Belette, corneille… Qui sera sur la prochaine liste des « nuisibles » ?

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Le gouvernement va publier sa liste des espèces nuisibles d’ici début juillet au plus tard. Une consultation publique doit être lancée cette semaine pour définir les « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (ESOD) » qui y seront inscrites. Ces dernières pourront être abattues et/ou piégées en-dehors des périodes de chasse, voire toute l’année pour certaines d’entre elles. Ainsi, depuis le précédent arrêté de 2019, 6 600 pies bavardes ont été tuées en Saône-et-Loire et 14 500 belettes éliminées dans le Pas-de-Calais.

Parmi les espèces inscrites sur la liste de 2019, le geai des chênes, l’étourneau sansonnet, le corbeau freux, la corneille noire, la fouine, la martre et le renard. Ainsi, 6,8 millions de renards ont été tués entre 2018 et 2022 selon la Ligue pour la protection des oiseaux. Y figurent aussi des espèces exotiques envahissantes, telles que le ragondin et le rat musqué, et d’autres considérées comme nuisibles sur certains territoires, comme le lapin de garenne et le pigeon ramier.

Plusieurs associations écologistes se sont élevées contre ce classement. Les déclarations de dégâts faites par les particuliers, les agriculteurs et les chasseurs, censées justifier l’inscription d’une espèce sur la liste, ne font l’objet d’« aucun contrôle sur la véracité des faits et les estimations des préjudices », dénonce la LPO. La Société pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM) juge quant à elle « totalement arbitraires » les seuils de dommages et le nombre de plaintes engendrant le classement en ESOD, laissé « à la seule appréciation » de quelques personnes.

Des espèces menacées peuvent figurer sur la liste

Parfois, « le simple fait qu’une espèce déjà listée soit présente sur une large partie du département et qu’il y ait des activités économiques susceptibles d’être impactées » sans que des dégâts soient réellement recensés « peut être suffisant pour justifier sa destruction dans le département concerné », dénonce l’association. En outre, « aucune publication scientifique ne prouve que l’élimination des espèces classées ESOD permet de limiter les dégâts, parfois, c’est même le contraire », affirme la LPO.

Surtout, des espèces menacées peuvent figurer sur la liste. C’était le cas du putois d’Europe, « quasi menacé » en France depuis 2017 selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), et pourtant inscrit sur l’arrêté de 2019 jusqu’à ce que le Conseil d’État l’en retire en 2021 pour cause d’« état de conservation défavorable ».

« Ce classement ESOD ne peut plus durer », s’est ainsi insurgé Matthieu Orphelin, directeur général de la LPO. Un avis de plus en plus partagé : selon un récent sondage Ifop pour le compte de six associations, 65 % des Français sont opposés à ce type de classification.

Cette araignée adapte son venin aux attaques qu’elle subit

araignée hadroniche

Des araignées qui font évoluer leur venin selon leur âge ou les conditions environnementales dans lesquelles elles évoluent, les chercheurs en avaient déjà vues. Mais qui s’adaptent instantanément aux attaques qu’elles subissent, jamais. C’est désormais chose faite avec une araignée australienne de la famille des mygales, au comportement intriguant.

L’araignée Hadronyche valida, de la famille des mygales, adapterait la composition de son venin en fonction des attaques qu’elle subit.

David Wilson

A chaque araignée, son venin, adapté à sa proie ? Ce serait trop simple ! Des scientifiques australiens viennent en effet de découvrir qu’une espèce, considérée parmi les plus dangereuses au monde, serait capable de changer la composition de son venin selon les situations auxquelles elle est confrontée. C’est la conclusion d’une étude menée par le docteur Linda Hernandez Duran, à l’institut australien de santé et de médecine tropicale de l’Université James Cook en Australie.

