CHEMIN DES PLUMES

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Espèces migratrices : pour s’orienter, mieux vaut avoir du nez !

Les chercheurs s’intéressent depuis bien longtemps aux capacités d’orientation et de navigation des espèces migratrices, avec parfois, la découverte de quelques surprises.

Le monde animal a la bougeotte. La majorité des espèces se déplacent de la zone où elles se reproduisent à celles où elles se nourrissent. Héritage probable d’une époque où elles ont dû s’adapter à l’alternance d’ères glaciaires et interglaciaires, selon les écologues.

Les records, attestés par GPS ? Pour les airs, la sterne arctique, avec ses 70.000 kilomètres de vol entre Arctique et Antarctique. Pour les océans, la tortue luth et ses 20.000 kilomètres parcourus pour rejoindre les plages de ponte. Et sur terre, c’est le caribou et ses 1.300 kilomètres effectués en ligne droite qui remporte la palme. Mais comment se repèrent-ils ?

« Connaître la direction à suivre est inné »

« Ne pas confondre orientation et navigation, prévient Francesco Bonadonna, du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE-CNRS) de Montpellier. Connaître la direction à suivre est inné, affiner sa course et l’optimiser, cela s’apprend. » Les oiseaux savent utiliser le soleil, dont le parcours constitue pour tous les êtres vivants une véritable horloge. « Il donne la direction à suivre de façon très précise selon les saisons », poursuit Francesco Bonadonna. Mais la nuit ?

L’étude d’étourneaux sous le faux ciel étoilé d’un planétarium montre qu’ils sont capables de se repérer sur des points fixes, telle l’étoile polaire. Les espèces nocturnes ont également développé la faculté d’utiliser l’intensité, la direction et l’inclinaison du champ magnétique terrestre. Mais celui-ci n’est pas l’outil majeur des migrateurs. C’est ce qu’a prouvé en 2015 une équipe internationale, qui a publié ses résultats dans Scientific Reports.

L’odorat est primordial

Nous avons déplacé des puffins dorés de 400 kilomètres à l’est par rapport à leurs nids des Açores. Dans un premier groupe, les oiseaux ont été laissés à leur comportement habituel ; ceux d’un deuxième ont été équipés d’un aimant annulant la perception du champ magnétique ; dans le troisième, les puffins ont été temporairement privés d’odorat, raconte Francesco Bonadonna, co-auteur de ce travail. Les deux premiers groupes ont retrouvé sans encombre le chemin du nid, tandis que leurs congénères sans olfaction ont tourné en rond… jusqu’à ce qu’ils retrouvent ce sens. » Conclusion : l’odorat est primordial.

Mais à côté de l’héritage génétique, il faut aussi compter sur l’expérience qu’apporte la navigation. Les oiseaux effectuant leur première migration ne savent pas modifier leur itinéraire quand le vent, par exemple, les dévie. En revanche, les adultes, qui ont appris de leurs tribulations précédentes, peuvent corriger leur trajectoire… pour un voyage à moindre effort.