Les sangliers disparaissent de la Drôme et le loup n’y est pas pour rien, selon les chasseurs. Commentaire d’Yves Verilhac (LPO)

Les chasseurs de la Drôme s’alarment de la raréfaction des sangliers dans le département. En cause, le loup. Selon la Fédération de chasse, les populations ont diminué de plus de la moitié depuis 2018. Invérifiable pour Pierre Rigaux. Le naturaliste pointe une situation paradoxale.

La Fédération de chasse de la Drôme, s’inquiète de la raréfaction du grand gibier dans la Drôme, en particulier du sanglier. Les chasseurs mettent en cause notamment le loup. En 2018, vingt-mille sangliers ont été prélevés dans la Drôme. Chiffre divisé par deux en 2021. Cette année seulement sept à huit-mille sangliers devraient être tués.

Une baisse très importante entrainée par la forte présence du loup selon Michel Sanjuan, vice-président des chasseurs de la Drôme en charge du loup et du grand gibier. « On décompte au moins 250 de ces prédateurs », une donnée que ne confirment pas les services de l’Etat mais « cette présence est excessive »selon le numéro deux de la fédération drômoise. « En plus de tuer une grande partie des animaux, il fait, en plus fuir les troupeaux de sangliers dans les zones les plus soumises aux attaques. En conséquence, on peut parfois se retrouver avec des hordes de cinquante individus dans les endroits les plus épargnés du département ».

La disparition du mouflon est-elle liée à la multiplication du loup ?

« Les chiffres sont vertigineux » constate Michel Sanjuan ; « Il y a une vingtaine d’années, on dénombrait au moins 900 mouflons dans le département, aujourd’hui on en compte une quinzaine tout au plus ». Le chasseur met là aussi en cause le loup qui aurait décimé les animaux dès son apparition dans le département. Tout comme les éleveurs, la Fédération 26 explique que la cohabitation est impossible avec le loup « sous peine de voir la faune sauvage disparaître ». Pour Michel Sanjuan, « si on ne change pas le statut d’animal protégé du loup, on court à la catastrophe ».

L’économie de la chasse de la Drôme en péril à cause du loup

La Drôme est un territoire de chasse particulièrement prisé par les chasseurs des départements voisins qui viennent particulièrement chasser le sanglier. À cause de leur raréfaction, de moins en moins de chasseurs se rendraient dans la Drôme constate la Fédération de la Drôme. « Rien que parmi nos adhérents, on a perdu au moins 350 chasseurs cette année ». Il y a maintenant à 10 000 chasseurs drômois. Pourtant, « il reste encore des gros gibiers », déclare Michel Sanjuan. « On a encore du cerf, du chevreuil, et quand même un peu de sanglier ».

« Aucune étude ne prouve l’impact réel du loup sur le sanglier »

« Aucune étude ne prouve l’impact réel du loup sur le sanglier », note Pierre Rigaux, naturaliste, administrateur de la Société française pour l’étude et la protection des mammifères et militant anti-chasse. « Oui cela dit, le loup fait sans aucun doute partie des facteurs qui peuvent participer à réguler les sangliers ». Selon le naturaliste, la situation est paradoxale « puisque les chasseurs disent qu’ils sont là pour réguler les sangliers mais quand il y a un facteur naturel qui vient les réguler, ils disent qu’il faut réguler le régulateur ». Il rajoute que les chiffres donnés par les chasseurs sont selon lui, biaisés : « les plans de chasse ne tiennent pas compte de la prédation des loups, donc effectivement quand les chasseurs disent, on a plus assez de gibier, ils oublient qu’ils ne sont pas les seuls prédateurs. Supposons qu’il y ait vraiment 200 loups dans le département pour 10 000 chasseurs drômois, qui tue le plus d’animaux entre les deux prédateurs ? le résultat est évident. »

Le mouflon, un cas très particulier

Si Pierre Rigaux désapprouve la majeure partie de l’analyse des chasseurs à propos de l’impact du loup sur les populations de sangliers, il valide en revanche l’idée que la grande raréfaction du mouflon dans la Drôme puisse être liée à la prédation du loup. « Le cas du Mouflon est très particulier car cet animal est un animal exotique, introduit en France pour la chasse dans la deuxième moitié du 20ième siècle. Une espèce originaire du Moyen-Orient, d’abord importé en Corse, croisé avec des moutons domestiques ». Conséquence, l’espèce hybridée n’est pas très adaptée aux territoires de montagne. Et donc n’a pas les armes suffisantes pour résister à la prédation du loup dans ce type de milieu.

Source : Ici par France Bleue

Commentaire d’Yves Vérilhac (LPO)

Il n’est pas rare que des responsables cynégétiques s’inquiètent de la raréfaction du sanglier à cause de leur principal prédateur, le loup. Ils demandent à pouvoir tuer encore plus de loups afin de voir augmenter la population de sangliers.

 

Pourquoi les chardonnerets élégants sont un trafic « aussi rentable que la drogue »

chardonneret élégant

Cette espèce, prisée pour son chant et son plumage multicolore, est revendue entre 50 et 1.000 euros le spécimen, sur le marché noir

  • Les trafics de chardonnerets élégants se multiplient, ces dernières années.
  • Cette espèce, prisée par les trafiquants pour son chant et son plumage multicolore, est revendue entre 50 et 1.000 euros le spécimen, sur le marché noir.
  • Pour l’espèce, ces trafics sont un véritable désastre. En France, la population de chardonnerets élégants à l’état sauvage a chuté d’au moins 40 %.

