Venu d’Italie par les Alpes, le loup s’installe peu à peu en Occitanie

loup en occitanie

Le loup étend son territoire en France, notamment en Occitanie, région propice à son implantation du fait d’un gibier abondant et où des naissances ont même été recensées en 2022 par l’Office français de la biodiversité (OFB), qui suit ce carnivore à la trace.

« Le loup peut arriver dans tous les territoires du pays du jour au lendemain. Il est capable de s’adapter partout », explique Julien Steinmetz, coordinateur du suivi du canidé à l’OFB Occitanie, qui arpente, en raquettes, une forêt enneigée du plateau de l’Aubrac dans l’Aveyron.

« Ici, c’est le paradis pour le loup. Il y a beaucoup de gibier susceptible de l’intéresser », ajoute son collègue Jean-Christophe Peers, chargé du suivi pour l’OFB dans ce département rural.

Ce matin d’hiver, tous deux traquent dans la neige de nouvelles empreintes d’un spécimen repéré sur la zone depuis plusieurs années. Onze autres équipes, totalisant une quarantaine de personnes, quadrillent le même jour cette partie de l’Aubrac. Parmi elles, des bénévoles du Réseau loup-lynx, qui compte 4.500 membres en France et assure le suivi du loup revenu de lui-même en France par les Alpes depuis l’Italie en 1992.

Des traces de pattes pourraient permettre de retrouver ensuite des excréments, de l’urine ou des poils, et d’identifier ainsi génétiquement le ou les individus présents.

Un « animal mythique »

Le manteau blanc est couvert de nombreuses empreintes. D’un simple coup d’œil, les deux agents de l’OFB écartent celles de bêtes très différentes du loup : biche, écureuil, lièvre, martre, chat forestier, etc. Ils se penchent plus longuement sur celles d’autres canidés. « Ce sont surtout les chiens qui peuvent nous faire douter », explique Julien Steinmetz.

Ce jour-là, aucune empreinte de loup ne sera détectée, une déception pour certains bénévoles du Réseau, comme Gérard Alric, ancien instituteur de 77 ans et « écolo dans l’âme » qui participait à cette quête de l’« animal mythique ».

Les « pièges-photo », qui photographient automatiquement les animaux, ne donnent rien non plus. Après avoir démonté trois des 15 appareils accrochés par l’OFB à des troncs d’arbres dans l’Aubrac, Jean-Christophe Peers visionne sur son ordinateur des centaines de photos : aucun loup, mais des cerfs, des renards, des putois… toutes sortes de bêtes actives la nuit.

Le loup, chassé en France jusqu’à sa disparition en 1937

Pour l’OFB, cette absence d’empreintes ne signifie pas qu’il n’y ait plus de loup dans ce secteur. Un individu installé peut en effet circuler sur une superficie d’au moins 200 km².

D’une manière générale, le loup – dont une quinzaine d’individus a été recensée en Occitanie sur un millier au total en France – tend à étendre son territoire dans cette région. L’OFB a confirmé sa présence dans plusieurs départements et même des naissances en 2022, une première. « Une des principales caractéristiques biologiques du loup, c’est sa capacité de se disperser pour coloniser de nouveaux territoires, très loin de là où il est né. L’Occitanie est intéressante pour lui parce qu’elle est proche des Alpes et dispose de territoires variés avec beaucoup de gibier », note encore Julien Steinmetz.

L’OFB a constaté des naissances de louveteaux en 2022 dans deux des neuf secteurs « de présence permanente » de la région : le Mont Lozère, dans le département du même nom, et le plateau du Larzac, à cheval entre l’Aveyron, l’Hérault et le Gard. Les sept autres zones, où aucune naissance n’a été enregistrée jusqu’à présent, concernent des départements plus éloignés des Alpes, tels le Tarn ou les Pyrénées-Orientales. Ailleurs, comme dans le Lot et les Hautes-Pyrénées, la présence du carnivore reste à confirmer par de nouvelles observations.

Autrefois présent dans toutes les campagnes françaises, le loup n’occupait plus au 19e siècle que la moitié de son territoire historique. Les hommes l’ont chassé et réduit son habitat par une déforestation massive, jusqu’à sa disparition en 1937.

Actuellement, sa population dans l’Hexagone croît et est en passe de dépasser les 1.000 individus, l’OFB en ayant recensé 921 en juin 2022, contre 783 un an plus tôt, principalement dans les Alpes (est), le Massif central (centre), les Pyrénées (sud-ouest) et les Vosges (nord-est). Mais, comme l’ours, la présence du loup oppose régulièrement ses défenseurs à des éleveurs, qui dénoncent les attaques contre leurs troupeaux de moutons et de chèvres.

Source : Science et Avenir

Côtes d’Armor : Un loup observé et filmé en pleine journée

loup-côte d'armor

L’animal, repéré près de Lannion, a été authentifié par l’office français de la biodiversité. Une première pour ce département

S’agissait-il du même animal ? Repéré dans le Finistère et en Ille-et-Vilaine ces derniers mois, un loup a cette fois été vu dans les Côtes d’Armor. Une première pour ce département depuis plus d’un siècle. L’observation a eu lieu le 6 janvier, vers 14 heures, sur la commune de Ploubezre, près de Lannion. Une mère et son fils, qui circulaient en voiture, ont aperçu un canidé ressemblant à un loup à l’entrée d’un champ.

L’adolescent a eu le réflexe de sortir son téléphone et de filmer l’animal haut sur pattes, rapporte France Bleu. Le document a ensuite été transmis à l’Office français de la biodiversité (OFB), lequel a confirmé les doutes des témoins : il s’agissait bien d’un loup gris commun.

