LE LOUP EN QUESTION EN CE MOIS D’AOÛT 2023 (3 TEXTES)

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Tarn : Un quatrième loup identifié dans le département

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Des analyses à Albine ont permis d’identifier un nouveau loup gris de sexe masculin.

  • Un quatrième loup a pu être identifié sur le territoire du Tarn, plus exactement dans la montagne Noire. Depuis 2016, le secteur vit avec les loups.
  • En 2023, quatre dommages sur des troupeaux ont été attribués au loup (contre 21 en 2022 pour la même période du 1er janvier au 25 juillet).
  • Le préfet a délivré 23 autorisations de tirs de défense simple aux éleveurs qui en ont fait la demande dans les secteurs soumis à la prédation.

Depuis plusieurs années, la présence du loup est attestée dans le Tarn. Trois mâles avaient été identifiés génétiquement jusqu’à ce jour. A Caroux-Espinouse, un loup mâle de lignée italo-alpine, identifié en 2016 ; à Somail, un loup mâle de lignée italo-alpine, identifié en janvier 2021 ; dans la montagne Noire, un loup mâle de lignée italo-alpine identifié en novembre 2021 et avril 2022.

Selon la préfecture du Tarn, un autre individu « loup » était présent au premier semestre 2022 dans le secteur de la montagne Noire (présence attestée par pièges photographiques). Les analyses génétiques d’urine récoltée le 24 janvier 2023 à Albine par les agents de l’OFB ont permis d’identifier un nouvel individu de loup gris, de lignée italo-alpine, de sexe mâle, inconnu de la base de données nationale. Il s’agit donc de la quatrième identification génétique de loup gris dans le département. Par ailleurs, il convient de préciser que le loup présentant une pelade n’a été ni photographié, ni vu, ni génétiquement identifié depuis avril 2022. Aucun élément ne permet de savoir s’il s’est remis ou non de sa maladie.

Photo : Un loup gris (illustration). — Jeff Roberson/AP

Source : 20 Minutes / Lucie Tollon

Loup : six représentants LR alertent sur leur prolifération dans les Alpes

réunion éleveurs

Mardi 1er août, les présidents LR de six conseils départementaux ont alerté, dans une tribune, sur la prolifération du loup dans les Alpes, qui menacerait, selon eux, l’élevage pastoral régional. Le futur Plan loup 2024-2029 devrait être présenté à la fin de l’été.

Dans une tribune transmise à l’AFP, ces dirigeants des Alpes-de-Haute-Provence, des Hautes-Alpes, des Alpes-Maritimes, de la Drôme, de l’Isère et de la Savoie affirment que les attaques lupines « ont connu une explosion en 2022 », avec une hausse estimée à 19 %.

80 % des attaques dans les Alpes

Les départements alpins concentrent, d’après eux, « plus de 80 % des attaques » qui « mettent en péril le pastoralisme ».

Les pertes ont été supérieures à 12 500 bêtes en 2022, provoquant « une situation de stress permanent, pour les bêtes comme pour les éleveurs », imposant « des contraintes multiples »,et dissuadant « l’ensemble des éleveurs de poursuivre ces activités », affirment-ils.

Au cours des quatre dernières années, le nombre d’exploitations a baissé de 20 %, alors que la population lupine a augmenté de 114 % sur la même période, avancent-ils encore.

Ainsi, Éliane Barreille (Alpes-de-Haute-Provence), Jean-Marie Bernard (Hautes-Alpes), Charles-Ange Ginesy (Alpes-Maritimes), Marie-Pierre Mouton (Drôme), Jean-Pierre Barbier (Isère) et Hervé Gaymard (Savoie) appellent le gouvernement à prendre « des mesures fortes ».

Ils réclament en substance de « mieux intégrer les attentes légitimes des éleveurs, qu’ils soient ovins, caprins ou bovins, dans le cadre du futur Plan loup (2024-2029, NDLR) qui sera présenté à la fin de cet été ».

Selon eux, « les estimations concernant la présence du loup varient entre 1 000 et 2 000 individus », soit bien au-delà du « seuil de viabilité » des 500 loups fixé comme objectif lors du Plan Loup de 2018.

Chiffre stable d’après la préfecture

La préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Fabienne Buccio, qui coordonne le Plan national loup 2018-2023, a récemment indiqué que la population des loups était de 906 à l’hiver 2022-2023, un chiffre stable par rapport à l’an dernier (921 loups) mais battu en brèche par les éleveurs.

Les élus jugent urgent « de mettre en place des indicateurs de mesure de la population lupine qui permettent une juste et incontestable évaluation de sa répartition sur le territoire », ainsi qu’une simplification des procédures de tirs de défense et de réparation des dégâts consécutifs aux attaques.

Source : La Croix

Un loup autorisé à être abattu dans la Nièvre : un scandale !

Pour la première fois, un arrêté préfectoral autorise le tir d’un loup dans la Nièvre (voir communiqué de la préfecture).

Et encore une fois, l’État français s’illustre tristement dans la mauvaise voie concernant la protection de la biodiversité. On vous explique pourquoi.

Les lois européennes permettent la destruction d’individus d’une espèce protégée à deux conditions :

  • si tous les autres moyens ont échoué et si les dégâts aux troupeaux sont importants
  • si les tirs ne nuisent pas à la conservation de l’espèce.