Le 12 avril dernier, la cour d’appel de Montpellier (Hérault) condamnait un trafiquant à deux ans de prison ferme, six mois de plus qu’en première instance. Ce n’est pas le commerce de stupéfiants ou de cigarettes de contrebande qui a conduit ce contrevenant à la barre, mais un trafic de chardonnerets élégants. Ces dernières années, ces oiseaux, prisés pour leur beauté et leurs chants mélodieux, sont victimes d’un impitoyable marché noir. Régulièrement, des spécimens de ces petits volatiles protégés sont capturés et placés dans des cages minuscules par des trafiquants, avant d’être revendus à prix d’or.

A l’Office national de la biodiversité (OFB) de l’Hérault, on croule, comme dans d’autres départements, sous les trafics de chardonnerets élégants. « Nous avons beaucoup de remontées d’associations de protection de la nature ou même de particuliers, qui sont témoins de captures ou qui remarquent que des oiseaux sont détenus illégalement sur des balcons, par exemple », explique Vincent Tarbouriech, chef de l’OFB dans l’Hérault. Il faut dire que ce business est particulièrement juteux. « C’est un trafic moins connu, mais malheureusement aussi rentable que la drogue, déplore Vincent Tarbouriech. Un oiseau peut être revendu de 50 à plus de 1.000 euros, selon son chant et son plumage. Si vous capturez quelques dizaines d’oiseaux par jour, ça chiffre très rapidement. »

Un désastre, pour la survie de l’espèce

Les trafiquants de chardonnerets élégants sont d’ailleurs, souvent, englués dans des combines de stupéfiants. Dernièrement, des gendarmes, qui enquêtaient sur une affaire de drogue, ont élargi le champ de leurs investigations, lorsqu’ils ont entendu… des gazouillis, derrière les discussions, dans les écoutes téléphoniques des suspects.

Pour l’espèce, ces trafics sont un véritable désastre. En France, la population de chardonnerets élégants à l’état sauvage a chuté d’au moins 40 %. « Ce n’est pas la seule cause, il y a aussi l’utilisation de certains pesticides, les modifications des milieux, notamment, explique Pierre Maigre, le président de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) de l’Hérault. Mais ces trafics contribuent, malheureusement, à cette baisse des effectifs. » Dans certains pays hors d’Europe, où ces oiseaux sont les stars de concours de chant et d’élégance, on n’en trouve plus, ou presque, dans la nature. « Cela explique, aussi, ces envolées de prix », reprend le patron de la LPO de l’Hérault.

Une justice sévère, se réjouit la LPO

Pour capturer ces chardonnerets élégants qui sont si rémunérateurs, les trafiquants utilisent plusieurs méthodes, illégales et sévèrement punies. Avec de la colle, dont ils badigeonnent des bâtons. Les oiseaux, attirés par un point d’eau, des graines, d’autres oiseaux en cage ou des enregistrements de gazouillis, s’y perchent, et restent piégés. D’autres utilisent de grands filets, pour les arracher à leur milieu naturel.

Ces derniers temps, la justice s’est montrée sévère, à l’encontre des trafiquants de chardonnerets élégants. « Depuis quelques mois, nous constatons, avec une certaine satisfaction, que des tribunaux n’hésitent pas, lorsqu’il y a une récidive, des peines de prison ferme, reprend Pierre Maigre. Ce n’était pas le cas, autrefois. Une condamnation numéraire, à quelques centaines d’euros, compte tenu des gains générés par ce trafic, ce n’est pas dissuasif. » En France, la capture, la détention et le commerce des espèces protégées sont lourdement sanctionnés : les mis en cause encourent pour chacun de ses délits 3 ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende.

Source 20 minutes

LIFE SafeLines4Birds : réduire l’impact des réseaux électriques sur les oiseaux en Europe

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L’Union Européenne a doté le programme LIFE SafeLines4Birds d’un budget de plus de 14 millions d’euros pour un plan d’action inédit de 6 ans (2023-2028) visant à diminuer la mortalité des oiseaux causée par les lignes électriques en France, en Belgique et au Portugal. Côté français, il rassemble la LPO, Enedis et RTE, déjà réunis autour de la même thématique au sein du Comité National Avifaune créé en 2004. 

La collision avec les installations électriques, l’électrocution lors du perchage ou de la nidification et le dérangement pendant leur période de reproduction causent chaque année la mort de millions d’oiseaux dans le monde et, pour certaines espèces, représentent une menace sérieuse d’extinction. Le LIFE SafeLines4Birds cible en particulier 13 espèces parmi les plus touchées en France, en Belgique et au Portugal : Outarde canepetière, Gypaète barbu, Aigle de Bonelli, Vautour moine, Vautour percnoptère, Faucon crécerellette, Grue cendrée, Balbuzard pêcheur, Cigogne blanche, Cigogne noire, Bécasse des bois, Courlis cendré, Vanneau huppé.

La réussite du LIFE SafeLines4Birds, coordonné par la LPO, repose sur la collaboration étroite entre différents types de partenaires à l’échelle européenne : associations de protection de la nature, gestionnaires de réseaux de transport et de distribution d’électricité, et des experts scientifiques.

L’innovation au service de la protection des oiseaux

Des approches innovantes seront mises en œuvre, tel que le système américain ACAS (Avian Collision Avoidance System) qui éclaire les câbles avec de la lumière ultra-violette pour réduire les collisions. 4 000 dispositifs de dissuasion des oiseaux seront également installés dans les trois pays concernés. Dans certaines zones à haut risque, les lignes aériennes basse tension seront remplacées par des câbles souterrains afin d’éliminer toute menace.

Les poteaux électriques présentant un danger potentiel pour les oiseaux seront modernisés et isolés afin de lutter contre les électrocutions et 180 plates-formes sécurisées seront mises en place au sommet de pylônes pour faciliter la nidification de certains oiseaux comme les cigognes blanches et les balbuzards pêcheurs. Enfin, les calendriers d’entretien et de surveillance du réseau seront adaptés en fonction des périodes de reproduction des espèces cibles pour limiter le dérangement.