Une empreinte retrouvée

Le loup s’était enfui en voyant le véhicule ralentir. L’adolescent est tout de même parvenu à retrouver une empreinte, authentifiée par l’OFB elle aussi, dans le champ de maïs où il a été observé.

Le premier loup recensé en Bretagne était celui filmé début mai 2022 sur la commune de Berrien dans les monts d’Arrée (Finistère). La présence du canidé est avérée dans le Grand Ouest de la France depuis 2021.

Photo : Un loup gris commun a été observé sur la commune de Ploubezre. (photo d’illustration) — raincarnation40 / Pixabay

La chasse au loup bat son plein en Suède avec un record de bêtes à abattre

Loup-suède

Dans le centre du pays, jusqu’à 75 de ces prédateurs pourront être tués d’ici à la mi-février. Pas assez pour les chasseurs et les agriculteurs, qui s’inquiètent de leur nombre croissant. Beaucoup trop pour les défenseurs de la nature, dont certains tentent de faire obstruction sur le terrain.

Depuis le 2 janvier, la chasse au loup est ouverte dans le royaume scandinave. Elle est “la plus importante des temps modernes”, souligne le site de la télévision publique Sverigestelevision (SVT). Cette année, la permission est donnée aux chasseurs d’en abattre jusqu’à 75, soit un record depuis l’introduction de la chasse sous licence en 2010. Pour comparaison, en douze ans “203 de ces animaux ont été tués”, dont 28 l’an dernier et 27 l’année précédente, note SVT.

Chaque année, ce sont les comtés où la chasse est autorisée qui décident individuellement du nombre de bêtes à abattre. La traque des loups n’est autorisée que dans 5 des 21 comtés du pays, ceux où ces animaux sont les plus présents. Le territoire en question couvre une partie du centre de la Suède, qui va de la frontière avec la Norvège, à l’ouest, à un tronçon de la mer Baltique au nord de Stockholm, à l’est. La fin de la chasse sous licence a été fixée au 15 février.

Mardi 3 janvier à la mi-journée, déjà 13 loups avaient été tués, d’après le décompte des chasseurs publiés dans le journal de leur fédération, Svensk Jakt. Les tireurs sont censés informer les autorités locales après chaque bête tuée. Ils ne gardent que la fourrure, le reste servant à des analyses scientifiques.

Source Courrier International

Une nouvelle saison chez les éleveurs pour prévenir la prédation du loup : weekend bilan 22/23 octobre

férus s'oppose aux tirs

L’association FERUS s’oppose aux tirs de loups, dont l’efficacité n’a été prouvée par aucune étude, et œuvre pour la coexistence loup / troupeaux. Depuis 1999, elle a mis en place un programme de soutien chez les éleveurs et bergers en zone à loups. Le programme PastoraLoup propose ainsi une aide complémentaire pour la protection des troupeaux. Afin de réduire les dommages et la vulnérabilité des animaux domestiques, il s’agit pour les personnes bénévoles de renforcer la présence humaine auprès du cheptel et participer aux divers travaux pastoraux nécessités par la présence du loup.

Bilan 2022 (début mai à octobre) :

=> 68 bénévoles

=> 15 éleveurs

=> 5 départements (Alpes de Haute-Provence, Var, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Drôme)

=> 3 stages de formation des bénévoles

=> 487 nuits/jours de surveillance

=> 5 chantiers d’entretien de clôtures et 1 chantier de création de parc

Comme chaque année, la présence humaine renforcée auprès des troupeaux a permis de réduire drastiquement les tentatives de prédation des loups. En présence de nos bénévoles, les attaques sont très rares, les animaux tués encore plus.

Un parc pour les chevaux

Suite à un appel d’une éleveuse de chevaux à venir la sortir d’une situation de stress permanent, FERUS, via son programme Pastoraloup, a proposé à cette habitante de Grane (sud Drôme) de venir mettre en place un parc de protection efficace cet automne.

Dans un premier temps, les bénévoles de PastoraLoup se sont succédé pour soulager les nuits de l’éleveuse en venant dormir au cœur de l’exploitation, en attendant l’arrivée des poteaux, de la clôture (URSUS à 150 cm de hauteur) et des fils électriques. Le chantier a ensuite pu démarrer, parfois dans des conditions de vie rustiques et sous le regard professionnel d’un bénévole électricien à la retraite.

L’éleveuse est aujourd’hui rassurée et sait désormais ses poulains de frisons à l’abri de la prédation.

Bien sûr, FERUS a conscience qu’il ne s’agit pas d’une baguette magique transposable à l’infini, notamment sur de l’élevage extensif ovin transhumant. Mais au moins pour ces éleveurs qui ont choisi de sédentariser leur exploitation sur du foncier autour de la ferme, la solution évite de réfléchir vers la logique absurde de régulation de l’espèce loup.

Invitation week-end bilan

La saison PastoraLoup 2022 s’achève. Nous organisons notre week-end bilan ces 22 et 23 octobre dans le Vaucluse (Mont Serein). Nous vous invitons à venir nous rencontrer le samedi 22 après-midi pour un moment d’échanges et de bilan, avec la présence des bénévoles notamment (le dimanche sera consacré à une balade). Si vous souhaitez venir, merci de contacter Fannie : 0750699890 ou fannie.malet@ferus.org

Selon les derniers chiffres de l’OFB, plus de loups, moins d’attaques : des signes encourageants pour la coexistence estime FNE

loup

Le nombre de loups en France a été estimé à 921 en 2022. Le chiffre pour 2021 est aussi revu en hausse.

