Chasse « traditionnelle » : l’État à nouveau condamné

alouette des champs

Et de quatre. Le Conseil d’État a annulé, pour la quatrième année consécutive, les arrêtés ministériels autorisant les chasses dites « traditionnelles » – des « pratiques moyenâgeuses » de piégeage d’oiseaux sauvages, selon la Ligue pour la protection des oiseaux.

L’an dernier, la ministre de l’Écologie, Barbara Pompili avait en effet autorisé la chasse à l’aide de filets et de cages – appelées matoles, tenderies ou encore pantes dans le jargon des chasseurs – de certains oiseaux, dans plusieurs départements. Alouettes des champs, grives, vanneaux huppés ou pluviers pouvaient ainsi être piégés et tués.

Dans quatre décisions rendues le 23 novembre, la plus haute juridiction administrative a jugé ces autorisations illégales, car contraires à la directive Oiseaux, qui interdit les techniques de capture massive sans distinction des espèces.

« S’acharner sur des espèces en déclin n’est pas digne »

Pour le Conseil d’État, arguer d’un mode de chasse traditionnel ne justifie pas d’autoriser le maintien de ces méthodes de capture interdites par le droit européen. L’État est condamné à verser 12 000 euros à la LPO et One Voice.

De nouveaux arrêtés autorisant ces chasses pour la saison 2022 – 2023 ont été pris début octobre, alors que le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, s’était engagé à attendre la décision finale du Conseil d’État pour prendre sa décision. Les arrêtés ont été suspendus en urgence, fin octobre.

« S’acharner sur des espèces en déclin comme l’alouette des champs ou le vanneau huppé n’est pas digne d’un pays qui ambitionne d’être un modèle de protection de la biodiversité au niveau mondial », a déclaré dans un communiqué, Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO, qui milite pour l’abolition définitive de ces piégeages traditionnels.

Les grandes outardes pourraient « s’automédiquer »

grande outarde

Ni médecins, ni pharmacies dans les steppes et les prairies. La grande outarde (Otis tarda) n’en a cure. Une étude scientifique, publiée le 23 novembre dans la revue Frontiers in Ecology and Evolution, suggère que ce gros oiseau – les mâles peuvent peser jusqu’à 18 kilos – pourrait avoir des comportements « d’automédication ».

« Nous montrons que les grandes outardes préfèrent manger des plantes dont les composés chimiques ont des effets antiparasitiques in vitro », explique dans un communiqué Luis M. Bautista-Sopelana, scientifique au sein du Muséum national de sciences naturelles de Madrid et co-auteur de cette étude.

Pour parvenir à ces résultats, l’équipe de chercheurs (dont certains étudient la grande outarde depuis plus de quarante ans) a analysé plus de 600 échantillons d’excréments de ces oiseaux. Leurs résultats montrent qu’en période de reproduction, les grandes outardes se ruent sur deux plantes fréquemment utilisées dans les pharmacopées traditionnelles, le coquelicot (Papaver rhoeas), et la vipérine faux-plantain (Echium plantagineum). Testées en laboratoires, ces deux fleurs s’avèrent efficaces contre les protozoaires (un minuscule organisme qui peut être un parasite) et les nématodes (vers ronds). La vipérine faux-plantain agit en plus contre les champignons.

Des plantes médicinales utilisées pendant la période de reproduction

« Les mâles et les femelles pourraient bénéficier de ces plantes médicinales pendant la période de reproduction, au cours de laquelle les maladies sexuellement transmissibles sont légion, commente dans un communiqué Azucena Gonzalez-Coloma, co-autrice de cette étude et chercheuse à l’Institut des sciences agricoles de Madrid. Les mâles qui font usage de ces plantes pourraient également avoir l’air en meilleure santé, plus vigoureux, et donc plus attirants auprès des femelles. »

L’équipe de scientifiques appelle néanmoins à considérer leurs résultats avec « prudence ». Des études supplémentaires sont nécessaires pour avoir la « preuve ultime » que les grandes outardes s’automédiquent. Elles ne sont pas les seules : certains scientifiques suspectent d’autres espèces de s’adonner à ce genre de comportements. Wapitis, drosophiles, perroquets, primates, ours, cervidés… Les profils des apprentis médecins potentiels sont variés. Là encore, prévient Luis M. Bautista-Sopelana, d’autres études doivent être menées avant de tirer des conclusions définitives.

En Papouasie-Nouvelle-Guinée, cet oiseau rare et disparu depuis 1882 a été redécouvert

le faisan pigeon

Le faisan-pigeon à nuque bronzée est réapparu sur une île de Papouasie-Nouvelle-Guinée où il avait été observé il y a 140 ans.

ENVIRONNEMENT – Son nom ne vous dit probablement rien : le faisan-pigeon à nuque bronzée. En même temps, l’espèce n’a été observée qu’une seule fois, il y a 140 ans. Elle était depuis considérée comme éteinte. Enfin, c’est ce que l’on croyait… Une équipe de scientifiques a (re)découvert cet oiseau extrêmement rare dans une forêt de Papouasie-Nouvelle-Guinée, ce dimanche 20 novembre 2022, selon CNN.

En 1882, ce pigeon de grande taille à la queue épaisse, le geai noir et les ailes rouge orangé, avait été observé sur la petite île de Ferguson, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, dans l’océan Pacifique. Mais depuis, plus rien, même lorsqu’une expédition est lancée en 2019 afin de retrouver sa trace. Ce qui n’a pas découragé les chercheurs du musée national de l’archipel tropical et du laboratoire américain sur les oiseaux de partir à nouveau à sa recherche.

