URGENT : Chasse du Tétras lyre et du Lagopède alpin en 2022 dans les Hautes-alpes : L’Etat persiste et signe

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 ARTICLE EN LIEN :

L’État autorise la chasse de deux espèces d’oiseaux menacées

Vous avez été 1264 à répondre à la consultation du public sur les plans de gestion cynégétique notamment celui des Galliformes de montagne dans les Hautes-Alpes et nous vous en remercions.

Toutefois on ne peut que déplorer que 712 réponses ont été écartées principalement car la touche ‘’ envoyer’’ sur la plateforme internet de la Préfecture n’a pas été cliquée ???

Finalement, sur les 496 avis retenus, 86,6% ont été défavorables à la chasse du Tétras lyre et du Lagopède alpin pour la saison de chasse 2022-2023 dans les Hautes-Alpes.

Malgré cela, la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS) qui s’est tenue le 12 mai 2022 a validé comme un seul homme, à l’exception de la LPO et de la SAPN-FNE05, l’ouverture de la chasse des Galliformes pour la saison 2022-2023.

Contrairement à la saison de chasse 2021-2022, le moratoire de la chasse du Lagopède alpin accepté l’année dernière est remis en cause. Sa chasse pourra être réouverte tout comme celle du tétras lyre sous réserve que les taux de reproduction de ces espèces soient favorables en fonction des comptages effectués cet été pour le compte de l’Observatoire des Galliformes de montagne (OGM). Cette dernière association, qui a refusé l’adhésion de la LPO, n’a en définitive pour seule finalité que de valider les plans de chasse qui lui sont proposés par les Fédérations départementales de chasseurs.

Le Tétras lyre et le Lagopède alpin sont deux espèces patrimoniales des Alpes et sont classées respectivement ‘’vulnérable ‘’ et ‘’en danger’’ sur la liste rouge de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) des oiseaux menacés en 2020 en Provence Alpes Côte d’Azur.

A la demande de nos deux associations, le Tribunal administratif de Marseille a suspendu ou annulé leur chasse en 2017, 2019, 2020 et 2021 estimant que la chasse de ces deux espèces en mauvais état de conservation était un facteur aggravant de leur déclin. Toutes les études scientifiques confirment en effet la lente disparition de ces espèces tant en termes de population que de répartition géographique.

A nouveau, les services de l’Etat persistent et signent pour continuer à autoriser chaque année des prélèvements en dépit des précédentes décisions de justice et alors même que les Préfets peuvent interdire localement la chasse de ces espèces afin de favoriser leur protection et la reconstitution des populations (article R424-1 du code de l’environnement).

Une nouvelle consultation du public est organisée sur le site internet de la Préfecture des Hautes-Alpes jusqu’au 4 juin 2022 inclus à laquelle nous vous demandons de répondre nombreux pour vous opposer à la chasse des Galliformes de montagne.

 

La consultation

Les observations formulées doivent impérativement rester en rapport avec le sujet proposé.

Attention, pour que vos remarques soient prises en compte pensez à cliquer « envoyer » à la fin du questionnaire en ligne.

Le 19 mai 2022

Contacts : pays.gapencais@lpo.fr ; contact@sapn05.org

L’État autorise la chasse de deux espèces d’oiseaux menacées

lagopèdes alpins

LIEZ CE TEXTE À  :

La LPO obtient la suspension de la chasse du Tétras Lyre et du Lagopède Alpin dans le département des Hautes- Alpes

Mauvaise nouvelle pour le tétras-lyre (Lyrurus tetrix) et le lagopède alpin (Lagopus muta). Ces deux espèces menacées de galliformes de montagne pourront être chassées dans les Hautes-Alpes, durant la saison 2022-2023, a confirmé le 12 mai la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS). Cette commission, qui concourt à l’élaboration et au suivi de la politique du gouvernement dans le domaine cynégétique, avait toutefois reçu plusieurs mises en garde de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) et de France Nature Environnement (FNE).

Car ces deux espèces patrimoniales des Alpes sont respectivement classées « vulnérable » et « en danger » sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conversation de la nature (UICN) des oiseaux menacés de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Déjà, en 2017, 2019, 2020 et 2021, le tribunal administratif de Marseille avait suspendu ou annulé leur chasse à la demande des deux associations. Les juges avaient alors estimé que la chasse de ces deux gallinacés sauvages était un facteur aggravant de leur déclin. Avec, à l’appui, des études scientifiques confirmant la lente disparition de ces espèces tant en termes de répartition géographique que de population.

Ces précédentes décisions de justice n’auront donc pas freiné les services de l’État, qui signent de nouveau l’autorisation de prélèvements. Selon le Code de l’environnement, les préfets disposent pourtant du pouvoir d’interdire localement la chasse de ces espèces, à des fins de protection et reconstitution des populations. Jusqu’au 4 juin prochain, une deuxième consultation du public est organisée sur le site internet de la préfecture des Hautes-Alpes. Lors de la première consultation, 86,6 % des avis retenus étaient défavorables à la chasse du tétras-lyre et du lagopède alpin. Le préfet n’en a donc tenu aucun compte.

La collision avec les navires, première cause de mortalité pour les baleines en Méditerranée

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Dans la Méditerranée, les collisions avec les navires sont la principale cause de mortalité due à l’activité humaine pour les baleines.