La population de loups gris est estimée à 921 individus à la sortie de l’hiver 2021-2022, a annoncé lundi le préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui précise aussi que le chiffre 2020-2021 a été revu en hausse à 783 loups.

Plus précisément, la fourchette de loups adultes, espèce menacée et protégée en Europe, est estimée entre 826 et 1.016 dans l’Hexagone, a précisé l’Office français de la biodiversité (OFB), organisme en charge de cette estimation.

Le loup est un animal sauvage vivant sur de grandes étendues. Sa population ne peut donc être comptée précisément, mais elle est estimée à partir d’indices (observation visuelle, empreintes, déjection…).

L’OFB forme des gens de terrain pour collecter ces indices et intégrer un réseau de correspondants. Un effort de formation a été fait, avec 385 nouvelles personnes, ce qui a permis d’augmenter le nombre d’indices récoltés, à « 4.500 indices de présence (contre 2.600 en 2020 et 3.700 en 2021) », fait savoir le préfet.

Pour 2020-2021, la population de loups gris avait été estimée à 624 individus, mais l’OFB a affiné sa méthode grâce à l’analyse de résultats génétiques.

La chasse au loup autorisée en France

Le nombre maximal de loups pouvant être tués en 2022 s’élèvera donc à 174 individus, contre 118 initialement prévus. « Depuis le 1er janvier 2022, 29 loups ont été décomptés de ce plafond », précise le préfet, en charge de la cohabitation de ce prédateur naturel avec le bétail.

D’autres mesures sont prévues pour accompagner les éleveurs et limiter les attaques contre les troupeaux: financement de chiens de protection, de parcs électrifiés, de gardiennage par des bergers. Des indemnisations sont prévues en cas d’attaque.

Cela a débouché « pour la première fois, (sur) une baisse de la prédation en France tant en nombre d’attaques que d’animaux prédatés », tout en restant à un niveau élevé, indique le communiqué.

« Une enveloppe financière supplémentaire permettra d’améliorer la qualité du matériel, donc l’efficacité des tirs de défense des troupeaux », avec « une attention particulière (…) aux situations individuelles des éleveurs subissant une forte prédation », précise le communiqué.

Le loup gris, revenu de lui-même en France depuis l’Italie et essentiellement présent dans les massifs alpins et provençaux, connaît une dynamique démographique favorable (…) depuis 10 ans, avec « un taux de survie de l’espèce satisfaisant et d’une hausse de la reproduction », selon le communiqué. Il a été aperçu jusque dans le Finistère.

Le nombre de meutes progresse aussi (+19 en 2020 et +29 en 2021), précise le communiqué.

Ce que précise FNE

L’État a présenté ce jour le bilan du suivi de la population de loups en France. Celui-ci montre une expansion à la fois numérique et géographique de l’espèce, avec une estimation de 920 loups. Cette première bonne nouvelle se double d’une autre : en 2021, le nombre d’attaques sur les troupeaux a diminué pour la première fois, de même que le nombre de victimes, déjà en baisse en 2020. France Nature Environnement et Humanité & Biodiversité saluent les efforts des éleveurs dans la mise en place de moyens de protection et encouragent l’Etat à poursuivre son accompagnement afin de généraliser des mesures qui prouvent leur efficacité.

Une méthode de suivi robuste et transparente

Il importe de souligner d’abord la transparence qui préside à la diffusion de cette estimation et à la méthode qui la fonde. Elle est issue d’un protocole scientifique robuste, validé par des scientifiques européens, fondé sur des indices et données fiables, validées par des analyses génétiques avant d’être intégrés dans le modèle mathématique établi par le CNRS. A rebours de mensonges colportés l’année dernière et destinés à décrédibiliser l’Office Français de la Biodiversité, il n’y a pas aujourd’hui de méthode plus robuste de suivi d’une population dans aucun pays européen.

En ces temps d’érosion généralisée de la biodiversité, ce bilan constitue une bonne nouvelle montrant que les écosystèmes sont en capacité d’accueillir le retour naturel d’un grand prédateur, qui y trouve toute sa place, notamment dans la régulation des grands ongulés dont on sait les dégâts qu’ils causent dans de nombreux territoires aux forêts et à certaines productions agricoles.

Des mesures de protection efficaces

Dans ce contexte, il est important de souligner que l’an dernier le nombre d’attaques a diminué pour la première fois, de même que le nombre de victimes (qui était déjà en baisse en 2020) : les attaques comme les dommages aux troupeaux se retrouvent ainsi à leur plus bas niveau depuis 2018. Cela est particulièrement vrai dans les secteurs de présence historique du loup. Cela s’explique par les efforts des éleveurs dans la mise en place de moyens de protection et l’implication de l’Etat pour la bonne mise en œuvre de ceux-ci.

Par contraste, les territoires de nouvelle colonisation connaissent des hausses de dommages, explicables par l’absence de ces moyens de protection. Ces constats démontrent une réelle efficacité de ces moyens : ils doivent encourager l’Etat à renforcer l’accompagnement des éleveurs pour permettre une mise en place effective et généralisée de ces moyens.

Mettre un terme aux tirs « politiques »

L’augmentation du nombre de loups ne doit pas être l’occasion pour l’Etat de relâcher le strict encadrement des autorisations de tir. On connaît la tentation d’octroyer des tirs « politiques », destinés non à protéger les troupeaux mais à satisfaire ceux qui pensent qu’un prédateur ne se « gère » que par la destruction. Ce double constat d’une augmentation de la population de loups et d’une diminution du nombre d’attaques montre bien que la destruction n’est pas une solution.

