ASPAS:Newsletter – Avril 2022

ASPAS
Newsletter – Avril 2022
Parmi nos actualités du moment : des chasseurs condamnés pour cruauté, des « nuisibles » sauvés d’abattage dans le Tarn, un arrêté anti-renards jugé illégal en Seine-Maritime… et l’approche à grands pas de la toute première Journée Mondiale des Blaireaux !

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DU RÉPIT POUR LES RENARDS, FOUINES

ET AUTRES MAL-AIMÉS DANS LE TARN

Saisi par l’ASPAS, le Tribunal administratif de Toulouse a suspendu en urgence le 15 avril un arrêté qui autorisait des abattages de renards, fouines, pies bavardes, corneilles noires et étourneaux sansonnet partout dans le département jusqu’au 6 juin. >> En savoir plus

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DEUX CHASSEURS CONDAMNÉS POUR CRUAUTÉ

SUR DES RENARDS ET DES BLAIREAUX

Des actes ignobles ont été perpétrés entre 2015 et 2020 dans les Hautes-Pyrénées par un père et son fils, tous deux adeptes de la vénerie sous terre. Ils ont été condamnés par le Tribunal de Tarbes grâce à un lanceur d’alerte, des plaintes déposées par des associations dont l’ASPAS, et une enquête de l’OFB. >> En savoir plus

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MACRON II : APRÈS LA CHASSE AUX VOIX,

LA VOIE AUX CHASSEURS…

Police cynégétique, délit d’entrave à la chasse, gestion adaptative des espèces protégées, remboursement par l’État des dégâts de « cochongliers »… Si elles se concrétisent lors des 5 prochaines années, ces nouvelles promesses du président Macron nous feront plutôt faire un bond de 50 années en arrière… Contre les lobbies, comptez sur l’ASPAS pour redoubler d’énergie ! >> En savoir plus

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AVEZ-VOUS SIGNÉ LA PÉTITION

E-SÉNAT POUR LES BLAIREAUX ?

Plus de 10 000 personnes ont signé sur les 100 000 nécessaires pour que le Sénat s’engage à étudier notre demande d’interdiction de la vénerie sous terre. Or vous êtes plus de 90 000 abonnés à cette lettre d’information : si chacun chacune d’entre-vous prend 1 minute pour signer, les blaireaux auront une chance d’être sauvés !!

Merci pour votre engagement à nos côtés : ensemble mettons fin à cette chasse d’un autre temps ! >> En savoir plus

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LES CERFS SIKA EN LIBERTÉ : UNE RÉALITÉ

DEPUIS 40 ANS EN FRANCE !

En dépit du risque d’hybridation avec les cerfs élaphes, certaines populations de cerfs sika sont maintenues en liberté en France par des chasseurs comme « spécificité du territoire » (!) Il y a eu des lâchers volontaires, mais surtout des échappés d’enclos de chasse, comme le confirme une enquête OFB de 2020. >> En savoir plus

RENCONTRONS-NOUS
Le 15 Mai, c’est la Journée Mondiale des Blaireaux, organisée par l’ASPAS et soutenue par d’autres associations.

Pour retrouver tous les évènements près de chez vous c’est ici. N’hésitez pas à rassembler et proposer une animation autour du petit ours de nos campagnes. Il est encore temps d’organiser et de soutenir cette journée en complétant notre formulaire. Rassemblement, jeu, stand, happening, sortie naturaliste, exposition, conférence, c’est par la mobilisation que cette journée prendra vie !

 

Pour retrouver tous les autres évènements à venir et appels à bénévoles, n’hésitez pas à consulter l’Agenda des évènements.

 

5 millions d’abeilles tuées, un pesticide soupçonné: le prosulfocarbe

C’est une intoxication au pesticide courante, qui décime des colonies entières d’abeilles. Dans l’Yonne, un apiculteur a recensé la mort de 5 millions de ses butineuses. Il est l’un des rares éleveurs à combattre publiquement cet herbicide.

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Sens (Yonne), reportage

En cette saison printanière, la clairière devrait résonner du bourdonnement des butineuses. Mais les ruches, alignées entre les herbes folles, paraissent étrangement calmes. Mathias Picasse balaie la scène d’un regard triste : « Bienvenue au cimetière », annonce-t-il. D’un geste sûr, il ouvre une des dizaines de ruches entreposées chez lui à Sens (Yonne), soulève les cadres encore suintants de miel. Dessous, un tapis d’abeilles mortes. En octobre dernier, 167 de ses 170 colonies ont été décimées. Soit 5 millions d’insectes pollinisateurs. « C’est comme si j’avais perdu 167 enfants », souffle-t-il.

Barbe parfaitement taillée et carrure de sportif, le jeune informaticien a été piqué par le virus de l’apiculture il y a cinq ans. « Lors d’une soirée, un copain m’a montré une ruche, ça m’a plu, dit-il. Je cherchais un truc pour donner du sens à ma vie, ça a été l’abeille. » L’abeille noire plus précisément, cette race rustique et locale, menacée de disparition. Il s’est passionné pour ces hyménoptères, a appris à communiquer avec elles « en “écoutant” leurs bourdonnements, doux ou agressifs, quand on ouvre une ruche ».