L’efficacité des mesures d’atténuation testées sera évaluée de manière standardisée et tous les résultats seront partagés afin de permettre une meilleure compréhension de l’impact des réseaux électriques sur les oiseaux et encourager les bonnes pratiques.

Pour Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO : « Pendant des siècles, le développement humain s’est fait trop souvent au détriment de la nature, qui agonise aujourd’hui. Il est urgent d’inverser le processus et de mettre désormais la technologie au service de la préservation de la biodiversité. Ce partenariat européen inédit entre les gestionnaires de réseaux électriques, les associations de protection de la nature et les scientifiques, unis pour protéger les oiseaux, est une démarche d’avenir».

Pour Catherine Lescure, Directrice de la Communication et de la RSE d’Enedis : « Notre ambition de préserver la biodiversité est partagée avec l’ensemble de nos salariés. Aux côtés de la LPO et grâce au programme européen SafeLines4Birds, nous allons poursuivre le déploiement de solutions : installation de balises avifaune, de plateformes pour la nidification des cigognes, mise en place de dispositifs de neutralisation et de dissuasion sur les poteaux électriques ».

Pour Delphine Porfirio, Directrice du Département Concertation et Environnement de RTE « Protéger l’avifaune en limitant le risque de collision des oiseaux sur nos lignes est un enjeu majeur pour RTE. Cela fait plus de 30 ans que nous mettons en place des dispositifs adaptés et plus de dix ans que nous travaillons en partenariat avec la LPO. Ce programme européen va nous permettre de continuer nos actions et investir en R&D pour trouver de nouvelles solutions. »

Photo : ©canstockphoto.fr

Ce que les oiseaux nous disent du monde

le rouge_gorge m'a regardé

De sa rencontre avec un rouge-gorge, le maraîcher bio Mathieu Yon s’interroge : trouverons-nous un jour un langage commun pour que la nature et ses maux ne restent pas silencieux ?

Ce matin dans mon champ, j’ai vu un rouge-gorge pris sous un voile d’hivernage. Je l’ai enveloppé dans mes mains pour le sortir. À cet instant, il n’y avait ni réflexion ni émotion de ma part. Je ne pensais à rien. Il y avait seulement un geste simple et un lien fragile avec le monde. Le rouge-gorge m’a regardé une seconde, puis il s’est envolé.

Certains médias, certains membres du gouvernement emploient le mot « barbare » pour décrire les manifestants de Sainte-Soline. Historiquement, ce mot désigne ceux dont on ne comprend pas la langue. Il n’y a donc plus de curiosité, plus de désir de découvrir les langues de Sainte-Soline ou de Notre-Dame-des-Landes. De nombreux efforts sont au contraire déployés pour les maintenir en dehors du discours. Pourtant, il faudra bien essayer de mettre des mots entre nous.

Mon rouge-gorge n’était pas un barbare. J’ai même cru qu’il me dirait quelque chose sur les violences qui traversent la société. Mais il n’a rien dit, me jetant à peine un regard, comme une miette de pain. Et il s’est envolé. J’aurais pu lui demander sa langue maternelle et ce qu’il pensait du mot « barbare ». J’aurais pu lui parler de Sainte-Soline et du ciel bleu qui ressemble de plus en plus à un désert.

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« Un jour, nous tomberons si bas que nous commencerons à côtoyer les brins d’herbe et les oiseaux comme des compagnons du langage. » Pixabay/CC/Gruendercoach

J’ai oublié toutes ces questions. Mais pendant un instant, j’avais une encre rouge dans ma main. Après son envol, cette tache d’encre n’a pas voulu partir. Elle est encore dans ma paume lorsque j’écris ces lignes sur une page blanche, assis à la table de la cuisine. Cette encre rouge plie les bruits du monde dans un placard et fait remonter un son faible, ténu, mais qui ne lâche pas : comme si on pouvait entendre une tige d’herbe frottée par un archet invisible.

Sans elle, à qui pourrais-je dire que la pluie me manque, et que nos infrastructures très sérieuses ne fabriqueront pas les nuages ? Sans elle, comment pourrais-je noter l’apparition des premières coccinelles et saluer l’orage comme le tracteur du voisin ?

Ce qui coule dans nos veines

L’encre rouge ne parle pas sur les ondes, on ne l’entend pas sur les réseaux sociaux. Mais on peut l’apercevoir dans l’innocence du ver de terre qui n’insulte pas le soc, dans la rivière qui n’accuse pas la sécheresse, ou dans le regard du rouge-gorge qui ne réprimande pas le maraîcher, mais qui laisse couler un peu d’encre dans sa main pour qu’il puisse noter son langage.

Personne ne voit que la bataille est perdue, et que cette défaite nous honore, car elle nous rend vulnérables. Ceux qui veulent la victoire à tout prix me font de la peine. Ils sont tous condamnés à réussir, et ils ne connaîtront jamais le goût brûlant de la perte. Ce goût que l’on ressent lorsque la vie prend une tournure inattendue, attirée par un chemin de traverse.

Les vainqueurs, qu’ils soient de gauche ou de droite, méprisent le courage du rouge-gorge affichant vaillamment sa défaite sur son poitrail. Ils le méprisent, car ils savent que cette encre rouge ne coule pas dans leurs veines, et que leurs triomphes laisseront un goût de satisfaction repue.

Laisser une trace

J’ai essayé de partager avec vous l’encre rouge de la défaite, comme une phrase impossible à terminer ou une histoire sans fin. J’ai essayé de traduire le silence du rouge-gorge qui était dans ma paume ce matin. Un jour, nous tomberons si bas que nous commencerons à côtoyer les brins d’herbe et les oiseaux comme des compagnons du langage. Nous avons encore beaucoup à perdre pour y parvenir.