Les autorisations de tirs de loup, espèce protégée, doivent rester dans le cadre dérogatoire prévu par la réglementation française et les instances européennes. Ces autorisations sont prévues pour la prévention de dommages aux troupeaux qui continuent, malgré la mise en œuvre effective des moyens de protection, à subir des attaques. Pas dans les autres cas, ni pour détruire un individu en l’absence de dommages, ni dans la situation de troupeaux non protégés. Cette règle doit prévaloir dans les décisions des préfets, que le loup soit présent de longue date dans le département ou qu’il ne soit que de passage.

Anticiper les mesures de protection pour favoriser la coexistence

En aucun cas les possibilités dérogatoires de destruction de loups ne doivent être utilisées pour réguler la population de loup ni la cantonner géographiquement. Aussi, lors de l’arrivée du loup dans un territoire, la priorité est d’accélérer et faciliter les moyens de protection, et pas de tirer à vue sur le loup au motif que les élevages ne sont pas encore protégés. La mise en œuvre des moyens de protection doit être mieux anticipée : il s’agit d’appréhender le travail avec les chiens de protection et l’installation de clôtures adaptées sans attendre les premières attaques.

L’État doit poursuivre l’accompagnement des éleveurs dans la généralisation des moyens de protection grâce aux financements publics européens, et être le garant de la bonne utilisation de ces fonds et de la mise en place effective des moyens de prévention des attaques. Dans ces conditions, les tirs autorisés uniquement dans les cas où la protection n’a pas rempli ses objectifs retrouveront une certaine efficacité pour faire baisser la prédation.

photo : Voix du nord

Effectuer les prélèvements en fonction des dégâts

Ces mesures ne satisfont toutefois pas les organisations agricoles. La Confédération paysanne, faisant cavalier seul, réclame davantage de moyens au ministère de l’Agriculture pour anticiper la protection dans les zones où le loup apparaît. « Toutes les régions seront concernées dans les dix ans à venir », estime le syndicat paysan, qui demande à ce que « les prélèvements soient effectués en fonction des dégâts aux troupeaux et non dans un cadre de gestion de l’espèce ».

La FNSEA, accompagnée de quatre autres organisations (JA, FNO, FNB, FNC) et des chambres d’agriculture revient, quant à elle, sur la méthode de comptage des loups. Une contestation qui, en novembre 2021, avait provoqué le boycott du Groupe national loup par trois associations de protection de la nature (FNBE, LPO, Ferus). « À rebours de mensonges colportés l’année dernière et destinés à décrédibiliser l’Office français de la biodiversité, il n’y a pas aujourd’hui de méthode plus robuste de suivi d’une population dans aucun pays européen », réaffirme FNE et « L’augmentation du nombre de loups ne doit pas être l’occasion pour l’État de relâcher le strict encadrement des autorisations de tir ».

« L’effectif annoncé ne correspond pas à la réalité de la population lupine », maintiennent, de leur côté, les organisations agricoles, qui réclament un prélèvement de 300 loups en 2022. « Les éleveurs vivent quotidiennement dans l’angoisse d’une nouvelle attaque, et ce, en dépit des mesures de protection des troupeaux mises en place », assurent les organisations. Bien qu’en baisse, il est vrai que le nombre d’animaux tués par les loups s’élève à 10 800 en 2021 (contre plus de 12 000 en 2019). « S’agissant des bovins – de plus en plus attaqués par les loups –, l’inefficacité des mesures de protection n’est plus à démontrer », pointent les organisations.

La Fédération nationale ovine (FNO) demande à nouveau une révision du statut de protection du loup, qui n’est plus, selon elle, une espèce menacée d’extinction, via une révision de la directive Habitats (R3123). « Chaque pays pourrait assurer l’équilibre entre la conservation des espèces sauvages et la conservation des activités agricoles et pastorales », explique le syndicat agricole.

« L’expansion des prédateurs constitue en effet une menace directe pour les zones rurales désormais au cœur des politiques européennes. Elle participe au non-renouvellement des éleveurs et à l’abandon des espaces entretenus par eux et par leurs troupeaux, appauvrissant ainsi la biodiversité dans son ensemble », estime la FNO accompagnée des autres organisations agricoles. Alors que le nouveau plan loup est en cours d’élaboration, ces dernières appellent à en faire « un véritable plan de sauvegarde du pastoralisme, de l’élevage en plein air et un plan de régulation de l’espèce lupine ».

Loups en Haute-Savoie : les chasseurs vont en compter plus pour en tuer plus

loup et appareil photographique

Un loup piégé par un appareil photographique dans une forêt de l’Aude, en 2017

Les pouvoirs publics subventionnent massivement un recomptage des loups en Haute-Savoie par les agriculteurs et les chasseurs. Ces derniers veulent faire mentir à coups de drones et pièges photographiques les estimations de l’Office français de la biodiversité. Leur but : justifier la mise à mort de plus de loups

Sous les cimes enneigées, une bataille de chiffres fait rage. En Haute-Savoie, chasseurs, agriculteurs et écologistes se brouillent sur le nombre de loups et de meutes présentes dans les alpages. Selon le dernier comptage de l’Office français de la biodiversité (OFB), en 2021, 74 loups circulaient dans les montagnes du département. Chaque année, l’État autorise l’abattage de 19 % de la population au niveau national.