En parallèle de son job, il s’est formé sur le tas, passant tous ses week-ends au chevet de ses amies rayées. Peu à peu, il a multiplié les essaims, planté des arbres et des fleurs mellifères. « Mon but n’était pas de produire du miel, mais d’élever des reines et de constituer des essaims à vendre à d’autres apiculteurs », précise-t-il. L’affaire devenait florissante. Jusqu’à ce matin de décembre 2021.

« Je n’étais pas venu depuis deux mois, car je laisse les ruches tranquilles à l’approche de l’hiver, explique le trentenaire. J’y suis allé pour un traitement anti-varroa [1]. J’ai ouvert une, puis deux, puis trois ruches… Elles étaient toutes mortes. » Sur ses trois ruchers, répartis dans un rayon de 1 kilomètre, les abeilles gisaient langue sortie, certaines en état de décomposition avancé ; aucune trace en revanche du redoutable acarien, le varroa« Pour moi, cela signifiait deux choses : elles avaient été empoisonnées, et cela s’était produit depuis plusieurs semaines déjà. »

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Un herbicide soupçonné

Le 14 janvier 2022, un vétérinaire a confirmé l’hypothèse d’une intoxication [2] au début de l’automne, et envoyé 1 kilo d’insectes au laboratoire. Les résultats sont tombés plus d’un mois et demi plus tard : les abeilles contenaient du prosulfocarbe, une substance herbicide… mais à des doses faibles, de l’ordre de 0,049 mg/kg. « Pour conclure à une intoxication au prosulfocarbe, il aurait fallu en trouver 0,080 mg/kg, précise Mathias Picasse. Ils n’ont donc rien pu affirmer. » Dans un courriel laconique que Reporterre a pu consulter, le vétérinaire en charge du dossier l’achevait par ces mots : « Il n’est pas possible de tirer des conclusions dans ces conditions. »

Mais pour Frank Alétru, président du Syndicat national de l’apiculture (SNA), l’affaire est entendue : « Si du prosulfocarde a été retrouvé sur les abeilles, c’est qu’elles ont été en contact avec cette matière active herbicide, dit-il à ReporterreCe n’est pas l’apiculteur qui les a arrosées avec. » D’après lui, vu le temps écoulé entre la mort présumée des pollinisateurs et les analyses — plus de quatre mois — il est normal de ne pas avoir trouvé de pesticides en plus grande quantité, et il précise : « Après un tel délai, retrouver encore des traces de la matière active prouve que les abeilles ont dû en recevoir une quantité importante. »

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Convaincu que ses insectes avaient été contaminés, Mathias Picasse a mené sa propre enquête et consolidé ses hypothèses : « C’est certainement un des agriculteurs du coin qui a fait n’importe quoi en épandant son herbicide, affirme-t-il. Comme le prosulfocarbe est un produit très volatil, il a pu se déplacer sur 1, 2 ou 3 km, et contaminer l’eau ou le lierre en fleur que les abeilles venaient alors butiner. »

Pour lever ses doutes, il a contacté la police de l’environnement et porté plainte au commissariat de son canton. Sans réponse jusqu’à aujourd’hui. « Tout le monde affirme vouloir défendre l’abeille, mais quand elle meurt, tout le monde s’en fiche, lâche-t-il amer. Si 5 millions de vaches avaient été empoisonnées, ça aurait fait les gros titres. »

Des empoisonnements « courants », « très difficiles à démontrer »

L’histoire de M. Picasse n’est pas un cas isolé. Chaque année, des dizaines d’apiculteurs perdent ainsi leurs colonies. Le dispositif officiel de surveillance des mortalités d’abeilles a recensé 147 déclarations provenant de 50 départements en 2016, et 195 provenant de 52 départements en 2015.

Des chiffres « très vraisemblablement en dessous du nombre réel de cas de mortalité », précisait le bilan du dispositif, publié en novembre 2017« Plus de la moitié des analyses toxicologiques réalisées ont montré la présence d’au moins une substance active », notait aussi le rapport. Parmi elles, des insecticides, mais également des fongicides — qui s’attaquent aux champignons — et des herbicides.

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Des chiffres partiels et « certainement sous-estimés », regrette Cyril Vidau, écotoxicologue à l’Itsap-Institut de l’abeille. Plusieurs raisons à cela : l’apiculteur ne signale pas forcément l’éventement aux services vétérinaires, ou le signale avec du retard — comme dans le cas de M. Picasse. « Les produits pesticides se dégradent, et donc quand on les retrouve, ils sont quantifiés à des doses qui ne sont pas susceptibles de provoquer la mort des individus », précise le chercheur. « Ces empoisonnements sont hélas très courants, mais très difficiles à démontrer », enchérit Henri Clément, porte-parole de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf).

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« Lorsque les abeilles sont intoxiquées, si elles ne meurent pas tout de suite, elles perdent une grande partie de leurs défenses immunitaires et très vite les agents pathogènes opportunistes [bactéries, virus] prennent le dessus et déciment la population », constate aussi Frank Alétru, du SNA. Résultat, quand le vétérinaire établit son diagnostic, « il s’arrête à ce qu’il voit… des maladies qui sont le résultat et non la cause du décès ! »

Selon le président du SNA, « l’enquête s’arrête ici 9 fois sur 10 et conclut à une pathologie, culpabilisant injustement l’apiculteur qui perd sa récolte, ses abeilles, son outil de travail et tout espoir d’indemnisation. De plus, cette conclusion arrange l’administration et l’agrochimie ». Les abeilles, le pollen et le miel en provenance des ruches de Mathias Picasse sont actuellement en cours d’analyse pour identifier d’éventuelles infections. Qui disculperaient le prosulfocarbe.