Quand notre objectif ne sera pas de réussir, mais de préparer la suite, alors nous aurons gagné. Car nous aurons fabriqué un langage commun, comme un outil que l’humanité qui vient apprendre à manier. Cet outil inventera d’autres usages du monde : des manières de cultiver qui agradent les sols, des manières de se déplacer qui augmentent les ressources, et bien d’autres choses encore.

Quand nous aurons trouvé ce langage, même si le climat est perdu, même si les saisons ne reviennent pas, nous aurons laissé une trace que les générations futures pourront lire. Une trace qui leur donnera la possibilité d’inventer une autre histoire. Si nous parvenons à cela, nous éprouverons la joie du travail inaccompli. Et nos vies n’auront pas été vaines.

« Une baleine vaut 2 millions de dollars » : pourquoi ces cétacés sont-ils essentiels pour l’humanité ?

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Saviez-vous que les baleines étaient indispensables à la survie des hommes ? Leur valeur a d’ailleurs été estimée à 2 millions de dollars. Explications avec l’organisation à but non-lucratif The Animal Fund.

Comme tous les ans, la principauté de Monaco organise la Monaco Ocean Week, une semaine de rencontres, de débats et d’actions dédiées à l’océan. Parmi les participants se trouvait l’organisation à but non-lucratif The Animal Fund, venue parler de l’importance des baleines pour la survie de l’humanité. L’occasion d’en apprendre davantage sur ces cétacés menacés, nécessaires à l’humanité.

Qui sont les baleines ?

Il existe 86 espèces de baleines, de dauphins et de marsouins dans l’océan. Les baleines, elles, se classent en deux catégories :

Les baleines à dents (Odontoceti). Elles peuvent avoir de deux à 250 dents selon l’espèce. Elles se caractérisent par un évent avec un seul trou, elles sont plus petites que les baleines à fanons, elles vivent en groupes, et utilisent l’écho-localisation pour chasser et se déplacer. On retrouve dans ce groupe les bélugas ou les cachalots, par exemple.

Les baleines à fanons (Mysticeti). Elles se caractérisent par leurs fanons, utilisés pour filtrer de petits organismes comme le krill. Elles possèdent un évent à eux trous, sont plus grandes que les baleines à dents, et utilisent des sons pour la communication et la navigation. Les baleines à bosse et les baleines franches de l’Atlantique nord, par exemple, composent ce groupe.

Les baleines, ces éco-ingénieurs de l’océan

Comme l’explique The Animal Fund, les baleines produisent indirectement plus de 50% de notre oxygène.

L’organisation les qualifie de « sauveuses des écosystèmes« , car elles aident à maintenir un océan qui capture autant de carbone que toutes les forêts tropicales de la planète.

En moyenne, chaque baleine contribue en effet à éliminer autant de carbone de notre atmosphère que 30 000 arbres. On estime ainsi qu’une baleine peut séquestrer 33 tonnes de carbone au cours de sa vie. Leur espérance de vie allant de 50 et 200 ans, cela fait d’elles « l’un des plus grands réservoirs de carbone vivant ».

Baleines et plancton dépendent l’un de l’autre

Depuis 1950, l’océan a subi un déclin de 40 % des populations de phytoplancton – dont se nourrissent la majorité des baleines à fanons. En cause : la pollution, le changement climatique, l’acidification des océans… et la diminution des populations de baleines.

Phytoplanctons et baleines sont en effet intimement liés : la baleine se nourrit du phytoplancton, mais ce dernier a besoin des cétacés pour exister.

Les déjections des baleines contiennent en effet des nutriments essentiels à la croissance du phytoplancton, comme le fer et l’azote.

Une baleine bleue, par exemple, défèque 3 tonnes de matières fécales par jour. Pour cette raison, The Animal Fund qualifie ces cétacés de « fermiers de la mer », à l’image d’un fermier épandant du fumier sur ses cultures.

« Moins de baleines entraîne moins de phytoplancton et donc moins d’oxygène. Un monde sans phytoplancton et sans arbres serait un monde où nous ne pourrions plus respirer », affirme l’organisation.

La baleine : une valeur à 2 millions de dollars

Des scientifiques du Fonds monétaire international (FMI) ont évalué la valeur d’une baleine à 2 millions de dollars (environ 1,8 million d’euros). Cela est dû à leur capacité à réduire les concentrations de CO2 dans l’atmosphère et à leur valeur touristique, comme avec le « whale watching ».

« Selon le FMI, une augmentation de 1% du phytoplancton permettrait de capter des millions de tonnes de CO2 supplémentaires, rappelle l’organisation. L’océan étant le plus grand puits de carbone sur terre, la conservation des baleines pourrait s’avérer être un outil vital pour lutter contre l’augmentation des émissions de carbone. »

Comment agir à notre niveau pour protéger les baleines ?

Les menaces qui pèsent sur les baleines sont nombreuses : réchauffement climatique, acidification des océans, collision avec les navires, pollution sonore (tests de sonars, explosions etc.), pollution (marées noires, toxines, déchets plastiques), surpêche et filets fantômes, ou encore la chasse à la baleine et la captivité.

Si vous ne pouvez pas agir sur tous ces dangers, il est en revanche possible d’apporter sa contribution pour lutter contre certains d’entre eux, à commencer par la pollution liée au plastique.

Pour cela, rien de plus simple : utilisez des alternatives, éviter les emballages en plastique et le plastique à usage unique.

Concernant la surpêche, The Animal Fund conseille tout simplement de diminuer sa consommation de poisson.