La mer Méditerranée est connue pour abriter de nombreuses espèces marines, à commencer par les cétacés. On y trouve régulièrement différentes espèces de dauphins, comme le grand dauphin et le dauphin commun, et deux espèces de baleines, le cachalot et le rorqual commun.

Mais ces animaux se heurtent à l’activité humaine. Alors qu’elle représente moins de 1% de la surface totale des océans, la Méditerranée est l’une des mers les plus actives au monde, sur laquelle circulent 20 % du commerce maritime mondial, 10 % du transit de containers et plus de 200 millions de passagers. Dans la région concernée, ce sont 220 000 navires par an qui naviguent à des vitesses de croisière comprises entre 14 et 20 nœuds pour les navires marchands, voire jusqu’à 35 nœuds pour les navires à grande vitesse.

Les bateaux, un danger mortel pour les baleines

Ainsi, la principale cause de mortalité due à l’activité humaine des rorquals communs et des cachalots du nord-ouest de la Méditerranée est la collision avec des navires. Et le problème, c’est que contrairement à d’autres régions du monde, où le re-routage des navires visant à éviter l’habitat principal des baleines peut constituer une option efficace pour réduire le risque de collision, il est impossible de prédire les périodes et les aires de présence des grandes baleines dans cette partie de la Méditerranée.

« Les eaux entre Gênes et Valence, y compris le sanctuaire Pelagos, les pentes, canyons et le plateau du golfe du Lion – identifiées par les scientifiques comme une zone importante pour les mammifères marins (IMMA) – ainsi que le couloir de migration des baleines entre le continent espagnol et les îles Baléares, déclaré aire marine protégée, sont une zone d’habitat critique pour les rorquals communs et les cachalots, détaille l’IFAW dans un communiqué. Les deux sous-populations présentes en Méditerranée sont classées comme menacées sur la Liste rouge de l’UICN, la population de rorquals communs ayant récemment été évaluée à environ 1 800 adultes uniquement, soit la moitié de ce qui était précédemment estimé. »

Ralentir les navires pour sauver les baleines

Pour l’organisation internationale de protection de l’océan OceanCare et le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), le seul moyen efficace de limiter les collisions serait de ralentir les navires.

« Tout le monde sait ce qu’il faut faire. Il s’agit de ralentir les navires pour sauver la vie de ces mammifères marins uniques et étonnants. C’est bénéfique pour les baleines, et c’est également bénéfique pour les humains », déclare Carlos Bravo, expert politique chez OceanCare.

Face à la situation, les gouvernements français, italien, monégasque et espagnol se sont engagés à travailler ensemble en vue de soumettre à l’Organisation Maritime Internationale (OMI) une proposition pour déclarer la région Zone Maritime Particulièrement Vulnérable (ZMPV). Cela permettrait de prendre des mesures de réglementation de la navigation. La proposition formulée par les gouvernements devrait être soumise en juin 2022 à l’OMI et faire l’objet d’une discussion et d’une décision en décembre lors de la réunion du Comité de la protection du milieu marin (MEPC) de l’OMI.

D’après les calculs, une réduction générale de 10% de la vitesse des navires au niveau mondial réduirait de 50% le risque de collisions. Les études montrent également que limiter la vitesse des navires à environ 10 nœuds peut réduire considérablement le risque de collision mortelle avec un cétacé.

Source : GEO.fr

Deux jeunes lynx, secourus après avoir perdu leur mère, viennent d’être relâchés dans les montagnes du Jura.

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Deux lynx boréals orphelins, recueillis l’automne dernier par le Centre Athénas, ont été relâchés dans le massif du Jura dans le cadre du nouveau plan national dédié à cette espèce menacée, ont indiqué jeudi l’association et les services de l’Etat.

Pelage doré tacheté de noir et oreilles surmontées d’un pinceau de poils, Gex et Minos ont été remis en liberté les 10 et 12 mai dans le Haut-Jura, à proximité du lieu où ils avaient été capturés par le Centre Athénas, alors qu’il étaient en détresse après la disparition de leurs mères.

24 lynx relâchés en 35 ans

Ces deux mâles ont ensuite été élevés pas le Centre Athénas, association jurassienne de soins à la faune sauvage, spécialisée dans la sauvegarde du lynx.

Ils « ont été équipés d’un collier VHF/GPS par le Centre Athénas pour garantir leur sécurité et collecter des informations sur leur réinsertion et leur réadaptation au milieu naturel », a souligné la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) Bourgogne-Franche-Comté dans un communiqué.

Les données de localisation du collier, qui se décrochera automatiquement au bout d’un an, ont déjà permis de constater que « Gex avait capturé des renards, dont nous avons retrouvé des restes », indique le directeur du centre, Gilles Moyne. « C’est un très bon signe pour la suite », selon lui.

Gex et Minos sont les 23e et 24e lynx relâchés par le Centre Athénas depuis 35 ans. Une jeune femelle, qui comme Gex avait été accidentée après avoir perdue sa mère, sera également relâchée en juin.

⋙ Avec 150 lynx sur son territoire, la France publie un plan pour les protéger

Le lynx boréal : une espèce menacée

« Ces actions s’inscrivent maintenant dans le cadre du Plan national d’action de sauvegarde du lynx boréal, qui, s’il est selon nous insuffisant dans ses objectifs, a le mérite de focaliser l’attention sur l’urgence de mettre en place une politique ambitieuse de conservation de la biodiversité et de cette espèce », note M. Moyne.

