Dernier cycle de travail du Giec

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Edition spéciale consacrée à la synthèse du dernier cycle de travail du Giec (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat)

Le Giec vient de mettre un point final à son immense rapport, nous avons maintenant toutes les clefs pour réagir et améliorer notre sort.

Fruit de plus de sept ans de travail, mené par des centaines de scientifiques du monde entier, il résume les conclusions de ses derniers travaux : les rapports publiés par chacun de ses trois groupes de travail (sur la physique du changement climatique ; ses impacts ; les solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre), ainsi que ses trois rapports spéciaux (sur les conséquences d’un réchauffement de +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle ; les océans et la cryosphère ; les terres émergées).

Un document majeur dont les principaux enseignements figurent dans un résumé pour les décideurs à destination des grand·es de ce monde. Celui-ci rappelle la nécessité absolue d’une action urgente : «Les choix et les actions mis en œuvre au cours de cette décennie auront des répercussions aujourd’hui et pendant des milliers d’années».

Tour d’horizon des principales leçons de ce rapport qui établit le consensus scientifique sur le climat pour les années à venir.

Les activités humaines sont, «sans équivoque», responsables du réchauffement de la planète

Ce réchauffement est essentiellement dû aux émissions de gaz de serre, dont près de 80% sont liées aux secteurs de l’énergie, de l’industrie et du bâtiment, et environ 20% à l’agriculture, la déforestation et le changement d’usage des terres. Entre 2011 et 2020, il s’est établi à +1,1°C par rapport à la période 1850-1900. La concentration en CO2 dans l’atmosphère est au plus haut depuis au moins deux millions d’années.

Le changement climatique est «une menace au bien-être de l’humanité et de la planète»

Et «la fenêtre d’action pour garantir un avenir vivable et durable pour tous se referme rapidement», avertit le Giec. Entre 3,3 et 3,6 milliards d’individus sont dans une situation de «forte vulnérabilité» au changement climatique. Celui-ci affecte notamment la sécurité alimentaire et hydrique : près de la moitié de l’humanité subit des pénuries d’eau pendant au moins une partie de l’année.

Les épisodes extrêmes (vagues de chaleur, fortes précipitations, sécheresses, tempêtes tropicales etc) vont se multiplier et s’accentuer en raison des dérèglements du climat. Ce qui aura des effets durables sur la santé physique et mentale des personnes touchées et déplacer un nombre croissant d’individus dans l’ensemble des régions du monde, en particulier dans les petits États insulaires. Les populations les moins responsables du changement climatique sont touchées de manière disproportionnée par ses effets.

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Le changement climatique a déjà provoqué des dégâts généralisés, et pour certains irréversibles

Et ce, dans l’atmosphère, les océans, la cryosphère (là où l’eau est à l’état solide) et la biosphère. L’océan s’est élevé de 20 centimètres entre 1901 et 2018. La hausse de la température a fait disparaître des centaines d’espèces et provoque des épisodes de mortalité massive à la fois sur Terre et dans les océans. Le risque d’extinction d’espèces ou de perte irréversible de biodiversité dans des écosystèmes variés, dont les forêts, les récifs coralliens et l’Arctique augmente en même temps que le réchauffement. Les écosystèmes et les sociétés humaines sont complètement interdépendantes, rappelle le Giec.

L’adaptation aux changements climatiques a progressé mais doit encore être largement renforcée

Les politiques d’adaptation, qui visent à réduire la vulnérabilité des populations au climat, ont prouvé leur efficacité. Le développement de l’agroforesterie et de l’agroécologie, la diversification des cultures, la restauration des zones humides ou encore le verdissement des villes sont des exemples de stratégies d’adaptation efficaces. Mais ces politiques demeurent fragmentées et inégalement mises en œuvre. Les principaux obstacles à leur développement sont le manque de ressources, notamment financières, ou encore l’absence d’engagement politique, citoyen ou du secteur privé.

Le Giec alerte sur les risques de maladaptation, c’est-à-dire les mauvaises solutions d’adaptation qui ont pour conséquence d’aggraver le changement climatique. C’est par exemple le cas de la climatisation, qui vise à mieux supporter les vagues de chaleur, mais qui génère des gaz à effet de serre et consomme beaucoup d’électricité. Pour éviter cet écueil, les auteur·ices du rapport insistent sur l’importance d’«une planification et une mise en œuvre flexibles, multisectorielles, inclusives et à long terme des mesures d’adaptation».

Le réchauffement climatique risque fort de dépasser 1,5°C

Signé en 2015 par la quasi-totalité des pays, l’Accord de Paris vise à contenir le réchauffement climatique «bien en dessous de 2°C» et si possible à 1,5°C en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle. Or, les engagements des Etats, appelés «Contributions déterminées au niveau national» (CDN) annoncés en octobre 2021 placent le monde sur une trajectoire de réchauffement de +2,8°C. Par ailleurs, il y a un écart entre les engagements des États et les politiques réellement mises en œuvre. Celles-ci orientent le monde vers un réchauffement de +3,2°C à la fin du siècle.

«On va vers un monde plus chaud de 1,5°C d’ici 2030, probablement, explique à Vert Valérie Masson-Delmotte, co-présidente du groupe 1 du Giec qui a participé à la validation de cette synthèse. Pour limiter les pertes et dommages[les destructions irréparables liées au climat, NDLR] et les conséquences irréversibles à très long terme, la contrainte de réalité demande de tout faire en sorte pour limiter le réchauffement au niveau le plus proche de ça».