Et la France a tout faux encore une fois dans cette nouvelle représentation de l’absurdité française en termes de gestion du loup :

  • les autres moyens n’ont pas été testés puisque seuls des fils électriques ont été mis en place, apparemment très récemment voire même APRES les attaques (!). Des filets électriques seulement, en général ça ne fonctionne pas… D’autre part, seuls 4 ovins de ce troupeau ont été tués entre le 28 juin et le 1er juillet. Si nous comprenons parfaitement le désarroi des éleveurs quand ils découvrent certaines de leurs bêtes mortes, peut-on vraiment qualifier la mort de 4 ovins comme des dommages importants ?
  • si le loup est tué, sa conservation à l’échelle locale est plus que compromise car seuls des loups isolés vivent dans cette zone ; aucune reproduction n’a été relevée. Tuer un loup dans cette zone, c’est exterminer totalement l’espèce dans le secteur. Au niveau national, ce n’est guère mieux puisque la population de loups est en baissesuite, sans doute, à de trop nombreux tirs…

Sans compter que la « culpabilité » du loup n’est pas établie. Le constat conclut à « responsabilité du loup non écartée », une dénomination pêle-mêle qui fait grossir les chiffres attribués à la prédation du loup.

Pour rappel, les tirs ne loups ne sont pas efficaces pour protéger les troupeaux. Ce sont surtout des décisions politiques. Les solutions sont à chercher ailleurs !

Seuls les moyens de protection des troupeaux sont efficaces, notamment à long terme car on aura beau tuer des loups, d’autres arriveront pour les remplacer…

Alors, si on mettait plutôt le paquet sur les moyens de protection des troupeaux ? (filets de plus de 120 cm de haut ET chiens de protection, surveillance humaine, éventuellement moyens d’effarouchement et si ça n’a pas fonctionné, des tirs d’effarouchement AVANT tout tir létal).

Depuis 1999, FERUS œuvre pour la cohabitation loups / troupeaux avec son programme PastoraLoup. 800 bénévoles se sont ainsi succédé sur les alpages pour prévenir la prédation du loup. Avec succès car nous obtenons des taux de prédation proches de zéro. Cette année, notre action s’est étendue au Jura, notamment avec les troupeaux bovins qui n’ont pas toujours pas droit aux aides de l’Etat pour la mise en place de moyens de protection des troupeaux.

 

L’État français a tué le seul loup du Limousin !

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Dans la nuit du jeudi 11 au vendredi 12 mai 2023, des lieutenants de louveterie ont abattu un loup à proximité d’un troupeau sur la commune de Tarnac, en Corrèze, sur le plateau de Millevaches. Ce tir était autorisé par la préfecture, pour soi-disant protéger les troupeaux.

Ce faisant, c’est purement et simplement le seul loup présent de manière permanente connu de tout le Limousin qui a été tué (photo ci-dessus, crédit Carduelis). C’est un véritable scandale ! Les pouvoirs publics continuent de faire abattre des animaux d’une espèce protégée sur des fronts de recolonisation. On assiste là à une extermination locale.

D’après la préfecture, le troupeau était protégé. Mais un simple filet électrique de 90 cm de hauteur et la présence de deux ânes ne peuvent constituer une protection efficace contre des loups ou même des chiens divagants. Par ailleurs, on sait juste, par les déclarations des lieutenants de louveterie, que le loup passait à côté du troupeau comme le font régulièrement des loups à côté de nombreux troupeaux, sans tentative de prédation.

Des actions de protection des troupeaux avaient été initiées au niveau local, au sein du Parc naturel régional de Millevaches ou avec des associations locales (surveillance bénévole de troupeaux).

Et la réponse donnée par la préfecture a été de tuer l’unique loup présent.

Pourtant, l’habitat naturel étant favorable, d’autres loups arriveront, c’est inéluctable. Les pouvoirs publics vont-ils continuer à tuer ces loups recolonisateurs ? Ou un réel effort de protection des troupeaux sera mis en place dans les nouvelles zones de retour du loup ? Seuls les moyens de protection des troupeaux effectifs fonctionnent sur le long terme, on ne le répétera jamais assez : l’avenir et de l’élevage et des loups ne peut se faire qu’à cette condition.

L’État français se montre une nouvelle fois hors-la-loi vis-à-vis des directives européennes qui stipulent que des loups ne peuvent être abattus que :

  • si la population de loups, y compris locale, n’est pas mise en danger (ce qui n’est pas le cas ici vu que le seul loup de la zone a été tué)
  • si toutes les autres solutions n’ont pas marché (ce qui n’est pas non plus le cas vu la faible hauteur des clôtures et l’absence de chiens de protection).

Et quid des méthodes d’effarouchement ? Les tirs d’effarouchement par exemple devraient être un préalable à tout tir mortel mais s’ils figurent bien dans le protocole, ils ne sont pas obligatoires ! Rappelons aussi qu’aucune étude n’a prouvé l’efficacité des tirs mortels sur la défense des troupeaux.

Alors arrêtons de tuer des loups et redoublons d’efforts sur la mise en œuvre des moyens de protection des troupeaux, notamment sur les fronts de recolonisation !

Les sangliers disparaissent de la Drôme et le loup n’y est pas pour rien, selon les chasseurs. Commentaire d’Yves Verilhac (LPO)

Les chasseurs de la Drôme s’alarment de la raréfaction des sangliers dans le département. En cause, le loup. Selon la Fédération de chasse, les populations ont diminué de plus de la moitié depuis 2018. Invérifiable pour Pierre Rigaux. Le naturaliste pointe une situation paradoxale.

La Fédération de chasse de la Drôme, s’inquiète de la raréfaction du grand gibier dans la Drôme, en particulier du sanglier. Les chasseurs mettent en cause notamment le loup. En 2018, vingt-mille sangliers ont été prélevés dans la Drôme. Chiffre divisé par deux en 2021. Cette année seulement sept à huit-mille sangliers devraient être tués.

Une baisse très importante entrainée par la forte présence du loup selon Michel Sanjuan, vice-président des chasseurs de la Drôme en charge du loup et du grand gibier. « On décompte au moins 250 de ces prédateurs », une donnée que ne confirment pas les services de l’Etat mais « cette présence est excessive »selon le numéro deux de la fédération drômoise. « En plus de tuer une grande partie des animaux, il fait, en plus fuir les troupeaux de sangliers dans les zones les plus soumises aux attaques. En conséquence, on peut parfois se retrouver avec des hordes de cinquante individus dans les endroits les plus épargnés du département ».