Ce plan national publié mi-mars porte sur la période 2022-2026 et vise à mieux protéger le plus grand félin sauvage présent en Europe, disparu en France au début du XXe siècle avant d’être réintroduit, et qui reste menacé d’extinction en France où il compte près de 150 individus, dont les deux-tiers environ dans le massif du Jura.

Le Lynx boréal est une espèce « strictement protégée au niveau international et national dont l’état de conservation revêt un enjeu majeur pour la France », souligne la Dreal.

Source : GEO

Des insecticides interdits saisis lors d’une enquête sur la mort d’un aigle de Bonelli

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L’enquête sur la mort d’un aigle de Bonelli retrouvé empoisonné près de Marseille a conduit à la saisie d’insecticides interdits à la vente, les mêmes qui pourraient avoir été fatals à ce rapace menacé d’extinction, a annoncé vendredi l’Office français de la biodiversité.

Cette enquête au long cours, entamée début 2021 avec la découverte de la dépouille de cet aigle sur la commune de Saint-Chamas, au bord de l’étang de Berre, a donc débouché plus d’un an après, le 3 mai, avec la saisie d’un stock d’un produit insecticide interdit à la commercialisation depuis plus de 10 ans en raison de sa dangerosité.

Ces produits, « dissimulés« , ont été découverts avec du matériel servant à injecter du poison dans des appâts, après une perquisition au domicile et sur le lieu de travail d’un homme travaillant sur le site où avait été découvert le rapace.

Ces investigations, menées par les inspecteurs de l’environnement de l’OFB, ont été exécutées dans le cadre d’une enquête judiciaire ouverte par le parquet d’Aix-en-Provence pour destruction d’espèce protégée.

Toute la chaîne alimentaire peut être empoisonnée

L’aigle de Bonelli, emblème de la région méditerranéenne, est en effet l’une des quatre espèces d’aigles nicheurs en France, et la plus menacée, avec seulement 42 couples recensés en 2021, précise le communiqué de l’OFB.

Ce rapace est inscrit en France sur la liste rouge des espèces menacées, dans la catégorie « en danger », insiste l’Office, en soulignant que l’empoisonnement d’un animal appartenant à une espèce protégée est puni de trois ans d’emprisonnement et 150.000 euros d’amende.

Proche de sa conclusion, l’enquête de l’Office français de la biodiversité va ensuite être transmise au parquet, qui décidera des éventuelles suites judiciaires.

Longtemps utilisé pour lutter contre la faune sauvage, le poison a par exemple été responsable de l’éradication de la population de loups en France en 1930, rappelle l’OFB dans son communiqué.

« Aujourd’hui encore on retrouve chaque année de nombreux animaux ayant succombé à un empoisonnement« , un phénomène lourd de conséquences, souligne l’Office, « car c’est toute la chaîne alimentaire qui peut être empoisonnée« , jusqu’à des espèces nécrophages comme les vautours ou à des prédateurs comme les aigles.

Source GEO

L’abattage des bouquetins du Bargy est suspendu !

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DÉBUT DE L’AFFAIRE : LISEZ LE TEXTE DE L’ASPAS DE FÉVRIER 2022

(clic sur le lien)

Suite à un recours inter-associatif et une forte mobilisation, le Tribunal administratif de Grenoble vient de suspendre avec effet immédiat l’abattage autorisé par arrêté préfectoral à partir du 15 mai d’un grand nombre de bouquetins en Haute-Savoie au prétexte de lutter contre la brucellose, alors que plus de 9 individus sur 10 sont sains.

Suite à l’apparition d’un nouveau cas de contamination d’un bovin diagnostiqué en novembre 2021, et sous la pression des producteurs locaux de reblochon, la préfecture de Haute-Savoie a signé le 17 mars 2022 un arrêté préfectoral pour autoriser l’abattage indiscriminé d’un maximum de 170 bouquetins dans le massif du Bargy au cours de l’année 2022. Jusque 2030, 20 bouquetins pourraient ensuite être tués annuellement comme c’est déjà le cas depuis plusieurs années en dépit des contestations de la LPO et d’autres associations de protection de la nature.

Avec d’autres associations (Animal Cross, ASPAS, One Voice, AVES, FNE Auvergne-Rhône-Alpes, FNE Haute-Savoie), la LPO a déposé le 22 avril un double recours juridique auprès du tribunal administratif de Grenoble, un recours suspensif et un recours sur le fond. Suite à la première audience du 11 mai 2022, les juges ont ordonné la suspension immédiate de l’abattage ce 17 mai 2022.

Une consultation publique réglementaire de 21 jours ouverte jusqu’au 7 mars avait recueilli 2335 avis citoyens. En dépit de 84% d’opinions défavorables au projet d’arrêté, le rapport d’analyse de la consultation avait conclu laconiquement que « les avis n’apportent pas d’éléments susceptibles de remettre en cause la stratégie élaborée par l’État dans le but de maîtriser l’enzootie de brucellose dans le massif du Bargy pour la période 2022-2030 ».

Une pétition avait également été lancée pour faire annuler la décision des pouvoirs publics, et empêcher le massacre !