Si vous décidez d’aller observer les baleines dans leur environnement naturel, faites bien attention de choisir une compagnie de whale watching éco-responsable. Et surtout, n’assistez pas aux spectacles d’orques ou de dauphins dans les marinelands.

Ne consommez pas de viande de baleine ou d’articles contenant des produits dérivés.

Et si vous souhaitez vous investir encore plus, n’hésitez pas à rejoindre des organisations.

 

Pourquoi le déclin des manchots pourrait aggraver le changement climatique ?

Manchot

Le déclin des populations de manchots pourrait avoir un impact sur le cycle du fer de l’Océan Austral, et donc sur la capacité de l’océan à capter le CO2 de l’atmosphère, selon une étude publiée le 11 avril 2023.

Le fer est un élément crucial des écosystèmes de l’Océan Austral, en tant que source de nutriment pour le phytoplancton (plancton végétal).

L’étude, publiée dans la revue Nature Communications, souligne le rôle essentiel des manchots qui consomment le krill (plancton animal riche en fer) et fertilisent par leurs déjections les eaux méridionales.

⋙ Quelle est la différence entre un manchot et un pingouin ?

521 tonnes de fer recyclées chaque année par les manchots à jugulaire

Les chercheurs ont calculé le volume d’excréments, ou guano, d’une colonie de manchots à jugulaire de l’Île de la Déception, au large de la Péninsule Antarctique, en traitant des images de drone à l’aide d’une intelligence artificielle. Grâce à des analyses chimiques de ce guano, ils y ont trouvé une très forte concentration en fer, de l’ordre de 3 milligrammes par gramme.

En extrapolant ces données à l’ensemble de l’espèce, les auteurs estiment que les manchots à jugulaire, une des espèces de manchots les plus abondantes, recyclent environ 521 tonnes de fer chaque année.

Si cela fait d’eux, selon les auteurs, un des contributeurs “majeurs” du cycle du fer, c’est moitié moins qu’il y a 40 ans, puisque leur population a été divisée par deux depuis les années 80.

Les océans capturent chaque année un tiers du dioxyde de carbone (CO2) émis dans l’atmosphère, notamment grâce à l’activité de photosynthèse du phytoplancton. Dans des régions comme celle du courant circumpolaire antarctique, leur croissance est limitée par la faible disponibilité de micronutriments comme le fer.

Les baleines à fanon sont connues pour le rôle qu’elles jouent en consommant le krill et rendant le fer disponible, mais l’impact similaire des oiseaux marins comme les manchots n’avait pas encore été étudié.

Contrairement aux baleines qui traversent les différentes régions océaniques, les manchots passent leur vie cantonnés aux écosystèmes de l’Océan Austral : spécifiquement, pour les manchots à jugulaire, la péninsule antarctique et les îles environnantes.

Ils contribueraient donc à un recyclage du fer plus concentré dans ces régions”, estime Oleg Belyaev, l’auteur principal de l’étude, chercheur à l’Institut des sciences marines d’Andalousie (ICMAN).

À cause de l’effondrement de la population de ces oiseaux, lié au changement climatique, les auteurs s’inquiètent d’un possible déséquilibre de l’écosystème de l’Océan Austral, et de sa capacité à séquestrer le CO2 de l’atmosphère. “Il s’agit, avec cette recherche, de faire prendre conscience de l’importance écologique de ces oiseaux marins”, a confié Oleg Belyaev.

L’étonnant laxisme de l’État face à la colère des agro-industriels

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L’État réprime fortement les manifestants écologistes, mais ne touche pas aux mobilisations d’agriculteurs productivistes. La preuve en trois exemples.

« Des volontés de manifestations extrêmement violentes contre les forces de l’ordre et contre les symboles de l’État. » Tels ont été début avril les mots du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour décrire la mobilisation prévue les 22 et 23 avril prochains contre le projet d’autoroute A69, entre Toulouse et Castres. Une déclaration qui sonne comme un énième avertissement aux opposants à ce projet, et aux Soulèvements de la Terre, l’un des organisateurs de l’événement.

Comme pour la mobilisation contre les mégabassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) le 25 mars dernier, le scénario se répète : le gouvernement alerte sur les violences possibles, préparant les esprits à un maintien de l’ordre massif et lourdement armé. Pourtant, rien de tel quand, à l’inverse, une manifestation d’agriculteurs conventionnels ou de pêcheurs se profile. Alors que des symboles de l’État sont régulièrement visés. Trois exemples sont significatifs.

  1. La FNSEA, toujours proche des pouvoirs publics malgré des manifestations destructrices

Le mercredi 22 mars, avant Sainte-Soline, entre 120 et 200 tracteurs de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) 17 ont manifesté à La Rochelle contre l’interdiction des pesticides et pour les mégabassines. Ils ont pu décharger purin et pneus usagés devant la direction départementale des territoires et de la mer sans que cela ne soit considéré comme une atteinte à un symbole de la République. Ils ont même été reçus par le préfet.

À l’occasion de cette manifestation, pneus et fumier ont également été déversés devant la mairie de L’Houmeau, dont le maire souhaite racheter des terres pour y faire du maraîchage biologique. « Ce n’était qu’un premier avertissement. S’il faut séquestrer le maire dans sa mairie, nous le ferons », menaçait à cette occasion Sébastien Brochet, président de la FNSEA pour le canton de La Rochelle, dans le journal Sud Ouest. Une autre mairie, celle de Nieul-sur-Mer — dont le maire a réclamé un moratoire sur le pesticide prosulfocarbe — a eu droit au même traitement.

Les démonstrations de force sont un classique des manifestations d’agriculteurs de la FNSEA. En février dernier, à Mont-de-Marsan (Landes), les agriculteurs laissaient derrière eux une facture de 120 000 euros de nettoyage. Toujours en février, les agriculteurs gardois faisaient un feu de vigne géant devant la préfecture à Nîmes et déversaient du fumier devant la sous-préfecture du Vigan.