 

Chaque dixième de degré compte

Le réchauffement atteindra +1,4°C à la fin du siècle dans le scénario le plus optimiste, +2,7°C dans le scénario intermédiaire et +4,4°C dans le pire scénario. À chaque fois que le réchauffement s’accentue, les changements extrêmes s’amplifient également. Chaque dixième de degré en plus intensifie les risques liés, par exemple, au cycle de l’eau (les précipitations de la mousson et les sécheresses), les événements météorologiques extrêmes (vagues de chaleur, inondations, incendies, cyclones), l’élévation du niveau des mers et l’acidification de l’océan.

élévation des températures

changements brutaux pourraient survenir

À mesure que la température du globe croît, la probabilité de changements abrupts et/ou irréversibles – appelés «points de bascule» – augmente, comme l’effondrement sans retour possible de la biodiversité, ou bien celui de la circulation méridienne de retournement de l’Atlantique (Amoc) – un ensemble de courants marins qui participent notamment à la régulation de la température mondiale.

Même si le réchauffement s’arrêtait aujourd’hui, l’élévation du niveau des mers se poursuivrait encore pendant des siècles, voire des millénaires. Avec un réchauffement de 2°C à 3°C, les calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique occidental risquent de fondre entièrement. À cause de l’incertitude liée à leur comportement, la fonte des calottes glaciaires pourrait élever l’océan de deux mètres d’ici à 2100 et quinze mètres d’ici à 2300, dans un scénario d’émissions de gaz à effet de serre maximales, jugé «peu probable».

Il faut enterrer les fossiles

Le CO2 issu des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon), représente 79% du total mondial. À elles seules, les émissions des infrastructures fossiles déjà en activité suffisent à dépasser 1,5°C de réchauffement planétaire. Si on ajoute celles qui sont en projet, on dépassera les 2°C. Il faut donc réduire drastiquement leur usage, fermer de manière prématurée certaines infrastructures, et développer la capture et la séquestration de carbone sur celles qui restent en activité.

Bonne nouvelle : les énergies renouvelables sont de moins en moins chères. Il faudra aussi développer l’efficacité énergétique et la sobriété, en aidant les citoyens et les entreprises à faire des choix moins gourmands en énergie et en ressources.

L’indispensable neutralité carbone

Si l’humanité continue d’émettre autant que lors de l’année 2019 (59 milliards de tonnes de CO2eq), le budget carbone (soit la quantité à ne pas dépasser) pour rester sous 1,5°C sera atteint au cours de la décennie actuelle. Pour limiter le changement climatique, il faut que les émissions mondiales commencent enfin à baisser. Puis, il faudra atteindre le plus vite possible la neutralité carbone : l’équilibre entre les gaz à effet de serre émis par les activités humaines et ce que la planète peut absorber.

Pour y parvenir, il faut impérativement réduire les émissions à la source : outre, le CO2 des énergies fossiles et de la déforestation, il y a notamment le méthane, puissant gaz à effet de serre principalement dû à l’élevage et aux fuites de l’industrie fossile. Parmi les meilleures solutions pour absorber les gaz à effet de serre déjà relâchés : la reforestation et la protection des forêts, le stockage de CO2 dans les sols naturels, ou la restauration des tourbières. La compensation carbone par la technologie servira à éliminer les émissions «résiduelles» – trop difficiles à diminuer. Il faudra ensuite passer à des émissions négatives : stocker davantage de CO2 que ce que l’on émet.

Inclusion, équité et justice climatique sont indispensables

«Donner la priorité à l’équité, à la justice climatique, à la justice sociale, à l’inclusion et à des processus de transition justes» favoriserait à la fois l’adaptation, la baisse des émissions et un développement humain résilient, notamment dans les régions et chez les personnes fortement vulnérables (souvent les plus marginalisées).

L’équité et l’inclusion «de tous les acteurs pertinents dans la prise de décision à toute échelle», permettrait également de créer une véritable «gouvernance climatique». Celle-ci serait forte de l’engagement de la société civile : politiques, entreprises, jeunes, travailleurs, médias, peuples autochtones et communautés locales.

L’argent est déjà là

Bonne nouvelle : au niveau mondial, l’argent pour financer l’atténuation et l’adaptation est déjà là, il faut juste le mettre au bon endroit. Les capitaux mondiaux sont suffisants pour combler les déficits d’investissement à l’échelle mondiale, mais il existe des «obstacles» à leur réorientation vers l’action pour le climat, note le Giec. Le renforcement de la coopération internationale est indispensable ; la mobilisation des ressources à destination des pays en développement, des régions et des groupes vulnérables est clef.

Selon Valérie Masson-Delmotte, le rapport montre qu’«il y a une capacité à agir tous azimuts» et que certaines options présentées ont des bénéfices multiples : les systèmes énergétiques bas-carbone peuvent être économiquement viables, et présentent des bénéfices pour la santé en améliorant notamment la qualité de l’air.

Les solutions sont connues, l’argent est déjà là. Ne reste que le plus gros chantier : transmettre les enseignements des rapports du Giec au plus grand nombre afin d’entamer l’indispensable bascule de nos sociétés à l’heure de l’urgence climatique.