Le Bouquetin des Alpes (Capra ibex) est une espèce protégée au niveau international, dont moins de 400 individus vivent dans le massif du Bargy. S’il est concevable que l’euthanasie d’animaux séropositifs avérés contribue de manière dérogatoire à réduire un foyer infectieux pour des impératifs sanitaires, la destruction d’individus sains n’est pas acceptable. Le statut d’espèce protégée impose en outre une exigence de garantie sur l’efficacité des actions permises par la dérogation.

Contre l’avis des scientifiques

Les scientifiques du Conseil National de Protection de la Nature (CNPN), instance consultative du Ministère de la Transition Écologique, avaient pourtant également rendu le 27 janvier 2022 un avis défavorable à l’unanimité, ce qui est rare. Selon ces experts :

Loups en Haute-Savoie : les chasseurs vont en compter plus pour en tuer plus

loup et appareil photographique

Un loup piégé par un appareil photographique dans une forêt de l’Aude, en 2017

Les pouvoirs publics subventionnent massivement un recomptage des loups en Haute-Savoie par les agriculteurs et les chasseurs. Ces derniers veulent faire mentir à coups de drones et pièges photographiques les estimations de l’Office français de la biodiversité. Leur but : justifier la mise à mort de plus de loups

Sous les cimes enneigées, une bataille de chiffres fait rage. En Haute-Savoie, chasseurs, agriculteurs et écologistes se brouillent sur le nombre de loups et de meutes présentes dans les alpages. Selon le dernier comptage de l’Office français de la biodiversité (OFB), en 2021, 74 loups circulaient dans les montagnes du département. Chaque année, l’État autorise l’abattage de 19 % de la population au niveau national.

Une situation qui ne satisfait pas le monde de la chasse et la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA). Pour eux, la vie pastorale tout entière est mise en péril. Depuis l’arrivée du loup en 2009 sur le massif de Glières, « ce prédateur ne cesse de semer le trouble au cœur des territoires ruraux, dit à Reporterre le président de la fédération de chasse, André Mugnier. Le loup n’est plus une espèce protégée. Si rien n’est fait, cette situation déjà dramatique va s’aggraver. »

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Un loup du parc français du Gévaudan

Main dans la main, chasseurs et exploitants agricoles contestent les estimations de l’OFB. Ils avancent un décalage de 30 % à 40 % entre les chiffres donnés et « la réalité de terrain » : « En 2021, on a abattu sept loups dans le département mais on devrait en prélever au moins 25 par an si on veut maintenir un effectif gérable et réguler l’espèce », affirme André Mugnier.

Dans la presse, la FNSEA et la fédération de chasse multiplient les attaques pour discréditer l’OFB. Un bras de fer est engagé et les chasseurs semblent avoir obtenu une première victoire, au grand dam des écologistes.

270 000 euros de subventions pour les chasseurs

Car le département de Haute-Savoie, présidé par un membre du parti Les Républicains et proche de Laurent Wauquiez, Martial Saddier, a attribué 270 000 euros de subventions à la fédération de chasse pour mettre en œuvre une campagne de comptage de loups, « contradictoire à celle de l’OFB ». Cette aide publique s’ajoute au 650 000 euros sur cinq ans alloués par le conseil départemental à la fédération ainsi qu’aux 304 100 euros sur trois ans de la région Auvergne Rhône-Alpes — région dont les accointances avec les chasseurs ne sont plus à prouver.

Plus étonnant, l’État a aussi concouru à hauteur de 20 000 euros à ce nouveau projet alors même que celui-ci remet en cause le travail de ses propres fonctionnaires. Cédant aux sirènes des exploitants agricoles et à la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, qui affirmait que « l’OFB ment », Julien Denormandie, alors ministre de l’Agriculture, s’était déjà dit favorable à un recomptage du nombre de loups.

Compter plus pour tuer plus

Ce recomptage sera désormais effectué par les chasseurs et les agriculteurs eux-mêmes, accompagnés par des louvetiers. Les subventions des pouvoirs publics permettront l’achat d’une profusion de moyens techniques, pièges photographiques, caméras thermiques, drones et enregistreurs sonores, ainsi que des véhicules.

Pour les chasseurs, l’objectif de ce comptage est clair et pleinement assumé : il s’agit de chiffrer plus pour tirer plus. « Je qualifie cette opération de vérité, dit à Reporterre André Mugnier. On verra qui se trompe mais je pense qu’il y a beaucoup plus de loups que ce que l’on nous raconte. Ce nouveau comptage nous permettra de prélever davantage de loups. Cela remettra aussi en cause l’estimation de l’OFB au niveau national. »

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Des chasseurs. Flickr / CC BY-NC-ND 2.0 / Philippe Druesne

Dans un communiqué, France Nature Environnement Auvergne-Rhône-Alpes crie au scandale : « L’argent coule à flots pour les opposants au loup », écrit-elle. « Avec cette subvention, l’État et le département humilient le travail de l’OFB, regrette son porte-parole, Roger Mathieu. Ils remettent en cause le travail mené par 4 000 personnes en France et leur méthode soutenue par les scientifiques et le CNRS (Centre national de la recherche scientifique). C’est une honte. »

Au cœur de la polémique, plusieurs enjeux sont soulevés : comment les chasseurs vont-ils évaluer le nombre de loups et selon quelle méthodologie ? Ne risquent-ils pas non plus d’être juges et parties ?