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« Il y a une forte omerta parmi la profession »

Quand bien même l’enquête conclut à une intoxication aux pesticides, l’apiculteur n’est pas pour autant sorti d’affaire. Nicolas Puech élève des abeilles en Haute-Garonne, depuis 1980. En 2018, ses 24 ruches situées près d’un champ de colza sont mortes. La cause — un épandage intempestif de fongicide — a vite été établie. Sauf que… « BASF, la multinationale qui produisait le pesticide, m’a attaqué, parce que j’avais mis en cause son produit », raconte M. Puech à Reporterre.

Après cinq ans de procédure, l’apiculteur a finalement gagné son procès. Mais à quel prix ? « Nous avons perdu 25 000 euros de frais judiciaires, mais c’est surtout humainement que ça a été dur, explique-t-il. On est venus mettre le feu à mes ruches devant chez moi, j’ai reçu des lettres de menaces anonymes, des pressions pour qu’on abandonne les poursuites. » Si c’était à refaire, « j’y réfléchirais à deux fois. Je l’ai fait pour les abeilles, qui n’ont pas de voix pour se défendre. Ce sont des animaux qu’on élève, qu’on aime… Alors quand on les retrouve au sol, en train de convulser, on ne peut pas rester sans rien faire. »

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Nicolas Puech et Mathias Picasse font ainsi partie des rares éleveurs qui sont publiquement montés au créneau contre les pesticides. « Il y a une forte omerta parmi la profession, constate M. Picasse. Quand on perd des ruches, les apiculteurs ont souvent honte, et en face on nous culpabilise, en nous disant que c’est de notre faute si les abeilles sont mortes. » Après plusieurs mois d’hésitation et de « sidération », il a décidé de briser le silence, « pour porter le débat de la protection de l’abeille au niveau national ».

« J’ai toujours envie de créer un conservatoire de l’abeille noire, mais je ne me relancerai pas tant qu’on n’aura pas établi clairement les causes et les responsabilités de ce qui m’est arrivé, soutient-il. Je ne veux pas vivre ça une deuxième fois. » Il a lancé une cagnotte participative — la perte de colonies lui a coûté près de 150 000 euros — et réfléchit à « un projet pour sensibiliser les agriculteurs et les particuliers à l’usage des produits phyto »« On a besoin des agriculteurs et ils ont besoin de nous, estime Mathias Picasse. Ils fournissent des fleurs à butiner à nos abeilles, qui, en retour, favorisent la pollinisation et augmentent donc leurs rendements. Il faut donc qu’on travaille ensemble ».

Le prosulfocarbe toujours utilisé

Le prosulfocarbe est une substance herbicide, massivement utilisée en grande culture. À l’automne, il sert notamment à désherber les champs avant la levée du blé ou de l’orge. Très efficace, il est aussi extrêmement volatil. Autrement dit, il est si léger qu’il peut rester en suspension dans l’air et se déplacer sur 1, 2 ou 3 kilomètres autour de la parcelle où il a été épandu. De nombreux agriculteurs bio ont ainsi vu leurs cultures contaminées par ce pesticide, et la Fédération nationale d’agriculture biologique a même demandé la suspension de son autorisation de mise sur le marché. En vain jusqu’à présent.

Fin 2018, l’Agence nationale de santé (Anses) a tout de même durci les conditions d’utilisation de la molécule toxique : elle doit être utilisée avec des buses anti-dérives et à plus de 500 mètres des cultures maraîchères et des vergers avant récolte. D’après l’Anses, la consommation de denrées polluées au prosulfocarbe resterait sans risque pour les humains.

Quant aux abeilles, « les études de toxicité aiguë orale et de contact indiquent une faible toxicité de la préparation », indiquait l’Anses à propos d’un herbicide de Syngenta, composé de prosulfocarbe. Selon ce document, la DL50 — soit la dose létale pour au moins 50 % du cheptel — est établie à 103,4 microgrammes par abeille en cas d’ingestion, et à 79,3 microgrammes par abeille en cas de contact.

L’emballage de vos aliments préparés devrait bientôt changer, voici pourquoi

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Pour les industriels, changer la composition de certains de leurs produits est une nécessité absolue en raison de la guerre Russie-Ukraine.

CONSOMMATION – L’arbitrage aurait déjà dû être rendu il ya une dizaine de jours. Alors que la guerre entre la Russie et l’Ukraine continue, l’industrie agroalimentaire française fait les frais des pénuries liées à l’affrontement. L’huile de tournesol, en particulier, s’apprête à manquer pour les plats préparés qui en contiennent. Et la décision de la direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) se fait attendre. 

La Russie et l’Ukraine représentent à elle deux pas moins de 78% des exportations mondiales du précieux liquide,  lequel n’entre pas seulement dans la composition de vos vinaigrettes et mayonnaises maison, mais aussi dans d’innombrables plats préparés.

