Espèces migratrices : pour s’orienter, mieux vaut avoir du nez !

espèces migratrices

Les chercheurs s’intéressent depuis bien longtemps aux capacités d’orientation et de navigation des espèces migratrices, avec parfois, la découverte de quelques surprises.

Le monde animal a la bougeotte. La majorité des espèces se déplacent de la zone où elles se reproduisent à celles où elles se nourrissent. Héritage probable d’une époque où elles ont dû s’adapter à l’alternance d’ères glaciaires et interglaciaires, selon les écologues.

Les records, attestés par GPS ? Pour les airs, la sterne arctique, avec ses 70.000 kilomètres de vol entre Arctique et Antarctique. Pour les océans, la tortue luth et ses 20.000 kilomètres parcourus pour rejoindre les plages de ponte. Et sur terre, c’est le caribou et ses 1.300 kilomètres effectués en ligne droite qui remporte la palme. Mais comment se repèrent-ils ?

« Connaître la direction à suivre est inné »

« Ne pas confondre orientation et navigation, prévient Francesco Bonadonna, du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE-CNRS) de Montpellier. Connaître la direction à suivre est inné, affiner sa course et l’optimiser, cela s’apprend. » Les oiseaux savent utiliser le soleil, dont le parcours constitue pour tous les êtres vivants une véritable horloge. « Il donne la direction à suivre de façon très précise selon les saisons », poursuit Francesco Bonadonna. Mais la nuit ?

L’étude d’étourneaux sous le faux ciel étoilé d’un planétarium montre qu’ils sont capables de se repérer sur des points fixes, telle l’étoile polaire. Les espèces nocturnes ont également développé la faculté d’utiliser l’intensité, la direction et l’inclinaison du champ magnétique terrestre. Mais celui-ci n’est pas l’outil majeur des migrateurs. C’est ce qu’a prouvé en 2015 une équipe internationale, qui a publié ses résultats dans Scientific Reports.

L’odorat est primordial

Nous avons déplacé des puffins dorés de 400 kilomètres à l’est par rapport à leurs nids des Açores. Dans un premier groupe, les oiseaux ont été laissés à leur comportement habituel ; ceux d’un deuxième ont été équipés d’un aimant annulant la perception du champ magnétique ; dans le troisième, les puffins ont été temporairement privés d’odorat, raconte Francesco Bonadonna, co-auteur de ce travail. Les deux premiers groupes ont retrouvé sans encombre le chemin du nid, tandis que leurs congénères sans olfaction ont tourné en rond… jusqu’à ce qu’ils retrouvent ce sens. » Conclusion : l’odorat est primordial.

Mais à côté de l’héritage génétique, il faut aussi compter sur l’expérience qu’apporte la navigation. Les oiseaux effectuant leur première migration ne savent pas modifier leur itinéraire quand le vent, par exemple, les dévie. En revanche, les adultes, qui ont appris de leurs tribulations précédentes, peuvent corriger leur trajectoire… pour un voyage à moindre effort.

« Notre relation perverse aux espèces vivantes »

femmesicietailleurs

Cette expression d’Emmanuele Coccia invite à passer de l’écologie punitive à une « érotique planétaire ». Mais elle nous renvoie à ce que Vandana Shiva appelle les « monocultures de l’esprit » donnant à comprendre cette « perversité ». (Gilles Fumey)

Manouk BORZAKIAN (Lausanne), Gilles FUMEY (Sorbonne Univ./CNRS). Renaud DUTERME (Arlon, Belgique), Nashidil ROUIAI (Université de Bordeaux).

monocultures_de_l'esprit

 

 

© https://femmesicietailleurs.com/

Donnons raison au philosophe E. Coccia sur la crise écologique que nous vivons qui doit « être lue comme une relation érotique et sentimentale en crise » [1]. Mais s’il faut « traiter toutes les espèces comme nous traitons nos chiens. Et inversement, de nous laisser traiter comme des chiens, des animaux de compagnie, par toute autre espèce de la Terre », alors il nous faut comprendre ce que nous avons fait à la planète. Ou plutôt ce que certains Etats, certaines entreprises (plutôt multinationales) ont fait depuis deux siècles au moins. Par un système productiviste, inventé aux Pays-Bas au XVIIe siècle, mis en œuvre par les Européens sur le modèle de la plantation tropicale. Un modèle qui exportait dès le XVIIIe siècle les monocultures dans les colonies convoitées alors pour leur biodiversité, leur main d’œuvre, la facilité à voler des terres aux autochtones avec la complicité de petits et grands mafieux locaux.

L’une des pratiques perverses a été de faire disparaître la diversité de notre perception. La biologiste indienne, militante écologiste et écoféministe d’influence mondiale, Vandana Shiva, stigmatise ces monocultures qui ont fait et font disparaître la diversité du monde : « La disparition de la diversité est aussi une disparition des alternatives laissant place au syndrome TINA (there is no alternative). Ce syndrome est si fréquent aujourd’hui que le déracinement total de la nature, de la technologie, des communautés et de la civilisation toute entière est justifié par l’idée qu’il n’y a pas d’alternative ».

Vandana Shiva montre comment dans la région himalayenne du Garhwal, les femmes paysannes perdent la main sur l’approvisionnement en eau, la conservation des sols, et toutes les communautés d’espèces apportant nourriture, fourrage, fertilisant, fibre et combustibles nécessaires à la vie locale. La Révolution verte – qui est, rappelons-le, une catastrophe environnementale et sanitaire – a été le bon filon pour introduire des monocultures et détruire la biodiversité, créer un contrôle centralisé de l’agriculture, éroder les prises de décision décentralisées paysannes. Une uniformisation et une centralisation qui ont conduit à la vulnérabilité et la dégradation sociale et écologique.