Une seule espèce de mygale semble pouvoir modifier ainsi son venin

Cette araignée, Hadronyche valida, appartient à une famille de mygales, les Atracidae, que l’on ne rencontre qu’en Australie. Et la capacité à modifier son venin semble lui être propre : les scientifiques l’ont cherché sans succès chez trois espèces proches (Hadronyche infensa, Hadronyche cerberea et Atrax robustus). « Nous avons analysé leur comportement et mesuré leur fréquence cardiaque par laser afin d’évaluer leur activité métabolique, a raconté Hernandez DuranNous avons ensuite collecté leur venin et l’avons analysé à l’aide d’un spectromètre de masse. » Conclusion : seule la composition du venin de Hadronyche valida a été modifiée quand les scientifiques ont soumis l’animal à différents stress (petites piqûres avec une pince à épiler, souffle d’air…). Chez cette espèce « la présence de certains composés chimiques dans le venin semble dépendre de l’activité cardiaque et de la réaction à une agression » confirme la chercheuse.

Est-ce que l’animal devient plus dangereux pour autant ? Trop tôt pour le dire, les modifications chimiques précises du venin devant encore être précisées. « Les venins sont tous différents chez les différentes espèces d’araignées et même parfois selon le sexe dans une même espèce, donc on ne peut pas dire qu’un est plus venimeux qu’un autre, précise à Sciences et Avenir Christine Rollard, enseignante et chercheuse au Muséum national d’Histoire naturel de Paris et auteure de près d’une centaine de publications sur les araignées. De plus la toxicité peut aussi varier selon les proies. »

La stratégie de défense n’est pas celle de l’attaque

Pourtant, il n’est pas évident que cette capacité soit une adaptation pour des attaques plus efficaces. « Il est difficile de relier les observations des scientifiques avec le comportement des araignées », déclare Christine Rollard. En effet, dans cette expérience, on ne place les animaux qu’en situation de défense. « Or les araignées peuvent se défendre avec des morsures sèches, c’est-à-dire sans injecter de venin. Elle se servent principalement de leur venin pour attaquer leur proie et s’en nourrir. » En l’occurrence, cette espèce d’Hadronyche se sert d’un piège pour la capture de ses proies, une sorte de toile en nappe prolongée par un entonnoir. L’expérience des chercheurs ne permet pas de dire si le venin est modifié durant une véritable attaque.

Evoluant à la surface de la Terre depuis 300 millions d’années, les araignées sont loin d’avoir révélé toutes leurs adaptations évolutives comme en témoignent également la récente découverte d’espèce qui « entendent avec les jambes » ou de celles qui peuvent rester plus de 30 minutes sous l’eau.

Par Juliette Legros

Le Parlement européen rejette la loi sur la restauration de la nature

tracteur

 Loïc Chauveau

Aucune majorité n’a pu se dégager au Parlement européen lors du vote ce 27 juin 2023 de la Commission environnement sur la loi sur la restauration de la nature. Un nouveau scrutin de l’ensemble du parlement aura lieu le 12 juillet prochain.

Après le refus des Commissions « agriculture » et « pêche » d’examiner la proposition de loi sur la restauration de la nature émanant de la Commission européenne, c’est au tour de la commission « environnement » de rejeter le texte ce 27 juin 2023. Les 88 députés membres de la commission n’ont pu se départager. La droite et l’extrême droite ainsi qu’une partie des parlementaires du groupe centriste Renew (où siègent les députés macronistes) ont voté contre, la gauche et l’autre partie de Renew pour, avec au final une égalité parfaite à 44 voix partout. La commission de l’environnement présentera donc la proposition de loi devant le Parlement lors de la session de juillet. Celui-ci devra alors prendre position.

Une politique qui prônait deux voies

Ce rejet satisfait les lobbies agricoles et maritimes qui ont combattu le texte au nom de l’autonomie alimentaire de l’Europe. Le texte proposait en effet que chaque État membre restaure les fonctions écologiques des milieux impactés par l’activité humaine ainsi que la fertilité des sols. Une politique qui prônait deux voies : l’une de régénération naturelle par exemple en laissant l’eau envahir de nouveau des tourbières exploitées par l’agriculture, l’autre d’ingénierie écologique par la plantation de haies, la réduction des parcelles, l’arrêt des pesticides, etc. Pour les lobbies agricoles comme pour le Parti populaire européen (PPE) de droite où siègent les députés Les Républicains, ces mesures vont à l’encontre de la productivité de l’agriculture européenne et met donc à mal l’autonomie alimentaire du continent.