RAPPEL : Pour les oiseaux, ne taillez pas vos haies

les haies

DE DÉBUT MARS À FIN AOÛT

 

Les haies sont des abris menacés pour une grande diversité d’oiseaux, de reptiles, d’insectes et de mammifères. – © Pierre-Olivier Chaput / Reporterre

Il faut éviter de tailler les haies de début mars à fin août pour ne pas déranger les oiseaux pendant la nidification, recommande l’Office français pour la biodiversité (OFB) aux particuliers et aux collectivités locales dans un communiqué du vendredi 17 mars. L’enjeu est important, puisque 32 % des espèces d’oiseaux nicheurs sont menacées d’extinction en France métropolitaine selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). D’ailleurs, la politique agricole commune interdit déjà aux agriculteurs de tailler les haies du 16 mars au 15 août.

Quand elles sont bien gérées, les haies peuvent accueillir jusqu’à 35 espèces de mammifères, 80 espèces d’oiseaux, 8 espèces de chauves-souris, 15 espèces de reptiles et amphibiens ou encore 100 espèces d’insectes. Nombre d’entre elles sont protégées, comme le Grand Capricorne, la Rosalie des Alpes et le Pique-prune. « Or la destruction, l’altération ou la dégradation d’habitats d’espèces protégées constituent un délit et les peines encourues peuvent être sévères », rappelle l’OFB.

L’office recommande aussi d’éviter le broyeur à marteaux et l’épareuse dès lors que l’intervention porte sur des branches de plus de 4 cm de diamètre. Et a fortiori d’éviter tout arrachage de haie. « Les services rendus par les haies sont beaucoup plus grands lorsqu’elles sont anciennes, et ces haies anciennes ont souvent été placées de façon très réfléchie à des endroits utiles pour par exemple protéger des vents dominants ou réduire les risques d’érosion », indique-t-il. En France, depuis les années 1950, 70 % du linéaire de haies a disparu, y compris dans des régions bocagères.

Bloom : Haut-le-cœur… mais hauts les cœurs

secrétaire d'état à la mer

La colère est un moteur puissant, car de l’écœurement naît la détermination.

Avec sa déclaration récente et ahurissante, le secrétaire d’État à la mer, Hervé Berville, ne nous a pas seulement offert un boost d’énergie, il nous a carrément équipés d’un turbo magique.

Car après ce que nous avons entendu, notre détermination à agir en faveur du climat et de l’environnement est TOTALE, CLAIRE et FERME. 

Mardi 8 mars, au Sénat, le secrétaire d’État s’est exprimé au nom du gouvernement et s’est « totalement, clairement et fermement » opposé à la protection de l’océan. 

Alors que la Commission européenne vient de rappeler aux États membres de l’UE dans un « plan d’action pour l’océan » qu’ils devaient mettre en œuvre les directives et règlements européens de protection marine, et notamment interdire les méthodes de pêche destructrices comme le chalutage de fond dans les aires marines protégées, Hervé Berville s’est résolument rangé, avec plus de clarté que jamais, du côté des lobbies de la pêche industrielle.

M. Berville a fait tomber les masques. Il a montré la vraie nature de notre gouvernement : des destructeurs de l’océan, froids, déterminés et irresponsables

Ceux qui souhaitent voir les arguments fallacieux développés en soutien des méthodes de pêche destructrices peuvent regarder l’intervention entière en cliquant ici.
« Je le dis très clairement, la France – le gouvernement – est totalement opposée à la mise en œuvre de l’interdiction des engins de fond dans les aires marines protégées. 

Totalement, clairement et fermement ».

On parle bien ici d’interdire les engins destructeurs dans les aires marines « protégées ». C’est-à-dire dans des zones qui devraient déjà interdire depuis longtemps les engins destructeurs.

Quelle folie…

Ce sont les mots de la France d’Emmanuel Macron en 2023.

En 2023…

A huit jours exactement de la sortie du prochain rapport du GIEC sur le climat, attendu le 20 mars 2023.

En 2023…

Alors que les rapports successifs des climatologues et des experts de la biodiversité nous disent, en somme, que :

  • Les émissions de CO2 continuent à croître.
  • Le réchauffement global pourrait atteindre +3,5°C à la fin du siècle.
  • La moitié de l’humanité est déjà très vulnérable aux effets du changement climatique.
  • Les températures ont déjà augmenté de 1,1°C en moyenne dans le monde (mais de 2°C en Europe, plus affectée).
  • Les vagues de chaleur et les sécheresses entraînent une morbidité accrue des humains et des écosystèmes ainsi que des pertes de rendements agricoles et des incendies ravageurs.
  • Des écosystèmes entiers, comme les récifs coralliens, ont déjà atteint le point de non-retour.
  • L’océan, qui est aujourd’hui le « poumon bleu » de la planète, pourrait perdre sa capacité à agir comme puits de carbone et se mettre à contribuer au changement climatique.
  • La fenêtre d’action ne fait que se rétrécir alors que certaines conséquences du changement climatique sont irréversibles…

En 2023…

Alors que les experts du GIEC s’époumonnent à nous répéter que les changements individuels sont certes nécessaires, mais qu’ils ne pourront pas pallier l’absence d’actions politiques déterminées et immédiates… et précisément 1) la sortie des énergies fossiles, 2) la fin de la déforestation terrestre et sous-marine, 3) la protection et la restauration de la nature.