Que disent pourtant les paysans indiens ? Les forêts nous apportent un sol, de l’eau et de l’air pur. Que disent les scientifiques avec les techniciens ? Les forêts nous apportent de la résine et du bois. Ainsi, les mouvements Chipko et Appiko des communautés agriculturelles ont dû lutter en Indonésie pour garder la terre de leurs ancêtres, la protéger des destructions des collines, des contaminations des rivières et des ruisseaux, des profanations des tombes sacrées des ancêtres, des massacres des animaux et des arbres.

Vandana Shiva va plus loin. Pourquoi les plantes populaires sont devenues des « mauvaises herbes détruites avec des poisons » ? Le cas de la bathua, un légume feuillu très riche en vitamine A et mangé avec le blé, est édifiant. Cette plante a été considérée comme une « mauvaise herbe » à détruire à l’herbicide. N’est-ce pas scandaleux alors que quarante mille enfants en Inde deviennent aveugles chaque année par manque de vitamine A ?

Détruire la diversité pour augmenter la productivité

Protéger la biodiversité, c’est produire des alternatives, protéger les semences natives. C’est dénoncer le mythe selon lequel les monocultures seraient essentielles pour résoudre les problèmes de pénurie. Pénurie de bois de chauffe sans monoculture ? Faux ! Famines sans monoculture ? Faux !

Dans un programme des Nations unies sur « les systèmes de connaissance comme systèmes de pouvoir », Vandana Shiva montre que les monocultures sont imposées en pariant sur un déclin des rendements et de la productivité des cultures paysannes. Ce qui est faux sur le moyen et long terme. Les monocultures sont pratiquées par les politiques, les entreprises de biotechnologies et la finance internationale. Elles sont nocives car elles touchent un patrimoine libre et commun de l’humanité, lorsqu’elles traitent les ressources (l’eau, les sols, les semences…) comme une propriété privée et comme des marchandises.

Contre les monopoles

Il faut s’opposer à la notion d’obsolescence de la biodiversité vivante que véhicule le paradigme des monocultures. C’est cela qui conduit aux droits monopolistiques sur le contrôle de la biodiversité. Car pour Vandana Shiva, biologiste, rappelons-le, « la révolution génétique nous menace de catastrophes imprévues ». C’est pourquoi chaque graine de semence indigène alimente le système de résistance contre les monocultures et les droits de monopole. Les brevets qui justifient l’innovation interdisent les échanges scientifiques qui sont contrôlés.

Les brevets et les droits de propriété intellectuelle peuvent être vus comme une « déclaration de territoire » qui crée un monopole, garantit des profits en excluant les autres des droits et de l’accès aux moyens de survie. L’Inde paie, ainsi, des milliards de dollars à des firmes américaines alors qu’elle croule sous les dettes. Les Etats-Unis qui se disent victimes de pertes en redevance de produits chimiques sont, en réalité, redevable, selon le Fonds international d’avancée rurale, de 302 millions de dollars pour les redevances agricoles et plus de 5 milliards de dollars pour les produits pharmaceutiques.

Les riches commandent

En prenant la richesse biologique qui est inégalement répartie dans le monde, concentrée dans les pays tropicaux pauvres, on constate que les plans de conservation de cette biodiversité viennent des pays du Nord. Ainsi, les plantations d’eucalyptus encouragées par le Nord poussent à l’extinction les espèces locales nécessaires aux besoins locaux. Les « miracles » de la Révolution verte étaient vantés grâce à la « supériorité » des cultures « avancées » sur les cultures indigènes. On a communiqué sur une notion comme le « haut rendement » des variétés, mais la définition d’un « haut » rendement n’existe même pas. Le même raisonnement a été appliqué aux animaux. Alors que les deux-tiers des besoins énergétiques des villages indiens sont satisfaits par 80 millions d’animaux de trait (dont 70 millions sont des mâles, considérés par l’Occident comme des animaux « inutiles » car à faible rendement laitier). Le bétail excrète pourtant 700 millions de tonnes de fumier par an, récupérable comme combustible soit 68 millions de tonnes de bois, une ressource rare en Inde, l’autre moitié comme engrais, sans parler des sous-produits comme les cuirs. Un système hautement efficace qui a été démantelé au nom du « développement ».

Mahatma Gandhi s’est battu contre le colonialisme qui détruisait l’industrie textile locale. Combien de fois a-t-il expliqué que ce qui est bon à un endroit ne l’est pas ailleurs ? « La nourriture d’un humain est souvent le poison d’un autre » (V. Shiva). Gandhi défendait le rouet contre l’industrie imposée au nom d’un faux universalisme propre aux concepts de développement scientifique et technologique. Aujourd’hui, les semences des agricultrices sont rendues obsolètes par les technologies et l’industrie des semences. Que les biotechnologies puissent produire des semences qui ne se reproduisent pas (alors que, par définition, une semence est régénératrice) relève d’autant plus de la perversité que la nouvelle semence a besoin d’intrants chimiques pour produire… On délocalise ainsi la production de semences de la ferme vers le laboratoire, et donc du Sud vers le Nord.

Ainsi, nous détruisons des moyens d’existence et de subsistance en érodant les ressources biologiques des populations et leurs capacités à répondre à leurs besoins en se régénérant et se renouvelant. Là est la perversité.

L’Etat cède aux chasseurs en Martinique

martinique-2

Le Préfet de Martinique a soumis un projet d’arrêté ré-autorisant la chasse de 11 espèces d’oiseaux, pourtant suspendue en septembre dernier par la justice.

Suite à un recours en référé des associations LPO, ASPAS, AMAZONA, le Carouge, AEVA et ASFA, déposé le 31 août dernier, le Tribunal administratif de la Martinique avait suspendu le 21 septembre 2022 l’exécution de l’arrêté préfectoraldu 19 juillet 2022 relatif à l’ouverture et la clôture de la chasse pour la campagne 2022-2023 dans le département, en tant qu’il autorisait la chasse des espèces suivantes : Pigeon à cou rouge, Moqueur corossol, Pluvier bronzé, Pluvier argenté, Bécassin roux, Chevalier à pattes jaunes, Chevalier semipalmé, Bécasseau à poitrine cendrée, Bécasseau à échasses, Bécassine de Wilson, Maubèche des champs et Sarcelles à ailes bleues.

