Verdict historique en faveur des droits de la nature en Équateur

pristimantis

Grâce aux soutiens venus des quatre coins du globe sur la pétition organisée par « Sauvons la forêt », la Cour constitutionnelle de l’Équateur a rendu un jugement historique, destiné à créer une jurisprudence en faveur des droits de la nature, en empêchant toute activité minière dans la forêt de protection de Los Cedros. Inscrits dans la Constitution équatorienne en 2008, les droits de la nature sont mis en œuvre pour la première fois.

L’exploitation pétrolière et minière entraîne la destruction et la contamination de la nature ainsi que de graves conflits sociaux dans différentes régions du monde. Les plaintes contre de tels projets sont souvent rejetées ou largement ignorées par les autorités. Pourtant, en Équateur, la nature est reconnue comme un sujet juridique avec la Constitution entrée en vigueur en 2008.

La Cour constitutionnelle équatorienne a vérifié si les droits de la nature étaient respectés dans le pays. Pour ce faire, les juges ont invité le public à déposer des dossiers et examiné diverses procédures judiciaires. L’une d’entre elles concerne le projet d’extraction de cuivre dans la forêt de protection de Los Cedros, au nord-ouest de la capitale Quito. Des habitants, soutenus par la municipalité de Cotacachi, ont porté plainte avec succès devant les tribunaux locaux. Les ministères des mines et de l’environnement n’ont toutefois pas reconnu ces décisions de justice et les ont déjà contestées en troisième instance.

La Cour constitutionnelle a sifflé la fin de la récréation, en annonçant le 1er décembre 2021 dans un tweet : « Dans son arrêt 1149-19-JP/21, la cour déclare la violation des droits de la forêt de protection de Los Cedros et la mise en œuvre des droits de la nature, de l’eau, d’un environnement sain et de la consultation de la population ». La forêt de nuages, qui s’étend sur plus de 6.000 hectares, possède une grande diversité biologique, et abrite de nombreuses espèces menacées, comme l’ours à lunettes, le singe araignée à tête brune et des amphibiens, dont certaines sont endémiques.

« L’écosystème de Los Cedros est porteur du droit à l’existence d’espèces animales et végétales ainsi qu’au maintien de leurs cycles, de leur structure, de leurs fonctions et de leur processus d’évolution », a déclaré le tribunal dans son jugement. Conséquence, tous les permis octroyés dans le cadre du projet minier doivent être annulés. Le ministère de l’environnement doit prendre des mesures pour préserver la forêt de protection et élaborer un plan pour sa gestion et son entretien.

Sauvons la forêt soutient de longue date les habitants et groupes environnementaux locaux, comme DECOIN et OMASNE, qui luttent contre les projets de mines de cuivre dans la région de l’Intag. Dans le cas de Los Cedros, notre association a lancé la pétition « Equateur : oui à la primauté des droits de la nature ! », qui a collecté plus de 116 000 signatures. Merci à toutes celles et ceux qui y ont participé.

Nos partenaires d’OMASNE, dont nous soutenons le travail également financièrement, nous ont écrit depuis l’Équateur : « Merci pour le travail commun qui nous a permis d’empêcher l’exploitation minière à Los Cedros. Ce jugement constitue un précédent important au niveau local, national et international. C’est un formidable succès en cette fin d’année ! »

Nous attendons avec impatience les jugements concernant les autres cas examinés par la Cour constitutionnelle équatorienne et ne manquerons pas à en rendre compte.

Source : Sauvons la forêt.org

224 nouvelles espèces découvertes en Asie du Sud-Est

laos

photo : Au Laos, près de Luang Prabang. (Martin Bertrand/Hans Lucas)

 

Si l’effondrement de la biodiversité est bien réel, cela n’empêche pas la découverte de nouvelles espèces animales et végétales. Souvent d’ores et déjà menacées par les activités humaines.

Triton cornu, singe fantôme, grenouille à grosse tête, serpent-limace ou bien encore poisson incolore. Ces nouvelles espèces aux noms exotiques ont été découvertes en 2020 dans la région du Grand Mékong, en Asie du Sud-Est, rapporte l’organisation de protection de la nature WWF. Pas moins de 224 espèces – 155 plantes, 16 poissons, 17 amphibiens, 35 reptiles et un mammifère – font ainsi leur entrée sur la liste officielle du vivant.