En 2023…

Alors que les aires marines protégées sont reconnues comme le moyen le plus efficace pour restaurer les capacités de l’océan à lutter contre le réchauffement climatique et le déclin des espèces marines.

En 2023, alors que JAMAIS gouvernement n’a été confronté à une telle responsabilité.

C’est leur choix. Leur trahison.

Dont acte.

Une communauté « bunker »

A nous de former une communauté « bunker », apte à résister aux assauts de tous les mensonges du monde, de tout le cynisme, tout l’électoralisme, tout le court-termisme, tout l’arrivisme du monde…

Il nous faudra du temps pour mettre à bas les mensonges écologiques du gouvernement. Il faudra une pression citoyenne GIGANTESQUE pour obtenir une protection réelle et efficace de l’océan.

Mais vous savez quoi ? Nous y parviendrons. 

Car de la colère saine naît l’énergie saine. 

L’énergie pour se battre.

Se battre contre la destruction aveugle, irresponsable et inconsidérée de notre avenir.

Notre feuille de route pour gagner :

  1. Partagez ce message autour de vous. Nous devons former une communauté qui déborde les destructeurs du monde.
  2. Si ce n’est pas déjà fait, signez et partagez notre pétition pour des aires marines REELLEMENT protégées.
  3. Encouragez vos proches à s’inscrire à notre newsletter et à soutenir les assos « en colère », expertes, efficaces, comme BLOOM. Le temps est compté.
  4. Soutenez-nous, car vos dons servent à recruter des gens précis qui mettent « fermement et totalement » leurs capacités de recherche, d’analyse et d’action au service de la défense du vivant, du bien commun, de l’avenir. Notre équipe donne sans compter. Faites de même. 🙂

Enfin un accord à l’ONU pour protéger la haute mer et RÉPONSE DE LA FRANCE !!!!!

protection de la haute mer

Le contenu exact du texte n’a pas été publié dans l’immédiat mais les militants l’ont salué comme étant un tournant décisif pour la protection de la biodiversité.

Les Etats membres de l’ONU se sont enfin mis d’accord le 4 mars 2023 sur le premier traité international de protection de la haute mer, destiné à contrecarrer les menaces qui pèsent sur des écosystèmes vitaux pour l’humanité.

« C’est un jour historique »

« Le navire a atteint le rivage« , a annoncé la présidente de la conférence Rena Lee, au siège de l’ONU à New York samedi peu avant 21h30 (02h30 GMT), sous les applaudissements nourris et prolongés des délégués. Après plus de 15 ans de discussions, dont quatre années de négociations formelles, la troisième « dernière » session à New York a finalement été la bonne, ou presque.

Les délégués ont finalisé le texte au contenu désormais gelé sur le fond, mais il sera formellement adopté à une date ultérieure après avoir été passé au crible par les services juridiques et traduit pour être disponible dans les six langues officielles de l’ONU. Le contenu exact du texte n’a pas été publié dans l’immédiat mais les militants l’ont salué comme étant un tournant décisif pour la protection de la biodiversité. « C’est un jour historique pour la conservation et le signe que dans un monde divisé la protection de la nature et des personnes peut triompher sur la géopolitique« , a déclaré Laura Meller, de Greenpeace.

Après deux semaines d’intenses discussions, dont une session marathon dans la nuit de vendredi à samedi, les délégués ont finalisé un texte qui ne peut désormais plus être modifié de manière significative. « Il n’y aura pas de réouverture ni de discussions de fond » sur ce dossier, a affirmé Mme Lee aux négociateurs.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a félicité les délégués, saluant une « victoire pour le multilatéralisme et pour les efforts mondiaux visant à contrer les tendances destructrices qui menacent la santé des océans, aujourd’hui et pour les générations à venir« .

L’Union européenne s’est également réjouie de cette « étape cruciale pour préserver la vie marine et la biodiversité qui sont essentielles pour nous et les générations à venir« , par la voix du commissaire européen à l’Environnement, Virginijus Sinkevicius, qui s’est dit « très fier » de ce résultat. La France a de son côté salué un « accord historique« , qui « ouvre la voie à des avancées essentielles et inédites« , dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Aires marines protégées

La haute mer commence où s’arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) des Etats, à maximum 200 milles nautiques (370 km) des côtes et n’est donc sous la juridiction d’aucun Etat. Même si elle représente plus de 60% des océans et près de la moitié de la planète, elle a longtemps été ignorée dans le combat environnemental, au profit des zones côtières et de quelques espèces emblématiques.

Avec les progrès de la science, la preuve a été faite de l’importance de protéger tout entier ces océans foisonnant d’une biodiversité souvent microscopique, qui fournit aussi la moitié de l’oxygène que nous respirons et limite le réchauffement climatique en absorbant une partie importante du CO2 émis par les activités humaines. Mais les océans s’affaiblissent, victimes de ces émissions (réchauffement, acidification de l’eau…), des pollutions en tout genre et de la surpêche.