Compte tenu des éléments relatifs au statut de conservation de ces 12 espèces en Martinique versés au dossier par nos associations, le tribunal avait jugé urgent de suspendre avec effet immédiat leur chasse ouverte depuis le 31 juillet 2022, jusqu’à ce qu’il soit statué au fond sur sa légalité. Sans attendre ce jugement, et suite à des manifestations locales de chasseurs, le préfet de Martinique vient de soumettre un autre projet d’arrêté qui autorise à nouveau la chasse dans les mêmes conditions de 11 des 12 espèces, seul le Bécassin roux étant épargné.

Nos associations invitent les citoyens à participer à la consultation publique en ligne ouverte jusqu’au 8 novembre 2022 pour signifier leur opposition à cet arrêté, et déposera un nouveau recours s’il est publié.

Pour rappel, le juge avait considéré que les quotas de prélèvements fixés par l’arrêté en litige étaient largement excessifs par rapport à la limite de mortalité admissible sans risque d’atteinte à la conservation des espèces. Le Pigeon à cou rouge et le Moqueur corossol sont des espèces peu communes, fragiles et inscrites sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), tandis que la population des limicoles rencontrés sur le territoire martiniquais est en déclin de 52%.

Chasse à l’alouette en France : autorisations suspendues par la justice

alouette des champs

Le Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative française, saisi en urgence par les défenseurs de la nature, a suspendu vendredi des arrêtés autorisant des formes de chasse de l’alouette qui peuvent être illégales au regard du droit européen.

Le juge des référés du Conseil d’Etat, saisi par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et One Voice, a estimé que les arrêtés pris par le gouvernement français le 4 octobre risquaient de contrevenir au droit européen et qu’il existait ainsi « un doute sérieux quant à leur légalité », selon la décision consultée par l’AFP.

« Le Conseil d’État inflige un énième camouflet (au président français) Emmanuel Macron qui s’obstine à vouloir autoriser ces pratiques moyen-âgeuses, et déjà jugées illégales, sous la pression des chasseurs », a réagi sur Twitter la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).

« Mon rêve serait que le ministère de la Transition écologique se préoccupe des oiseaux en train de disparaître plutôt que d’offrir des loisirs aux chasseurs », a déclaré à l’AFP la présidente de One Voice, Murielle Arnal.

Un an plus tôt, en octobre 2021, les décrets autorisant ces chasses traditionnelles à l’alouette ainsi que pour d’autres oiseaux (grives, merles noirs, vanneaux, pluviers dorés) avaient été suspendues pour le même motif via la procédure d’urgence du référé.

Le débat sur le fond du dossier, qui n’a toutefois pas encore eu lieu, est prévu lundi devant le Conseil d’Etat.

Malgré la suspensions des décrets pris pour la saison de chasse 2021-2022, le gouvernement avait repris des décrets d’autorisations pour la capture de l’alouette « à l’aide de paires de filets horizontaux ( » pantes « ) », selon un premier arrêté, concernant les départements de la Gironde, des Landes, du Lot-et-Garonne et des Pyrénées-Atlantiques (sud-ouest), pour la période « du 1er octobre au 20 novembre ».

Un deuxième arrêté précisait le nombre de captures autorisées avec des pantes pour la saison 2022-2023, soit jusqu’à 56.672 dans les Landes.

Un autre texte autorisait cette fois la chasse à l’aide de cages pièges (« matoles »), « dans des conditions strictement contrôlées », « dans les départements des Landes et du Lot-et-Garonne du 1er octobre au 20 novembre ».

La directive européenne « oiseaux » de 2009 interdit les techniques de capture massive d’oiseaux sans distinction d’espèces. Une dérogation est possible « à condition d’être dûment motivée et dès lors « qu’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante » pour capturer certains oiseaux ».

Or, estime le juge, « le ministre n’a pas démontré que ces méthodes de chasse traditionnelles seraient les seules permettant de capturer des alouettes des champs dans ces départements », un résultat qui peut être obtenu « par la chasse au tir ou l’élevage », selon un communiqué du Conseil d’Etat.

De plus, le juge « relève que les méthodes ainsi autorisées conduisent à la capture d’autres oiseaux, et ne peuvent pas être considérées comme sélectives », puisqu’« au moins 15 à 20 % d’autres espèces d’oiseaux sont en effet capturés par des matoles ».

Agence France-Presse

 

Une nouvelle saison chez les éleveurs pour prévenir la prédation du loup : weekend bilan 22/23 octobre

férus s'oppose aux tirs

L’association FERUS s’oppose aux tirs de loups, dont l’efficacité n’a été prouvée par aucune étude, et œuvre pour la coexistence loup / troupeaux. Depuis 1999, elle a mis en place un programme de soutien chez les éleveurs et bergers en zone à loups. Le programme PastoraLoup propose ainsi une aide complémentaire pour la protection des troupeaux. Afin de réduire les dommages et la vulnérabilité des animaux domestiques, il s’agit pour les personnes bénévoles de renforcer la présence humaine auprès du cheptel et participer aux divers travaux pastoraux nécessités par la présence du loup.

Bilan 2022 (début mai à octobre) :

=> 68 bénévoles

=> 15 éleveurs

=> 5 départements (Alpes de Haute-Provence, Var, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Drôme)

=> 3 stages de formation des bénévoles

=> 487 nuits/jours de surveillance

=> 5 chantiers d’entretien de clôtures et 1 chantier de création de parc

Comme chaque année, la présence humaine renforcée auprès des troupeaux a permis de réduire drastiquement les tentatives de prédation des loups. En présence de nos bénévoles, les attaques sont très rares, les animaux tués encore plus.