Une situation qui ne satisfait pas le monde de la chasse et la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA). Pour eux, la vie pastorale tout entière est mise en péril. Depuis l’arrivée du loup en 2009 sur le massif de Glières, « ce prédateur ne cesse de semer le trouble au cœur des territoires ruraux, dit à Reporterre le président de la fédération de chasse, André Mugnier. Le loup n’est plus une espèce protégée. Si rien n’est fait, cette situation déjà dramatique va s’aggraver. »

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Un loup du parc français du Gévaudan

Main dans la main, chasseurs et exploitants agricoles contestent les estimations de l’OFB. Ils avancent un décalage de 30 % à 40 % entre les chiffres donnés et « la réalité de terrain » : « En 2021, on a abattu sept loups dans le département mais on devrait en prélever au moins 25 par an si on veut maintenir un effectif gérable et réguler l’espèce », affirme André Mugnier.

Dans la presse, la FNSEA et la fédération de chasse multiplient les attaques pour discréditer l’OFB. Un bras de fer est engagé et les chasseurs semblent avoir obtenu une première victoire, au grand dam des écologistes.

270 000 euros de subventions pour les chasseurs

Car le département de Haute-Savoie, présidé par un membre du parti Les Républicains et proche de Laurent Wauquiez, Martial Saddier, a attribué 270 000 euros de subventions à la fédération de chasse pour mettre en œuvre une campagne de comptage de loups, « contradictoire à celle de l’OFB ». Cette aide publique s’ajoute au 650 000 euros sur cinq ans alloués par le conseil départemental à la fédération ainsi qu’aux 304 100 euros sur trois ans de la région Auvergne Rhône-Alpes — région dont les accointances avec les chasseurs ne sont plus à prouver.

Plus étonnant, l’État a aussi concouru à hauteur de 20 000 euros à ce nouveau projet alors même que celui-ci remet en cause le travail de ses propres fonctionnaires. Cédant aux sirènes des exploitants agricoles et à la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, qui affirmait que « l’OFB ment », Julien Denormandie, alors ministre de l’Agriculture, s’était déjà dit favorable à un recomptage du nombre de loups.

Compter plus pour tuer plus

Ce recomptage sera désormais effectué par les chasseurs et les agriculteurs eux-mêmes, accompagnés par des louvetiers. Les subventions des pouvoirs publics permettront l’achat d’une profusion de moyens techniques, pièges photographiques, caméras thermiques, drones et enregistreurs sonores, ainsi que des véhicules.

Pour les chasseurs, l’objectif de ce comptage est clair et pleinement assumé : il s’agit de chiffrer plus pour tirer plus. « Je qualifie cette opération de vérité, dit à Reporterre André Mugnier. On verra qui se trompe mais je pense qu’il y a beaucoup plus de loups que ce que l’on nous raconte. Ce nouveau comptage nous permettra de prélever davantage de loups. Cela remettra aussi en cause l’estimation de l’OFB au niveau national. »

loup et chasseurs
Des chasseurs. Flickr / CC BY-NC-ND 2.0 / Philippe Druesne

Dans un communiqué, France Nature Environnement Auvergne-Rhône-Alpes crie au scandale : « L’argent coule à flots pour les opposants au loup », écrit-elle. « Avec cette subvention, l’État et le département humilient le travail de l’OFB, regrette son porte-parole, Roger Mathieu. Ils remettent en cause le travail mené par 4 000 personnes en France et leur méthode soutenue par les scientifiques et le CNRS (Centre national de la recherche scientifique). C’est une honte. »

Au cœur de la polémique, plusieurs enjeux sont soulevés : comment les chasseurs vont-ils évaluer le nombre de loups et selon quelle méthodologie ? Ne risquent-ils pas non plus d’être juges et parties ?

« Il faut qu’on arrête avec cette approche scientifique »

« Cette débauche de moyens techniques disparates, avec des drones, etc., contraste avec l’absence de méthodologie permettant d’évaluer la pertinence de l’opération, sa cohérence et sa robustesse en matière scientifique, souligne Roger Mathieu. Dans aucun pays on n’utilise des caméras thermiques ou des enregistreurs pour compter des loups, cela permet simplement d’étudier leur comportement. »

Selon ce spécialiste, qui suit depuis des années une vingtaine de meutes dans le massif alpin, les risques d’erreurs avec ces outils techniques sont nombreux : « Il est très difficile sur une vidéo ou une photographie de distinguer un loup d’un autre. On ne compte pas les loups comme des moutons dans un enclos. C’est pour cela que l’on ne fait pas de comptage mais une estimation. Elle se fait à travers des prélèvements biologiques que l’on retrouve sur des poils ou des crottes et des analyses génétiques et statistiques. »

Mais pour les chasseurs, cette méthodologie ne semble pas avoir d’importance. « Je m’en fiche de la génétique, s’emporte André Mugnier. Cette question ne m’intéresse absolument pas. La présence des loups est insurmontable et il faut les réguler. Il faut qu’on arrête avec cette approche scientifique qui permet de différer progressivement le nombre de prélèvements de loups alors qu’aujourd’hui, il y a urgence. »

France Nature Environnement a d’ores et déjà annoncé qu’elle récusera les chiffres des chasseurs.