« Il faut qu’on arrête avec cette approche scientifique »

« Cette débauche de moyens techniques disparates, avec des drones, etc., contraste avec l’absence de méthodologie permettant d’évaluer la pertinence de l’opération, sa cohérence et sa robustesse en matière scientifique, souligne Roger Mathieu. Dans aucun pays on n’utilise des caméras thermiques ou des enregistreurs pour compter des loups, cela permet simplement d’étudier leur comportement. »

Selon ce spécialiste, qui suit depuis des années une vingtaine de meutes dans le massif alpin, les risques d’erreurs avec ces outils techniques sont nombreux : « Il est très difficile sur une vidéo ou une photographie de distinguer un loup d’un autre. On ne compte pas les loups comme des moutons dans un enclos. C’est pour cela que l’on ne fait pas de comptage mais une estimation. Elle se fait à travers des prélèvements biologiques que l’on retrouve sur des poils ou des crottes et des analyses génétiques et statistiques. »

Mais pour les chasseurs, cette méthodologie ne semble pas avoir d’importance. « Je m’en fiche de la génétique, s’emporte André Mugnier. Cette question ne m’intéresse absolument pas. La présence des loups est insurmontable et il faut les réguler. Il faut qu’on arrête avec cette approche scientifique qui permet de différer progressivement le nombre de prélèvements de loups alors qu’aujourd’hui, il y a urgence. »

France Nature Environnement a d’ores et déjà annoncé qu’elle récusera les chiffres des chasseurs.

Sans prédateurs, les caméléons de Jackson se la pètent

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Une étude scientifique sur une espèce africaine introduite à Hawaï montre que la quasi-absence de prédation a permis aux réptiles une expression plus franche de leurs couleurs en comparaison de leurs congénères kenyans.

Le caméléon est associé dans nos esprits au camouflage : avec sa capacité incroyable à changer de couleur en un clin d’œil, il peut se fondre dans le décor en devenant vert comme les feuilles ou marron comme une branche. Mais en réalité, le besoin de se camoufler est assez secondaire. Les caméléons changent surtout de couleur selon leur humeur et les messages qu’ils veulent faire passer à leurs congénères, en arborant des robes les plus éclatantes possible quand il s’agit de se montrer impressionnant. Des chercheurs australiens ont même montré que les reptiles sont d’autant plus extravagants à l’abri du danger : ils affichent des couleurs plus vives en l’absence de prédateurs.

Les biologistes ont choisi d’étudier les caméléons de Jackson, car on en trouve sur deux territoires bien distincts. Une partie de cette espèce vit toujours dans les forêts d’altitude au Kenya et en Tanzanie, d’où elle est originaire, tandis qu’un autre groupe a été introduit sur l’île d’Oahu, à Hawaï, en 1972. Arrivés par bateau pour être vendus à des amateurs de reptiles, ces beaux caméléons verts à trois cornes se sont dispersés sur l’île et se sont rapidement reproduits. «Sur Oahu, il y a peu de prédateurs potentiels de caméléons», expliquent les chercheurs dans leur étude, parue ce mercredi dans Science Advances. «Il n’y a pas de serpents ni de rapaces mangeurs de lézards», et très peu d’autres oiseaux susceptibles de s’intéresser à ces bêtes de 30 centimètres de long, «tandis qu’au Kenya ils sont chassés par un ensemble d’oiseaux, de serpents et occasionnellement de mammifères». Dans ce paradis pour caméléons qu’est Oahu, la quasi-absence de prédation a-t-elle permis une expression plus franche de leurs couleurs ? C’était l’hypothèse que voulaient tester les chercheurs australiens, et ils n’ont pas lésiné sur les moyens pour le vérifier de façon scientifique.

Des chercheurs australiens ont mis en scène l’affrontement de deux caméléons de Jackson mâles. A gauche, le mâle dominant en couleurs vives d’apparat. A droite, le mâle perdant en couleurs ternes de subordonné. (Photo Martin J. Whiting, Macquarie University)

Ils se sont rendus à Hawaï et au Kenya pendant la saison de reproduction des caméléons, en 2006, et ont cueilli quelques individus dans les forêts tropicales avec des perches de six mètres de long. Ils leur ont installé un petit laboratoire de branches et de feuillages ressemblant à leur environnement naturel, et les ont placés en situation avant de mesurer la réflectance de leur peau (la quantité de lumière réfléchie) avec un spectrophotomètre et une source de lumière toujours identique. La réflectance de leurs couleurs a été mesurée en plusieurs endroits de leur corps : à la base de la queue, au milieu du flanc, en haut du flanc et dans leur cou.