La disparition du mouflon est-elle liée à la multiplication du loup ?

« Les chiffres sont vertigineux » constate Michel Sanjuan ; « Il y a une vingtaine d’années, on dénombrait au moins 900 mouflons dans le département, aujourd’hui on en compte une quinzaine tout au plus ». Le chasseur met là aussi en cause le loup qui aurait décimé les animaux dès son apparition dans le département. Tout comme les éleveurs, la Fédération 26 explique que la cohabitation est impossible avec le loup « sous peine de voir la faune sauvage disparaître ». Pour Michel Sanjuan, « si on ne change pas le statut d’animal protégé du loup, on court à la catastrophe ».

L’économie de la chasse de la Drôme en péril à cause du loup

La Drôme est un territoire de chasse particulièrement prisé par les chasseurs des départements voisins qui viennent particulièrement chasser le sanglier. À cause de leur raréfaction, de moins en moins de chasseurs se rendraient dans la Drôme constate la Fédération de la Drôme. « Rien que parmi nos adhérents, on a perdu au moins 350 chasseurs cette année ». Il y a maintenant à 10 000 chasseurs drômois. Pourtant, « il reste encore des gros gibiers », déclare Michel Sanjuan. « On a encore du cerf, du chevreuil, et quand même un peu de sanglier ».

« Aucune étude ne prouve l’impact réel du loup sur le sanglier »

« Aucune étude ne prouve l’impact réel du loup sur le sanglier », note Pierre Rigaux, naturaliste, administrateur de la Société française pour l’étude et la protection des mammifères et militant anti-chasse. « Oui cela dit, le loup fait sans aucun doute partie des facteurs qui peuvent participer à réguler les sangliers ». Selon le naturaliste, la situation est paradoxale « puisque les chasseurs disent qu’ils sont là pour réguler les sangliers mais quand il y a un facteur naturel qui vient les réguler, ils disent qu’il faut réguler le régulateur ». Il rajoute que les chiffres donnés par les chasseurs sont selon lui, biaisés : « les plans de chasse ne tiennent pas compte de la prédation des loups, donc effectivement quand les chasseurs disent, on a plus assez de gibier, ils oublient qu’ils ne sont pas les seuls prédateurs. Supposons qu’il y ait vraiment 200 loups dans le département pour 10 000 chasseurs drômois, qui tue le plus d’animaux entre les deux prédateurs ? le résultat est évident. »

Le mouflon, un cas très particulier

Si Pierre Rigaux désapprouve la majeure partie de l’analyse des chasseurs à propos de l’impact du loup sur les populations de sangliers, il valide en revanche l’idée que la grande raréfaction du mouflon dans la Drôme puisse être liée à la prédation du loup. « Le cas du Mouflon est très particulier car cet animal est un animal exotique, introduit en France pour la chasse dans la deuxième moitié du 20ième siècle. Une espèce originaire du Moyen-Orient, d’abord importé en Corse, croisé avec des moutons domestiques ». Conséquence, l’espèce hybridée n’est pas très adaptée aux territoires de montagne. Et donc n’a pas les armes suffisantes pour résister à la prédation du loup dans ce type de milieu.

Source : Ici par France Bleue

Commentaire d’Yves Vérilhac (LPO)

Il n’est pas rare que des responsables cynégétiques s’inquiètent de la raréfaction du sanglier à cause de leur principal prédateur, le loup. Ils demandent à pouvoir tuer encore plus de loups afin de voir augmenter la population de sangliers.

 

Bientôt un nouveau Plan national d’action Loup et activités d’élevage (PNA 2024-2029) :

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Depuis le retour des loups en France, les éleveurs et les bergers des filières ovines et caprines ont adapté progressivement leurs pratiques afin de protéger leurs troupeaux et permettre la coexistence entre l’élevage et la présence d’un grand prédateur. Environ 30 M€ d’aides publiques nationales et européennes ont été affectées chaque année au Plan Loup et activités d’élevage (PNA dans la suite du document). Elles ont permis la mise en place de mesures de protection des troupeaux ainsi qu’une indemnisation des dommages.

Incontestablement, sur le terrain, la présence des grands prédateurs représente une contrainte forte pour tous les professionnels de l’élevage. Même si le nombre d’attaques rapporté aux nombre d’animaux de rente présents est modéré au regard des pertes dues aux accidents et aux maladies, les attaques de troupeaux par des loups engendrent du stress et un travail supplémentaire.

Dans les Alpes, où les loups sont présents depuis 1992, les dommages sont en baisse depuis le début de l’actuel PNA (- 22%), alors que les effectifs de loups ont doublé (+ 110%). Dans le même temps, le nombre de moutons est resté stable (environ 1 Million depuis 10 ans). Ces résultats sont le fruit des efforts constants d’une majorité d’éleveurs et de bergers qu’il est impératif de reconnaître et de faire connaître. Les contraintes générées par la présence des grands prédateurs et le nombre encore trop important de dommages doivent inciter à améliorer les mesures existantes, notamment en remettant des moyens humains au centre de l’accompagnement.