Un vote contraire aux constats scientifiques

Ce n’est pas du tout le constat des scientifiques travaillant sur les questions de biodiversité et de changement climatique. Dans deux pétitions distinctes, ces chercheurs ont rappelé que la détérioration des terres avait pour origine une surexploitation des sols, des épandages trop massifs d’engrais chimiques et de pesticides menant à une perte de fertilité constatée par une stagnation, voire une baisse des rendements des principales cultures comme celle du blé en France. Ces textes rappellent par ailleurs que l’agriculture intensive génère 20% des émissions de gaz à effet de serre en Europe alors qu’elle en est la principale victime du fait de la multiplication des vagues de chaleur, des précipitations violentes et des sécheresses.

Ce vote négatif intervient une semaine après une réunion du Conseil des ministres de l’Environnement qui ont rappelé pour l’occasion que les 26 Etats membres soutenaient le projet de règlement sur la restauration de la nature « en appelant les Etats membres à poursuivre les efforts d’adoption de l’ensemble des législations du Pacte vert et en insistant sur la nécessité pour l’Union européenne de traduire très concrètement dans sa législation les engagements pris lors de la COP15 biodiversité en fin d’année 2022″.

Éclairage MÉDIAPART

Au Parlement européen, même la plus écolo des commissions vote contre la biodiversité

Les membres de la commission environnement ont majoritairement rejeté mardi le règlement sur la restauration de la nature, pierre angulaire de l’Europe en faveur de la biodiversité. Ce vote alerte sur le recul de l’écologie à Bruxelles, sous la pression de la droite et de l’extrême droite. 

Trois commissions parlementaires ont examiné le texte. Et les trois l’ont rejeté en bloc. Celles de l’agriculture et de la pêche, comme celle de l’environnement, qui s’est prononcée ce mardi 27 juin. Présidée par le macroniste Pascal Canfin, elle est pourtant réputée progressiste sur les questions environnementales.

« Pacte vert » : la droite européenne panique à l’idée de perdre le vote agricole

 

Adoption du traité sur la haute mer : « C’est historique »

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Les Nations unies ont adopté, le 19 juin, le premier traité de protection de la haute mer. Il s’agit d’une avancée importante pour préserver ces eaux menacées par les activités industrielles, selon Klaudija Cremers, de l’Iddri.

Klaudija Cremers est chercheuse en politique maritime internationale à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).

 

Reporterre — Lundi 19 juin, les États membres des Nations unies ont adopté un traité pour protéger la haute mer — aussi appelée « eaux internationales » –, qui couvre plus de 60 % des océans et ne faisait jusqu’à présent l’objet d’aucune régulation. Y a-t-il de quoi se réjouir ?

Klaudija Cremers — C’est un traité historique, et une grande victoire pour la communauté environnementale et internationale. Ce texte permet aux États d’avoir un espace de coordination et de coopération. C’est essentiel pour s’assurer qu’on ne pense pas qu’aux activités économiques, et que l’on protège les espèces qui vivent dans ces eaux. Compte tenu de l’état du multilatéralisme, on peut vraiment être très contents de ce résultat.

Quelles dispositions contient ce texte ?

Le premier élément, c’est les ressources marines génétiques [c’est-à-dire le matériel génétique tiré des animaux, végétaux, champignons, virus et microbes des fonds océaniques, qui attirent la convoitise des industries pharmaceutiques et chimiques]. Le traité prévoit un système pour les partager. C’est un sujet clé pour les pays en développement, car pour le moment, c’est « premier arrivé, premier servi ». Il y aura maintenant des obligations pour partager les bénéfices monétaires et non monétaires de leur exploitation — par exemple les données obtenues pendant des missions.