La couleur reflète l’issue de l’interaction sociale

Place au spectacle ! Pour la première mise en scène, les chercheurs ont posé sur les branches deux mâles, face à face. Ils n’ont pas tardé à endosser leurs couleurs d’apparat pour se provoquer : un éclatant vert pomme, tirant sur le jaune vif au milieu du flanc et dans le cou. Les mâles s’affrontent, entremêlant leurs cornes comme de jeunes cerfs fougueux, et à mesure que s’établit le rapport de domination, le caméléon le plus faible change de couleur. Il délaisse les teintes vives et passe progressivement aux couleurs du subordonné, d’abord un vert plus sombre puis une robe marron terne. Les mesures de réflectance sont sans appel : quelle que soit la zone du corps, les couleurs des caméléons hawaïens sont plus vives (elles reflètent plus de lumière) que celles des caméléons kenyans.

réflectance

Une autre mise en scène impliquait un mâle et une femelle pour un exercice de séduction. Là aussi, l’issue de l’interaction sociale s’affiche sur la peau des reptiles, puisque la femelle devient vert foncé lorsqu’elle choisit de rejeter son prétendant, et là aussi, les couleurs étaient plus vives chez les caméléons d’Oahu. Deux autres tests des chercheurs australiens simulaient la rencontre d’un caméléon et d’un prédateur : ils ont agité au-dessus du reptile un serpent et un rapace factices (mais hyperréalistes) et l’ont vu enfiler sa tenue de camouflage avec des motifs contrastés imitant le feuillage. Là encore, les caméléons africains étaient plus discrets que leurs copains des îles.

luminance

Contraste de luminosité (en ordonnée) entre les caméléons de Jackson et leur environnement, selon qu’ils viennent d’Hawaï ou du Kenya (en abscisse). Le tableau à gauche montre les mesures des interactions sociales (affrontement et séduction) tandis que celui de droite montre les rencontres avec un prédateur. (Whiting et al, Science advances, 2022)

Contraste et luminosité

La réflectance de la peau est une information intéressante, mais pas suffisante en elle-même, car qui nous dit que la végétation d’Oahu n’est pas elle aussi plus claire que celle des forêts africaines ? Dans ce cas, les caméléons îliens ne paraissent pas plus flashy quand ils sont dans leur environnement naturel, et la démonstration est ratée. Il faut donc aussi prendre en compte l’aspect de leurs forêts respectives, et mesurer le contraste de couleur et de luminosité entre les caméléons et les feuilles en arrière-plan. Mieux encore, les chercheurs ont simulé le système visuel des serpents et des oiseaux pour calculer le contraste vu par leurs yeux, différents des nôtres. Les résultats sont restés nets : le contraste entre le caméléon et le fond feuillu est plus prononcé chez les Hawaïens que chez les Africains.

Les biologistes ont donc pu conclure que les caméléons hawaïens se montrent à la fois plus voyants quand ils sont entre eux, en situation sociale d’affrontement et de séduction, et moins «cryptiques» (camouflés) face à des prédateurs. Après cinquante ans passés sur l’île d’Oahu, libérés de la crainte d’être chassés, les caméléons de Jackson se sont adaptés et ont délaissé la discrétion pour concentrer leurs efforts chromatiques sur les activités les plus importantes de leur vie : se bagarrer et draguer.

photo : Une partie des caméléons de Jackson vit dans les forêts d’altitude au Kenya et en Tanzanie, d’où elle est originaire, tandis qu’un autre groupe a été introduit à Hawaï en 1972. (Matthijs Kuijpers/Biosphoto)

Libération/Camille Gévaudan/11 mai

Six nouvelles espèces de grenouilles miniatures cryptiques découvertes au Mexique

6 nouvelles espèces

Craugastor cueyatl, l’une des six espèces miniatures découvertes, pose sur une pièce américaine de 10 pesos de 28 mm de diamètre.

Jeffrey W Streicher, Museum d’Histoire Naturelle de Londres.

Six nouvelles espèces de grenouilles de la taille d’un ongle de pouce ont été découvertes dans les forêts du Mexique. Avec ses 13 mm de long, l’une d’elle est même la plus petite du pays.

 

Elles sont à l’aise sur une pièce de 1 centime d’euro : six nouvelles espèces de grenouilles miniatures, mesurant entre 13 et 15 mm à maturité, ont été décrites au Mexique. Ces grenouilles à développement direct émergent des œufs sous forme de grenouilles miniatures parfaites, contrairement à la majorité qui éclosent sous forme en têtards. Minuscules, elles se trouveraient tout en bas de la chaîne alimentaire forestière. « Des millions de ces grenouilles vivant dans la litière de feuilles, nous pensons qu’elles sont susceptibles de jouer un rôle extrêmement important dans l’écosystème en tant que source de nourriture pour le reste de la faune, des lézards aux oiseaux prédateurs« , expliquent les chercheurs de l’Université de Cambridge, du Musée d’histoire naturelle de Londres et de l’Université du Texas à Arlington qui ont baptisé leurs trouvailles dans la revue Herpetological Monographs.

Des espèces quasi cryptiques

« Jusqu’à présent, ces nouvelles espèces étaient passées inaperçues car elles sont petites et brunes et ressemblent beaucoup aux autres grenouilles« , explique Tom Jameson, chercheur au département de zoologie et au musée de zoologie de l’université de Cambridge, qui a dirigé l’étude. L’analyse a consisté à rassembler près de 500 spécimens de grenouilles de musées du monde entier, qui avaient été collectés au Mexique, et à utiliser de nouvelles méthodes pour déterminer les liens de parenté existant ou non entre elles. À l’aide du séquençage de l’ADN, l’équipe a d’abord trié les grenouilles en groupes en fonction de la similitude de leurs gènes. Ensuite, les scientifiques ont utilisé la tomodensitométrie pour créer des modèles 3D des squelettes des grenouilles, afin de comparer les plus petits détails physiques et repérer les infimes différences : longueur du museau, écartement des yeux, forme et taille des pattes avant et arrière, etc. Ces deux analyses croisées ont révélé six nouvelles espèces de grenouilles, confondues jusqu’alors avec d’autres espèces déjà connues.