Le prochain PNA doit clairement viser à assurer le bon état de conservation de la population de loups – encore fragile avec moins d’un millier d’individus – dans une aire de répartition plus vaste comprenant tous les écosystèmes favorables dans lesquels les meutes exerceront pleinement leur rôle de prédateur des ongulés sauvages.

dans les alpes

Pour y parvenir, 7 associations, FNE, FERUS, Animal Cross, LPO, WWF, ASPAS et Humanité & Biodiversité (avec le soutien de One Voice), proposent 7 objectifs majeurs déclinés en 41 propositions :

  1. Limiter les dommages aux troupeaux: en anticipant les situations de crise sur les nouveaux territoires de présence des loups et sur les territoires où leur installation est possible à terme, en mobilisant des financements pour la recherche afin de comprendre les déterminants de la prédation sur les troupeaux, en créant les conditions pour la mise en œuvre systématique de diagnostics de vulnérabilité des troupeaux (outil existant mais très peu utilisé), en mobilisant le réseau des espaces naturels protégés comme territoires d’expérimentations.
  2. Valoriser, par une communication adaptée et des échanges d’expériences, le travail difficile d’une majorité d’éleveurs et/ou bergersqui, en s’adaptant en permanence à la présence des loups, constituent un élément essentiel dans la réussite d’un des objectifs majeurs du prochain PNA : la limitation des dommages aux troupeaux.
  3. Maintenir le niveau actuel des aides financières et techniques en faveur des éleveursen veillant, dans une optique d’équité, à conditionner réellement ces aides à la mise en place effective et adaptée des mesures de protection.
  4. Obtenir à terme une population viable de loupsafin de sortir l’espèce du statut UICN « espèce menacée d’extinction ».
  5. Mettre en avant le rôle des meutes de loups dans la régulation des populations d’ongulés sauvagesafin d’améliorer la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes, notamment en limitant les dommages aux forêts et aux cultures ou en participant au contrôle des zoonoses.
  6. Mettre un terme aux tirs de prélèvement, maintenir la distinction entre tir de défense simple et tir de défense renforcé et favoriser les moyens d’effarouchement. Les tirs de prélèvement s’apparentent à une chasse au loup et n’ont aucun caractère sélectif, ils déstabilisent la population de loups dans son ensemble et perturbent le fonctionnement des meutes. Ces tirs n’améliorent en rien la situation des éleveurs.
  7. Développer la connaissance sur l’écologie et la biologie du loup, sur son rôle fondamental dans les écosystèmes, notamment dans la limitation des dégâts forestiers et agricoles par les ongulés sauvages, sur l’adaptation des systèmes pastoraux à l’arrivée des prédateurs, ainsi que sur les moyens de protection et leur efficacité.

Vous pourrez retrouver le détail de toutes les propositions des associations de protection de la nature à partir de ce lien : 41 propositions des APN pour le futur PNA loup et activités d’élevage

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Venu d’Italie par les Alpes, le loup s’installe peu à peu en Occitanie

loup en occitanie

Le loup étend son territoire en France, notamment en Occitanie, région propice à son implantation du fait d’un gibier abondant et où des naissances ont même été recensées en 2022 par l’Office français de la biodiversité (OFB), qui suit ce carnivore à la trace.

« Le loup peut arriver dans tous les territoires du pays du jour au lendemain. Il est capable de s’adapter partout », explique Julien Steinmetz, coordinateur du suivi du canidé à l’OFB Occitanie, qui arpente, en raquettes, une forêt enneigée du plateau de l’Aubrac dans l’Aveyron.

« Ici, c’est le paradis pour le loup. Il y a beaucoup de gibier susceptible de l’intéresser », ajoute son collègue Jean-Christophe Peers, chargé du suivi pour l’OFB dans ce département rural.

Ce matin d’hiver, tous deux traquent dans la neige de nouvelles empreintes d’un spécimen repéré sur la zone depuis plusieurs années. Onze autres équipes, totalisant une quarantaine de personnes, quadrillent le même jour cette partie de l’Aubrac. Parmi elles, des bénévoles du Réseau loup-lynx, qui compte 4.500 membres en France et assure le suivi du loup revenu de lui-même en France par les Alpes depuis l’Italie en 1992.

Des traces de pattes pourraient permettre de retrouver ensuite des excréments, de l’urine ou des poils, et d’identifier ainsi génétiquement le ou les individus présents.

Un « animal mythique »

Le manteau blanc est couvert de nombreuses empreintes. D’un simple coup d’œil, les deux agents de l’OFB écartent celles de bêtes très différentes du loup : biche, écureuil, lièvre, martre, chat forestier, etc. Ils se penchent plus longuement sur celles d’autres canidés. « Ce sont surtout les chiens qui peuvent nous faire douter », explique Julien Steinmetz.

Ce jour-là, aucune empreinte de loup ne sera détectée, une déception pour certains bénévoles du Réseau, comme Gérard Alric, ancien instituteur de 77 ans et « écolo dans l’âme » qui participait à cette quête de l’« animal mythique ».

Les « pièges-photo », qui photographient automatiquement les animaux, ne donnent rien non plus. Après avoir démonté trois des 15 appareils accrochés par l’OFB à des troncs d’arbres dans l’Aubrac, Jean-Christophe Peers visionne sur son ordinateur des centaines de photos : aucun loup, mais des cerfs, des renards, des putois… toutes sortes de bêtes actives la nuit.

Le loup, chassé en France jusqu’à sa disparition en 1937

Pour l’OFB, cette absence d’empreintes ne signifie pas qu’il n’y ait plus de loup dans ce secteur. Un individu installé peut en effet circuler sur une superficie d’au moins 200 km².

D’une manière générale, le loup – dont une quinzaine d’individus a été recensée en Occitanie sur un millier au total en France – tend à étendre son territoire dans cette région. L’OFB a confirmé sa présence dans plusieurs départements et même des naissances en 2022, une première. « Une des principales caractéristiques biologiques du loup, c’est sa capacité de se disperser pour coloniser de nouveaux territoires, très loin de là où il est né. L’Occitanie est intéressante pour lui parce qu’elle est proche des Alpes et dispose de territoires variés avec beaucoup de gibier », note encore Julien Steinmetz.

L’OFB a constaté des naissances de louveteaux en 2022 dans deux des neuf secteurs « de présence permanente » de la région : le Mont Lozère, dans le département du même nom, et le plateau du Larzac, à cheval entre l’Aveyron, l’Hérault et le Gard. Les sept autres zones, où aucune naissance n’a été enregistrée jusqu’à présent, concernent des départements plus éloignés des Alpes, tels le Tarn ou les Pyrénées-Orientales. Ailleurs, comme dans le Lot et les Hautes-Pyrénées, la présence du carnivore reste à confirmer par de nouvelles observations.