Le texte prévoit également, pour la première fois, un processus pour créer des aires marines protégées en haute mer. C’est vraiment révolutionnaire. Les aires créées via ce traité seront reconnues par tous les pays membres des Nations Unies. C’est essentiel pour atteindre l’objectif de protection de 30 % des terres et des mers, qui a été défini en décembre dernier lors de la COP15 biodiversité. Il avait peu de chance d’être atteint seulement grâce aux aires marines protégées installées dans les eaux territoriales.

Le texte traite par ailleurs du renforcement des capacités et du partage des technologies marines. C’est très important, notamment pour les pays en développement : ça leur permettra d’atteindre leurs objectifs et de mettre en œuvre le traité. Certains pays, par exemple, disposent de technologies satellitaires. Quand on aura des aires marines protégées en haute mer, ils pourront partager ces technologies avec les pays en développement pour mieux contrôler ces zones.

L’accord définit également quand et à quel moment les entreprises devront réaliser des études environnementales avant de conduire une activité économique en haute mer. On est très contents que des règles soient définies, quand on pense à toutes les nouvelles activités qui risquent d’être développées dans les prochaines années. La Chine, par exemple, a très envie de développer l’aquaculture en haute mer.

Cette partie du texte est sûrement la moins ambitieuse. Ce sont les États qui seront en charge de décider si les entreprises ont bien rempli leurs obligations et qui donneront l’accord final. Beaucoup d’acteurs environnementaux estiment qu’un organisme indépendant aurait été préférable.

Identifiez-vous d’autres lacunes ?

Une chose n’a pas été très étudiée pendant les négociations : on a maintenant un processus pour créer des aires marines protégées, mais on n’a pas déterminé comment les contrôler, les financer et les surveiller. Le texte requiert des États qu’ils soumettent un plan de gestion lorsqu’ils proposent de créer une aire marine protégée, mais ce n’est pas très précis. C’est quelque chose qui devra absolument être abordé lors de la prochaine conférence des parties (COP), afin que ces aires marines protégées soient vraiment efficaces, et pas seulement des « aires de papier ».

Des chalutiers géants ont pêché pendant près de 3 000 heures au sein d’aires marines protégées, en 2019 au Royaume-Uni. Greenpeace

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Certaines associations, comme Bloom, déplorent que le texte ne prévoie rien en ce qui concerne la pêche industrielle, qui est pourtant l’une des principales responsables de la destruction de la biodiversité marine. Le texte ne contient rien, non plus, sur l’exploitation des fonds marins…

Les États ont choisi en 2017 les sujets qu’ils aimeraient aborder dans le cadre de ce traité. Dès le début, il était exclu d’évoquer la pêche et les fonds marins, car d’autres institutions les gèrent. Un des principes de l’accord, c’est qu’il ne peut pas porter préjudice aux organisations existantes.

Quelles sont les prochaines étapes avant l’entrée en vigueur définitive du texte ?

On doit encore avoir un processus de signature, en septembre. La ratification, ensuite, dépendra du processus législatif de chaque pays, qui peuvent avoir besoin de l’approbation de leurs parlements. On a besoin de soixante ratifications pour que le texte entre en vigueur. On s’attend à ce que cela soit atteint bientôt, car plus de cinquante pays font déjà partie d’une « coalition de haute ambition ».

Certains États se sont-ils montrés réticents ?

La Russie a dit qu’elle n’était pas satisfaite du résultat. Il est peu probable qu’elle signe l’accord. Mais aucun autre État ne s’est exprimé contre le traité.

Les États qui ne signeront pas devront-ils malgré tout se soumettre à ces nouvelles règles ?

Dans le droit international public et le droit de la mer, il y a parfois ce que l’on appelle le « droit de coutume » : après un certain temps, certaines obligations deviennent coutumières. Peut-être qu’après un petit moment, certaines obligations du traité de protection de la haute mer auront ce statut. Même les États qui ne feront pas partie du traité pourraient alors être appelés à le respecter.