Alors le nouveau traité, quand il entrera en vigueur après avoir été formellement adopté, signé puis ratifié par suffisamment de pays, permettra de créer des aires marines protégées dans ces eaux internationales. Environ 1% seulement de la haute mer fait l’objet de mesures de conservation, et cet outil emblématique est jugé indispensable pour espérer protéger d’ici 2030 30% des terres et des océans de la planète, comme s’y sont engagés l’ensemble des gouvernements de la planète en décembre.

« Les zones de haute mer protégées peuvent jouer un rôle essentiel pour renforcer la résilience face aux effets du changement climatique« , a déclaré Liz Karan, de l’ONG Pew Charitable Trusts qui a qualifié cet accord de « réalisation capitale« .

Le traité sur « la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale » introduit également l’obligation de réaliser des études d’impact sur l’environnement des activités envisagées en haute mer.

Partage des bénéfices

Enfin, chapitre hautement sensible qui a cristallisé les tensions jusqu’à la dernière minute, le principe du partage des bénéfices des ressources marines génétiques collectées en haute mer. Les pays en développement qui n’ont pas les moyens de financer de très coûteuses expéditions et recherches se sont battus pour ne pas être exclus de l’accès aux ressources marines génétiques et du partage des bénéfices anticipés de la commercialisation de ces ressources – qui n’appartiennent à personne – dont entreprises pharmaceutiques ou cosmétiques espèrent tirer des molécules miracles.

Comme dans d’autres forums internationaux, notamment les négociations climat, le débat a fini par se résumer à une question d’équité Nord-Sud, ont commenté des observateurs. Avec une annonce vue comme un geste pour renforcer la confiance Nord-Sud, l’Union européenne a promis, à New York, 40 millions d’euros pour faciliter la ratification du traité et sa mise en oeuvre initiale.

Au-delà, elle s’est engagé à consacrer plus de 800 millions d’euros à la protection des océans en général pour 2023 lors de la conférence « Notre Océan » qui s’est achevée vendredi à Panama. Au total, la ministre panaméenne des Affaires étrangères Janaina Tewaney a annoncé que « 341 nouveaux engagements« , d’un montant de près de 20 milliards de dollars – dont près de 6 milliards des Etats-Unis -, avaient été pris lors de cette conférence pour protéger les mers

Source : Sciences et Avenir

secrétaire d'état à la mer

La pollution de l’air sème la pagaille dans la reproduction de certains insectes

mâle stérile

Des mouches, en pleine confusion sexuelle, incapables de distinguer les mâles des femelles : la pollution atmosphérique, qui menace déjà la pollinisation des plantes, sème aussi la pagaille dans la reproduction de certains insectes, montre une étude publiée le 14 mars 2023 dans Nature Communications.

Un mâle stérile de la mouche méditerranéenne des fruits (Ceratitis capitata), connue pour infester plus de 250 espèces de fruits et légumes, est relâché dans la nature par des travailleurs de l’installation biologique de production d’insectes stériles de l’Institut pour la santé et la qualité agricoles de Mendoza, à Santa Rosa (Argentine), le 13 mars 2015.

AFP/Archives – ANDRES LARROVERE

A l’origine du phénomène, l’ozone, un des polluants les plus communs qui, même à une dose modérée, a pour effet de dégrader les perceptions olfactives des insectes. Et cela affecte aussi les phéromones, ces substances chimiques odorantes à l’origine de réactions sexuelles ou sociales inconscientes sur un individu de la même espèce. Résultat : lors d’expériences menées avec des niveaux d’ozone typiques des grandes villes sur les drosophiles, ces petits moucherons qui tournent très souvent autour des fruits, les mâles se retrouvent soudain privés de tout sex-appeal aux yeux des femelles, qui ne sont plus incitées à s’accoupler.

Une communication sexuelle perturbée

Et certains mâles, sexuellement dans le brouillard, se retrouvent même à poursuivre de leurs assiduités leurs congénères du même sexe, réduisant à néant toute possibilité de reproduction. Cette communication sexuelle perturbée est principalement déclenchée par l’effet oxydant de la pollution atmosphérique sur les chaînes carbonées des phéromones et dure plusieurs jours.

Ce problème se retrouve chez neuf des dix espèces de drosophiles étudiées, mais pourrait également affecter d’autres insectes dont le comportement repose aussi sur les phéromones, soulignent les scientifiques.

Déclin mondial des insectes (AFP/Archives – Thomas SAINT-CRICQ)

« Nous parlons de millions d’espèces » d’insectes

Ce facteur, jusqu’ici méconnu, pourrait accentuer le déclin qui a touché près de la moitié des espèces d’insectes ces dernières décennies. « Nous parlons de millions d’espèces », a déclaré à l’AFP Markus Knaden, l’un des contributeurs de l’étude et membre de l’Institut Max Planck, citant notamment « les papillons de nuit, les papillons, les fourmis, les abeilles, les guêpes ».

Avant l’industrialisation, les niveaux d’ozone naturels dans l’air s’élevaient en moyenne à environ 40 parties par milliard (ppb) au niveau mondial. Mais aujourd’hui, dans les villes et les zones industrielles, les niveaux d’ozone peuvent facilement atteindre 210 ppb, soit environ cinq fois plus.

« Tout allait bien, jusqu’à ce que nous arrivions », a déclaré M. Knaden. « C’est entièrement de notre faute ».