Un parc pour les chevaux

Suite à un appel d’une éleveuse de chevaux à venir la sortir d’une situation de stress permanent, FERUS, via son programme Pastoraloup, a proposé à cette habitante de Grane (sud Drôme) de venir mettre en place un parc de protection efficace cet automne.

Dans un premier temps, les bénévoles de PastoraLoup se sont succédé pour soulager les nuits de l’éleveuse en venant dormir au cœur de l’exploitation, en attendant l’arrivée des poteaux, de la clôture (URSUS à 150 cm de hauteur) et des fils électriques. Le chantier a ensuite pu démarrer, parfois dans des conditions de vie rustiques et sous le regard professionnel d’un bénévole électricien à la retraite.

L’éleveuse est aujourd’hui rassurée et sait désormais ses poulains de frisons à l’abri de la prédation.

Bien sûr, FERUS a conscience qu’il ne s’agit pas d’une baguette magique transposable à l’infini, notamment sur de l’élevage extensif ovin transhumant. Mais au moins pour ces éleveurs qui ont choisi de sédentariser leur exploitation sur du foncier autour de la ferme, la solution évite de réfléchir vers la logique absurde de régulation de l’espèce loup.

Invitation week-end bilan

La saison PastoraLoup 2022 s’achève. Nous organisons notre week-end bilan ces 22 et 23 octobre dans le Vaucluse (Mont Serein). Nous vous invitons à venir nous rencontrer le samedi 22 après-midi pour un moment d’échanges et de bilan, avec la présence des bénévoles notamment (le dimanche sera consacré à une balade). Si vous souhaitez venir, merci de contacter Fannie : 0750699890 ou fannie.malet@ferus.org

Ours : les tirs d’effarouchement en voie d’être validés par le Conseil d’Etat ?

ours_tirs d'effarouchement

Le Conseil d’Etat pourrait finalement valider la possibilité de recourir à des tirs pour effrayer les ours bruns en France.

Après plusieurs révocations, la possibilité de recourir à des tirs pour effrayer les ours bruns en France pourrait cette fois être autorisée par le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative en France, d’après les recommandations rendues le 12 octobre par le rapporteur public.

Effarouchement simple et effarouchement renforcé

Plusieurs associations de défense des animaux avaient saisi la justice pour faire annuler un arrêté du 31 mai 2021 autorisant « à titre expérimental » les préfets à accorder des dérogations permettant « l’effarouchement simple à l’aide de moyens sonores, olfactifs et lumineux » des plantigrades, mais aussi « l’effarouchement renforcé à l’aide de tirs non létaux » (cartouches à double détonation ou balles en caoutchouc).

Le rapporteur public a estimé que ce nouvel arrêté, précisant notamment les conditions dans lesquelles ces tirs d’effarouchement seront réalisées (en binôme, jamais en dessous d’un angle de 45 degrés par rapport au sol, sans qu’aucune munition létale ne soit en possession des personnes procédant aux tirs …), répondait aux critiques concernant le « manque d’encadrement suffisant » qui avaient motivé ses précédentes décisions. Il a donc préconisé le « rejet de la requête » et la décision a été mise en délibéré.

L’avocat de l’association One Voice, Me Antoine Lyon-Caen, a mis en avant le « principe de précaution » concernant notamment l’impact, pour l’instant insuffisamment documenté, de ces tirs sur les ours, notamment sur les femelles enceintes ou accompagnées de nourrissons. « Nous pensons que la précaution doit prévaloir et nous allons continuer à mener le combat pour protéger les ours« , a pour sa part réagi Muriel Arnal, présidente de One Voice, qui va demander le renvoi de la question devant la cour de justice de l’Union européenne.

Des tirs régulièrement critiqués

Ces mesures d’effarouchement ont été mises en place à titre expérimental en 2019 par le gouvernement dans le but de prévenir les attaques de troupeaux dénoncées par les bergers. Elles ont depuis été reconduites chaque année à titre expérimental. En juin, un arrêté a toutefois prévu de les pérenniser.

Les tirs non létaux sont régulièrement dénoncés par les défenseurs de l’ours, une espèce menacée en France, qui ont gagné plusieurs fois devant la justice. La dernière victoire en date au niveau du Conseil d’État remontait au 25 avril, après des annulations en 2020 et 2021 des arrêtés de 2019 et 2020. Le 24 août, le tribunal administratif de Toulouse avait invalidé l’arrêté préfectoral autorisant ces tirs en Ariège, où vivent la plupart des ours des Pyrénées.

Les ours étaient au bord de l’extinction au milieu des années 1990 avec cinq individus, avant la mise en place d’un programme de réintroduction. La population est désormais estimée à 70 ours en 2021 contre 64 en 2020, selon l’Office français pour la biodiversité (OFB), mais le « sort de la population reste incertain« . Cette augmentation du nombre d’ours s’est accompagnée d’une levée de boucliers des éleveurs accusant les plantigrades d’attaquer les troupeaux.

Source : Sciences et Avenir

Bouquetins du Bargy : l’inacceptable abattage d’une espèce protégée

bouquetin du Bargy

Sous la pression des éleveurs et élus locaux, le préfet de Haute-Savoie a interdit pendant 2 jours l’accès du public au Massif du Bargy pour faire procéder à la destruction de 75 bouquetins, alors que l’immense majorité est saine.

Comme le loup, le Bouquetin des Alpes a bien failli disparaître de France durant le siècle dernier, victime d’une chasse impitoyable, avant d’être protégé au niveau international à partir des années 1960 et de bénéficier de la création des grands parcs nationaux alpins, comme celui de la Vanoise. En dépit de ce statut, des dérogations préfectorales ont été obtenues dans le Massif Haut Savoyard du Bargy pour éliminer des bouquetins à la demande des éleveurs et des producteurs de reblochon locaux dans le but d’éradiquer un foyer de brucellose, une maladie infectieuse potentiellement transmissible au bétail et à l’homme.