Diversité des pattes avant de grenouilles du genre Craugastor, au Mexique. Crédit Herpetological Monographe

« Les grenouilles du groupe connu sous le nom de Craugastor sont très difficiles à distinguer, les scientifiques soupçonnaient donc depuis longtemps que d’autres espèces pourraient exister. Nous sommes vraiment ravis d’avoir ajouté six nouvelles espèces complètement nouvelles pour la science« , se réjouit Tom Jameson. Les nouvelles venues ont été nommées Craugastor bitonium, Craugastor candelariensis, Craugastor polaclavus, Craugastor portilloensis, Craugastor rubinus et Craugastor cueyatl, Le mot cueyatl signifie « grenouille  » dans la langue nahuatl, parlée dans la vallée du Mexique où cette espèce a été trouvée

L’équipe pense que la plus petite des six nouvelles est Craugastor candelariensis, dont les mâles ne mesurent que 13 mm de long. Ils ont trouvé des spécimens de Craugastor portilloensis plus petits d’1,5 mm, mais qui n’avaient pas tout à fait achevé leur croissance. Craugastor candelariensis, nouvelle détentrice du titre de la plus petite grenouille du Mexique, est loin d’emporter le titre mondial des miniatures. Les mâles adultes de Paedophryne amanuensis, une grenouille de Papouasie-Nouvelle-Guinée, sont encore plus minuscules : ils n’atteignent même pas 8 mm.

Connues sous le nom de micro-endémiques, certaines des grenouilles nouvellement découvertes peuvent voir leur aire de répartition limitée à une toute petite zone, comme le sommet d’une colline dans une certaine partie du Mexique. Cela les rend incroyablement vulnérables. « Ainsi Craugastor rubinus a été nommée d’après les mines de grenat situées à flanc de la colline où se trouve l’espèce« , précise ainsi Tom Jameson. « Malheureusement, il suffirait de l’expansion d’une mine pour que ces amphibiens soient menacées de disparition« .

Craugastor rubinus tenue par le bout des doigts d’un chercheur. Crédit : Jeffrey W Streicher, Museum d’Histoire Naturelle de Londres.

Une alliance pour les protéger

La perte d’habitat peut également résulter du changement climatique. Par ailleurs, les grenouilles sont menacées par une maladie fongique mortelle, la chytridiomycose, qui anéantit les populations d’amphibiens à travers le monde. Mais les chercheurs espèrent qu’il y a un avenir pour leurs petites anoures. Ils ont identifié des zones protégées clés dans tout le Mexique où vivent les six nouvelles espèces – et espèrent maintenant travailler avec le gouvernement et les ONG au Mexique pour relier ces zones entre elles.

« Ces grenouilles jouent potentiellement un rôle très important dans l’écosystème forestier » explique Tom Jameson. « Nous devons nous assurer qu’elles ne sont pas simplement effacées de la carte parce que personne ne sait même qu’elles sont là. »

Le micro habitat de la grenouille Craugaster rubinus, au Mexique, est menacé par l’expansion des mines de grenat. Crédit Jeffrey W. Streicher, MNHN, Londres.

Le biologiste pense qu’il reste probablement beaucoup d’autres espèces de grenouilles Craugastor à découvrir, simplement parce que personne n’a encore eu l’occasion de les rechercher. « Nous avons examiné les cartes des endroits où les expéditions originales sont allées chercher des grenouilles au Mexique, et nous en avons trouvé, à côté, des vallées entières et des systèmes fluviaux où aucun scientifique n’a jamais mis les pieds« . Et de conclure : « Parce que les minuscules grenouilles vivent dans de minuscules zones, nous pouvons être assez sûrs qu’il y a tout un tas d’autres espèces non découvertes là-bas – tout ce que nous avons à faire est d’aller les trouver. »

Les mésanges, un remède naturel contre les chenilles processionnaires

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photo : Une mésange bleue dans un arbre fruitier, en Alsace, en 2008.

Les chenilles processionnaires du pin et du chêne, en expansion, viennent d’être classées espèces nuisibles. Plutôt que d’utiliser des traitements chimiques, la ville de Nancy expérimente la réintroduction de mésanges, grandes consommatrices de chenilles.

« Il faut bien lever les yeux pour les voir, dit avec un sourire Yannick Andres, chef du service arbres de la mairie de Nancy, en désignant un nichoir. Ça commence à être bien habité. » Pour lutter contre la prolifération des chenilles processionnaires dans la ville, l’agent a contribué à l’installation, en janvier 2021, d’une cinquantaine de nichoirs à mésanges dans le parc Sainte-Marie. Petit oiseau discret à l’appétit ravageur, la mésange raffole des larves et semble se plaire en haut des arbres nancéiens.