Les loups à nouveau protégés aux Etats-Unis

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Les loups gris sont à nouveau une espèce protégée dans la majeure partie des Etats-Unis continentaux après la décision jeudi d’un juge fédéral de Californie, qui revient ainsi sur une mesure de l’administration Trump.
Le service américain de gestion et de préservation de la faune « n’a pas pris en compte de façon adéquate les menaces qui pèsent sur les loups en dehors des populations principales dans les régions des Grands Lacs et au nord des montagnes Rocheuses en retirant la protection à l’espèce entière », a indiqué le juge Jeffrey White dans sa décision.
En octobre 2020, l’administration Trump avait en effet décidé de retirer aux loups gris leur statut d’espèce protégée, mis en place dans les années 70 après leur quasi-extinction aux Etats-Unis. Bien que la décision ait été prise sous Donald Trump, le gouvernement de Joe Biden avait continué à défendre la mesure devant la justice. »Aussi bien chez les gouvernements démocrates que républicains, on constate chaque année cette envie de mettre fin au rétablissement des loups », souligne auprès de l’AFP, Collette Adkins du Center for Biological Diversity. »C’est frustrant car la loi qui encadre le statut d’espèce protégée prévoit le rétablissement de ces animaux pour qu’ils puissent remplir leur rôle dans l’écosystème », poursuit-elle.
Depuis son entrée en vigueur en janvier 2021, le nombre de loups abattus dans certains Etats avait explosé, comme dans le Wisconsin où plus de 200 loups ont été tués en moins de trois jours, forçant les autorités à mettre un terme à la saison de chasse plus tôt que prévu, rapporte le New York Times. Selon le jugement de jeudi, il est désormais interdit de chasser le loup dans 44 Etats et ceux qui s’en prennent à ces bêtes risquent des amendes ou de la prison. »C’est une victoire cruciale pour les loups gris et pour tous ceux qui apprécient la nature », a estimé dans un communiqué Jamie Rappaport Clark, présidente de Defenders of Wildlife, l’une des associations qui a combattu en justice la mesure de l’administration Trump. »Redonner une protection fédérale va permettre à ces animaux essentiels de recevoir le soutien nécessaire pour se rétablir et prospérer dans les années à venir », a-t-elle ajouté.
Près de 250.000 loups vivaient aux Etats-Unis avant l’arrivée des colons européens qui ont décimé la population de ces canidés au fil de leur expansion vers l’ouest. Il ne reste désormais que quelque 6.000 loups disséminés à travers le pays, hors Alaska.Des études sont venues confirmer le rôle crucial de ces canidés dans le contrôle de la taille des troupeaux de wapitis -qui peuvent brouter trop d’herbe- permettant ainsi d’éviter la destruction de l’habitat.
Source GEO

Plus on est de loups…

plus on est de loups

Des observations de «Canis lupus» dans le nord et l’ouest montrent que l’animal pourrait recoloniser tout le territoire.

Automne 2021. Dans la plaine du Calvados, un agriculteur tombe nez à nez avec un loup. Il le prend en photo. Quelques jours plus tard, un grand canidé gris est immortalisé à Blaru, dans les Yvelines – à une quinzaine de kilomètres près, l’animal pouvait prendre le RER à Cergy. Fin novembre, c’est non loin de Tours, à Cinq-Mars-la-Pile, qu’un autre individu est pris sur le vif, sur fond de champ labouré. Les apparitions sont furtives, les portraits similaires. Oreilles courtes et arrondies, queue frôlant le tarse, liseré noir sur les pattes avant et autres particularités physiques : à chaque fois, l’Office français de la biodiversité (OFB) identifie Canis lupus. Le loup gris. Une première depuis plus d’un siècle.

moutons tués

Cela fait des années que le loup se déconfine progressivement du massif alpin, où il est revenu au début des années 90. Après avoir investi le Massif central, la Lorraine et les Pyrénées, le voilà qui explore le nord et l’ouest de la France, loin des montagnes. Dans les années 2010, on l’aperçoit dans la Somme, la Seine-Maritime ou encore l’Yonne et l’Eure-et-Loir. Début 2020, il est vu sur une route charentaise. En mai, dans les marais côtiers de Vendée. En octobre on le retrouve, mort, sur une route non loin d’une plage à Saint-Brevin-les-Pins, village situé à l’embouchure de la Loire. Les observations se multiplient, les signes avant-coureurs aussi : empreintes, crottes et surtout, moutons blessés ou tués – souvent plus proprement que si l’auteur avait été un chien. Verra-t-on des loups à Fontainebleau ? Francilienne n’ayant jamais vu l’ombre d’un loup, même dans les Alpes-Maritimes où j’ai joué l’aide-bergère quelques semaines, je trépigne. Les éleveurs et particuliers un peu moins.

Pour Oksana Grente, docteure en écologie à l’université de Montpellier, ces observations n’ont pourtant rien d’étonnant. «Sur le plan écologique, le loup pourrait tout à fait occuper l’ensemble

du territoire. C’était le cas à la fin du XVIIIe siècle.» A l’époque, 15 000 à 20 000 loups gambadaient dans toute la France. Bretagne, Nord et Paris compris. Car si le loup a besoin d’assez grandes proies comme les cervidés et de cachettes pour élever ses petits, dans l’ensemble, ce n’est pas un difficile. On l’a vu galoper dans des zones d’agriculture intensive en Espagne, traîner aux abords de villages densément peuplés en Inde, chasser au milieu des mines sur le plateau du Golan. L’espèce est endurante, plastique, adaptable – ce qui n’était pas pour nous déplaire il y a quinze mille à quarante mille ans, quand on l’a domestiquée pour en faire notre toutou polymorphe. Sans oublier que le loup n’est pas un animal de montagne mais de forêt, voire de plaine. Une grande ville comme Paris ? «S’il vit en forêt et qu’il y a suffisamment de gibier, c’est dans ses cordes. Tout dépend de l’homme – s’il le laisse s’installer ou non.» C’est là que ça se corse.