L’étude a montré que même une exposition de courte durée à des niveaux d’ozone de 100 ppb entraînait une dégradation significative des phéromones. Et plus la concentration d’ozone est élevée, plus l’impact est important. Sans compter l’influence d’autres polluants, tels que les monoxydes d’azote qui s’oxydent à des vitesses encore plus rapides et pourraient venir renforcer le phénomène.

Des expériences, menées par des scientifiques de l’Université de Reading en Angleterre, sont actuellement en cours pour déterminer dans quelle mesure d’autres insectes volants et rampants pourraient être affectés.

L’un des derniers guépards d’Asie est mort en Iran

La naissance en mai 2022 de Pirouz dans un refuge de l’est de l’Iran avait été salué comme une bonne nouvelle, le guépard asiatique, étant une espèce en danger critique d’extinction selon l’UICN.

L’un des derniers guépards asiatiques au monde est mort mardi 28 février 2023 en Iran, provoquant une vague de tristesse chez les Iraniens qui s’étaient pris d’affection pour ce jeune félin né en captivité en 2022. « Pirouz, qui avait été admis à l’Hôpital vétérinaire central pour une insuffisance rénale jeudi, est mort après avoir subi une dialyse », a rapporté l’agence officielle Irna. « Nous sommes très attristés par la perte de Pirouz et l’échec de tous les efforts faits pour le sauver », a réagi le chef de l’hôpital, le docteur Omid Moradi.

Le jeune Pirouz (« victorieux » en persan) était devenu une fierté nationale depuis sa naissance en mai 2022 dans un refuge de l’est de l’Iran. Cet événement avait été salué alors qu’il ne resterait en Iran qu’une douzaine de guépards asiatiques, une espèce en danger critique d’extinction, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature.

Depuis son hospitalisation, les internautes avaient été nombreux à exprimer leur émotion : « Pirouz est la seule source de bonheur pour la Nation », soulignait l’un d’eux sur Twitter. Une référence au fait que, depuis septembre 2022, l’Iran est secoué par l’un des plus importants mouvement de contestation de son histoire. D’autres utilisateurs des réseaux sociaux disaient craindre l’« extinction » définitive de la sous-espèce Acinonyx jubatus venaticus, communément appelée guépard asiatique ou guépard d’Iran, en cas de décès de Pirouz.

Le guépard est l’animal le plus rapide du monde et peut atteindre une vitesse de 120 km/h. On le trouve encore dans certaines parties d’Afrique australe, mais il a pratiquement disparu d’Afrique du Nord et d’Asie. L’Iran, l’un des derniers pays au monde où les guépards asiatiques vivent à l’état sauvage, a lancé un programme de protection soutenu par les Nations unies en 2001.

Source : Sciences et Avenir

Pesticides : la France, l’un des pires pays d’Europe: France 3° Belgique 4°

nbre de substances autorisées en france

La France est le 3e pays européen autorisant le plus grand nombre de pesticides, selon une étude de Générations futures. Le syndicat agricole majoritaire et le gouvernement assurent pourtant qu’elle fait partie des bons élèves.

C’est une petite musique qui retentit de plus en plus fort dans la presse et l’arène politique : en matière de pesticides, la France ferait du zèle, et irait au-delà des préconisations européennes. C’est faux, assure l’ONG Générations futures, étude à l’appui — la France est même l’un des pires pays du continent.

Dès septembre, un rapport sénatorial portant sur la « compétitivité de la ferme France » affirmait pourtant que les agriculteurs français n’avaient accès qu’à 309 produits phytosanitaires, contre 454 pour leurs pairs polonais. Christiane Lambert, la présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) enchérissait en février à l’occasion de l’ouverture du Salon de l’agriculture : « 30 % de produits phytos en moins, c’est comme faire jouer le PSG avec 30 % de joueurs en moins, déplorait-elle dans les colonnes de Plein Champ. On est disqualifié d’emblée. »

Ces craintes ont fait leur chemin jusqu’à l’Assemblée nationale : le 28 février, la présidente du groupe Renaissance, Aurore Bergé, a déposé une proposition de résolution visant à lutter contre les « surtranspositions » en matière agricole, c’est-à-dire l’adoption de règles plus exigeantes que celles édictées par l’Union européenne.

La France est l’une des pires élèves du continent.

La France joue-t-elle véritablement aux premiers de la classe ? Non, ont tenu à rappeler les représentants de Générations futures lors d’une conférence de presse, le 8 mars. L’association a vérifié les chiffres avancés par la FNSEA et les sénateurs en utilisant la base de données officielle de la Commission européenne sur les pesticides. Résultat : 291 des 453 substances autorisées sur le sol européen sont utilisées légalement en France. Le pays se place ainsi à la troisième place de ceux autorisant le plus grand nombre de substances actives, derrière la Grèce et l’Espagne. Selon les calculs de Générations futures, le nombre de substances autorisées en France est supérieur de 32 % à la moyenne européenne.