Sardines à l’huile, salades préparées, plats en sauce, mais aussi fritures, pizzas surgelées…. Il y en a forcément dans cette liste de produits qui se retrouvent régulièrement dans votre caddie. Conséquence de la pénurie, leur composition est sur le point de changer. “C’est un impératif pour nos industriels, ou alors on va parler de chômage partiel” alerte Jérôme Foucault, président de l’association des entreprises de produits alimentaires élaborés (ADEPALE), auprès du HuffPost.

“Pour 90% des produits concernés, il s’agit de remplacer l’huile de tournesol par une autre huile végétale”, poursuit le responsable. De l’huile de colza, par exemple, qui dans de nombreux cas peut se substituer à l’huile de tournesol. Mais ce changement, aussi minimal soit-il, doit être indiqué au consommateur, et c’est là que la situation se crispe. 

Informer les consommateurs, mais comment? 

La loi française impose en effet un étiquetage “loyal et précis”, qui renseigne “objectivement le consommateur”, et tout changement dans la composition d’un produit préparé doit entraîner la modification de son emballage, en particulier si de nouveaux allergènes risquent d’être ajoutés au produit. Mais pour les industriels, les délais sont bien trop courts pour que l’on puisse remplacer au pied levé les cartons de pizzas ou les étiquettes en plastique décorant les salades préparées. 

“Habituellement, les emballages sont commandés en quantité gigantesque, pour l’ensemble de l’année. Il faut, en plus, réserver son créneau six mois à l’avance” expliquait ainsi au FigaroOlivier Andrault, chargé de mission alimentation au sein de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir. C’est pourquoi certaines associations, comme Foodwatch, recommandent la pose d’autocollants en sortie d’usine, pour limiter ainsi l’investissement.

Mais pour Jérôme Foucault, c’est, là encore, impossible. “Poser un sticker à la main, c’est tout simplement titanesque”, résume le responsable, “non seulement en personnel, mais en plus il faut trouver les stickers eux-mêmes”. Et ce dernier point n’a rien d’un détail: depuis des mois, les salariés du géant finlandais UPM sont en grève, provoquant une tension sur les stocks de papier, de cartons mais également d’étiquettes sur tout le continent européen.

Le cas des OGM toujours pas réglé

La piste privilégiée par les industriels serait alors d’utiliser les jets d’encre pour écrire une petite mention “derog”(pour “dérogation”) sur les emballages concernés. À charge ensuite au consommateur final d’aller sur un site internet, mis en place spécialement, pour voir par quel ingrédient a été remplacée l’huile de tournesol. 

Une solution qui fait grincer des dents chez Foodwatch: “Ce qu’il faut, c’est une information au consommateur au moment de l’acte d’achat” proteste Camille Dorioz, ingénieur agronome en charge du dossier auprès de l’ONG. “Des stickers, des affichettes dans les rayons, oui”, mais demander au consommateur de faire l’effort de se renseigner en plus de son acte d’achat ne lui paraît pas être adapté.

Car l’affaire dépasse l’huile de colza. Dans un communiqué, l’association explique que “si les consommateurs ne souhaitent pas manger d’OGM ou d’huile de palme, ils doivent pouvoir disposer de l’information au moment de leurs achats.”

Sur ce point, l’ADEPALE se veut conciliante: “Tout ce qui a trait aux allergènes devra faire l’objet d’une inscription directement sur le paquet”, abonde Jérôme Foucault, “tout comme les produits contenant des OGM”. Une inscription au jet d’encre également? La DGCCRF se refuse encore à donner une date, mais des milliers de demandes de dérogations ont déjà été déposées en préfectures.

Californie : Ce pont géant végétalisé permettra aux animaux de traverser l’autoroute

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Un immense écopont va bientôt être construit au-dessus d’une autoroute de Californie ( Etats-Unis). Les travaux doivent débuter à Santa Monica le 22 avril prochain, rapporte The Guardian relayé par Ouest France.

Il s’agira du plus grand pont végétalisé pour animaux du monde. Haut de 64 m et large d’une cinquantaine de mètres, cet « écoduc » permettra à la faune de traverser sans danger l’autoroute US101 2×5 voies qui relie le nord et le sud de la Californie. Ainsi, les félins, serpents, cerfs, coyotes et lézards de la région pourront circuler librement et sans prendre de risque.

Un projet à 90 millions de dollars.

Ce type d’ouvrage n’est pas une nouveauté. En France, de nombreux crapauducs existent déjà pour permettre aux amphibiens de traverser en toute sécurité. Mais l’ouvrage californien, qui sera terminé en 2025, se distinguera par son revêtement entièrement végétalisé, censé favoriser le bien-être des animaux.

Le pont sera d’ailleurs exclusivement réservé aux bêtes. Des gardes devraient même être postés à proximité afin d’empêcher les promeneurs de s’y aventurer. Le coût du projetest estimé à 90 millions de dollars (environ 83 millions d’euros). 60 % du budget a été couvert par des dons privés, précise Ouest France.

Source 20 mn

Opération littoral 2022 : « Attention, on marche sur des oeufs »

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Pour la 3ème année consécutive, de nombreux acteurs de la protection de la nature lancent une campagne nationale pour préserver les espèces sauvages qui peuplent nos plages.