Coureurs de fond

Eradiquée de l’Hexagone dans les années 30 après des campagnes particulièrement efficaces, dès lors que les primes à la queue ont été systématisées et les armes à feu, démocratisées, l’espèce revient de loin. Enfin, il lui a suffi de franchir la barrière naturelle des Alpes séparant l’Italie de la France. Car à l’inverse de ce que l’on entend encore, le loup n’a pas été réintroduit par l’homme. Il s’est réintroduit tout seul. Aujourd’hui il y en aurait 624, la quasi-totalité des meutes reproductrices vivant dans les Alpes, sur le point de déborder. «Le massif commence à se saturer, explique Grente, ce qui repousse le front de colonisation de la population alpine.» Quand les espaces entre les meutes se comblent, il ne reste qu’à coloniser tout autour. D’où l’apparition de jeunes loups, ici et là.

Il faut dire que l’on a affaire à des coureurs de fond. Au printemps et à l’automne, lorsque les petits naissent ou sont assez grands pour s’imposer, des conflits éclatent au sein de la meute. L’heure est alors à la compétition, que ce soit pour manger ou se reproduire. Vu l’ambiance, certains loups vont chercher ailleurs leur bout de gras et parfois, deviennent baroudeurs au long cours. Autoroutes, zones industrielles, voies ferrées, fleuves, lacs gelés : avec de la chance, Canis lupus peut traverser en ligne droite un paysage morcelé et inconnu sur des centaines, voire plus d’un millier de kilomètres, et ce durant des mois. Sans doute les loups observés en Normandie ou dans les Yvelines sont-ils dans cette situation délicate : trouver un territoire et un partenaire dans un milieu imbibé jusqu’à la moelle par des bipèdes, cela n’a rien d’une promenade de santé.

Il y a bien des success stories lupines comme Slavc, ce loup d’origine slovène qui, en 2011, parcourait 1 200 kilomètres pour rencontrer une louve près de Vérone, en Italie, avec qui il a eu des louveteaux. Mais tout le monde n’a pas cette veine. Les loups en dispersion risquent gros : accidents, maladies ou mauvaises rencontres. «Dans les Vosges, des loups s’installent sans constituer de meutes reproductrices. Difficile de comprendre pourquoi, le braconnage pourrait être en cause», dit Grente. On se souvient de cette louve ensanglantée et pendue, accompagnée d’un message revendicateur devant une mairie des Hautes-Alpes, en septembre.

Situation grise

Sans oublier les tirs autorisés par les pouvoirs publics. Avec près de 12 000 morts d’animaux domestiques qui lui sont attribués chaque année, surtout ovins (sur un cheptel de 7 millions), le loup est une contrainte réelle. Aussi, dans son dernier Plan loup sorti en 2018, l’Etat fixe le plafond d’abattage à 20 % de la population, contre 10 % auparavant. Une centaine de loups ont ainsi été «prélevés» en 2021. Sauf que tous ces tirs ne seraient pas utiles à l’élevage. «On ne peut pas généraliser. Un tir peut améliorer une situation, mais pas toujours», dixit Grente, qui vient de présenter une thèse sur le sujet et pour qui seules des études de terrain tenant compte du contexte local et de la diversité d’acteurs permettraient de savoir ce qui marche, ou pas. La situation n’est donc ni noire ni blanche, mais plutôt grise.

Le loup pourrait-il s’étendre partout pour autant ? «S’il n’y avait aucune gestion par les tirs, on pourrait l’envisager.» Mais leur augmentation récente fait que la croissance annuelle de la population lupine ralentit. Avec un risque de déclin si la mortalité, de 42 % après 2014, venait à dépasser les 55 %, alertait l’OFB-CNRS dans une note en 2020. Or, pour être viable, la population doit comprendre 2500 à 5000 loups minimum, selon une expertise scientifique

de 2017 impliquant l’OFB et le Muséum national d’histoire naturelle. Le risque serait donc de voir les loups disparaître à nouveau si on les régulait un peu trop. Sauf que la France a des obligations : l’espèce, inscrite dans l’annexe II de la Convention de Berne, est strictement protégée au niveau européen et national. Accessoirement, l’extinction de masse de la biodiversité nous invite, en tant que société, à considérer davantage ceux qui restent. Toujours est-il que le pistage de loups au bois de Vincennes, ce n’est pas demain la veille.

 

DIana Semaska, Dessin Manon Bucciarelli /Libération, 1er décembre

 