Il est vrai que, pour le moment, seuls les États qui auront vraiment signé ou ratifié le traité auront des obligations. Dans ce contexte, il est très important que certains pays, comme la Chine, signent ce traité. Elle est très active en haute mer, et dispose de la plus grande flotte hauturière du monde. Si elle le ratifie, cela pourrait avoir beaucoup d’impact. J’espère que ce sera le cas, mais c’est difficile à dire pour le moment.

Dans quatorze départements, One Voice obtient la paix pour les blaireaux cet été !

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Cette année, dans quatorze départements, les blaireaux et leurs familles auront la paix au printemps et en été. Les décisions rendues par les tribunaux administratifs viennent confirmer les arguments que nous avançons depuis de nombreuses années et ouvrent des perspectives nouvelles dans le combat pour l’abolition de la vénerie sous terre. Si quelques juges refusent toujours de constater l’illégalité de ce mode de chasse parmi les plus cruels, le mouvement enclenché ne pourra que s’amplifier dans les mois et années à venir.

Du jamais vu pour les blaireaux, blairelles et blaireautins !

Depuis plusieurs semaines, c’est une pluie de victoires pour les blaireaux ! Dans dix-huit départements, nous avons attaqué devant les tribunaux l’ouverture de périodes complémentaires de vénerie sous terre au printemps et en été. Dernières suspensions en date : dans l’Aube et dans la Meuse, et dans le Loiret et l’Eure-et-Loir où les juges ont balayé les arguments des chasseurs et des préfectures.

Elles s’ajoutent aux dix départements où les tribunaux ont dit stop. Oui, des blaireautins sont dépendants de leurs parents à cette période de l’année ! Oui, la vénerie sous terre conduira nécessairement à ce que des petits soient tués si elle est autorisée au printemps et l’été, en plus de la saison où elle l’est déjà !

Le tribunal d’Amiens ne s’y est pas trompé, en qualifiant ce loisir mortifère de « chasse à l’aveugle ». Et certaines juridictions sont allées plus loin. Le tribunal de Poitiers a ainsi confirmé ce que nous clamons depuis longtemps : les blaireaux doivent être considérés comme « petits » assez longtemps : jusqu’à leur maturité sexuelle, et non, comme l’avancent souvent les préfectures, dont le texte est soufflé par les fédérations de chasseurs, jusqu’à leur sevrage (car il n’est qu’alimentaire !).

Grâce à ces procédures administratives déposées et plaidées en urgence, près de trois mille individus qui auront la vie sauve dans les mois qui viennent. Les petits pourront grandir paisiblement sans craindre les pelles, les fusils et les couteaux des chasseurs.

… et quelques défaites qui posent question

À Lyon (pour les arrêtés dans le Rhône et la Loire), Bordeaux (Lot-et-Garonne) et Nantes (Vendée), les juges des référés ont cependant choisi d’adopter une position inverse à celle de leurs collègues de Limoges, Pau, Toulouse, Clermont-Ferrand, Caen, Amiens, Châlons-en-Champagne et Nancy. Et leurs décisions sont (tristement) riches d’enseignements.

Pour la Vendée, le tribunal administratif de Nantes nous indique ainsi que pour lui, la vénerie ne pose pas de problème en matière de souffrance animale, car les chasseurs utiliseraient des « pinces non vulnérantes » (comme si cela changeait quoi que ce soit à l’issue funeste d’une telle chasse) et, cerise sur le gâteau, qu’ils peuvent décider de ne pas mettre à mort les animaux qu’ils ont extirpés des terriers ! Tout en admettant que ceux qui ne bénéficieront pas de ce traitement de faveur pourront être tués à l’arme blanche. Comprenne qui pourra.

Quant à la décision du tribunal de Bordeaux pour le Lot-et-Garonne, elle nous a surpris car elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à celle rendue quelques jours avant par celui de Lyon… Pardi : l’en-tête du document était celui du tribunal administratif de Lyon ! Rectifié quelques jours plus tard, ce copier-coller n’en demeure pas moins bien inquiétant quant à la manière dont les décisions de rejet sont prises par les juges, si elles ne sont même pas rédigées au cas par cas.