Le Conservatoire du littoral, l’Office français de la biodiversité, l’Office national des forêts, la Ligue pour la protection des oiseaux, Rivages de France, associés à de nombreuses associations et gestionnaires de sites, appellent à la vigilance ! L’opération « Attention, on marche sur des œufs ! » vise à sensibiliser les usagers du littoral et les gestionnaires de plages au respect de la faune sauvage qui partage ces espaces souvent touristiques et fréquentés.

En ce début de printemps, les Gravelots à collier interrompu, Grands gravelots, Sternes naines et autres oiseaux du bord de mer débutent leur période de reproduction en France métropolitaine. En Outre-mer, les tortues marines et de nombreuses espèces d’oiseaux de mer pondent également sur les plages.

En 2021, l’opération « Attention, on marche sur des œufs » a permis l’envol de plusieurs centaines de poussins, qui n’auraient pas survécu sans les interventions équipes locales. En informant le public, en alertant les services responsables de l’entretien des plages, en identifiant voire en isolant les nids par un balisage à caractère pédagogique, il a été possible d’épargner la biodiversité littorale menacée. Cette année, le repérage des installations d’oiseaux a débuté et, en lien avec les collectivités, des équipes d’animateurs vont de nouveau sensibiliser le public afin d’anticiper les impacts de la fréquentation des sites naturels du littoral. 

La préservation des espèces sauvages nichant sur les plages est conditionnée par la cohabitation sereine avec les activités humaines. Les chiens non tenus en laisse et les véhicules à assistance électrique constituent par exemple de véritables fléaux.  

Les attitudes à adopter pour réduire votre impact et sauver les poussins :

– vérifiez que l’accès au site du littoral où vous souhaitez vous rendre est autorisé 

– restez sur les sentiers balisés

–  tenez strictement votre chien en laisse 

– évitez de fréquenter le haut de plage, les dunes de sable ou végétalisées en arrière-littoral

– si vous voyez un oiseau posé au sol qui vous semble blessé ou pousse des cris répétés, éloignez-vous au plus vite

– évitez les zones balisées avec une signalétique propre à l’opération.

– ramassez les déchets

Pour en savoir plus sur la faune sauvage du littoral et les moyens de la protéger, rendez-vous sur les réseaux sociaux et sur les sites internet des partenaires de l’opération. #OnMarcheSurDesOeufs

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Oiseaux : plus ils sont proches de l’équateur, plus leurs couleurs sont vives

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Une étude a confirmé que plus on s’approchait de l’équateur, plus les couleurs des oiseaux étaient vives, et qu’elles ternissaient à mesure qu’on s’en éloignait.

Les naturalistes du 19e siècle l’avaient pressenti, c’est désormais prouvé : les oiseaux des tropiques sont plus colorés que leurs congénères des zones tempérées, obéissant à un schéma géographique bien spécifique qu’une étude vient de mettre au jour.

Plus de 4.500 espèces de passereaux étudiées

Durant leurs expéditions tropicales, les biologistes européens Charles Darwin, Alexander von Humboldt et Alfred Russel Wallace avaient décrit cette richesse si colorée de la flore et de la faune par rapport aux espèces des latitudes septentrionales. « Plus on approche des tropiques, plus augmentent la variété des structures, la grâce des formes et le mélange des couleurs« , s’émerveillait ainsi le naturaliste allemand Humboldt (1769-1859), qui explora notamment la jungle amazonienne.

Depuis, plusieurs scientifiques ont suspecté l’existence d’une sorte de schéma géographique de coloration des espèces, variant en fonction de la latitude, mais sans pouvoir en apporter la preuve. Pour confirmer l’hypothèse, des biologistes de l’Université britannique de Sheffield ont étudié plus de 4.500 espèces de passereaux, la plus grande famille d’oiseaux chanteurs (hirondelles, pies, alouettes, rossignols, merles, mésanges, tangaras de paradis…), bien répartie à travers le monde. Ils ont passé au crible les plumages de spécimens adultes (mâles et femelles) issus des collections du Muséum d’histoire naturelle de Tring, en Angleterre : chacun a été pris en photo sur un fond noir, sous trois angles différents, avec et sans filtre UV. Grâce à une méthode d’apprentissage profond (un des domaines de l’intelligence artificielle), ils ont extrait de ces séances photo 1.500 pixels par plumage. Sur cette base, ils ont pu mesurer un « taux » de coloration de chaque espèce, puis le comparer à la localisation de l’oiseau, avec un système de scores.

Pourquoi une telle différence ?

Les résultats ont confirmé que plus on s’approchait de l’équateur, plus les couleurs étaient vives, et qu’elles ternissaient à mesure qu’on s’en éloignait. Une sorte de « règle biogéographique », globalement valable pour les deux sexes, malgré de légères différences. Quelle en est la cause ? Plusieurs explications ont été avancées, dont celle d’Alfred Russel Wallace qui voyait dans la luxuriante végétation des forêts tropicales un camouflage naturel permettant aux couleurs vives des oiseaux de s’épanouir toute l’année, quand leurs congénères des forêts tempérées ont dû adapter leur plumage aux arbres dénudés de l’hiver.