Apparu sur un piège-caméra

Ils se sont donc rendus sur l’île où le pigeon a été observé dans le cadre d’une mission considérée comme dangereuse, du fait des difficultés d’accès à l’île montagneuse. Les scientifiques ont installé douze pièges photographiques, et discuté avec des locaux mais aussi des chasseurs… En vain, puisque l’oiseau a pris le temps pour pointer le bout de son bec. Ce que deux jours avant le départ qu’il a fait une apparition de quelques secondes sur une caméra installée en forêt.

« C’est comme si on avait trouvé une licorne ! Autrement dit c’est précisément le genre de moment pour lequel on vit quand on est ornithologue », explique l’un des scientifiques, John Mittermeier, dans un communiqué de l’université. D’autant plus que l’animal se trouvait « dans une zone avec des crêtes et des vallées escarpées. »

La communauté scientifique connaît encore peu de choses sur cette espèce, si ce n’est qu’elle semble endémique à cette petite île de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Impossible de savoir combien il en reste. Mais une chose est sûre : cette espèce de faisan-pigeon n’est plus considérée comme disparue.

 

COP27 : réparer les conséquences sans s’attaquer aux causes

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Le secrétaire exécutif des Nations unies sur le changement climatique, Simon Stiell, lors de la séance de clôture de la COP27 en Égypte, le 20 novembre 2022. – © Mohamed Abdel Hamid / Anadolu Agency / Anadolu Agency via AFP

La COP27 s’est achevée sur un bilan mitigé : un accord historique a été adopté sur la question des pertes et dommages, mais les États n’ont pas renforcé leur ambition climatique, toujours insuffisante.

Historique, mais largement insuffisant : ainsi peut-on résumer l’Accord adopté à la COP27 de Charm el-Cheikh. Elle s’est conclue au petit matin dimanche 20 novembre, après une journée et une nuit de retard et d’intenses tractations. L’Accord est jugé « historique » par les participants. S’il acte la création d’un fonds dédié aux financements des pertes et dommages [1] il n’apporte aucune autre avancée notable. L’objectif de contenir la hausse des températures à 1,5 °C est à nouveau réaffirmé, mais les délégations des 196 pays n’ont pas réussi à se mettre d’accord pour augmenter leurs ambitions de réduction de gaz à effet de serre, pourtant insuffisantes, ou à affirmer la nécessité de sortir des énergies fossiles.

  • Les pertes et dommages : un fonds dédié

Avancée majeure, la création d’un fonds dédié au financement des pertes et dommages est donc actée. Depuis 1991, cette demande des pays du Sud — les premiers touchés par les effets du changement climatique et pourtant les moins responsables des émissions de gaz à effet de serre — a toujours été écartée par les pays du Nord. Mais la question a fait l’objet d’un coup de théâtre jeudi dernier quand l’Union européenne a annoncé soutenir ce projet. « Les pays riches […] ont opéré un virage à 360°. Ils ont mis fin à des décennies de blocage. […] C’est véritablement un pas de géant vers plus de justice climatique », s’est réjouie Fanny Petitbon, responsable du plaidoyer de Care France.

L’idée : accompagner les pays vulnérables confrontés à des événements climatiques majeurs « avec des financements rapides, effectifs et accessibles », a expliqué la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, à la sortie des négociations. Si les détails restent à définir, le fonds devra être opérationnel dès 2023. En outre, « un comité devra identifier les sources de financements de ce fonds, avec une optique la plus large possible. L’objectif est bien que le plus grand nombre de pays puisse y participer », a précisé le ministère de la Transition écologique. En ligne de mire, les grands pays émergents, tels que la Chine, dont la position comme pays en voie de développement pourrait évoluer.

Pour financer les pertes et dommages, l’accord prévoit également la mobilisation de la Banque mondiale, du FMI et des banques de développement. « Il recommande la mise en œuvre de financements innovants auxquels tous les pays peuvent contribuer », a aussi expliqué le ministère. Une lecture qui laisse une ouverture aux « taxes sur le maritime, le secteur aérien ou encore les énergies fossiles », a pointé Lola Vallejo, de l’Iddri, quelques heures avant la conclusion du sommet.

  • L’ambition climatique des États n’a pas bougé

Les négociations concernant l’ambition climatique, se sont soldées par un cuisant échec. Hormis l’Union européenne, le Mexique ou la Turquie, aucun État n’a rehaussé réellement ses objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, comme promis l’année dernière. « L’ambition climatique était insuffisante avant la COP, elle n’a pas bougé d’un pouce à la COP. Dans le contexte de crise climatique qui touche toutes les régions du monde, cette occasion manquée est dramatique », a réagi Arnaud Gilles, responsable énergie-climat pour WWF. Maigre consolation, un temps menacé d’être purement et simplement rayé du texte final, l’objectif de contenir le réchauffement climatique à 1,5 °C a été réaffirmé. Pourtant, plus de 1 000 scientifiques avaient déclaré qu’il n’était « plus acceptable d’affirmer publiquement » qu’une telle limitation soit « toujours envisageable ».