Notre combat pour les blaireaux est loin d’être terminé.

Avec FNE, la LPO et Animal Cross, nous avons attaqué l’arrêté de la Savoie : audience le 16 juin à 9 h 30 au tribunal administratif de Grenoble.
Pour la Haute-Loire, AVES s’est joint à cette coalition et l’audience se tiendra le 20 juin à 9 h 30 à Clermont-Ferrand.
Pour l’Aisne, à deux avec AVES toujours, nous défendrons les blaireaux le 16 juin à 9 h 30 à Amiens.
Enfin, nous serons présents seuls à Dijon le 23 juin à 14 h 15 pour la Saône-et-Loire.

Avant et en vue d’obtenir la protection des blaireaux et l’abolition de la vénerie sous terre grâce à une réforme radicale de la chasse, (avancées que vous pouvez soutenir en signant nos pétitions), nous continuerons de nous battre sur tous les fronts, local, national et international.

 

Mobilisation européenne pour le Milan royal : 31 jeunes milans royaux équipés de balises

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Avec l’appui d’une ONG autrichienne, 31 jeunes milans royaux ont été équipés de balises GPS par la LPO et Lorraine Association Nature (LOANA) entre les 7 et 10 juin 2023 dans les Pyrénées et le Grand Est. Cette pose de balises GPS a eu lieu dans le cadre du programme européen LIFE EUROKITE qui vise à protéger cette espèce menacée, dont la France abrite 12% de la population mondiale.

Les 7 et 8 juin 2023, des balises GPS ont été posées sur 10 jeunes milans royaux dans la Zone de Protection Spéciale (ZPS) de la vallée de la Nive des Aldudes (Pyrénées-Atlantiques). 21 autres balises ont été posées les 9 et 10 juin dans le Bassigny (Haute-Marne et Vosges). En 2021, 26 milans avaient déjà été équipés dans le Massif central puis 20 supplémentaires dans l’Aveyron, en Haute-Marne et dans les Vosges en 2022. 22ont hélas été ensuite retrouvés morts en Espagne et en France.

Cofinancé par l’Instrument financier pour l’environnement (LIFE) de l’Union européenne, le projet EUROKITE, coordonné par l‘ONG autrichienne MEGEG, utilise la télémétrie pour identifier, localiser et quantifier les principales causes de mortalité qui affectent le Milan royal à travers l’Europe afin de proposer des actions de conservation adaptées. Côté français, le programme est cofinancé par le Ministère de la transition écologique et la LPO et est mis en œuvre par la LPO France avec l’appui notamment de ses associations régionales Auvergne Rhône-Alpes, Aquitaine et Champagne-Ardenne.

A ce jour, ce programme LIFE a déjà permis d’équiper 855 milans royaux de balises GPS dans une dizaine de pays européens et, grâce à des coopérations avec d’autres partenaires, le projet compte plus de 2 200 milans royaux équipés de balise dans sa base de données.  Grâce à un système d’alerte, toute suspicion de mortalité d’un des oiseaux est signalée et le cadavre peut alors être récupéré pour autopsie et analyses toxicologiques. Le suivi GPS permet également d’en apprendre davantage sur la biologie et le comportement migratoire de l’espèce.

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Présent uniquement en Europe, le Milan royal est un rapace diurne inféodé aux zones agricoles associant élevage et polyculture. Reconnaissable en vol à son plumage clair et à sa queue échancrée, il s’observe tout au long de l’année en France. Empoisonnement, tir, collision, électrocution : les menaces d’origine humaine qui pèsent sur les populations de rapaces à travers l’Europe sont aussi diverses que redoutables. Au regard du statut préoccupant du Milan royal en France, un nouveau Plan national d’actions coordonné par la DREAL Grand Est et animé par la LPO, a été lancé en 2018 pour une durée de 10 ans. Les données acquises dans le cadre du Life EUROKITE viennent compléter et orienter les actions de sauvegarde de ce PNA.