Une prédiction que l’étude a confirmée. « Nous avons trouvé que la coloration était plus élevée chez les oiseaux en habitat dense, comme les forêts tropicales« , dit à l’AFP Christopher Cooney. Autre facteur avancé : l’alimentation, puisque les oiseaux se nourrissant de fruits et de nectar, davantage présents aux latitudes tropicales, présentent des couleurs plus vives, ajoute-t-il. Ses recherches établissent aussi une corrélation entre diversité des espèces et variété des couleurs, suggérant que cela puisse servir aux oiseaux « à mieux se distinguer entre eux, dans un environnement foisonnant d’espèces« .

Source : Sciences et Avenir

Le crapaud doré, première espèce dont le réchauffement climatique a causé officiellement la disparition

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Le crapaud doré, une espèce d’amphibien vivant dans la forêt tropicale du Costa Rica, est le premier animal connu à avoir disparu à cause du réchauffement climatique

CLIMAT – Le crapaud doré est le premier. Ceux qui ont pu avoir la chance d’observer ce petit amphibien au coeur de la forêt nuageuse costaricaine ne l’oublieront jamais. Pour les autres il est trop tard, car cette espèce est désormais éteinte.

 Auparavant, il était possible de l’apercevoir quelques jours dans l’année, lorsqu’une armée de ces petits batraciens apparaissaient mystérieusement dans les mares de cette forêt tropicale pour se reproduire. “Le sol est très sombre et les crapauds dorés se dessinaient comme des figurines animales. C’était un sacré spectacle” au milieu des “arbres noueux, sculptés par le vent et recouverts de mousse”, raconte pour l’AFP Alan Pounds, écologue à la réserve biologique de Monteverde au Costa Rica.

Mais ça, c’était avant de constater sa disparition en 1990. Aujourd’hui, il est possible d’affirmer qu’il s’agit de la première espèce connue dont l’extinction est attribuée au réchauffement climatique. Le crapaud doré ne vivait que dans les forêts de Monteverde. “Environ 99% de sa population a été perdue en une seule année”, relate Alan Pounds, dont les conclusions sont validées par le rapport du Giec sur les impacts du réchauffement publié en février. Ce n’est donc certainement pas la dernière espèce à disparaître. 

 “Gâchette” climatique 

Même si le monde parvient à limiter le réchauffement à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, ce qui représente l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris, 9% des espèces de la planète pourraient disparaître, selon les experts climat de l’ONU (Giec).

Quelques autres l’ont rejoint dans la tombe, et ce n’est certainement qu’un début. Depuis son arrivée dans le pays au début des années 1980 pour étudier les amphibiens, le docteur Alan Pounds a déjà pu constater la disparition de plusieurs autres espèces, comme la grenouille harlequin de Monteverde. 

Dès lors, les chercheurs ont mis en exergue l’évolution du climat local et celle des populations d’espèces. Ils y ont vu l’influence périodique du phénomène El Nino, mais aussi des tendances durables liées au changement climatique, les déclins se produisant après des périodes inhabituellement chaudes et sèches.

S’ajoute à cela la chytridiomycose, une infection tueuse d’amphibiens. Cette dernière a joué un rôle majeur dans la disparition d’espèces selon Alan Pounds et ses collègues. Pour eux, la maladie a été “la balle, le changement climatique a appuyé sur la gâchette”. Et ce mécanisme s’observe ailleurs.

Un exemple, le melomys rubicola, petit rongeur qui vivait sur une minuscule lande de terre au large de l’Australie et que personne n’a aperçu depuis 2009. Seul mammifère endémique de la Grande barrière de corail, il n’a vraisemblablement pas survécu à la submersion de son habitat, et donc déclaré éteint en 2016.

Globalement, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) estime que le changement climatique est une menace pour près de 12.000 espèces, dont près de 6.000 risquent l’extinction. “C’est absolument terrifiant”, commente Wendy Foden, experte climat à l’UICN. Des négociations internationales sont en cours pour parvenir à un traité pour mieux préserver la nature, notamment en protégeant au moins 30% des terres et des océans d’ici 2030.

Mais avec le réchauffement climatique, cette protection classique n’est pas suffisante, souligne Wendy Foden. “Même les contrées sauvages les plus isolées seront affectées par le changement climatique”.

Une forêt tropicale qui devient sèche 

A Monteverde, même les nuages ont changé. Les précipitations ont augmenté dans cette région ces 50 dernières années mais elles sont devenues plus erratiques, alternant entre périodes très pluvieuses et périodes très sèches, souligne pour l’AFP Alan Pounds.

Dans les années 1970, cette forêt comptait environ 25 jours secs par an en moyenne, contre environ 115 ces dix dernières années. De plus, le brouillard qui enveloppait la forêt pour conserver l’humidité pendant la saison sèche, donnant son nom à cette “forêt nuageuse”, s’est réduit d’environ 70%. “Souvent, ça ressemble plus à une forêt de poussière qu’à une forêt de nuages”, regrette le docteur.

Des recherches continuent d’être menées pour espérer retrouver une trace du crapaud doré, puisqu’une équipe de conservationnistes s’est lancée l’an dernier sur ses traces dans son habitat historique de la “forêt éternelle des enfants” au Costa Rica. Mais l’espoir semble perdu. Comme l’affirme Alan Pounds, “avec chaque année qui passe, il semble de moins en moins probable qu’il réapparaisse”. 

Le renard, tué toute l’année, doit-il rester classé espèce nuisible ?