  • La sortie des fossiles balayée

Autre point de frustration : les pays n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur la sortie des énergies fossiles. Le Pacte de Glasgow, adopté l’année dernière, avait levé un tabou en engageant les pays à une « réduction progressive du charbon » et la fin des « subventions inefficaces » aux énergies fossiles. Cette année, poussés par l’Inde, plusieurs pays [2] étaient prêts à aller plus loin en mentionnant la réduction, voire la sortie, de toutes les énergies fossiles. Une formulation jugée plus équitable, car le charbon plus abordable est davantage employé dans les pays en voie de développement, quand le pétrole et le gaz sont plus fréquemment utilisés dans les pays riches. « Nous avons réussi à élargir la coalition des pays qui prônent la diminution de l’utilisation des énergies fossiles, voire la sortie », en ralliant « des grands pays qui ont des économies assises sur ces ressources », a expliqué Agnès Pannier-Runacher. En vain. Le texte final reprend tout juste la formulation de Glasgow.

Pourtant, la combustion du charbon, du pétrole et du gaz est responsable de 90 % des émissions de CO2 mondiales. Mais « le sujet est redevenu tabou », a déploré Arnaud Gilles, de WWF. « Certains pays ont bloqué l’inclusion d’une telle formulation dans le texte, renvoyant à la responsabilité première des pays développés », a expliqué le Réseau Action Climat. La ministre a dénoncé « un manque de transparence des débats », en l’absence de « groupes de contact » qui associent habituellement un pays en développement à un pays riche pour avancer sur les points de blocage. D’autres accusent le lobbying acharné du secteur. « L’influence de l’industrie des combustibles fossiles s’est manifestée dans tous les domaines, a dénoncé l’une des architectes de l’Accord de Paris, Laurence Tubiana. […] La présidence égyptienne a produit un texte qui protège clairement les États pétroliers et gaziers et les industries des énergies fossiles. Cette tendance ne peut pas se poursuivre aux Émirats arabes unis l’année prochaine [3]. » Sans oublier que l’accord final use d’éléments de langage de l’industrie des énergies fossiles, en faisant notamment référence aux « circonstances nationales » de chaque pays [4]ou aux techniques de séquestration du carbone, pourtant largement controversées.

  • D’autres rendez-vous manqués : agriculture, biodiversité, marché du carbone

Discuté dans les instances techniques de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, « le programme de travail [dit de Koronivia, et dédié à l’agriculture] a été prolongé sans remise en cause de notre système agricole, pourtant émetteur d’un tiers des gaz à effet de serre », a déploré le Réseau Action Climat. Le sujet est clivant : une partie des États mise sur l’agro-écologie et remet en question nos régimes alimentaires, quand d’autres préfèrent privilégier une « agriculture intensive durable ». Par ailleurs, les pays du Sud craignent que la définition stricte d’un modèle agricole durable ne menace leur sécurité par l’apposition d’une réglementation trop contraignante.

À quelques semaines de la COP15 sur la biodiversité qui se tiendra à Montréal, le sujet est aussi le grand absent du texte final. Aucune mention de l’importance de la biodiversité pour lutter contre le changement climatique n’apparaît. Un « silence absolument gênant », dénonce Arnaud Gilles.

Enfin, les discussions techniques sur la mise en œuvre des règles de fonctionnement du marché du carbone n’ont que peu avancé. La chargée du plaidoyer climat de CCFD-Terre Solidaire Myrto Tilianaki note toutefois « l’introduction de failles dangereuses pour l’ambition climatique et le respect des droits humains », avec le retrait de leur mention dans le texte final.

La COP27 était aussi une COP « silencieuse et très inquiétante pour de nombreux militants », a dénoncé Laurence Tubiana. « La question des droits humains et de l’espace démocratique sera également au cœur des préoccupations de la société civile » l’année prochaine, prévient le Réseau Action Climat. La COP28 se déroulera à Dubaï aux Émirats arabes unis, l’un des plus grands réservoirs de pétrole au monde.

Pesticides : le « tour de passe-passe » pour rendre l’eau potable

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Fin septembre, l’eau potable de plusieurs millions de Français contaminée par l’ESA-métolachlore, un résidu d’herbicide, est… redevenue conforme. Un « tour de passe-passe » de l’État, dénonce une ONG.

C’est l’histoire d’un polluant, l’ESA-métolachlore, qui disparaît subitement des eaux. Depuis le 1er avril 2021, ce métabolite issu de la dégradation du S-métolachlore – herbicide très largement épandu dans les cultures – est recherché systématiquement dans les analyses de qualité de l’eau. Et quand on cherche, on trouve. Sur les 16 845 prélèvements d’eau potable réalisés en France entre le 1er janvier 2022 et le 31 août 2022, 2 791 – soit près de 17 % – affichaient un taux d’ESA-métolachlore supérieur à 0,1 microgramme/litre (µg/L), la limite de qualité. Des taux fâcheux pour les industriels des pesticides — et pour l’État. L’un d’eux a donc livré de nouvelles études menant à ce que les agences gouvernementales revoient à la baisse la dangerosité de la molécule. « Un remarquable tour de passe-passe », selon Générations futures, qui dénonce « une méthode d’évaluation qui ignore le principe de précaution ».

Dès fin 2021, Syngenta, l’un des fabricants du S-métolachlore, a soumis de nouvelles études à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). « La réglementation prévoit que c’est aux industriels d’apporter les preuves de l’innocuité de leurs produits », précise Éléonore Ney, cheffe de l’unité d’évaluation des risques liés à l’eau à l’Anses. « Jusque là, nous n’avions pas suffisamment de données sur le potentiel génotoxique de ce métabolite, les études fournies étaient anciennes et n’avaient pas été réalisées selon les normes actuelles. Nos experts ne pouvaient pas se prononcer. Dès lors l’ESA-métolachlore était classé comme molécule pertinente. » Concrètement, cela signifiait qu’au-dessus de 0,1 µg/L, l’eau était considérée comme non potable.

