2 en 2019, d’après la banque mondiale de données. Cela s’explique notamment par l’application d’une taxe carbone depuis plus de 30 ans. Cette dernière s’est multipliée par 6 depuis sa création en 1991.

Des leviers d’action possibles

Le Jour du dépassement est devenu un symbole des conséquences de l’activité humaine sur l’environnement. C’est le sens donné à la politique de sobriété qui invite à adopter les bons réflexes pour réduire son empreinte carbone (réduire sa consommation de viande, privilégié les transports en commun, etc.). L’association en charge de l’inventaire des émissions de gaz polluants en France a d’ailleurs constaté une baisse de 2,5 % des émissions de gaz à effet de serre en 2022. Une baisse qui peut s’expliquer par les campagnes de sensibilisation à la sobriété.

 

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