Renard-roux

Des associations de protection de la nature estiment que les dommages causés par l’animal, considéré comme « susceptible d’occasionner des dégâts » dans 91 départements, sont surestimés.

Opportuniste et pilleur de poulailler : sa mauvaise réputation lui colle à la fourrure. Comptant parmi les espèces chassables de juin à mars en tant que « gibier sédentaire », le renard peut également être tué par différents moyens tout au long de l’année dans les 91 départements où il est classé « espèce susceptible d’occasionner des dégâts » (ESOD).

Une pression continue sur ce prédateur que des organisations de protection de la nature voudraient réduire. Pour Marc Giraud, naturaliste et porte-parole de l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), l’animal subit une persécution. « Notre objectif est de changer le statut du renard pour qu’il soit considéré comme gibier et prélevé seulement durant la période de chasse. » Sans le statut de nuisible, l’animal ne pourrait plus être tiré de jour comme de nuit, déterré de son terrier par les chiens de chasse, piégé…

L’association a remporté une victoire locale jeudi 31 mars. Le tribunal administratif de Rouen, saisi par l’Aspas, Agir pour le vivant et les espèces sauvages (AVES France) et la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), a annulé un arrêté du préfet de Seine-Maritime qui avait autorisé l’abattage de 850 renards en 2020. « Ce qui est intéressant, c’est la jurisprudence qui émerge, a réagi Richard Holding, chargé de communication à l’Aspas. Maintenant, dès qu’on attaque, on est sûrs de gagner. »

Autorégulation de l’espèce

Les défenseurs du renard accusent les chasseurs de surestimer les nuisances causées par l’animal et rejettent les arguments avancés par la Fédération nationale des chasseurs (FNC) et les différentes commissions départementales de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS) chargées d’appliquer ou non la classification d’ESOD. Selon les autorités, divers motifs justifient sa présence sur cette liste : la protection de la faune et la flore, l’intérêt de la santé et de la sécurité publiques, la prévention de dommages importants aux activités agricoles, forestières et aquacoles… En Seine-Maritime, le préfet avait mis en avant, pour justifier son arrêté, « la prédation de cette espèce sur le petit gibier, plus particulièrement les perdrix grises », ainsi que « le risque de propagation de maladies transmissibles à l’homme et véhiculées par le renard » – en particulier l’échinococcose alvéolaire, une maladie contractable par contact avec des animaux infectés ou leurs excréments souillant des végétaux – et « la nécessité de protéger les élevages avicoles ».

Le besoin de réguler l’espèce, abondante dans certains territoires où celle-ci n’a d’autre prédateur que l’homme, est mis en avant par le ministère de la transition écologique. Le nombre d’individus en France reste stable, voire augmente légèrement – une preuve, selon Nicolas Rivet, directeur général de la Fédération nationale des chasseurs, que « même si des chasseurs prélèvent et régulent des renards, ça n’a pas d’impact sur la population ».

Les naturalistes et associatifs assurent cependant que les populations s’autorégulent. « Le renard vit et se reproduit en fonction des ressources alimentaires disponibles sur son territoire », détaille Carine Gresse, assistante vétérinaire de formation et fondatrice du Clos des Renardises, premier refuge pour renards. Le nombre de renardeaux par portée peut ainsi varier de un à sept. « Il n’y a ni suivi ni comptage, seulement des estimations. C’est une aberration de prétendre réguler quand on ne garde pas de comptes », argumente-t-elle.

Si la FNC déclare tuer 500 000 renards par an, les associations évaluent ce nombre entre 600 000 et 1 million d’individus. Le ministère de la transition écologique et solidaire estime de son côté les « prélèvements » pour la chasse à 430 000 et précise que les « destructions » liées à son statut d’ESOD sont suivies au niveau départemental.

« Excellent auxiliaire de l’agriculture »

Selon un chasseur siégeant dans l’une des commissions départementales de la chasse et de la faune sauvage, qui requiert l’anonymat, l’argument de la protection des élevages ne tient pas. « Le renard est accusé de croquer poules et agneaux, mais il y a d’autres moyens pour protéger les enclos », estime-t-il. De plus, ce comportement serait minoritaire. « Les animaux d’élevage sont des proies quand les prédateurs économisent leur potentiel énergétique. Le renard se nourrit à 75 % des petits rongeurs, c’est d’ailleurs ce qui en fait un excellent auxiliaire de l’agriculture et un moyen de lutter contre la propagation de certaines maladies », affirme Carine Gresse.

Un renard mange jusqu’à 6 000 campagnols par an. « La maladie de Lyme est transportée par les tiques via les rongeurs. Leurs prédateurs limitent donc sa propagation », complète Marc Giraud. Un argument relativisé par Nicolas Rivet : « Qu’il participe à éviter une dissémination trop forte en prélevant quelques campagnols, peut-être, mais ce n’est pas pour autant que la maladie de Lyme serait éradiquée si on ne régulait pas les renards. »

Par ailleurs, en se nourrissant principalement de petits rongeurs, les renards représenteraient un gain économique pour l’agriculture, en évitant l’utilisation de produits chimiques. Un arrêté préfectoral a ainsi fait retirer le renard des ESOD dans 117 communes du Doubs en 2019 afin de « favoriser la prédation exercée sur les campagnols par les renards dans les communes où au moins un agriculteur aura souscrit un contrat de lutte raisonnée ». Il participe en outre à l’élimination des animaux malades et des cadavres, et, friand de végétaux, à la dissémination des graines de diverses essences d’arbres par ses déjections, plaide l’Aspas.