Après l’apparition d’un nouveau cas chez un bovin en novembre 2021, la préfecture de Haute-Savoie avait ainsi signé le 17 mars 2022 un arrêté préfectoral autorisant l’abattage indiscriminé d’un maximum de 170 bouquetins, ce qui compte tenu du taux de prévalence de la maladie estimé à 4%, revenait à tuer plus de la moitié de la population locale d’environ 300 individus pour en éliminer quelques malades. Suite à des recours de la part d’associations de protection de la nature, dont la LPO et FNE, ce projet a été suspendu le 17 mai 2022 par une ordonnance du tribunal administratif de Grenoble.  

bouquetin_2

En dépit de cette décision de justice, le préfet de Haute-Savoie a déposé un nouveau projet d’arrêté en juillet 2022 pour autoriser l’abattage des bouquetins qui n’ont pas encore pu être capturés et testés, soit 75 individus, ce qui demeure inacceptable. Bien que la consultation publique ait recueilli 88% d’avis défavorables, le préfet a choisi de l’ignorer pour confirmer l’arrêté dans sa version initiale sans le publier et vient d’ordonner au dernier moment la fermeture au public du Massif du Bargy entre le 16 et le 18 octobre pour procéder à l’abattage des bouquetins sans risquer d’interposition d’opposants au projet. Les pouvoirs publics ne tiennent compte ni des concertations effectuées par leurs soins, ni de la science. 

Effectivement, le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) avait émis un nouvel avis défavorable à ce projet le 16 juin 2022. Depuis le printemps 2022, 170 bouquetins ont été capturés et il a été constaté que plus de 95% n’étaient pas porteurs de la maladie. Selon les experts, l’infection devrait s’éteindre naturellement à condition de respecter un certain nombre de mesures de prudence et de bio-surveillance au cours des années à venir. Si l’euthanasie d’animaux avérés séropositifs est acceptable, l’abattage indiscriminé d’individus sains est inutile, de plus le ciblage des femelles en âge de procréer a pour effet de désorganiser la hiérarchie sociale dans les hardes et contribue à la contamination de davantage d’individus. La faune sauvage ne peut être traitée au même titre que les animaux élevages en cas d’épidémie en requérant à des abattages massifs au nom du principe de précaution.

Et si les agents de l’OFB refusaient d’appliquer des ordres contre nature ?

Photo : lebruitduvent.overblog.com

ARTICLES PRÉCÉDENTS

Abattage des bouquetins

Biodiversité : chute des populations de vertébrés, rôle croissant du réchauffement climatique… Ce qu’il faut retenir du rapport « Planète vivante » du WWF

wwf 83%94%69%

 

Tous les deux ans, l’ONG analyse la perte de la biodiversité à l’échelle planétaire, afin de « poser les jalons d’actions à venir en fournissant des éléments de réflexion ».

Marie-Adélaïde Scigacz

grenouille dans la loire

France TélévisionsUne grenouille dans la Loire, à Ancenis (Loire-Atlantique), le 11 août 2020. (SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP)

Gorilles des plaines, lynx, requins, coraux… « Les icônes de la biodiversité, aussi précieuses qu’indispensables à l’équilibre de nos écosystèmes, diminuent à un rythme alarmant. » Le rapport « Planète vivante », publié tous les deux ans par le WWF, dresse un état des lieux de la biodiversité mondiale et de la santé de la planète. Dans la dernière édition, rendue publique jeudi 13 octobre, l’association s’inquiète d’une « baisse dévastatrice » des populations de vertébrés – poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles – à travers le monde.

Arguant que « les déclins d’abondance sont des indicateurs d’alerte précoce de la santé globale de l’écosystème », l’ONG appelle les gouvernements à adopter « un accord mondial ambitieux pour sauver les espèces sauvages », à l’occasion de la 15e Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (COP15), à Montréal, en décembre. Mais avant, voici ses conclusions.

69% des populations d’animaux vertébrés ont disparu entre 1970 et 2018

C’est un « chiffre alarmant », a commenté le directeur des programmes de l’ONG, Arnaud Gauffier, à l’occasion de la présentation du rapport à la presse, lundi : entre 1970 et 2018, les populations de vertébrés ont chuté de 69%. Dans son édition précédente, publiée en 2020, l’ONG chiffrait ce déclin moyen des populations – à travers son indice Planète vivante, ou « IPV » – à 68%, contre 50% en 2012. Cet indice, calculé à partir de données scientifiques collectées sur 32 000 populations de plus de 5 230 espèces de vertébrés, résume les variations de populations d’animaux suivis dans le monde. Plus il est élevé, plus l’espèce est menacée. Passer d’un IPV de 68% à 69% en deux ans, « c’est colossal », a remarqué Arnaud Gauffier. « Le fait que cet indice ne s’améliore pas est catastrophique en soi. »

Le rapport pointe des exemples d’espèces « en sursis », qui ont enregistré depuis 1970 un inquiétant déclin : la population du gorille des plaines orientales a chuté de 80%, celle des éléphants de forêt africains de 86%. Les coraux d’eau chaude ont perdu 50% de leur population, et les raies et requins océaniques sont en déclin de 71%, lit-on aussi dans le rapport.

Le réchauffement climatique menace de plus en plus la biodiversité

La destruction des habitats liée à la conversion de sols au profit de l’agriculture et de l’alimentation, la surexploitation des espèces et des ressources, les pollutions, l’introduction d’espèces étrangères invasives et le réchauffement climatique sont les principales menaces qui pèsent sur la biodiversité. Si le changement d’utilisation des terres demeure le principal facteur de perte de biodiversité, le réchauffement climatique joue un rôle de plus en plus important dans l’effondrement d’espèces de vertébrés, alerte le rapport.