En 2014, Reporterre recensait déjà les coups d’éclat du syndicat agricole majoritaire : saccage du bureau de la ministre de l’Environnement Dominique Voynet en 1999, destruction du mobilier et des ordinateurs pour 60 000 euros de dégâts à l’hôtel des impôts de Morlaix en 2004 ; destruction de zone humide et prise à partie des agents du parc naturel régional du Morvan en 2013… Le tout a donné lieu à des peines d’amende symboliques ou des relaxes.

Plusieurs tonnes de fumiers et d’ordures ont été déversées devant les locaux de FNE Midi-Pyrénées en février dernier. Twitter/France Nature Environnement

L’habitude est ancrée depuis plusieurs dizaines d’années. « En 1974, Alexis Gourvennec [syndicaliste et entrepreneur agricole] déclarait : “2 000 agriculteurs qui cassent tout, c’est plus payant que 10 000 manifestants qui défilent dans le calme” », rappelait la journaliste Inès Léraud à la soirée de soutien aux Soulèvements de la Terre coorganisée par Reporterre. Et d’ajouter : « Depuis, à l’appel de la FNSEA, on ne compte plus les tonnes de pneus, palettes brûlées sur la voie publique, les installations ferroviaires sabotées, véhicules de police et gendarmerie détériorés, les denrées alimentaires et récoltes détruites, les bâtiments officiels aspergés de lisier ou mis à sac, les fonctionnaires molestés. »

Lire aussi : Passages à tabac, intimidations… Les écologistes pris pour cible

Malgré ces atteintes aux personnels et bâtiments de service public, les manifestations de la FNSEA ne déclenchent pas la mobilisation de milliers de forces de police et l’utilisation de milliers de grenades. Pour rappel, l’action des forces de police à Sainte-Soline a fait 200 blessés dont 40 graves selon les organisateurs. Un manifestant est toujours entre la vie et la mort, dans un état très préoccupant.

  1. Protection pour les agriculteurs, pas pour les militants écologistes

Après la manifestation à La Rochelle, les agriculteurs de la FNSEA 17 ont aussi fait un crochet par le domicile de Patrick Picaud, membre de l’association Nature Environnement 17, qui mène des recours juridiques souvent gagnants contre les mégabassines. « Ils ont éparpillé pneus, gravats, fumier et tuyaux dans mon jardin », raconte-t-il. Sa femme, présente, a dû faire face à une cinquantaine d’agriculteurs en colère. « Ils ont aussi dit qu’ils allaient revenir brûler ma maison », indique M. Picaud. Les intimidations contre lui durent depuis 2012. Il a connu « des affiches avec [s]on portrait et un avis de recherche placardés dans les communes alentours, des pneus crevés, [s]a boîte aux lettres vandalisée, liste-t-il. Toutes les plaintes ont été classées sans suite ». Cette fois-ci, les auteurs étant facilement identifiables et une enquête est en cours.

Après dix ans d’intimidations, il n’a pas tenté de demander une protection. « Ce n’est pas la peine, on met des milliers de forces de l’ordre pour défendre les bassines, mais il n’y a pas de volonté de défendre les gens qui s’impliquent. » La journaliste bretonne Morgan Large, qui s’est fait déboulonner une roue de sa voiture à deux reprises et empoisonner son chien — probables représailles à son travail sur l’agriculture industrielle —, a elle demandé une protection policière. Un simple numéro à appeler en cas d’urgence, qui lui a été refusé. Le fait que l’association France Nature Environnement ait recensé cinquante-deux cas d’agressions, d’atteintes aux biens ou de menaces contre ses membres depuis 2015 — une bonne partie émanant du monde agricole productiviste — n’a pas non plus ému le ministre de l’Intérieur.

La journaliste Morgan Large s’est fait déboulonner une roue de sa voiture à deux reprises. © AFP / Loïc Venance

En Île-de-France, les militants contre l’urbanisation du plateau de Saclay ont eux aussi pu expérimenter ce parti pris des gendarmes. Alors qu’ils distribuaient des tracts à l’entrée d’un festival organisé par les Jeunes agriculteurs — un syndicat proche de la FNSEA —, en octobre 2022, « des agriculteurs nous ont bousculés, arraché et détruit nos tracts et pancartes pour nous faire partir, sous l’œil impassible d’une vingtaine de gendarmes, raconte Sabrina Belbachir, du Collectif contre la ligne 18 et l’artificialisation des terres. Et quand on est sortis du champ, les gendarmes ont pris le relai en nous menaçant de nous accuser de trouble à l’ordre public ».

À l’inverse, la gendarmerie nationale prend soin des agriculteurs de la FNSEA. Elle a signé avec le syndicat, en 2019, une convention pour la création d’une cellule spéciale dédiée aux « atteintes au monde agricole ». Nommée Déméter, elle doit lutter contre les vols sur les fermes, mais aussi surveiller les militants antipesticides ou opposés à l’élevage industriel. Quand ses missions ont été partiellement retoquées par la justice, début 2022, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et deux ses collègues ministres se sont même empressés de rassurer la FNSEA au Salon de l’agriculture quant au maintien du dispositif.