Plus d’informations sur le site web dédié au projet : https://www.life-eurokite.eu

Une décision salutaire pour 160 bouquetins du Bargy !

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Le tribunal administratif de Grenoble vient enfin de publier son ordonnance, 9 jours après l’audience du 6 juin : One Voice a, avec ses partenaires, obtenu la suspension en urgence de l’arrêté préfectoral de Haute-Savoie! Les tirs de bouquetins sans test sanitaire préalable ne peuvent donc plus être pratiqués. Les 160 bouquetins qui sans notre action auraient été abattus “à vue” (au rythme de 20 par an jusqu’en 2030) dans le massif du Bargy, vont finalement avoir la vie sauve. Une décision salutaire qui confirme l’inutilité des abattages indifférenciés sans tests préalables.

Depuis des années, sous la pression de quelques éleveurs et des élus locaux, le préfet de Haute-Savoie autorise en catimini l’abattage de bouquetins sans annonce préalable, en arguant que cela jugulerait la brucellose bovine. Pourtant, aucun test n’est réalisé en amont pour vérifier si les bouquetins sont effectivement porteurs de cette maladie. Des contrôles sont effectués après leur mise à mort. Résultat: en 2022, sur les 61 bouquetins tués, seuls 3 d’entre eux étaient malades.

En commun avec Animal Cross, l’Association pour la protection des animaux sauvages, AVES France, France Nature Environnement Auvergne-Rhône-Alpes, FNE Haute-Savoie et la Ligue pour la protection des oiseaux, One Voice a ainsi demandé au tribunal administratif de Grenoble de suspendre en urgence l’arrêté du préfet de la Haute-Savoie du 17 mars 2022 qui autorisait un massacre, alors même que l’espèce des bouquetins est censée être protégée!

Les animaux sauvages disparaissent à vue d’oeil et l’État déroge encore à leur protection

Cette année, la préfecture avait apporté diverses modifications par rapport aux arrêtés préfectoraux de 2019 et 2022 que nous avions également fait suspendre. L’issue n’était donc pas connue d’avance.

Lors de l’audience, la juge des référés a mis en avant la complexité et la technicité du dossier. À cette occasion, une joute verbale de plus de deux heures nous a opposé à la préfecture. Notre avocat, du cabinet Thouy Avocats, a vaillamment défendu les bouquetins, et répondu argument par argument aux absurdités avancées par les agents de la préfecture.

Une décision rationnelle, en faveur des bouquetins

Nous sommes donc plus que soulagés de constater qu’une fois encore, le tribunal administratif de Grenoble prend une décision en faveur des animaux. La magistrate s’est d’ailleurs appuyée sur un avis rendu par l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) qui met en avant le taux “désormais très faible” de séroprévalence ainsi que les bénéfices à tester régulièrement les animaux. Autrement dit: tester puis euthanasier en vue de les soulager de la maladie les individus condamnés, et non tirer dans le tas et constater après…

Dans l’immédiat, les tirs sans tests sanitaires préalables ne peuvent donc plus être pratiqués en Haute-Savoie. Un répit une nouvelle fois bien mérité pour ces fins grimpeurs, si vulnérables

Après avoir failli disparaître, la loutre d’Europe est bel et bien de retour en France

Loutre d'europe
  • La loutre d’Europe est un mammifère semi-aquatique qui a longtemps été chassé en France.
  • Classée espèce protégée, la loutre bénéficie aussi de plans d’actions nationaux.
  • Fragile, exposée aux dangers de la circulation routière, elle est, de plus, pénalisée par un faible taux de reproduction.

Sa bouille sympathique ferait presque oublier qu’elle a longtemps été chassée pour son pelage et sa réputation erronée d’animal nuisible. Au point de pratiquement disparaître du territoire français au cours des années 1980. Quarante ans plus tard, la loutre d’Europe fait un retour remarqué dans un grand nombre de départements français. Ce mammifère semi-aquatique est parvenu à repeupler significativement les régions où elle avait échappé à l’extermination (Massif central, Bretagne, Pays-de-la-Loire, une partie de la Nouvelle-Aquitaine). Et même à reconquérir de nouveaux bassins, à l’image de l’Occitanie, de la Normandie, des Pyrénées ou de la vallée du Rhône.