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L’association a vérifié les chiffres avancés par la FNSEA et les sénateurs en utilisant la base de données officielle de la Commission européenne sur les pesticides. Générations futures

L’allégation selon laquelle les agriculteurs français auraient accès à moins de pesticides que leurs concurrents européens relève donc de l’« imagination », selon le porte-parole de l’association, François Veillerette. « Nous avons un très large accès aux pesticides en France. Ce que l’on regrette, car certains sont dangereux, et mériteraient d’être interdits. » D’un point de vue légal, parler de « surtransposition » est par ailleurs inadéquat, complète maître François Lafforgue. La politique européenne en matière de pesticides est en effet définie par des règlements. Contrairement aux directives, qui doivent être transcrites dans le droit national, les règlements « s’appliquent directement, explique l’avocat spécialiste de l’environnement. Ils se suffisent à eux-mêmes, et n’ont pas besoin de textes de transposition. »

« On craint un retour en arrière »

L’association se dit « inquiète » des conséquences de ce discours « caricatural » sur la politique française en matière de pesticides. « On craint un retour en arrière », dit François Veillerette. Le porte-parole cite en exemple la proposition de résolution portée par Aurore Bergé, qui propose notamment, pour limiter la concurrence avec les autres pays européens, de « conditionner toute interdiction de mise sur le marché de produits phytopharmaceutiques […] à l’existence de solutions alternatives efficaces, n’entraînant pas de perte de rendement, ni de surcoûts de production inacceptables pour le producteur ». « Ça nous semble exagéré », estime François Veillerette.

Générations futures est d’autant plus préoccupée que le gouvernement doit présenter, dans les prochains mois, son plan Ecophyto 2030. Lancé pour la première fois en 2008, ce programme de réduction de l’usage des pesticides a jusqu’à présent été un échec. Alors qu’il devait réduire de 50 % l’utilisation des produits chimiques agricoles, leur usage a bondi de 20 % entre 2009 et 2018. François Veillerette craint un « Ecophyto light » en 2023. « C’est aussi pour ça que l’on publie ces chiffres. On préfère partir sur de bonnes bases plutôt que sur des bases biaisées. »

Une étude alerte sur « l’extinction imminente » du lynx boréal en France

lynx boréal

Une étude française alerte sur la situation du lynx dans le Massif du Jura, côté français. Le faible nombre d’individus conduit à une consanguinité dramatique au sein de la population qui est la principale dans le pays.

Le ministère de la Transition écologique avait publié mi-mars 2022 le premier plan national (PNA) en faveur du lynx portant sur la période 2022-2026. « Nous avons participé à l’élaboration du PNA, qui, comme tout document public, a fait l’objet de tractations et d’arbitrages« , explique à Sciences et Avenir Gilles Moyne et Nathan Huvier, respectivement directeur et technicien chargé d’étude et de suivis au Centre Athénas. Celui-ci vient en aide aux animaux sauvages blessés ou dangereusement isolés. Il porte secours à des lynx mais aussi à de nombreuses autres espèces animales (chauves-souris, lézards, grenouilles, aigles…). « L’Etat a refusé dans ce premier PNA d’envisager la possibilité d’un renforcement de population, de même que le remplacement systématique des animaux braconnés« , expliquent les deux spécialistes.

Nous sommes en 2023, et la situation du prédateur reste très compliquée dans le pays. Une analyse génétique publiée le 13 février dans la revue Frontiers in Conservation Science et pilotée par Gilles Moyne et Nathan Huvier prédit même « l’extinction imminente du lynx boréal en France« .

Une population indispensable à la survie de l’espèce en France

Cet animal, aussi appelé lynx d’Eurasie (Lynx lynx), est réapparu dans le massif du Jura, côté français, à la fin des années 70 après la dispersion d’animaux provenant de la région des Carpates et réintroduits en Suisse. Le félin souffre de sa discrétion. Sa population est mal connue et peu médiatisée, mais ils seraient environ 140 adultes dans le massif français du Jura, ce qui constitut le principal noyau de l’espèce sur le territoire. Cette population serait, par ailleurs, peu connectée à celles d’Allemagne et aux autres de Suisse.

Le lynx en France : une population très concentrée dans le Jura

Outre le massif du Jura, les lynx sont aussi présents dans les Alpes françaises et en nombre très faible dans les Vosges. Dans ce massif, le nombre d’individus est estimé à une femelle et trois mâles issus des réintroductions ayant eu lieu dans le Palatinat allemand. « Et pour ce qui est de la présence du lynx dans les Alpes Françaises, la population est estimée entre 10 à 15 individus« , précise les membres du centre Athénas. « Les populations vosgiennes et alpines sont à l’heure actuelle trop faibles et diffuses« , alertent Gilles Moyne et Nathan Huvier. La France compterait environ 150 adultes (fourchette haute).

« Quarante ans après son retour en France, on pouvait s’attendre à un nombre d’individus plus important, mais d’éventuelles dépressions consanguines ainsi que des menaces comme le braconnage et les collisions avec des voitures peuvent expliquer la limitation du nombre d’individus observés et conduire à une nouvelle extinction de l’espèce dans cette région« , est-il écrit dans la nouvelle étude.

Depuis des années, le centre Athénas avait pressenti le problème qu’allait poser la faible diversité génétique de la population de lynx en France. Il a donc décidé en 2015 de mener des analyses sur les lynx présents dans le massif français du Jura.

Une carte d’identité génétique de chaque individu

Le centre a récolté 88 échantillons d’ADN sur des lynx blessés ou orphelins, qu’il a pris en charge, et sur des lynx morts victimes de collisions routières. Avec l’aide de l’entreprise Antagene, il a ensuite « réalisé la carte d’identité génétique de chaque individu à l’aide de 23 marqueurs microsatellites« , des séquences ADN particulières.

