CHEMIN DES PLUMES

Voyager & découvrir

Le loup Billy : une traversée de plusieurs pays avant d’être abattu… en France

 

Note de FERUS : nous publions ci-dessous le communiqué de l’Office Français de la Biodiversité. Le loup GW1554m, surnommé Billy, né en Allemagne, a été abattu en France en septembre dernier par les pouvoirs publics après une belle dispersion qui l’aura amené à passer par la Belgique et les Pays-Bas. Ce loup est le premier détecté en France comme n’étant pas de souche italo-alpine *.
Un double gâchis (loup sur un front de colonisation et patrimoine génétique)… Pour les prédations côté français, nos constatations sur le terrain ont montré des mesures de protection des troupeaux insuffisantes ; le communiqué de l’OFB ne précise d’ailleurs pas que les mesures de protections étaient effectives et suffisantes. Seules deux choses auront tué ce loup : le manque de moyens de protection des troupeaux et le lobby de l’élevage (le manque de courage de l’État français allant de pair).
La gestion du loup, espèce protégée, est de plus en plus calamiteuse en France. Seuls les moyens de protection des troupeaux sont efficaces à long terme et compatibles avec la cohabitation, obligatoire, avec le loup. L’association FERUS milite en ce sens.
* Seules deux données, provenant d’un seul individu, ont été récoltées en Lozère et sont de la lignée d’Europe centrale. Nous ne savons pas à cette heure si ces deux données sont à recouper avec le parc zoologique « Les loups dont du Gévaudan » dont certains individus s’étaient échappés.
Communiqué de presse OFB, 24 février 2021
Loup abattu sur la commune du Val-d’Ajol
Dans la nuit du 22 au 23 septembre 2020, un loup a été légalement abattu sur le territoire de la commune du Val-d’Ajol dans le département des Vosges (France) après une série d’attaques sur ovins et jeunes bovins. Cet animal était entré à plusieurs reprises à l’intérieur d’étables ouvertes, ce qui a déclenché la prise d’un Arrêté Préfectoral de tir dérogatoire au statut de protection de l’espèce sur la zone.
Comme pour chaque dépouille de loup, l’Office français de la biodiversité (OFB) en charge du suivi de l’espèce en France, a demandé une analyse génétique conduite par son laboratoire partenaire ANTAGENE. Les résultats ont montré une signature génétique typique des populations de loups d’Europe centrale et de la Baltique (haplotype W1 selon PILOT, 2010) et non de la souche franco-italienne présente historiquement sur le territoire français depuis le début des années 90.
Grâce à une coopération scientifique internationale, la comparaison de l’empreinte génétique de cet animal avec la base de données du consortium « Central European Wolf » (CE Wolf), en charge du suivi de l’espèce pour cette partie de l’Europe, a révélé que ce loup était identique à l’individu connu sous le code GW1554m.
Les techniques de suivi moléculaire non invasives ont permis aux biologistes de différents pays du nord de l’Europe de retracer l’histoire de vie de ce loup disperseur, depuis l’Allemagne jusqu’en France en passant par les Pays-Bas et la Belgique.
Cet individu est né en 2019 dans la meute de Herzlake en Basse-Saxe (Allemagne) près de Meppen, et a été identifié pour la première fois à partir d’un échantillon d’excréments le 1er janvier 2020. A travers l’analyse des pedigrees des loups connus dans la base de données du CE Wolf, les ancêtres de cet animal, appartenant à différentes meutes d’Allemagne et de Pologne, ont été tracés sur trois générations. Il a été détecté ensuite à plusieurs reprises sur des moutons tués en Basse Saxe et en Brème entre février et avril 2020. Dans la seconde moitié d’avril 2020, il est apparu pour la première fois dans l’est des Pays-Bas (Gelderland), et s’était déplacé plus au sud-ouest début mai. Lors de son séjour aux Pays-Bas, il a tué plus de cinquante moutons et a souvent été vu en plein jour. Sa dernière observation dans le pays remonte au 1er juin 2020. Il a été filmé en caméra vidéo à Oud-Turnhout en Belgique quelques jours plus tard et s’est déplacé ensuite plus au sud dans la province d’Anvers, où il a été fréquemment vu, photographié et filmé par un grand nombre d’observateurs. Pendant cette période, il a tué quelques moutons et une vache laitière. Le 19 juin, il a été heurté par une camionnette à Turnhout en Belgique (confirmation génétique). Il ne semblait pas vraiment affecté par l’incident, il a été revu le lendemain aux abords d’une attaque constatée sur un mouton.
Fin juin 2020, il disparaît brièvement puis il est vu à nouveau une semaine plus tard dans l’est de la Belgique, près de la frontière allemande. Ensuite, il a continué à migrer vers le sud, comme en témoignent les traces d’ADN relevées sur les animaux tués, dont deux veaux dans une étable ouverte dans les provinces de Liège et plus au sud dans la région frontalière germano-luxembourgeoise en Rhénanie-Palatinat (DE) où il tue deux veaux et quatorze ovins sur une période de onze jours. La dernière présence confirmée de GW1554m en Allemagne remonte au 26 juillet 2020.
Moins d’un mois plus tard, des attaques sur troupeaux domestiques sont relevées dans les départements des Vosges puis de la Haute-Saône sur le territoire français. On remarque en particulier une attaque sur un veau laitier dans une étable. Dans les semaines qui ont suivi cet incident, il a attaqué à plusieurs reprises des ovins et des veaux, et a été photographié plusieurs fois par des caméras automatiques. Son comportement de prédation étant particulièrement important, une autorisation de tir a été délivrée par les autorités françaises afin d’abattre ce loup. Il a été prélevé alors qu’il poursuivait du bétail dans la nuit du 22 au 23 septembre 2020.
L’identification de ce loup résulte d’une collaboration entre des laboratoires de recherche français, belges, allemands et néerlandais, avec la collaboration des différentes autorités régionales et nationales. Le loup est une espèce très mobile, capable de mouvements de dispersion sur de longues distances pour trouver un territoire vacant où s’installer. A vol d’oiseau, cet individu a parcouru environs 1000 km en 4 mois. Les analyses génétiques harmonisées à l’échelle des différents pays européens permettent d’optimiser son suivi et la connaissance de cette espèce.