Autrefois présent dans toutes les campagnes françaises, le loup n’occupait plus au 19e siècle que la moitié de son territoire historique. Les hommes l’ont chassé et réduit son habitat par une déforestation massive, jusqu’à sa disparition en 1937.

Actuellement, sa population dans l’Hexagone croît et est en passe de dépasser les 1.000 individus, l’OFB en ayant recensé 921 en juin 2022, contre 783 un an plus tôt, principalement dans les Alpes (est), le Massif central (centre), les Pyrénées (sud-ouest) et les Vosges (nord-est). Mais, comme l’ours, la présence du loup oppose régulièrement ses défenseurs à des éleveurs, qui dénoncent les attaques contre leurs troupeaux de moutons et de chèvres.

Source : Science et Avenir

Côtes d’Armor : Un loup observé et filmé en pleine journée

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L’animal, repéré près de Lannion, a été authentifié par l’office français de la biodiversité. Une première pour ce département

S’agissait-il du même animal ? Repéré dans le Finistère et en Ille-et-Vilaine ces derniers mois, un loup a cette fois été vu dans les Côtes d’Armor. Une première pour ce département depuis plus d’un siècle. L’observation a eu lieu le 6 janvier, vers 14 heures, sur la commune de Ploubezre, près de Lannion. Une mère et son fils, qui circulaient en voiture, ont aperçu un canidé ressemblant à un loup à l’entrée d’un champ.

L’adolescent a eu le réflexe de sortir son téléphone et de filmer l’animal haut sur pattes, rapporte France Bleu. Le document a ensuite été transmis à l’Office français de la biodiversité (OFB), lequel a confirmé les doutes des témoins : il s’agissait bien d’un loup gris commun.

Une empreinte retrouvée

Le loup s’était enfui en voyant le véhicule ralentir. L’adolescent est tout de même parvenu à retrouver une empreinte, authentifiée par l’OFB elle aussi, dans le champ de maïs où il a été observé.

Le premier loup recensé en Bretagne était celui filmé début mai 2022 sur la commune de Berrien dans les monts d’Arrée (Finistère). La présence du canidé est avérée dans le Grand Ouest de la France depuis 2021.

Photo : Un loup gris commun a été observé sur la commune de Ploubezre. (photo d’illustration) — raincarnation40 / Pixabay

La chasse au loup bat son plein en Suède avec un record de bêtes à abattre

Loup-suède

Dans le centre du pays, jusqu’à 75 de ces prédateurs pourront être tués d’ici à la mi-février. Pas assez pour les chasseurs et les agriculteurs, qui s’inquiètent de leur nombre croissant. Beaucoup trop pour les défenseurs de la nature, dont certains tentent de faire obstruction sur le terrain.

Depuis le 2 janvier, la chasse au loup est ouverte dans le royaume scandinave. Elle est “la plus importante des temps modernes”, souligne le site de la télévision publique Sverigestelevision (SVT). Cette année, la permission est donnée aux chasseurs d’en abattre jusqu’à 75, soit un record depuis l’introduction de la chasse sous licence en 2010. Pour comparaison, en douze ans “203 de ces animaux ont été tués”, dont 28 l’an dernier et 27 l’année précédente, note SVT.

Chaque année, ce sont les comtés où la chasse est autorisée qui décident individuellement du nombre de bêtes à abattre. La traque des loups n’est autorisée que dans 5 des 21 comtés du pays, ceux où ces animaux sont les plus présents. Le territoire en question couvre une partie du centre de la Suède, qui va de la frontière avec la Norvège, à l’ouest, à un tronçon de la mer Baltique au nord de Stockholm, à l’est. La fin de la chasse sous licence a été fixée au 15 février.

Mardi 3 janvier à la mi-journée, déjà 13 loups avaient été tués, d’après le décompte des chasseurs publiés dans le journal de leur fédération, Svensk Jakt. Les tireurs sont censés informer les autorités locales après chaque bête tuée. Ils ne gardent que la fourrure, le reste servant à des analyses scientifiques.

Source Courrier International

Une nouvelle saison chez les éleveurs pour prévenir la prédation du loup : weekend bilan 22/23 octobre

férus s'oppose aux tirs

L’association FERUS s’oppose aux tirs de loups, dont l’efficacité n’a été prouvée par aucune étude, et œuvre pour la coexistence loup / troupeaux. Depuis 1999, elle a mis en place un programme de soutien chez les éleveurs et bergers en zone à loups. Le programme PastoraLoup propose ainsi une aide complémentaire pour la protection des troupeaux. Afin de réduire les dommages et la vulnérabilité des animaux domestiques, il s’agit pour les personnes bénévoles de renforcer la présence humaine auprès du cheptel et participer aux divers travaux pastoraux nécessités par la présence du loup.

Bilan 2022 (début mai à octobre) :

=> 68 bénévoles

=> 15 éleveurs

=> 5 départements (Alpes de Haute-Provence, Var, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Drôme)

=> 3 stages de formation des bénévoles

=> 487 nuits/jours de surveillance

=> 5 chantiers d’entretien de clôtures et 1 chantier de création de parc

Comme chaque année, la présence humaine renforcée auprès des troupeaux a permis de réduire drastiquement les tentatives de prédation des loups. En présence de nos bénévoles, les attaques sont très rares, les animaux tués encore plus.

Un parc pour les chevaux

Suite à un appel d’une éleveuse de chevaux à venir la sortir d’une situation de stress permanent, FERUS, via son programme Pastoraloup, a proposé à cette habitante de Grane (sud Drôme) de venir mettre en place un parc de protection efficace cet automne.