« Si nous ne limitons pas le réchauffement à 1,5°C, le changement climatique deviendra sûrement la principale cause de perte de biodiversité au cours des prochaines décennies. »

WWF dans son rapport « Planète vivante » 2022

Crise climatique et effondrement de la biodiversité « constituent les deux faces d’une même pièce », assure encore le WWF. La hausse de la température globale moyenne, qui a augmenté de 1,2°C depuis le début de l’ère industrielle, entraîne déjà « des phénomènes de mortalité massive, ainsi que les premières extinctions d’espèces », explique le rapport, pour lequel « chaque degré supplémentaire devrait accroître ces pertes ».

En guise d’exemple, le document cite notamment les coraux d’eau chaude. Environ la moitié d’entre eux « ont disparu pour diverses raisons », explique le WWF, qui craint que le réchauffement climatique n’assène le coup de grâce« Un réchauffement de 1,5°C entraînera une perte de 70 à 90% des coraux d’eau chaude et un réchauffement de 2°C entraînera une perte de plus de 99%. »

De même, en France, les tortues luth, présentes notamment dans le détroit du fleuve Maroni à la frontière entre la Guyane et le Suriname, ont vu leur population s’effondrer de 95%, sous les effets combinés de captures accidentelles liées à la pêche illégale et de la hausse des températures qui déséquilibre le ratio entre naissances de mâles et de femelles. Aussi, « si nous continuons d’aborder ces urgences comme deux problèmes distincts, aucune des deux ne sera traitée efficacement », martèle le rapport, qui pointe le rôle des écosystèmes dans la lutte contre le réchauffement climatique. 

tortue luth

Une tortue luth sur la plage de la réserve naturelle de l’Amana, en Guyane, en 2011.  (JOBARD / COEUR DE NATURE / SIPA)

 

10 millions d’hectares de forêts disparaissent chaque année

Les forêts et autres mangroves sont d’indispensables puits de carbone, détaille le WWF. « Chaque année, nous perdons environ 10 millions d’hectares de forêts, soit une superficie équivalente à celle du Portugal », alerte-t-il, soulignant l’interdépendance des crises du climat et de la nature, mise en lumière par un premier rapport conjoint du Giec et de l’Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services (IPBES)* – souvent qualifié de « Giec de la biodiversité » – en 2021.

L’ONG pointe par ailleurs les bénéfices à agir de manière coordonnée sur ces deux fronts : « Les aires protégées et gérées par les communautés locales montrent une biodiversité florissante, la restauration des écosystèmes par les solutions fondées sur la nature est bénéfique pour la biodiversité et aussi pour le climat (…) », souligne-t-elle. 

Dans ce contexte, le WWF juge « primordial de parvenir au même degré d’implication [dans la lutte contre l’effondrement de la biodiversité] que nous commençons à observer autour de l’action climatique » et promeut l’objectif d’un « bilan nature positif d’ici à 2030 ». Le but est d’inverser la courbe des populations d’ici à huit ans, afin de « retrouver des niveaux de biodiversité satisfaisants en 2050 », a résumé face à la presse la directrice générale de l’ONG, Véronique Andrieux, dressant le parallèle avec l’ambition « net zéro » exigée des acteurs du climat.

Les écosystèmes d’eau douce sont durement touchés

Les milieux d’eau douce, qui accueillent « une riche biodiversité, dont un tiers d’espèces de vertébrés », sont particulièrement concernés par cette dégradation, avec une baisse moyenne des populations établie à 83%, selon le WWF. 

Pour expliquer cette situation, l’ONG cite entre autres les pollutions – comme les pesticides, les plastiques ou encore les rejets industriels et agricoles –, les prélèvements d’eau ou la modification des débits, la surexploitation des espèces, ainsi que l’introduction d’espèces envahissantes. « Les milieux d’eau douce étant fortement connectés, les menaces peuvent facilement se déplacer d’un endroit à l’autre », explique-t-elle dans ce rapport, qui rapporte que l’IPV des poissons d’eau douce migrateurs montre un déclin moyen de 76% entre 1970 et 2016.

« Seuls 37% des fleuves de plus de 1 000 km sont encore ‘naturels’ sur toute leur longueur », souligne le rapport, et les espèces d’eau douce, notamment les poissons migrateurs, se heurtent à « la présence de barrages et de réservoirs [qui constituent] une menace pour leur survie ». Grâce à la suppression de deux barrages et au réaménagement d’autres barrages dans une rivière du nord-est des Etats-Unis, les populations de gaspareaux, des harengs des rivières, ont pu se reconstituer, détaille le rapport. Ils sont passés « de quelques centaines à près de 2 millions en cinq ans, ce qui a permis la reprise de la pêche ».

L’Amérique latine est la région la plus affectée

Selon le WWF, la situation diverge grandement d’un écosystème à l’autre. Les menaces et leur intensité varient aussi en fonction des aires géographiques. « Les menaces liées à l’agriculture, à la chasse et à l’exploitation forestière sont principalement présentes dans les tropiques, tandis que les points chauds de la pollution prédominent en Europe« , explique-t-il. Cependant, c’est en Amérique latine-Caraïbes que l’abondance moyenne des populations connaît le plus grand déclin régional, avec un IPV de 94% entre 1970 et 2018, prévient l’ONG. Vient en seconde position l’Afrique (66%), suivie de l’Asie et du Pacifique (55%), de l’Amérique du Nord (20%) et enfin de l’Europe (18%).