  1. Les pêcheurs incendient le service public de la biodiversité

L’affaire a laissé les agents de l’Office français de la biodiversité (OFB) sous le choc. Le 31 mars, un incendie a dévasté les bureaux de ces fonctionnaires en charge de la protection de la biodiversité marine, à Brest. Il s’est probablement déclenché à la suite d’une manifestation des pêcheurs devant le bâtiment, la veille. « Le responsable du site a donné le chiffre de 300 fusées de détresse tirées sur notre bâtiment le 30 mars, déplorait Sylvain Michel auprès de Reporterre, représentant syndical à l’OFB. Il y en a eu des dizaines voire des centaines, dont certaines directement sur notre bâtiment, en plus d’un feu allumé en face. »

L’incendie de l’OFB à Brest, le 31 mars, a fortement affecté les personnes travaillant sur le site en partie détruit. © SDIS 29

Surtout, « la police n’a pas cherché à s’opposer et a même reçu l’ordre de laisser-faire, nous indiquait un agent de l’OFB sous couvert d’anonymat. […] Une dizaine de policiers étaient présents lors de la manifestation et avaient ordre de ne pas intervenir tant qu’il n’y avait que des dégâts matériels ». C’est pourtant la protection de biens matériels qui a, entre autres, justifié la forte mobilisation des forces de police lors de la manifestation à Sainte-Soline.

En revanche, l’atteinte à un bâtiment de la République par les pêcheurs qui défendaient le chalutage industriel n’a pas suscité de réaction de Gérald Darmanin. Le secrétaire d’État à la mer Hervé Berville est, lui, accusé d’avoir mis de l’huile sur le feu. L’association Bloom a porté plainte, dénonçant les propos « mensongers » du secrétaire d’État qui ont, selon elle, attisé la colère des pêcheurs et fait croire que les mesures de protection de la biodiversité pourraient porter préjudice à la pêche artisanale, ce qu’elle conteste.

Dans le cas des mégabassines comme de la pêche, « l’État se range du côté de ceux qui exploitent le vivant et contre ceux qui essayent de le défendre », se désespère auprès de Reporterre un agent de l’OFB sous couvert d’anonymat.

 

Alors que les alertes sur le front de l’environnement continuent en ce début d’année, nous avons un petit service à vous demander. Nous espérons que 2023 comportera de nombreux progrès pour l’écologie. Quoi qu’il arrive, les journalistes de Reporterre seront là pour vous apporter des informations claires et indépendantes, tout au long de l’année.

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Le trépas annoncé du grand tétras dans les Vosges

Tetras-vosges

Depuis 50 ans, il a passé des centaines de nuits en forêt, à l’affût pour observer les animaux sauvages, dont l’emblématique grand tétras: Michel Munier, spécialiste du volatile, est infiniment triste de le voir disparaître du massif des Vosges, mais cette évolution est selon lui inéluctable.

L’oiseau est de belle taille, environ cinq kilos pour les mâles, avec une queue qu’il peut déployer en éventail. Aussi appelé grand coq de bruyère, il est le plus gros oiseau terrestre sauvage d’Europe et possède des caractéristiques étonnantes. « Son adaptation est incroyable : par exemple, à l’automne, il a des excroissances carnées qui poussent à chaque doigt pour lui servir de raquettes sur la neige durant l’hiver », explique Michel Munier, naturaliste infatigable qui, à 76 ans, a déjà passé un demi-siècle à observer le grand tétras.

Toutes ses plumes de couverture sont très denses, chaque plume est doublée d’un large duvet qui lui permet de faire comme une doudoune. Il a des plumes qui descendent jusqu’en bas des pattes, comme un pantalon thermique, qu’il perd au printemps. Il a un système digestif qui lui permet en hiver de ne se nourrir que d’aiguilles de sapin… », poursuit M. Munier qui sort encore de quatre nuits d’affût dans les forêts du Jura, à la poursuite du lynx.

Réchauffement climatique et tourisme

Cet amoureux de la nature est fasciné depuis toujours pas le grand tétras, emblème de la forêt des Vosges. Il y a consacré un livre, « L’oiseau-forêt », et plus de 800 nuits passées dans les sous-bois, par tous les temps, pour tenter d’apercevoir cet oiseau rare et discret, considéré comme « vulnérable » sur la liste rouge française des espèces menacées. Malheureusement, Michel Munier sait qu’il ne pourra plus observer son animal fétiche dans les Vosges : malgré ses capacités d’adaptation le grand tétras, dont l’espérance de vie est d’une dizaine d’années, y a presque disparu.

« Dans les Vosges, il ne reste plus que deux ou trois mâles et autant de femelles. En plus, ce sont des individus vieillissants. On les voit sur nos pièges photo installés en forêt, ce sont de vieux coqs, donc on peut dire que l’espèce est éteinte chez nous », explique son fils Vincent Munier, photographe animalier qui a accédé à une renommée internationale avec son film « La panthère des neiges ». Pour que le grand tétras prolifère, il a besoin d’au moins six mois de neige par an et de calme. Des conditions qu’il trouve à sa guise en Scandinavie, qui permettent aussi à quelques centaines de spécimens de vivre dans le massif du Jura, mais plus dans les Vosges

« Avec la sylviculture, le réchauffement climatique et le développement du tourisme, ça a été la chute », reprend Michel Munier. Les hivers plus courts, moins froids, et le tourisme de masse ne permettent plus au volatile, vulnérable aux prédateurs, de vivre dans les Vosges. « C’est un peu notre dodo, un oiseau emblématique qui part. Là, on vit concrètement sa disparition rapide et totale », constate Vincent Munier, fataliste.

Certes, le Parc naturel régional des Ballons des Vosges et la préfecture ont lancé un plan de renforcement du grand tétras et veulent réintroduire dans le massif des animaux prélevés en Scandinavie. Mais pour les Munier père et fils, cette initiative n’a malheureusement aucune chance de réussir. « Si je vivais égoïstement, je devrais être pour la réintroduction, mais ce serait uniquement pour le plaisir alors qu’on sait très bien, quand on connaît l’espèce, qu’elle est en souffrance, elle n’a plus sa place ici », affirme sans détour Michel Munier.