Dans un premier temps, les bénévoles de PastoraLoup se sont succédé pour soulager les nuits de l’éleveuse en venant dormir au cœur de l’exploitation, en attendant l’arrivée des poteaux, de la clôture (URSUS à 150 cm de hauteur) et des fils électriques. Le chantier a ensuite pu démarrer, parfois dans des conditions de vie rustiques et sous le regard professionnel d’un bénévole électricien à la retraite.

L’éleveuse est aujourd’hui rassurée et sait désormais ses poulains de frisons à l’abri de la prédation.

Bien sûr, FERUS a conscience qu’il ne s’agit pas d’une baguette magique transposable à l’infini, notamment sur de l’élevage extensif ovin transhumant. Mais au moins pour ces éleveurs qui ont choisi de sédentariser leur exploitation sur du foncier autour de la ferme, la solution évite de réfléchir vers la logique absurde de régulation de l’espèce loup.

Invitation week-end bilan

La saison PastoraLoup 2022 s’achève. Nous organisons notre week-end bilan ces 22 et 23 octobre dans le Vaucluse (Mont Serein). Nous vous invitons à venir nous rencontrer le samedi 22 après-midi pour un moment d’échanges et de bilan, avec la présence des bénévoles notamment (le dimanche sera consacré à une balade). Si vous souhaitez venir, merci de contacter Fannie : 0750699890 ou fannie.malet@ferus.org

Selon les derniers chiffres de l’OFB, plus de loups, moins d’attaques : des signes encourageants pour la coexistence estime FNE

loup

Le nombre de loups en France a été estimé à 921 en 2022. Le chiffre pour 2021 est aussi revu en hausse.

La population de loups gris est estimée à 921 individus à la sortie de l’hiver 2021-2022, a annoncé lundi le préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui précise aussi que le chiffre 2020-2021 a été revu en hausse à 783 loups.

Plus précisément, la fourchette de loups adultes, espèce menacée et protégée en Europe, est estimée entre 826 et 1.016 dans l’Hexagone, a précisé l’Office français de la biodiversité (OFB), organisme en charge de cette estimation.

Le loup est un animal sauvage vivant sur de grandes étendues. Sa population ne peut donc être comptée précisément, mais elle est estimée à partir d’indices (observation visuelle, empreintes, déjection…).

L’OFB forme des gens de terrain pour collecter ces indices et intégrer un réseau de correspondants. Un effort de formation a été fait, avec 385 nouvelles personnes, ce qui a permis d’augmenter le nombre d’indices récoltés, à « 4.500 indices de présence (contre 2.600 en 2020 et 3.700 en 2021) », fait savoir le préfet.

Pour 2020-2021, la population de loups gris avait été estimée à 624 individus, mais l’OFB a affiné sa méthode grâce à l’analyse de résultats génétiques.

La chasse au loup autorisée en France

Le nombre maximal de loups pouvant être tués en 2022 s’élèvera donc à 174 individus, contre 118 initialement prévus. « Depuis le 1er janvier 2022, 29 loups ont été décomptés de ce plafond », précise le préfet, en charge de la cohabitation de ce prédateur naturel avec le bétail.

D’autres mesures sont prévues pour accompagner les éleveurs et limiter les attaques contre les troupeaux: financement de chiens de protection, de parcs électrifiés, de gardiennage par des bergers. Des indemnisations sont prévues en cas d’attaque.

Cela a débouché « pour la première fois, (sur) une baisse de la prédation en France tant en nombre d’attaques que d’animaux prédatés », tout en restant à un niveau élevé, indique le communiqué.

« Une enveloppe financière supplémentaire permettra d’améliorer la qualité du matériel, donc l’efficacité des tirs de défense des troupeaux », avec « une attention particulière (…) aux situations individuelles des éleveurs subissant une forte prédation », précise le communiqué.

Le loup gris, revenu de lui-même en France depuis l’Italie et essentiellement présent dans les massifs alpins et provençaux, connaît une dynamique démographique favorable (…) depuis 10 ans, avec « un taux de survie de l’espèce satisfaisant et d’une hausse de la reproduction », selon le communiqué. Il a été aperçu jusque dans le Finistère.

Le nombre de meutes progresse aussi (+19 en 2020 et +29 en 2021), précise le communiqué.

Ce que précise FNE

L’État a présenté ce jour le bilan du suivi de la population de loups en France. Celui-ci montre une expansion à la fois numérique et géographique de l’espèce, avec une estimation de 920 loups. Cette première bonne nouvelle se double d’une autre : en 2021, le nombre d’attaques sur les troupeaux a diminué pour la première fois, de même que le nombre de victimes, déjà en baisse en 2020. France Nature Environnement et Humanité & Biodiversité saluent les efforts des éleveurs dans la mise en place de moyens de protection et encouragent l’Etat à poursuivre son accompagnement afin de généraliser des mesures qui prouvent leur efficacité.

Une méthode de suivi robuste et transparente

Il importe de souligner d’abord la transparence qui préside à la diffusion de cette estimation et à la méthode qui la fonde. Elle est issue d’un protocole scientifique robuste, validé par des scientifiques européens, fondé sur des indices et données fiables, validées par des analyses génétiques avant d’être intégrés dans le modèle mathématique établi par le CNRS. A rebours de mensonges colportés l’année dernière et destinés à décrédibiliser l’Office Français de la Biodiversité, il n’y a pas aujourd’hui de méthode plus robuste de suivi d’une population dans aucun pays européen.

En ces temps d’érosion généralisée de la biodiversité, ce bilan constitue une bonne nouvelle montrant que les écosystèmes sont en capacité d’accueillir le retour naturel d’un grand prédateur, qui y trouve toute sa place, notamment dans la régulation des grands ongulés dont on sait les dégâts qu’ils causent dans de nombreux territoires aux forêts et à certaines productions agricoles.