En Amazonie, « les dernières recherches indiquent que nous nous approchons dangereusement d’un point de bascule au-delà duquel notre plus grande forêt tropicale humide ne fonctionnera plus », met en garde le rapport. 

zone déboisée

Cette photo aérienne montre une zone déboisée près de Sinop, dans l’État du Mato Grosso, au Brésil, le 7 août 2020. (FLORIAN PLAUCHEUR / AFP)

Suite au tir d’une louve dans le Doubs, le Pôle Grands Prédateurs se désengage de la problématique de la protection des troupeaux afin de ne plus cautionner le système actuel

LOUVE DANS LE DOUDS

Un loup, une louve en l’occurrence, a été tuée en ce mois de septembre dans le Haut Doubs sur décision préfectorale. Une de plus sur la liste sans fin des individus abattus de cette espèce protégée, au niveau européen et national, depuis l’instauration du « retour à la chasse du loup en France » par le duo Royal/Hollande pendant le mandat présidentiel de ce dernier.

Pour le Pôle Grands Prédateurs c’est une de trop !

En effet, depuis 15 ans, l’association a initié la mise en place des moyens de protection des troupeaux sur l’ensemble du massif jurassien et tenu à bout de bras les actions s’y rapportant. Il n’existait rien, nous l’avons fait : création d’un pôle reproduction de chiens de protection, création de panneaux d’information, sessions d’information à la connaissance et l’utilisation des chiens pour les éleveurs, les services de l’Etat et les agents administratifs, mise en place et suivi de chiens dans les exploitations, accompagnement des éleveurs connaissant des problèmes (avec des déplacements à chaque sollicitation quels que soient, le lieu, le jour et l’heure), mise à disposition de matériel pour les éleveurs, travail sur la création d’une filière de chiens de protection, participation à des réunions d’information dans les villages, communication sur le rôle des chiens de protection (conférences, animations scolaires dans les établissements, sorties de terrain avec des classes à la rencontre d’éleveurs utilisateurs de chiens, transmission d’informations dans les médias…l’action du PGP a même été présentée sous forme de BD dans le journal de Spirou en 2009), participation à d’innombrables réunions, commissions, cellules de crise.

Nous avons réalisé une étude inédite au niveau mondial sur l’efficacité des chiens de protection face à la prédation du lynx et effectué le premier recensement de chiens présents sur l’ensemble du massif jurassien en 2009/2010, conçu et distribué un livret sur la connaissance du chien de protection et sa mise en place dans le Jura aux éleveurs, services administratifs, monde agricole et ministères concernés.

Le Pôle Grands Prédateurs a été l’unique association française de protection de la nature conviée à la rédaction de l’ouvrage « Protection des troupeaux contre la prédation » co-édité par le Centre d’Etudes et de Réalisations Pastorales Alpes-Méditerranée (Cerpam).

Afin de diffuser largement le retour d’expérience des éleveurs utilisateurs de chiens de protection du massif jurassien, le PGP a réalisé le documentaire « Sentinelles des troupeaux » en 2016. Dans ce film, les éleveurs impliqués dévoilent l’impact positif produit par l’intégration de chiens dans leurs troupeaux et évoquent leur tranquillité, comme celle de leurs animaux, grâce à une protection efficace.

Le documentaire est utilisé pour la communication de l’association (projections, conférences, animations) mais également par d’autres structures (OFB pour certaines formations et la Fédération Française des Milieux Montagnards pour des modules sur les chiens de protection).

Ce petit inventaire, non exhaustif, des actions menées par le PGP en matière de protection des troupeaux démontre l’implication de l’association dans cette problématique et son rôle moteur dans l’organisation et la mise en place de moyens dédiés à celle-ci sur tout le massif jurassien depuis 2007.

Pendant toutes ces années, nous avons été entre le marteau et l’enclume : entre les services de l’Etat et les syndicats agricoles pour faciliter les échanges, intervenir lors des périodes de crise, informer les médias et contribuer à l’instauration d’aides en faveur du monde agricole. Nous avons très largement soulagé l’Etat dans sa mission d’accompagnement du retour des grands prédateurs.

Toutes ces actions avaient un sens et les résultats positifs obtenus, après des années de travail dans des conditions très difficiles, validaient l’engagement du Pôle Grands Prédateurs qui est devenu la structure référente en matière de protection des troupeaux, bien au-delà des frontières du massif jurassien.

Mais depuis plusieurs années maintenant, avec le retour du loup et malgré nos interventions pour demander à chaque acteur de la problématique d’anticiper cette arrivée en adaptant les moyens de protection existant, rien n’a été fait !

Deux dates clés le démontrent clairement :

En 2007, suite à une attaque de loup sur ovins dans le Haut-Jura, nous sommes intervenus chez le couple d’éleveurs pour la mise en place de moyens de protection. Les éleveurs ont rapidement décidé de cesser l’élevage de moutons pour garder uniquement des bovins. Mais il y a aussi potentiellement un risque d’attaque du canidé sur les jeunes bovins.

C’est ainsi que dès 2008, la Chambre d’agriculture du Jura a organisé à Lons le Saunier une journée d’information sur le retour du loup dans le massif jurassien. Tous les acteurs concernés étaient présents à cette journée, y compris le PGP bien entendu, et l’un des points forts était l’intervention d’un éleveur suisse utilisant des chiens de protection avec ses bovins dans une zone de présence de loup. L’objectif de cette journée était de sensibiliser le monde agricole sur le retour du loup et de mettre en place des moyens de protection adaptés. Depuis cette  journée, rien n’a été fait…c’était il y a 14 ans !

 

En 2013, proposition du PGP de former un couple de chiens multi-troupeaux pour intervenir en urgence chez les éleveurs en cas de problèmes avec le loup. Comme nous l’avions fait précédemment avec un seul chien pour le lynx, et ce procédé a été couronné de succès. Domino, le chien chargé de cette action, a donné satisfaction à tous les éleveurs chez qui il avait été placé, repoussant les tentatives de lynx mais aussi de loup (au cours du très « mouvementé » épisode d’attaques de 2012 dans le Doubs). Cette action a été très médiatisée pendant des années et nous avons reçu la visite de nombreuses personnes venant de toute la France souhaitant en savoir plus pour tenter de la reproduire dans leurs secteurs respectifs. Un agent de la chambre d’agriculture de l’Ile de la Réunion est même venu nous rencontrer dans le Jura pour nous consulter à ce sujet.