Un loup observé dans le Calvados, une première depuis 100 ans

loup dans le calvados

Un loup a été observé dans le Calvados pour la première fois depuis plus d’un siècle et sa présence vient d’être confirmée dans l’Eure, où elle était soupçonnée, a-t-on appris mardi des sources concordantes.
L’Office français de la biodiversité (OFB) « a fait des analyses qui ont confirmé que c’était bien un loup », a déclaré à l’AFP le directeur de cabinet du préfet Julien Decré, confirmant une information de France Bleu Normandie-Calvados-Orne.
« La présence du loup dans le Calvados est une première depuis plus d’un siècle », ajoute la préfecture. L’animal a été photographié vendredi près de Bayeux, selon la même source.
« Les experts du réseau loup-lynx au niveau national nous ont affirmé que c’était du loup sans émettre de réserves », sur la base de « photos essentiellement », a précisé à l’AFP Nathalie Pfeiffer, animatrice du réseau loup-lynx pour la Normandie à l’OFB.
La présence du loup vient par ailleurs d’être confirmée dans l’Eure où le retour de l’animal était soupçonné depuis avril 2020, à la suite d’une première attaque sur des ovins, a ajouté Mme Pfeiffer.
De « premiers résultats reçus le 17 novembre 2021 confirment que les échantillons de poils prélevés à Saint-Aubin-le-Guichard (Eure) le 4 août 2021 sont bien d’un loup gris de lignée italienne », précise la préfecture de l’Eure.
« En complément, le réseau loup-lynx national a validé l’observation visuelle d’un loup gris dans le secteur de Vernon le 11 novembre 2021 », ajoute-t-elle.
Dans ce département, « 19 cas de prédation où la responsabilité du loup ne peut être exclue ont été recensés en 2021 », selon la préfecture.
Le retour du loup en Normandie avait été établie en avril 2020, en Seine-Maritime. On soupçonne depuis qu’il ait été présent dès novembre 2019 dans ce département, a ajouté Mme Pfeiffer.
« Le loup est aujourd’hui une espèce strictement protégée », rappelle la préfecture de l’Eure. « Après avoir été complètement éradiquée du territoire national en 1939, la population de loup recolonise progressivement le territoire de façon naturelle, d’abord depuis l’Italie puis aujourd’hui à partir de la population installée dans le grand quart sud-est de la France (Alpes et Jura) et dans le Massif central », ajoute-t-elle.
La destruction illégale d’un loup constitue un délit, puni de trois ans d’emprisonnement et de 150.000 euros d’amende, précise de son côté la préfecture du Calvados.
La population de loups en France « est estimée aujourd’hui à environ 620 individus (avec un intervalle de confiance assez large) », selon la préfecture du Calvados. Source GEO

« Loin des polémiques, seule la science doit décider de la gestion du loup » insistent FNE, FERUS et la LPO

installation du loup

L’installation du loup en France se poursuit tant en nombre qu’en occupation territoriale.  Sur le fond, c’est une bonne nouvelle pour l’état de la biodiversité dans notre pays. Malgré ces perspectives encourageantes, une offensive médiatique et politique remet en cause les fondements de la démarche visant à assurer la coexistence du loup et des activités d’élevage. Sans fondement scientifique, cette campagne de désinformation vise à contester l’estimation de la population de loups réalisée par l’Office Français de la Biodiversité (OFB), dans le but d’augmenter le nombre loups pouvant être tués, au risque de mettre en péril le bon état de conservation de la population. Devant les reculs de l’Etat face cette campagne, les organisations de protection ont décidé de suspendre leur participation au Groupe National Loup.

Une campagne de désinformation visant à tuer plus de loups

Dans le contexte pré-électoral et en vue du renouvellement à venir du plan national « loup et activités d’élevage », une offensive médiatique et politique de la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) et des Organisations Professionnelles Agricoles (OPA) a vu le jour depuis le début de l’année, pour remettre en cause la méthode de suivi de la population de loups. Ceci sans apporter le moindre argument scientifique, sans analyse rationnelle du protocole de suivi existant et sans proposition de méthode alternative sérieuse. Nous sommes bien en présence d’une campagne de désinformation dont l’objectif est de surestimer les effectifs de loups pour justifier une augmentation substantielle du plafond annuel de tirs létaux.

Face à cette campagne très organisée et démultipliée par de nombreux canaux nationaux et régionaux, l’État a laissé ces fausses informations se diffuser. Le relais de ces éléments fabriqués et répétés a été progressivement repris par des élus locaux et des parlementaires, jusqu’à des déclarations récentes de préfets, de ministres et jusqu’au premier ministre, mettant en cause les méthodes de suivi génétique, sans apporter non plus le moindre début de preuve. De plus, l’Etat a privilégié le dialogue avec les organisations professionnelles et les chasseurs, en écartant les organisations de protection des échanges.

La gestion de la présence du loup ne peut être conduite qu’avec la méthode scientifique

Nos organisations tiennent à réaffirmer leur soutien à l’OFB, rudement mis en cause malgré la qualité de son travail permettant d’évaluer régulièrement les effectifs et la répartition des loups présents sur le territoire national. Comme toute méthode, celle de l’OFB -saluée par la communauté scientifique internationale comme « une des plus complètes et mieux détaillées d’Europe »- peut être ajustée, mais cet exercice doit se faire sur des bases rationnelles, avec l’avis du Conseil Scientifique. La détermination de la population et du plafond annuel maximal de loups pouvant être abattus ne peut pas être déterminée par des suppositions ni par des avis non fondés sur la science.

Permettre la coexistence du loup et des activités d’élevage doit être l’enjeu majeur : pour permettre cette coexistence, il est nécessaire de miser en priorité sur la protection des troupeaux : un personnel bien rémunéré et suffisamment nombreux, un soutien financier pour les éleveurs, un suivi scientifique, des conseils, le dialogue et la reconnaissance du travail accompli par les exploitants. C’est d’ailleurs ce qui a permis de faire baisser les dommages ces dernières années, alors que la population de loups se développait. Ponctuellement, des interventions ciblées sur la population de loups sont prévues par la loi pour éliminer des individus ayant causé des dommages importants et répétés sur des troupeaux bénéficiant d’une protection effective adaptée. Les tirs létaux doivent se concentrer sur les foyers concentrant les attaques, dans la limite d’un plafond annuel ne remettant pas en cause la viabilité de l’espèce.

Fait exceptionnel : les organisations de protection de la nature boycottent le groupe national Loup

FNE, LPO et FERUS demandent que l’État retrouve le fil de l’équilibre dans son travail avec les parties prenantes, en fondant les décisions sur des données scientifiques.  A contrario, si l’État considère que la participation des organisations de protections de la nature gêne les échanges entre parties prenantes, ou que leurs apports sont négligeables dans la conduite du dossier, qu’il le dise et l’assume. Dans l’attente, nos organisations ne participeront pas aux prochaines réunions organisées dans le cadre du Groupe National Loup.

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