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Après examen critique des nouvelles données fournies par Syngenta, l’agence publie un nouvel avis : elle décide de classer l’ESA-métolachlore de substance « pertinente » à substance « non pertinente » (même chose pour le métabolite NOA-métolachlore). Autrement dit, la limite de qualité est relevée à 0,9 µg/L. Ainsi, si on appliquait ce nouveau seuil sur les mêmes 16 845 prélèvements, il n’en resterait que 66 avec des taux non conformes.

La molécule mère classée comme « cancérigène suspecté »

Les effets sont particulièrement visibles dans les départements qui affichaient les plus forts taux de contamination. « Ce nouveau classement rend caduque une grande partie des non-conformités de l’eau du robinet constatées en Bretagne », souligne Eaux et rivières de Bretagne. Désormais, on ne recense plus que 1 % de prélèvements non conformes dans le Finistère (contre 66 % de prélèvements contaminés auparavant), mais aussi dans les Côtes-d’Armor (contre 52 % auparavant) et dans la Manche (contre 60 % auparavant). Dans le Gers, on descend à seulement 5 % de prélèvements non conformes contre 55 % lorsque l’ESA-métolachlore était jugé « pertinent ». Et dans le Cher, alors que presque la moitié des prélèvements étaient non conformes, plus aucun ne dépasserait désormais la limite de qualité avec le nouveau seuil.

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Cette soudaine amélioration n’est en réalité qu’illusoire. Le métabolite est bien toujours présent dans l’eau. Générations futures souligne qu’il existe de nombreuses alertes sur le potentiel cancérigène et reprotoxique de la molécule mère, le S-métolachlore. En juin dernier, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) classait cette dernière comme cancérigène suspecté.

« La confiance dans l’eau potable a pris une claque »

« La confiance dans l’eau potable a pris une claque, affirme pour sa part Régis Taisne, chef du département Cycle de l’eau à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR). 10 à 12 millions d’habitants ont été informés que leur eau n’était pas conforme. Et aujourd’hui, on leur explique qu’elle le redevient. Les usagers peuvent se poser des questions. »

D’autant qu’un nouveau classement en molécule « pertinente » n’est pas exclu, le caractère perturbateur endocrinien n’ayant pas été encore étudié. Un travail d’analyse est en cours au niveau européen. L’Anses l’écrit dans son avis : « Si la substance active, le S-métolachlore, était classée comme perturbateur endocrinien […], il serait nécessaire de réévaluer le classement de la pertinence pour le métabolite ESA. »

Par ailleurs, Régis Taisne met en garde contre les molécules de substitution, notamment le diméthénamide-P (dmta-P), substitut principal du S-métolachlore. « Depuis deux ou trois ans, Syngenta propose de nouvelles molécules. Les agriculteurs sont par exemple incités à utiliser différentes molécules pour permettre de rester sous les 0,1 µg/L, explique-t-il. Or, on commence à retrouver ces substances dans les eaux, certes en petites quantités. Mais certai nes seront peut-être à leur tour classées comme pertinentes dans quelque temps. »

éviter la pollution de l'eau

Pour éliminer tout risque, Hugues Tupin, vice-président de Douarnenez Métropole, délégué à l’eau, à l’assainissement et aux eaux pluviales ne voit qu’une solution : l’interdiction des pesticides sur les aires d’alimentation de captage : « Il faudrait sanctuariser les zones de captage et y interdire l’usage de ces produits. Dans le Finistère, ces zones ne représentent que 1 % de la surface utile agricole. Ce qui est infime. L’État doit agir et mettre en place un système de compensation financière pour les agriculteurs concernés et un accompagnement vers de nouveaux modes de désherbage, plus mécaniques. »

Qui paye ? Les consommateurs, et non les industriels

Du côté des collectivités et syndicats des eaux, c’est à la fois le soulagement et l’incompréhension. L’ESA-métolachlore était devenu leur bête noire depuis deux ans. De nombreuses communes dans lesquelles l’eau était devenue non potable avaient dû réclamer des dérogations de trois ans minimum pour pouvoir continuer à distribuer l’eau au robinet. En contrepartie, elles s’étaient engagées à mener des actions : changer de ressources (ce qui n’était pas toujours possible), améliorer la qualité de la ressource ou traiter l’eau contaminée.

C’est le cas par exemple à Douarnenez, où deux des trois sites de production d’eau ont été fermés pendant plusieurs mois afin de pouvoir les équiper de filtres à charbon actif. Pendant ce temps, le troisième site de production, déjà équipé d’un filtre, assurait la fourniture en eau potable de toute la région. Les deux usines ont pu redémarrer cet été. Coût de l’opération : 300 000 euros. « La facture des usagers va augmenter entre 8 et 10 %, évalue d’ores et déjà Hugues Tupin, vice-président de Douarnenez Métropole. Ce qui est beaucoup. Et on ne compte pas le coût des filtres à charbon qui explose, compte tenu de la forte demande. Il faut aussi les changer plus souvent. Avant, le filtre avait une durée de 3 à 4 ans. Désormais, pour qu’il reste efficace pour filtrer les métabolites, il faut le changer tous les 6 à 8 mois ! »

Le surcoût pour les consommateurs pourrait être encore plus important dans les communes ayant opté pour un système plus performant (osmose inversée, traitement par ozonation, etc.). « Là, il faut compter 30 à 40 centimes de plus par mètre cube, soit une hausse de 20 % des prix pour le consommateur, et ce sans compter le coût actuel de l’énergie qui explose », calcule Régis Taisne.