Face aux très bons résultats obtenus avec cette technique, et en complément des demandes d’anticipation face au retour inéluctable du loup dans le massif jurassien dont nous avons abondamment averti les médias, les services de l’Etat et le monde agricole depuis de nombreuses années (bien avant les premières attaques sur troupeaux et même avant la création du PGP), nous avons souhaité adapter la méthode de protection au mode opératoire utilisé par le canidé.

Très efficiente avec un seul chien en ce qui concerne le lynx, nous souhaitions faire évoluer le nombre de gardiens en faisant travailler ensemble un couple de chiens dédiés à ces interventions d’urgence. Là encore, le projet proposé fut salué par tous lors d’une réunion en préfecture du Jura mais lorsque nous avons soumis notre dossier, les services de l’Etat ont répondu qu’ils ne pouvaient soutenir une telle action sur un pas de temps de 10 ans, la durée estimée du travail actif des chiens de protection. Ce projet, pourtant loué par tous les acteurs, comme le précédent dédié au lynx, n’a donc jamais vu le jour. Et depuis, rien n’a été fait dans ce sens. Le projet d’action a été présenté en février 2022 lors d’une journée dédiée au loup au Conseil régional de Bourgogne-France-Comté à Dijon…sans plus de réaction.

Sinon les plaintes récurrentes, la pression mise par les syndicats agricoles et les chasseurs et la multiplication des tirs effectués sur des individus d’espèces protégées…

Le lynx est de retour en France depuis bientôt 50 ans, le loup depuis 30 ans, le Pôle Grands Prédateurs s’investit dans la protection des troupeaux depuis 15 ans.

Quel constat pouvons-nous dresser en 2022 ?

Rien ne change ! Les mentalités n’ont pas, ou très peu, évolué, les politiques d’accompagnement sont inefficaces dans de telles conditions, tout comme les destructions des prédateurs qui ne servent, aux yeux des différents gouvernements qui se succèdent, qu’à répondre favorablement aux groupes de pression qui les sollicitent.

Face à ce constat déplorable, face aux discours lénifiants tenus par les différents élus jusqu’au sommet de l’Etat (« La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas » dixit Emmanuel Macron, lors de l’élection présidentielle de 2022), le Pôle Grands Prédateurs ne souhaite plus cautionner ce fonctionnement ubuesque et destructeur en se retirant de la problématique de la protection des troupeaux.

Privilégier de façon aveugle et irresponsable le maintien d’activités dont nous devons au contraire discuter de la pertinence, en perpétuant la destruction de la biodiversité est opposé à la volonté affichée par l’ensemble des états et des citoyens au niveau mondial, et bien évidemment partagée par le Pôle Grands Prédateurs.

L’association va réorienter ses actions sur la communication, la sensibilisation, les études et le partage de connaissances sur ces espèces qui sont les piliers des écosystèmes de la planète.

Nous ne souhaitons plus être associés à cette politique destructrice et contraire en tous points aux engagements pris par la France en matière de protection de la biodiversité.

En ce début de 21ème siècle la planète est en feu, au propre comme au figuré, et le PGP entend participer à l’édification du monde de demain en menant des actions constructives, citoyennes et écologiques et non pas en continuant de creuser le trou dans lequel nous a conduit un mode de fonctionnement dévastateur que certains souhaitent faire perdurer au détriment de l’intérêt général.

Au nom du conseil d’administration du PGP, Patrice RAYDELET, Président-fondateur du Pôle Grands Prédateurs, actuel secrétaire

                                                      Pôle Grands Prédateurs                                                       

Mobilisation générale pour les renards et autres mal-aimés !

les nuisibles

Vous avez des poules dans votre jardin? Vous êtes éleveur professionnel? Vous cohabitez sans problème avec la faune sauvage? Témoignez pour l’ASPAS!

La prochaine « liste de la mort » triennale du ministère de l’Écologie, qui détermine les « nuisibles » à détruire, sera publiée en juin 2023. Pour sauver un maximum d’animaux de cette hérésie, l’ASPAS appelle ses sympathisants à continuer de se mobiliser en remplissant des déclarations de non-dégât au profit des renards, des martres, des fouines et autres mal-aimés !

La liste nationale des « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » (ESOD), dont font partie le renard, la belette, la fouine, la martre, le geai des chênes, la corneille noire, le corbeau freux, la pie bavarde et l’étourneau sansonnet, est renouvelée tous les 3 ans par arrêté ministériel.

Le processus de classement de ces espèces émane des territoires : les Comités Départementaux de la Chasse et de la Faune Sauvage (CDCFS), sous l’égide des préfets, ont le rôle de faire remonter une proposition de liste au ministère de la Transition écologique, plusieurs mois avant la publication du nouvel arrêté. Ces réunions CDCFS commencent dès maintenant dans plusieurs départements, or il faut savoir que les décisions qui y sont prises se basent sur des déclarations de dégâts recueillies et compilées par les chasseurs et les piégeurs eux-mêmes, sans aucune vérification impartiale et scientifique des données !

Exemple délirant lu dans la Drôme en 2021 : 650 poules tuées par un renard en une nuit !

En riposte, l’ASPAS et les associations partenaires appellent tout un chacun à recueillir le maximum de témoignages en faveur de ces animaux injustement persécutés. Pour plus de détails sur cette action, rendez-vous sur aspas-nature.org/ESOD

JE TÉMOIGNE
Que vous soyez agriculteur professionnel ou simple particulier avec quelques animaux de basse-cour, chaque déclaration nous sera précieuse. Et n’hésitez pas à diffuser le lien aspas-nature.org/ESOD dans votre entourage !

Un grand merci pour votre mobilisation.