« Chaque marqueur microsatellite est défini par une combinaison de deux allèles (deux variantes d’un même gène, ndlr), ainsi en combinant les 23 marqueurs, nous obtenons une combinaison d’allèles unique pour chaque individu. En comparant ces séquences, nous pouvons déterminer les similitudes et les différences de chaque animal, ce qui nous permet d’estimer la diversité génétique de notre pool d’échantillon représentant la population du Massif du Jura« , précisent Gilles Moyne et Nathan Huvier.

Une consanguinité alarmante

Les résultats obtenus sont alarmants : ils traduisent une très faible diversité génétique dans le groupe. Le niveau de consanguinité est qualifié de « très inquiétant« , souligne l’étude. « La consanguinité accroît le risque d’occurrence de pathologies congénitales (suspicion par exemple sur des cas d’insuffisance cardiaque, décelés à plusieurs reprises) et peut induire une baisse des succès de reproduction (baisse de la natalité, faible taux de survie des jeunes)« , indiquent les deux membres du centre. Selon cette étude, la population française de lynx dans le Jura pourrait ainsi s’éteindre dans environ 30 ans.

Rien n’est perdu pour le lynx boréal

Mais cette population peut encore être sauvée. « Pour favoriser la diversité génétique, il faut à la fois introduire des individus provenant de noyaux de populations européennes ayant une plus forte diversité génétique, et favoriser de façon active les échanges entre les différents noyaux de population, par exemple en restaurant et protégeant des ‘corridors’. Un des autres moyens évoqués avec nos homologues étrangers serait l’échange d’orphelins avec d’autres pays qui, sans augmenter l’effectif, serait une manière d’obtenir un apport génétique extérieur« , détaillent Gilles Moyne et Nathan Huvier.

En parallèle, la lutte contre le braconnage et les collisions routières (24 en 2022) doit s’organiser. « Pour le braconnage, la solution réside dans un accroissement des moyens de lutte et de constatation (personnel et temps dédié), ainsi que dans la sensibilisation des magistrats pour une application pleine et exemplaire des pénalités prévues par la loi« , réclament Gilles Moyne et Nathan Huvier. Le risque de collision peut, quant à lui, être contenu grâce à des campagnes de sensibilisation mais aussi par le déploiement de panneaux de signalisation routière dans l’aire de répartition du félin. Le centre Athénas adopte déjà ces deux leviers d’action. « Il est toujours possible d’inverser la tendance« , insistent les deux experts.

Source : Sciences et Avenir

Australie : 26 espèces ne sont plus en danger grâce aux efforts de conservation

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En Australie, une vingtaine d’espèces ont vu leur état s’améliorer au cours des dernières années, selon une étude. Suffisant pour les retirer de la liste des animaux menacés.

C’est une nouvelle encourageante dans le premier pays au monde en matière d’extinction des mammifères. En Australie, des chercheurs ont démontré que l’état de 26 espèces locales s’était suffisamment amélioré pour ne plus être inscrit dans la liste des animaux menacés, rapporte The Guardian jeudi 23 février.

L’étude a été publiée dans la revue Biological Conservation. Depuis 1999, la loi australienne sur la protection de l’environnement et de la conservation de la biodiversité dresse une liste des animaux menacés (EPBC). Elle vise à protéger les espèces et à les réintroduire dans leurs zones naturelles.

Une amélioration relative

Eu égard à leur taille et à leur répartition géographique, quatorze espèces de mammifères, huit d’oiseaux, deux de grenouilles, une de reptiles et une de poissons, ont vu leur état s’améliorer au cours des deux dernières décennies.

C’est notamment le cas de la baleine à bosse (retirée de la liste en 2022), dont les effectifs ont rebondi après l’interdiction de la chasse commerciale à la baleine ; mais aussi de la grenouille dite « des chutes » et de la grenouille commune (toutes deux retirées de la liste en 2020), deux amphibiens dont les effectifs se sont stabilisés après avoir été décimés il y a une trentaine d’années par le champignon mortel du chytride.

Néanmoins, cette légère inflexion positive s’inscrit dans un tableau sombre. « La plupart de ces espèces de mammifères étaient autrefois présentes dans de très grandes zones à travers le continent. Aujourd’hui, on ne les trouve plus que dans des zones qui couvrent moins de 1 % de leur répartition antérieure », a déploré l’universitaire Sarah Legge, l’une des co-auteure de l’étude. « Presque aucune espèce affectée par la perte de végétation à grande échelle, le défrichage, la déforestation, le changement climatique ou les régimes d’incendie modifiés ne s’est rétablie », a-t-elle ajouté.

Un plan de conservation

En 2019 et 2020, les gigantesques feux de brousse survenus en Australie, brûlant près de 6 millions d’hectares, ont généré le déplacement ou la mort de 1 à 3 milliards d’animaux selon 20 Minutes, qui cite l’AFP. À la suite de cette catastrophe écologique, quelque 500 espèces étaient menacées de disparition d’après un rapport de WWF. En 2022, le gouvernement du Premier ministre travailliste Anthony Albanese avait annoncé la protection de 15 nouvelles espèces pour empêcher leur extinction. Elles sont inscrites dans la loi EPBC.

Source : GEO