Un avis partagé par le conseil scientifique régional du patrimoine naturel, qui a rendu la semaine passée un avis défavorable au projet. « Toutes les expériences de réintroduction en Europe ont été des échecs », abonde Vincent Munier. « Cela nous attriste, ceux qui portent ce projet ne sont pas à l’écoute des gens de terrain. C’est une espèce fragile et vulnérable, les conditions ne sont plus là. » « La disparition de cet oiseau, c’est une voix qui s’éteint, c’est dur », regrette encore Michel Munier. « Le dernier tétras que j’ai vu, en 2021, j’en ai pleuré. Vous savez que c’est la fin. Mais la vie est toujours là, la forêt n’est pas morte ! Elle continuera, avec d’autres espèces, elle chantera toujours si on laisse la forêt vieillir, avec des zones de quiétude pour les espèces qui y vivront. »

 

Commentaire personnel: en visite dans le jura l’été dernier , où le grand tétra est aussi en « mauvaise posture » on peut voir ce panneau

JURA-GRAND-TÉTRASIL MANQUE UNE INTERDICTION !!!

Celle de la CHASSE, ce que M.Munier  n’évoque pas du tout . Et il faut encore se battre pour que les massacres s’arrêtent

Sixième décision de justice pour l’arrêt de la chasse du Tétras lyre et du Lagopède alpin dans les Hautes-Alpes

Pollution plastique : des chercheurs découvrent la « plasticose », une maladie causée par l’ingestion de déchets par des oiseaux marins

puffin à pied pâle

Une étude menée sur de jeunes puffins à pieds pâles en Australie a permis d’identifier des fibroses digestives spécifiquement causées par des résidus plastiques.

Un puffin à pieds pâles vole au large de Kaikoura (Nouvelle-Zélande), le 25 novembre 2008. (MARTIN GRIMM / PICTURE ALLIANCE / MAXPPP)

C’est une découverte dont ils se seraient bien passés. Des chercheurs ont identifié chez des oiseaux marins des cas de fibroses digestives causées par l’ingestion de plastique, selon une étude publiée dimanche 26 février par la revue Journal of Hazardous Materials (en anglais)« L’ampleur et la gravité des fibroses constatées dans cette étude permettent d’envisager une nouvelle maladie de fibrose induite par le plastique, que nous appelons ‘plasticose' », écrivent les auteurs, rattachés à des centres de recherche en Australie et au Royaume-Uni.

Contrairement à des maladies causées par des virus ou des bactéries, la « plasticose » mise au jour est provoquée par des petits éléments de plastique qui enflamment le tube digestif. Au fil du temps, l’estomac se retrouve tapissé de cicatrices, qui ne se résorbent pas, et se déforme, avec des conséquences sur la croissance de l’animal, ses capacités digestives et sa survie, détaille le Museum d’histoire naturelle de Londres (en anglais), impliqué dans l’étude, menée en Australie.

« De l’extérieur, ces oiseaux peuvent avoir l’air bien portant, mais ils ne vont pas bien à l’intérieur », alerte l’un des co-auteurs, Alex Bond, soulignant que c’est la première fois que les tissus de l’estomac d’oiseaux marins font l’objet d’une telle étude. Pour l’heure, une seule espèce, en l’occurence de jeunes puffins à pieds pâles, réputés très exposés au plastique, a fait l’objet de ces recherches.

Les microplastiques détraquent le système digestif des oiseaux marins (2ARTICLES)

microplastique

Les chercheurs estiment que ce phénomène pourrait également se produire chez l’homme.

Les scientifiques savent depuis longtemps que les oiseaux marins ingèrent des microplastiques en les confondant avec de la nourriture. Et selon une étude publiée lundi 27 mars dans la revue Nature Ecology & Evolution, ces déchets ne se contentent pas d’obstruer ou de transiter par l’estomac, mais perturbent aussi l’équilibre de l’ensemble du système digestif.

En étudiant le tube digestif de deux espèces d’oiseaux marins de l’Atlantique, le fulmar boréal et le puffin cendré, les chercheurs ont constaté que les minuscules particules de plastique détraquaient leur microbiome – ensemble complexe de micro-organismes, comprenant de bonnes et de mauvaises bactéries. En gros, plus l’oiseau ingère de microplastiques, plus les bactéries gastriques, pour la plupart bénéfiques, diminuent, tandis que prolifèrent les agents potentiellement pathogènes.

De possibles conséquences chez l’homme

Les microplastiques, issus de la décomposition des produits plastiques dans l’environnement, se retrouvent à travers le monde, des fosses océaniques les plus profondes au sommet du mont Everest, et dans la plupart des chaînes alimentaires animales. Chez l’homme, des traces ont été détectées dans le sang, le lait maternel et le placenta.

L’étude confirme des résultats antérieurs selon lesquels l’ingestion prolongée de microplastiques provoque ce qu’on appelle une dysbiose intestinale, c’est-à-dire un déséquilibre entre les bactéries saines et les bactéries nocives de l’appareil digestif. Ses implications peuvent être considérables, car, comme les oiseaux, de nombreuses espèces, dont l’homme, ont un microbiome important au sein de leur système digestif. « C’est toute une symbiose qui s’opère, aussi bien chez les oiseaux que chez les humains », a souligné auprès de l’AFP Gloria Fackelmann, de l’université d’Ulm (Allemagne), autrice principale de l’étude.

Les auteurs de l’étude espèrent que leurs découvertes chez les oiseaux de mer donneront lieu à des études connexes chez l’homme. « Si cette substance fabriquée par l’homme (le plastique) peut modifier notre microbiome, je pense que cela devrait faire réfléchir les gens », a déclaré Gloria Fackelmann.

Source : France Info

LA PLASTICOSE

puffin à pied pâle