Des mesures de protection efficaces

Dans ce contexte, il est important de souligner que l’an dernier le nombre d’attaques a diminué pour la première fois, de même que le nombre de victimes (qui était déjà en baisse en 2020) : les attaques comme les dommages aux troupeaux se retrouvent ainsi à leur plus bas niveau depuis 2018. Cela est particulièrement vrai dans les secteurs de présence historique du loup. Cela s’explique par les efforts des éleveurs dans la mise en place de moyens de protection et l’implication de l’Etat pour la bonne mise en œuvre de ceux-ci.

Par contraste, les territoires de nouvelle colonisation connaissent des hausses de dommages, explicables par l’absence de ces moyens de protection. Ces constats démontrent une réelle efficacité de ces moyens : ils doivent encourager l’Etat à renforcer l’accompagnement des éleveurs pour permettre une mise en place effective et généralisée de ces moyens.

Mettre un terme aux tirs « politiques »

L’augmentation du nombre de loups ne doit pas être l’occasion pour l’Etat de relâcher le strict encadrement des autorisations de tir. On connaît la tentation d’octroyer des tirs « politiques », destinés non à protéger les troupeaux mais à satisfaire ceux qui pensent qu’un prédateur ne se « gère » que par la destruction. Ce double constat d’une augmentation de la population de loups et d’une diminution du nombre d’attaques montre bien que la destruction n’est pas une solution.

Les autorisations de tirs de loup, espèce protégée, doivent rester dans le cadre dérogatoire prévu par la réglementation française et les instances européennes. Ces autorisations sont prévues pour la prévention de dommages aux troupeaux qui continuent, malgré la mise en œuvre effective des moyens de protection, à subir des attaques. Pas dans les autres cas, ni pour détruire un individu en l’absence de dommages, ni dans la situation de troupeaux non protégés. Cette règle doit prévaloir dans les décisions des préfets, que le loup soit présent de longue date dans le département ou qu’il ne soit que de passage.

Anticiper les mesures de protection pour favoriser la coexistence

En aucun cas les possibilités dérogatoires de destruction de loups ne doivent être utilisées pour réguler la population de loup ni la cantonner géographiquement. Aussi, lors de l’arrivée du loup dans un territoire, la priorité est d’accélérer et faciliter les moyens de protection, et pas de tirer à vue sur le loup au motif que les élevages ne sont pas encore protégés. La mise en œuvre des moyens de protection doit être mieux anticipée : il s’agit d’appréhender le travail avec les chiens de protection et l’installation de clôtures adaptées sans attendre les premières attaques.

L’État doit poursuivre l’accompagnement des éleveurs dans la généralisation des moyens de protection grâce aux financements publics européens, et être le garant de la bonne utilisation de ces fonds et de la mise en place effective des moyens de prévention des attaques. Dans ces conditions, les tirs autorisés uniquement dans les cas où la protection n’a pas rempli ses objectifs retrouveront une certaine efficacité pour faire baisser la prédation.

photo : Voix du nord

Effectuer les prélèvements en fonction des dégâts

Ces mesures ne satisfont toutefois pas les organisations agricoles. La Confédération paysanne, faisant cavalier seul, réclame davantage de moyens au ministère de l’Agriculture pour anticiper la protection dans les zones où le loup apparaît. « Toutes les régions seront concernées dans les dix ans à venir », estime le syndicat paysan, qui demande à ce que « les prélèvements soient effectués en fonction des dégâts aux troupeaux et non dans un cadre de gestion de l’espèce ».

La FNSEA, accompagnée de quatre autres organisations (JA, FNO, FNB, FNC) et des chambres d’agriculture revient, quant à elle, sur la méthode de comptage des loups. Une contestation qui, en novembre 2021, avait provoqué le boycott du Groupe national loup par trois associations de protection de la nature (FNBE, LPO, Ferus). « À rebours de mensonges colportés l’année dernière et destinés à décrédibiliser l’Office français de la biodiversité, il n’y a pas aujourd’hui de méthode plus robuste de suivi d’une population dans aucun pays européen », réaffirme FNE et « L’augmentation du nombre de loups ne doit pas être l’occasion pour l’État de relâcher le strict encadrement des autorisations de tir ».

« L’effectif annoncé ne correspond pas à la réalité de la population lupine », maintiennent, de leur côté, les organisations agricoles, qui réclament un prélèvement de 300 loups en 2022. « Les éleveurs vivent quotidiennement dans l’angoisse d’une nouvelle attaque, et ce, en dépit des mesures de protection des troupeaux mises en place », assurent les organisations. Bien qu’en baisse, il est vrai que le nombre d’animaux tués par les loups s’élève à 10 800 en 2021 (contre plus de 12 000 en 2019). « S’agissant des bovins – de plus en plus attaqués par les loups –, l’inefficacité des mesures de protection n’est plus à démontrer », pointent les organisations.

La Fédération nationale ovine (FNO) demande à nouveau une révision du statut de protection du loup, qui n’est plus, selon elle, une espèce menacée d’extinction, via une révision de la directive Habitats (R3123). « Chaque pays pourrait assurer l’équilibre entre la conservation des espèces sauvages et la conservation des activités agricoles et pastorales », explique le syndicat agricole.

« L’expansion des prédateurs constitue en effet une menace directe pour les zones rurales désormais au cœur des politiques européennes. Elle participe au non-renouvellement des éleveurs et à l’abandon des espaces entretenus par eux et par leurs troupeaux, appauvrissant ainsi la biodiversité dans son ensemble », estime la FNO accompagnée des autres organisations agricoles. Alors que le nouveau plan loup est en cours d’élaboration, ces dernières appellent à en faire « un véritable plan de sauvegarde du pastoralisme, de l’élevage en plein air et un plan de régulation de l’espèce lupine ».