Pour Patrick Janin, juriste dans le droit environnemental et membre de l’Association ornithologique et mammalogique de Saône-et-Loire, « il y a les motifs officiels et les motifs inavoués » au classement en nuisible. « Pour repeupler un territoire, les chasseurs utilisent du gibier d’élevage (faisans, perdrix, lièvres) qui n’a pas acquis de capacité de défense, ni d’instinct sauvage », explique-t-il. Des proies particulièrement faciles pour un renard. Les chasseurs considéreraient, selon lui, le renard comme un concurrent.

Joséphine Maunier

Le Monde

15 baleineaux porteurs d’espoir

De novembre à avril, les baleines noires de l’Atlantique Nord donnent naissance à leurs baleineaux dans les eaux chaudes de la Floride et de la Géorgie.

En ce début de printemps, la saison de mise bas de cette espèce vulnérable touche bientôt à sa fin et, comme l’an dernier, elle a été bien remplie! Au total, 15 nouveaux petits ont été rapportés pour l’année 2022 en date du 28 mars. Combiné avec les 20 veaux comptabilisés en 2021, ce bilan est particulièrement encourageant et contraste avec le faible taux de natalité de l’espèce enregistré entre 2017 et 2020!

Pour célébrer l’occasion, Baleines en direct vous invite à aller à la rencontre des nouvelles paires mère-veau de l’année!

Les nouvelles mamans

La première baleine noire à avoir donné naissance lors de cette saison de mise bas n’est nulle autre que Slalom (#1245), une femelle âgée maintenant d’environ une quarantaine d’années. Elle est assez productive, puisqu’il s’agit de son sixième veau! La paire a été observée pour la première fois au large de Pawleys Island, en Caroline du Sud, le 24 novembre 2021.

baleineau

À peine une semaine plus tard, soit le 2 décembre 2021, un autre baleineau a été repérée, cette fois à proximité de Cumberland Island, en Géorgie.

La jeune mère, rapidement identifiée, est connue sous le nom de Snow Cone (#3560).

Depuis maintenant un an, cette femelle de dix-sept ans nage dans l’océan, empêtrée dans des engins de pêche. Plusieurs opérations de sauvetage ont été lancées, aussi bien aux États-Unis qu’au Canada, pour les lui enlever, mais malgré les efforts déployés, quelques cordages demeurent.

Malgré ce terrible handicap, Snow Cone et son veau semblent bien se porter. Les yeux restent toutefois rivés sur le duo, leur situation précaire étant sujette à une surveillance serrée.

derecha

Un autre carnet rose notable de l’année est celui du cinquième veau de la femelle Derecha (#2360), aperçu pour la première fois à l’entrée de la rivière St-Johns avec sa mère, en Floride le 18 décembre 2021.

Cette naissance met du baume au cœur, considérant que Derecha a perdu son précédent veau, en janvier 2020, suite à une collision fatale avec un navire.

naevus

Naevus (#2040), la sœur de Slalom, figure elle aussi parmi les nouvelles mamans de cette saison! Comme son aînée, elle a aussi donné naissance à son sixième veau cette année, vu pour la première fois le 31 décembre 2021. Sept années se sont écoulées entre ce nouveau petit et le précédent, né en 2014.

Un autre veau d’intérêt particulier est celui de la mystérieuse #3220, repéré en Géorgie, près d’Ossabaw Island, le 6 janvier 2022. Il s’agirait du troisième veau de cette baleine furtive.

Cette femelle n’est aperçue que de façon très sporadique : la dernière fois qu’elle a été observée, c’était en 2012! Où passe-t-elle ses étés et ses hivers? Les chercheurs, qui suivent de près la population, aimeraient bien le savoir. Espérons ne pas avoir à attendre une autre décennie avant de la revoir!

naevus et son veau

Fermons ce carnet rose en citant les autres mamans de la saison : Arpeggio (#2753), Silt (#1817), Braces (#3320), Tripelago (#2614), Half Note (#1301), #1515, #3157, #3430 et #4180.

Chaque veau compte

Un total de 15 naissances pourrait sembler peu pour une espèce entière. Cependant, il est estimé que les baleines noires de l’Atlantique Nord ne comptent aujourd’hui que moins de 350 individus au total. Ainsi, chacun de ces petits baleineaux est crucial pour la survie de l’espèce, qui traverse depuis 2017 un événement de mortalité exceptionnel.

Les risques principaux auxquelles les baleines noires font face sont les collisions avec les navires et les empêtrements dans les engins de pêche. Soulignons d’ailleurs que toutes les mamans de cette année ont déjà vécu des empêtrements au cours de leur vie. En parallèle, jusqu’à l’an dernier, le taux de natalité de ces géantes des mers était dangereusement faible depuis 2017. Mais ces deux années de naissances fructueuses sont une véritable note d’espoir pour les baleines noires de l’Atlantique Nord. Souhaitons longue vie à ces 15 bébés!

Source : Baleine en direct, depuis Tadoussac au Québec