« C’est une excellente nouvelle car, comme tout carnivore, elle joue un rôle important dans l’écosystème », se réjouit Meggane Ramos, spécialiste de la loutre d’Europe au sein du Groupe mammalogique breton. « Elle revient de loin. Il faut se rappeler qu’elle était autrefois présente sur l’ensemble de la France, sauf en Corse, avant de devenir rare. Dans certains pays, elle a complètement disparu », expose Cécile Kauffmann, animatrice du plan national d’actions en faveur de la loutre pour la Société française pour l’étude et la protection des mammifères (SFEPM).

Un faible taux de reproduction

Il a fallu un classement en espèce protégée en 1981, puis deux plans d’action nationaux (2010-2015, 2019-2028), pour permettre d’obtenir une « lente reprise des populations ». Lente, car la loutre reste un animal fragile, « très vulnérable à la dégradation de ses habitats », et souffre de handicaps pour sa descendance. « Elle a un faible taux de natalité. La maturité sexuelle n’est atteinte qu’à l’âge de 3 ans environ et elle ne donnera naissance qu’à un à trois petits. Et puis son espérance de vie dans la nature ne dépasse guère 4 à 5 ans », indique Meggane Ramos.

Si le comptage de la population semble « impossible » en raison de la très grande discrétion de l’animal, la loutre est suivie par un réseau de naturalistes grâce à ses empreintes de pas, ses crottes (appelées épreintes) et quelques restes alimentaires. « On utilise aussi des pièges photographiques ou vidéo. C’est un travail de recherche minutieux, incertain, mais indispensable », souligne Meggane Ramos. Une démarche qui permet aujourd’hui d’authentifier sa présence dans de nombreuses zones humides, y compris des fleuves aux rives urbanisées, à l’image de la Loire. Les cours d’eau du Grand Est et des Hauts-de-France semblent toutefois faire exception. « Il y a bien eu des tentatives de réintroduction en Alsace mais ça n’a pas vraiment fonctionné », raconte Cécile Kauffmann.

Des dégâts dans les élevages piscicoles

Animal relativement solitaire (contrairement à sa cousine la loutre de mer), la loutre d’Europe évolue sur un bassin de 5 à 20 km de long à la recherche de poissons, écrevisses ou batraciens. « On pense souvent que la loutre est un témoin de la bonne qualité des eaux mais, en fait, elle va surtout là où elle trouve du poisson et des abris, souligne Meggane Ramos. On a détecté sa présence sur des secteurs où l’eau est de très moyenne qualité, à l’image du Gouëssant dans les Côtes-d’Armor. » Sa gourmandise l’incite, de temps en temps, à s’introduire dans des élevages piscicoles, notamment de truites. Au grand dam des pisciculteurs, les dégâts pouvant être importants. « On a un animateur qui sensibilise les professionnels et leur apporte une aide technique. Lorsque les installations sont bien protégées, il n’y a plus de problème », rapporte l’animatrice du plan loutre national.

Si elle n’a pas de prédateur dans la nature, la principale menace de la loutre d’Europe demeure les activités humaines, en particulier la circulation routière. « Il y a des ouvrages, des barrages, qui l’obligent à traverser des routes, des collisions peuvent alors se produire, déplore Cécile Kauffmann. On trouve heureusement de plus en plus d’aménagements spécifiques pensés pour elle, comme les banquettes sous les ponts. Ils participent à la recolonisation de la loutre. » Quelques piégeages visant des ragondins, rongeurs invasifs avec qui la loutre est souvent confondue, lui sont encore aussi parfois fatals, de même que les morsures de chiens. « Globalement, elle se porte de mieux en mieux mais il est trop tôt pour la penser définitivement à l’abri. Elle mérite encore notre vigilance », insiste Cécile Kauffmann.

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