Loups en Haute-Savoie : les chasseurs vont en compter plus pour en tuer plus

loup et appareil photographique

Un loup piégé par un appareil photographique dans une forêt de l’Aude, en 2017

Les pouvoirs publics subventionnent massivement un recomptage des loups en Haute-Savoie par les agriculteurs et les chasseurs. Ces derniers veulent faire mentir à coups de drones et pièges photographiques les estimations de l’Office français de la biodiversité. Leur but : justifier la mise à mort de plus de loups

Sous les cimes enneigées, une bataille de chiffres fait rage. En Haute-Savoie, chasseurs, agriculteurs et écologistes se brouillent sur le nombre de loups et de meutes présentes dans les alpages. Selon le dernier comptage de l’Office français de la biodiversité (OFB), en 2021, 74 loups circulaient dans les montagnes du département. Chaque année, l’État autorise l’abattage de 19 % de la population au niveau national.

Une situation qui ne satisfait pas le monde de la chasse et la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA). Pour eux, la vie pastorale tout entière est mise en péril. Depuis l’arrivée du loup en 2009 sur le massif de Glières, « ce prédateur ne cesse de semer le trouble au cœur des territoires ruraux, dit à Reporterre le président de la fédération de chasse, André Mugnier. Le loup n’est plus une espèce protégée. Si rien n’est fait, cette situation déjà dramatique va s’aggraver. »

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Un loup du parc français du Gévaudan

Main dans la main, chasseurs et exploitants agricoles contestent les estimations de l’OFB. Ils avancent un décalage de 30 % à 40 % entre les chiffres donnés et « la réalité de terrain » : « En 2021, on a abattu sept loups dans le département mais on devrait en prélever au moins 25 par an si on veut maintenir un effectif gérable et réguler l’espèce », affirme André Mugnier.

Dans la presse, la FNSEA et la fédération de chasse multiplient les attaques pour discréditer l’OFB. Un bras de fer est engagé et les chasseurs semblent avoir obtenu une première victoire, au grand dam des écologistes.

270 000 euros de subventions pour les chasseurs

Car le département de Haute-Savoie, présidé par un membre du parti Les Républicains et proche de Laurent Wauquiez, Martial Saddier, a attribué 270 000 euros de subventions à la fédération de chasse pour mettre en œuvre une campagne de comptage de loups, « contradictoire à celle de l’OFB ». Cette aide publique s’ajoute au 650 000 euros sur cinq ans alloués par le conseil départemental à la fédération ainsi qu’aux 304 100 euros sur trois ans de la région Auvergne Rhône-Alpes — région dont les accointances avec les chasseurs ne sont plus à prouver.

Plus étonnant, l’État a aussi concouru à hauteur de 20 000 euros à ce nouveau projet alors même que celui-ci remet en cause le travail de ses propres fonctionnaires. Cédant aux sirènes des exploitants agricoles et à la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, qui affirmait que « l’OFB ment », Julien Denormandie, alors ministre de l’Agriculture, s’était déjà dit favorable à un recomptage du nombre de loups.

Compter plus pour tuer plus

Ce recomptage sera désormais effectué par les chasseurs et les agriculteurs eux-mêmes, accompagnés par des louvetiers. Les subventions des pouvoirs publics permettront l’achat d’une profusion de moyens techniques, pièges photographiques, caméras thermiques, drones et enregistreurs sonores, ainsi que des véhicules.

Pour les chasseurs, l’objectif de ce comptage est clair et pleinement assumé : il s’agit de chiffrer plus pour tirer plus. « Je qualifie cette opération de vérité, dit à Reporterre André Mugnier. On verra qui se trompe mais je pense qu’il y a beaucoup plus de loups que ce que l’on nous raconte. Ce nouveau comptage nous permettra de prélever davantage de loups. Cela remettra aussi en cause l’estimation de l’OFB au niveau national. »

loup et chasseurs
Des chasseurs. Flickr / CC BY-NC-ND 2.0 / Philippe Druesne

Dans un communiqué, France Nature Environnement Auvergne-Rhône-Alpes crie au scandale : « L’argent coule à flots pour les opposants au loup », écrit-elle. « Avec cette subvention, l’État et le département humilient le travail de l’OFB, regrette son porte-parole, Roger Mathieu. Ils remettent en cause le travail mené par 4 000 personnes en France et leur méthode soutenue par les scientifiques et le CNRS (Centre national de la recherche scientifique). C’est une honte. »

Au cœur de la polémique, plusieurs enjeux sont soulevés : comment les chasseurs vont-ils évaluer le nombre de loups et selon quelle méthodologie ? Ne risquent-ils pas non plus d’être juges et parties ?

« Il faut qu’on arrête avec cette approche scientifique »

« Cette débauche de moyens techniques disparates, avec des drones, etc., contraste avec l’absence de méthodologie permettant d’évaluer la pertinence de l’opération, sa cohérence et sa robustesse en matière scientifique, souligne Roger Mathieu. Dans aucun pays on n’utilise des caméras thermiques ou des enregistreurs pour compter des loups, cela permet simplement d’étudier leur comportement. »

Selon ce spécialiste, qui suit depuis des années une vingtaine de meutes dans le massif alpin, les risques d’erreurs avec ces outils techniques sont nombreux : « Il est très difficile sur une vidéo ou une photographie de distinguer un loup d’un autre. On ne compte pas les loups comme des moutons dans un enclos. C’est pour cela que l’on ne fait pas de comptage mais une estimation. Elle se fait à travers des prélèvements biologiques que l’on retrouve sur des poils ou des crottes et des analyses génétiques et statistiques. »

Mais pour les chasseurs, cette méthodologie ne semble pas avoir d’importance. « Je m’en fiche de la génétique, s’emporte André Mugnier. Cette question ne m’intéresse absolument pas. La présence des loups est insurmontable et il faut les réguler. Il faut qu’on arrête avec cette approche scientifique qui permet de différer progressivement le nombre de prélèvements de loups alors qu’aujourd’hui, il y a urgence. »

France Nature Environnement a d’ores et déjà annoncé qu’elle récusera les chiffres des chasseurs.