Hugues Tupin déplore que ce coût de dépollution soit intégralement reporté sur le consommateur : « Jamais les fabricants de ces produits phytosanitaires ne sont mis à contribution alors que ce sont eux les pollueurs, et qu’ils devraient participer au traitement de leurs déchets. »

Destruction des grands cormorans : le Conseil d’Etat rejette la demande de la Fédération nationale de pêche

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Par une ordonnance du 10 novembre 2022, le Conseil d’Etat a rejeté la requête la Fédération Nationale de Pêche en France qui lui demandait de suspendre l’arrêté ministériel du 22 septembre 2022 en tant qu’il n’autorisait pas la destruction des cormorans en eaux libres.

A partir de 2017, la LPO a engagé de nombreux recours contre les arrêtés préfectoraux autorisant la régulation des Grands cormorans sur les plans d’eau et cours d’eau (« eaux libres ») fondés sur la menace que ferait peser la prédation du Grand cormoran sur la conservation des poissons protégés ou menacés.

Partout en France, les tribunaux administratifs ont systématiquement annulé ces arrêtés, estimant que cette menace n’était pas démontrée.

En septembre 2022, tirant les conséquences de toutes ces annulations contentieuses lors du renouvellement de l’arrêté cadre triennal permettant aux préfets de prendre des dérogations à l’interdiction de détruire cette espèce protégée, les ministères de l’Ecologie et de l’Agriculture ont décidé de ne fixer aucun quota de destruction en eaux libres pour la période 2022-2025.

Insatisfaite de cette décision, la Fédération Nationale de la Pêche en France a alors saisi le Conseil d’Etat d’une demande de suspension de cet arrêté ministériel en tant qu’il ne permettait pas la destruction des cormorans en eaux libres et mettait donc en danger certaines espèces de poissons menacées ou protégées.

Lors de l’audience qui se tenait ce mardi, la LPO est intervenue aux côtés du ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires pour défendre l’arrêté, faisant notamment valoir que les publications scientifiques étudiant les relations prédateurs-proies et portant sur le Grands cormorans concluaient à l’absence d’impact significatif de la prédation sur les populations de poissons.

Dans l’ordonnance rendue ce 10 novembre 2022, le Conseil d’Etat rejette la requête de la FNPF.

Suivant le raisonnement de la LPO et du ministère, la Haute Juridiction rappelle que l’Etat ne doit fixer des quotas de prélèvement que sous réserve que la nécessité de ces prélèvements soit justifiée au regard des critères de dérogations fixés à l’article L411-2 du code de l’environnement et découlant de la directive Oiseaux. En l’occurrence, ces prélèvements doivent donc être justifiés par la protection des poissons.

Or, le Conseil d’Etat relève qu’«Il ne ressort pas des pièces du dossier, ainsi que des éléments recueillis à l’audience, que la prédation des grands cormorans sur les plans et cours d’eau libres porte sur des espèces aquatiques protégées ou menacées une atteinte telle qu’elle imposait, à la date de l’arrêté litigieux, une telle dérogation »

Les baleines avalent 10 millions de microplastiques par jour

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Les plus petites particules de plastique disséminées dans les océans finissent en nombre dans l’estomac des baleines. – Unsplash / Thomas Kelley

En filtrant des grandes quantités d’eau, certains cétacés sont particulièrement exposés aux microplastiques. Une nouvelle étude évalue à 10 millions les bouts de microplastiques ingérés chaque jour par les baleines bleues.

Funeste sort des baleines. Parce qu’ils filtrent des milliers de mètres cubes d’eau à travers leurs fanons, ces grands mammifères marins se retrouvent en première ligne de l’exposition aux microplastiques qui polluent les océans. Selon une nouvelle étude publiée dans Nature communications le 1ᵉʳ novembre 2022, la baleine bleue peut ingérer 10 millions de particules de plastiques de moins de 5 mm par jour. Sa cousine, la baleine à bosse — qui elle se nourrit de poissons — serait moins exposée, et ce malgré la contamination de ses proies. Son absorption quotidienne s’élève quand même à 200 000 particules.

Pour arriver à ces évaluations, l’équipe californienne autrice de l’étude a estimé les quantités de poissons ingérés, les volumes d’eau absorbée, les concentrations de microplastiques dans l’eau et dans les proies… Des informations obtenues en suivant plus de 200 spécimens pendant dix ans et en mesurant directement les différentes concentrations dans les eaux californiennes. Toutes ces données ont ensuite été intégrées dans un modèle qui permet aux chercheurs d’évaluer les quantités de particules de plastiques ingérées.

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Les baleines bleues ingèreraient des millions de particules de plastique chaque jour. Domaine public / U.S. National Oceanic and Atmospheric Administration

Si elle se distingue par son ampleur, cette étude n’est pas la première du genre. Plusieurs travaux scientifiques ont été réalisés dans différentes régions du monde, avec des estimations de quantités de microplastiques ingérés très variables, de la centaine aux millions de particules par jour. Une équipe de Nouvelle-Zélande a ainsi analysé pendant cinq ans les excréments des rorquals au large d’Auckland. Leurs résultats publiés en avril 2022 dans Science of the Total Environment estimait à 3 millions le nombre de particules de microplastique ingérées par jour.