En invitant les mésanges – charbonnières ou bleues – à s’installer durablement, Yannick Andres tente de rétablir un équilibre entre chenilles envahissantes et oiseaux malmenés par l’urbanisation de leur milieu naturel. « Les mésanges s’installent à la première ponte, quand elles ont besoin de nourrir les petits, au milieu du mois de mai, et là elles cartonnent », explique l’agent. Un couple de mésanges peut dévorer jusqu’à 500 larves de chenille par jour pour nourrir ses petits.

Les chenilles processionnaires du chêne et du pin prolifèrent sur le territoire français. A Nancy, c’est celle du chêne qui pose problème. Contrairement à celle du pin, elle ne se déplace pas en file indienne, mais niche dans les arbres et dépose ses poils urticants dans son nid avant sa mue. Sandra Sinno-Tellier, médecin épidémiologiste à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), surveille l’expansion des deux espèces. « Entre 2012 et 2019, on a constaté une augmentation régulière du nombre d’appels aux centres antipoison pour des intoxications liées à la chenille processionnaire du chêne », relate la scientifique.

A tel point que la chenille processionnaire du pin et celle du chêne ont été classées, par un décret gouvernemental du 25 avril, « espèces dont la prolifération est nuisible à la santé humaine », ce qui permet de multiplier les mesures de lutte contre leur propagation.

Micro-harpons

Chaque année, la plupart des cas sont recensés entre janvier et avril pour la chenille du pin, tandis que ceux liés à la chenille du chêne sont concentrés entre avril et juillet. Couvertes de poils urticants volatils, les chenilles expulsent leur couverture en cas d’agression extérieure. Mécanisme de défense redoutable, les poils chargés de toxine peuvent causer des réactions inflammatoires graves chez l’homme. La protéine toxique contenue dans le poil peut provoquer des atteintes cutanées, oculaires, digestives et même respiratoires. Très légers et invisibles, ces micro-harpons peuvent être stockés dans les nids vides pendant des mois et libérés par un coup de vent. Ainsi, de nombreux patients développent des symptômes sans jamais avoir aperçu une chenille.

Les facteurs de prolifération de la chenille sont pluriels. Selon Sandra Sinno-Tellier, également coordinatrice de la toxicovigilance de l’Anses, les premiers sont « le réchauffement climatique qui adoucit les hivers, et l’intervention humaine ». Les opérations de boisement ou de déboisement ont fait évoluer les lieux de présence de l’insecte sur le territoire français et « les processionnaires étendent progressivement leur aire d’implantation dans la partie nord de la France, y compris dans l’est de celle-ci, alors qu’elles résidaient principalement dans le Sud et l’Ouest il y a plusieurs décennies », alerte la spécialiste.

A Nancy, Yannick Andres a pris conscience du problème en 2007. « Pour la première fois, il y a eu de grosses attaques de chenilles près des habitations, alors on a été obligés d’utiliser un traitement microbiologique », se souvient l’agent. C’est pour éviter l’utilisation cyclique d’un insecticide non sélectif que la mairie a lancé l’installation de nichoirs. « Tant qu’on n’a pas de pic, elle peut suffire à réguler la chenille sur le parc », espère-t-il. Le dispositif peut être couplé à d’autres, comme la destruction de nids ou l’installation de pièges à phéromones pour éliminer les papillons.

Dahman Richter, conseiller municipal délégué aux droits, au bien-être animal et à la biodiversité, défend une « méthode de régulation douce ». Pour l’élu écologiste, âgé de 24 ans, « la lutte pour la biodiversité est liée aux questions de santé publique et de sécurité ». Il attendra toutefois de tirer un premier bilan avant d’installer de nouveaux nichoirs. Il veut également « éviter les risques de prédation [des mésanges] sur d’autres petits oiseaux ».

« Lutte biologique »

La mésange, qui a bien besoin de ce coup de pouce, s’installe à Nancy sous l’œil attentif des ornithologues de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). En France, « il y a une crise du logement chez les oiseaux cavicoles », relate Jean-Yves Moitrot, président de la LPO en Meurthe-et-Moselle. Les mésanges charbonnières et les mésanges bleues souffrent de l’urbanisation de leurs milieux naturels et de la raréfaction des cavités naturelles.

L’association soutient la « lutte biologique » menée par la mairie. « Cela semble marcher, puisque les nichoirs ont l’air occupés, mais il est difficile de voir si ça a un impact immédiat sur les populations de chenilles », s’interroge le bénévole.

Dans les faits, la chenille continue de faire des dégâts à Nancy. Au printemps, chaque année, dans son cabinet vétérinaire, le docteur Arnaud Ptak reçoit quelques dizaines de chiens et de chats en état de choc. Chez les animaux qui ont léché les insectes, il peut arriver que la langue noircisse et se nécrose. « Dans ces cas-là, il faut opérer et enlever la langue en partie ou totalement, relate le vétérinaire, qui a déjà dû procéder à ce type d’opération sur un chien. Chaque année le phénomène s’intensifie, on reçoit des cas plus graves et plus atypiques que l’année précédente. »

Même s’il soutient l’initiative de la mairie, pour Arnaud Ptak, lutter contre la chenille processionnaire, « c’est se battre contre les moulins à vent ». Au début de l’été, une fois que les chenilles seront devenues papillons, la municipalité pourra tirer un premier bilan, à la fois sur l’évolution des populations de mésanges et de chenilles.

Carla Butting(Nancy, envoyée spéciale) / Le Monde-planète, 6 mai