« Les écarts d’ordres de grandeurs d’une étude à l’autre peuvent s’expliquer par les aires géographiques distinctes, les espèces de cétacés concernées, mais aussi les variations de concentrations de microplastiques dans l’océan », explique Céline Tardy de l’association Miraceti dédiée à la connaissance et à la conservation des baleines. La cétologue a étudié la contamination des rorquals par les phtalates en Méditerranée entre 2016 et 2019, des substances couramment utilisées comme plastifiants des matières plastiques : « Les concentrations en phtalates retrouvés étaient très variables d’un individu à l’autre la même année, dans la même aire géographique. »

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Les effets sur la santé des cétacés de cette absorbtion massive de plastiques sont encore méconnus et inquiètent les scientifiques. © Jérémie Silvestro / Wikimedia Commons / CC BY-SA 4.0

Une étude canadienne publiée en 2020, en collaboration avec des chasseurs inuits, s’est, elle, intéressée aux bélugas dans la mer de Beaufort. Résultat, la moitié des milliers de microplastiques retrouvés dans les cétacés étaient des fibres de polyester. Une grande partie des microplastiques retrouvés dans l’océan proviendrait en effet des vêtements synthétiques. Les microfibres libérées lors du lavage se retrouvent dans les eaux usées puis dans les océans.

Polyester et métaux lourds

Quant aux conséquences de cette contamination, elles restent largement inconnues. « À ma connaissance, on sait très peu de choses sur les impacts exacts des microplastiques sur la santé des baleines », convient Zhe Lu, professeur en écotoxicologie marine à l’Université du Québec à Rimouski, en charge d’un programme sur les microplastiques dans la Baie du Saint-Laurent.

Ce qui n’empêche pas les scientifiques de prévoir des effets toxiques. « En raison de leur nature lipophile, les microplastiques ont le potentiel d’absorber les polluants organiques persistants présents dans les régions contaminées. Comme par exemple, des métaux lourds, des polychlorobiphényles (PCB), des pesticides », précise Zhe Lu. Autre risque, la présence d’additifs reprotoxiques et perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A ou les phtalates dont les dégâts sanitaires sont connus sur un autre mammifère, l’humain.

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Parc éolien marin d’Oléron : l’État « se moque de la biodiversité »

parc éliomarin

Chauve-souris, esturgeons… Le projet de parc éolien marin d’Oléron n’est pas une bonne nouvelle pour la biodiversité. Comme d’habitude, dénoncent les associations, la zone d’implantation a été choisie de manière « arbitraire ».

Il est un point sur lequel tous les scénarios énergétiques s’accordent : sans l’éolien marin, la France pourra difficilement atteindre la neutralité carbone en 2050, selon les experts du Réseau de transport d’électricité (RTE), de l’Ademe et de l’association Négawatt. Le déploiement des pales en mer fait cependant face à un obstacle : l’opposition d’associations de protection de l’environnement, de plus en plus nombreuses à critiquer les zones d’implantation (souvent très riches en biodiversité) choisies par l’État. Après le parc de la baie de Saint-Brieuc, contre lequel deux associations ont porté plainte en février dernier, le projet de ferme éolienne en mer d’Oléron, prévu pour 2030, concentre les critiques. Huit associations ont adressé en septembre un recours gracieux au ministère de la Transition énergétique. Elles dénoncent les « impacts négatifs » du futur parc sur l’écosystème charentais.

« Il sera au milieu d’une voie de migration pour les oiseaux et les chauves-souris »

« Nous ne sommes pas opposés aux énergies renouvelables, ni au parc éolien, mais à l’endroit où il est prévu », précise d’emblée Isabelle Loulmet, présidente de France Nature Environnement Nouvelle-Aquitaine. La zone choisie pour implanter de 50 à 80 éoliennes, dont la capacité installée devrait être comprise entre 500 mégawatts (MW) et 1 gigawatt (GW), a en effet de quoi surprendre.

Le gouvernement l’avait au départ placée dans le périmètre du parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis. Sa localisation a été légèrement modifiée à la suite du débat public, qui s’est tenu entre septembre 2021 et février 2022. Fin juillet, la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé que les éoliennes seraient finalement installées à la lisière, et non à l’intérieur, du parc naturel marin. Pas de quoi rassurer les défenseurs de l’environnement. « Le parc éolien se trouve toujours dans une zone de protection spéciale Natura 2000, au milieu d’une voie de migration intercontinentale pour les oiseaux, les chauves-souris et les insectes », déplore le vice-président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), Dominique Chevillon. Les enjeux écologiques y sont « très importants », assure Élodie Martinie-Cousty, pilote du réseau Océans, mers et littoraux de France Nature Environnement (FNE) .

zones retenues

Grands dauphins, crabes masqués, gorgones verruqueuses, Guillemots de Troïl… Soixante-quatorze espèces marines seraient menacées par ces ouvrages, selon Dominique Chevillon. Les connaissances scientifiques sur les conséquences de l’éolien marin sur le vivant sont encore lacunaires. Dans un rapport publié en juillet 2021, le Comité national de protection de la nature (CNPN) s’inquiète de leurs effets possibles sur les oiseaux et les chauves-souris. L’implantation d’éoliennes en mer pourrait les priver d’espaces vitaux et causer des collisions mortelles, explique-t-il. En ce qui concerne les mammifères marins, le groupe d’experts craint que les travaux de construction ne génèrent une pollution sonore préjudiciable. Les « anodes sacrificielles » – des pièces en métal utilisées pour éviter la corrosion des mâts – pourraient quant à elles rejeter dans l’eau des métaux, notamment de l’aluminium, dont les effets sur la vie marine restent « insuffisamment étudiés ».

50 à 80 éoliennes

De 50 à 80 éoliennes seront installées à la lisière du parc naturel marin. Flickr / CC BY-NC 2.0 / Floyd

Dans le reste de l’Europe, la biodiversité est prise en compte

Les associations s’inquiètent également des effets du parc offshore sur l’écosystème terrestre. La zone étudiée pour son raccordement au continent englobe en effet des « zones humides d’importance majeure », où foisonnent hermelles, esturgeons et zostères. « Ce serait une perte de biodiversité unique, estime Sophie Huberson, de l’association Nature Environnement 17. On ne pourrait jamais la compenser. »

Les associatifs interrogés par Reporterre se disent tous « sidérés » par le choix du gouvernement. « On n’a pas travaillé à protéger des zones Natura 2000 pendant quarante ans pour qu’elles soient dévastées, grâce à l’État, par des industriels qui se moquent de la biodiversité et des écosystèmes, s’agace Dominique Chevillon, de la LPO. Ces zones auraient dû être évitées. »

Élodie Martinie-Cousty, de France Nature Environnement, regrette que l’État ait choisi les zones de développement de l’éolien marin de manière « arbitraire », en Charente-Maritime et ailleurs : « Il ne s’est imposé aucune méthode ». Dans le reste de l’Europe, et notamment en Allemagne, la biodiversité est prise en compte « en amont » dans le choix des localisations des parcs éoliens, observe le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) dans son rapport. Les zones les plus riches en mammifères marins et en oiseaux sont évitées, afin de réduire au maximum les effets des parcs éoliens sur le vivant et les activités qui en dépendent, comme la pêche. Au niveau européen, seuls 2,7 % des mâts sont situés à proximité ou au sein de zones classées Natura 2000, a calculé Sophie Huberson. « En France, nous n’avons pas fait de travail de planification », déplore Élodie Martinie-Cousty. « Tout se fait au coup par coup, sans vision globale », abonde Isabelle Loulmet.

« En France, tout se fait sans vision globale »

Jusqu’à présent, le gouvernement français a uniquement pris en compte les contraintes « socio-économiques ou militaires », regrette le CNPN. « Ce sont les industriels qui choisissent les lieux en fonction de leur rentabilité, fustige Dominique Chevillon. L’État ne défend pas l’intérêt général, ni l’environnement. Par ce type d’implantations, il défend les intérêts des industriels, pour la plupart étrangers, qui se moquent des incidences de leur industrie. C’est proprement scandaleux. » Contacté à de multiples reprises par Reporterre, le ministère de la Transition énergétique a refusé de s’exprimer sur sa méthode de sélection des zones d’implantation des parcs éoliens marins.

Opter pour l’éolien flottant, plus cher, serait moins néfaste

Afin de limiter la casse écologique, les associations opposées au parc éolien marin d’Oléron proposent de le décaler à l’Ouest, dans une zone moins riche en biodiversité. « La filière de l’éolien flottant commence à démarrer, explique Élodie Martinie-Cousty. Grâce à elle, on pourrait mettre les parcs plus au large. Il y aurait beaucoup moins d’interactions avec la faune, les paysages et les pêcheurs, qui pêchent pour la plupart à moins de 12 miles [19 kilomètres] des côtes. » Seul problème : l’éolien flottant est pour le moment plus cher que l’éolien posé. [1] À l’horizon 2050, ses coûts d’investissement devraient s’élever à 60 euros par mégawatt-heure (MWh), selon RTE, contre 40 euros/MWh pour l’offshore posé. Ce qui reste moins cher que le nouveau nucléaire, précise Élodie Martinie-Cousty. « Grâce à l’éolien flottant, on pourrait mettre plus de parcs, plus grands, et avoir une meilleure autonomie énergétique », espère-t-elle.

les pêcheurs

Les pêcheurs craignent que la pose de 62 éoliennes dans la baie de Saint-Brieuc nuise à leur activité.

À Oléron, le gouvernement ne semble pour le moment pas disposé à revoir sa copie. La détermination des associations de protection de l’environnement locales n’en reste pas moins « grande » : « Quand nous aurons épuisé les recours en France, nous saisirons la communauté européenne et les instances internationales », promet Dominique Chevillon. « Protéger la biodiversité est essentiel pour que notre monde reste vivable, insiste Isabelle Loulmet. Il ne faut pas la sacrifier au motif que nous devons atteindre un autre objectif tout aussi impératif, qui est la lutte contre le changement climatique. »

ASPAS : Newsletter – Octobre 2022

aspas
Au sommaire ce mois-ci : nos actions pour les soi-disant « nuisibles », des avancées contre la chasse en enclos, une victoire contre le braconnage, la suite dramatique du feuilleton des bouquetins du Bargy et la parution de notre nouveau Goupil. Bonne lecture !

L’ÉTAT DÉFEND LES RENARDS ! AVANT DE LES PIÉGER…

Dans une note destinée aux préfectures, le ministère de la Transition écologique laisse entendre – à qui veut bien écouter ! – que l’inscription des renards sur la prochaine liste des « ESOD » en juillet 2023 n’est pas forcément justifié… Et ça tombe bien, puisque c’est le Ministère qui prendra la décision finale ! Ou se fera-t-il une fois de plus piéger par les lobbies de la chasse et de l’agriculture ? >> En savoir plus

la chasse en enclos

ENFIN UNE LOI POUR RESTREINDRE
LA CHASSE EN ENCLOS !

Le 6 octobre dernier, une proposition de loi visant à limiter l’engrillagement des espaces naturels a été adoptée en première lecture par l’Assemblée nationale. L’ASPAS, qui mène une campagne active contre la chasse en enclos depuis 2019, regrette que le texte ne vise pas le principe même d’autoriser la chasse sur des animaux maintenus en captivité, mais se satisfait tout de même de certaines avancées annoncées. >> En savoir plus

sécheresse et chasse

SÉCHERESSE ET CHASSE :
LES PRÉFETS RÉPONDENT À L’ASPAS

Fin août, l’ASPAS écrivait à 84 préfectures de France ainsi qu’au ministre de l’Ecologie pour demander un report de l’ouverture de la chasse, après la sécheresse historique de cet été, les incendies et les canicules à répétition. Petit résumé des réponses obtenues… >> En savoir plus

tueur de rouges gorges

UN TUEUR DE ROUGES-GORGES
CONDAMNÉ À DE LOURDES PEINES

Des milliers de rouges-gorges et autres petits passereaux ont été piégés, mangés ou revendus par Max A. pendant plus de 40 ans, dans le Var. Dénoncé et traduit en justice, le braconnier a écopé de peines exemplaires lors d’un procès qui s’est tenu le 26 septembre à Toulon. L’ASPAS s’est portée partie civile dans cette affaire.
>> En savoir plus

bouquetins du bargy

UN NOUVEL ÉPISODE DRAMATIQUE DANS
LE FEUILLETON DES BOUQUETINS DU BARGY

Le triste feuilleton des bouquetins du Bargy continue. En juillet dernier, l’ASPAS vous invitait à participer à une consultation publique concernant un projet d’arrêté déposé par le préfet de Haute-Savoie pour autoriser l’abattage indiscriminé de 75 bouquetins dans le désormais tristement connu massif du Bargy. Et bien, en dépit de cette consultation publique qui s’est montrée défavorable, le préfet a bel et bien autorisé l’abattage indiscriminé de 75 individus. >> En savoir plus

SOUTENEZ LA CRÉATION DE REFUGE ASPAS !

Aidez le service juridique de l’ASPAS à créer des zones sans chasse pour assurer la préservation et la tranquillité de la faune sauvage.

Pour que la nature s’épanouisse, pour favoriser la biodiversité et pour plus de sécurité, l’ASPAS accompagne des particuliers et des organisations qui souhaitent interdire la chasse sur leur terrain.

loi pour interdire la corrida en France

Le 10 novembre, notre Président-fondateur, Thierry Bedossa, a été auditionné à l’Assemblée nationale en sa qualité de docteur vétérinaire et fervent protecteur des animaux, dans le cadre d’un projet de loi pour interdire la corrida en France.

A cette occasion, Thierry Bedossa a expliqué devant le député Aymeric Caron, porteur du projet de loi :

« Tout est fait pour que l’animal ressente de multiples douleurs et se trouve dans des états physiques et mentaux extrêmes. Tout est donc fait pour déclencher chez l’animal des réactions désespérées. L’animal est acculé, comme une proie chassée par un prédateur. Les principes d’humanité voudraient qu’on n’inflige pas de cruautés de manière aussi délibérée, réfléchie et calculée.

La corrida est considérée comme un symbole de virilité, mais c’est pour moi l’expression la plus haute de la lâcheté. Quelques mots de zootechnie (science et techniques de l’élevage) : les animaux domestiques sont soumis à des processus de sélection artificielle très intensifs. De la même manière qu’on fait de la sélection artificielle sur les chiens qui nous aident et nous sauvent (les chiens de guerre par exemple), ou les lignées de chiens de chasse qui sont entraînés pour être courageux et endurants face à la douleur, les taureaux de corrida sont eux aussi le fruit d’une pression de sélection artificielle qui les rend plus réactifs à la douleur. C’est donc la pire des barbaries.

Qu’on regarde les marqueurs biologiques ou comportementaux, la science invalide complètement tout ce processus barbare : comparez les comportements tout au long de sa vie d’un taureau avant qu’il ne combatte en arène, lorsqu’il a une vie sociale avec ses congénères, lorsqu’il est dans son lieu d’élevage et de vie, et vous verrez qu’à aucun moment, ce taureau n’aura les types de conduites qu’il a dans l’arène. Ses conduites sont celles d’un animal acculé, dans des états extrêmes de peur et de douleur, qui n’a que deux choix : ne rien faire, par résignation, ou se défendre. Mais a-t-on déjà organisé des corridas avec les portes de l’arène ouvertes ? A-t-on déjà laissé le choix à l’individu agressé de s’enfuir… ?  

De plus, aujourd’hui, il y a mille manières d’objectiver, selon la méthodologie scientifique moderne, les états de douleur et de souffrance de ces taureaux pendant le combat.

Dans notre société progressiste où l’on a de plus en plus de considération pour les animaux, comment peut-on encore être capable d’une telle cruauté ? Qu’est-ce que cela traduit de notre cerveau et de nos états mentaux ? Je parle aussi bien de ceux qui torturent que de ceux qui assistent à ce spectacle macabre. Quelles sont les valeurs de tous ceux qui s’inscrivent dans cette chaîne économique ? »

Ce projet de loi visant à interdire la corrida (et non les autres activités taurines) sera débattu à l’Assemblée nationale le 24 octobre. Si elle est adoptée, cette loi serait un pas considérable pour la cause animale et le symbole tant attendu d’un réel changement de paradigme. Nous espérons, en tout cas, y avoir contribué.