Ces découvertes soulignent un peu plus la riche biodiversité de la région du Mékong, qui englobe la Thaïlande, le Myanmar, le Laos, le Cambodge et le Vietnam et où résident des tigres, des éléphants d’Asie, des saola – un animal extrêmement rare également appelé licorne asiatique – et des milliers d’autres espèces. Un haut-lieu du vivant qui témoigne la résilience de la nature face à l’«intense menace» de la destruction des habitats.

«Ces espèces sont des produits extraordinaires et magnifiques de millions d’années d’évolution, mais elles sont extrêmement menacées. Nombre d’entre elles disparaissant avant même d’être décrites», explique Yoganand K., responsable régional du WWF-Grand Mékong pour la faune et la criminalité liée aux espèces sauvages. A peine répertoriée au Vietnam et au Cambodge, la grenouille à grosse tête est par exemple déjà mise en danger par la déforestation.

Cette partie du monde abrite aussi certaines des espèces les plus menacées au monde, comme le dauphin de l’Irrawaddy au Cambodge. Outre la perte des habitats, les maladies liées aux activités humaines et le commerce illégal d’espèces sauvagessont un véritable péril.

Bambou succulent, bégonias du Laos et mûrier du Vietnam

Parmi les découvertes, on retrouve un singe langur Popa, aux yeux cerclés de blanc, déjà en danger critique d’extinction, puisque seuls 200 à 250 spécimens vivraient à l’état sauvage dans quatre endroits isolés de la Birmanie. Ils sont menacés par la chasse, l’agriculture et l’extraction du bois.

En Birmanie toujours, un poisson incolore vivant dans des grottes marines a été découvert. Un triton cornu brun-orange, repéré pour la première fois sur une photo datant de vingt ans, ainsi qu’un gecko des rochers gris et orange ont été, eux, remarqués en Thaïlande.

Le premier bambou «succulent» du monde, dont la tige peut se gorger d’eau et se dégonfler pendant les saisons sèches et humides, figure également parmi les espèces nouvellement découvertes après avoir été identifié au Laos. De même, une plante à l’odeur âcre de la famille du gingembre, trouvée pour la première fois dans un magasin de plantes en Thaïlande, un mûrier du Vietnam et une série de bégonias du Laos et de Birmanie viennent enrichir la liste des nouveaux venus.

«Elles requièrent notre plus grand respect»

La découverte d’espèces n’est pas toujours aisée. Si un piège à caméra peut s’avérer utile, les scientifiques doivent parfois utiliser des échantillons provenant de collections de musées pour comparer et identifier les animaux et les plantes nouvellement repérés.

Malgré les empiètements de l’homme sur les forêts tropicales et les zones sauvages, une grande partie de la région du Mékong est encore peu explorée. Chaque année, des dizaines de nouvelles espèces sont découvertes. Ainsi, plus de 3 000 espèces ont été repérées au Grand-Mékong depuis 1997. Une lueur d’espoir alors que l’effondrement de la biodiversité s’accélère. «La région est sans aucun doute un poids lourd mondial de la découverte d’espèces, souligne Yoganand K. Celles-ci requièrent notre plus grand respect, notre plus grande attention et des actions urgentes pour protéger leurs habitats et minimiser leur exploitation.»

C’est tout le propos de la deuxième partie de la COP15 pour la biodiversité, prévue fin avril à Kunming en Chine, qui doit permettre la mise en place de mesures fortes pour que l’humanité vive «en harmonie avec la nature» d’ici à 2050.

Libération / Eléonore Disder, 26 janvier 2022

ASPAS Newsletter – Janvier 2022

ASPAS

Parmi nos actualités ce mois-ci : des appels à action en faveur des zones protégées, une nouvelle victoire pour des oiseaux menacés dans les Antilles, un camouflet judiciaire pour les chasseurs et un avant-goût de notre Goupil n°148, le magazine trimestriel réservé aux adhérents. Bonne lecture !

oiseaux antilles

LA JUSTICE ANNULE LA CHASSE
DE 3 OISEAUX MENACÉS DANS LES ANTILLES !

La barge hudsonienne, la colombe rouviolette et le pigeon à cou rouge, trois oiseaux en mauvais état de conservation, sont définitivement sauvés de la chasse pour la saison 2021-2022 en Guadeloupe et à Saint-Martin, suite à une décision de justice intervenue le 30 décembre et qui donne raison à l’ASPAS et d’autres associations. Une excellente nouvelle pour la sauvegarde de la biodiversité ! >> En savoir plus

protection des espaces naturels
Portrait d’une chouette de Tengmalm, la moitié de son corps en dehors de son nid

EXPRIMEZ-VOUS POUR UNE PROTECTION
VRAIMENT FORTE DES ESPACES NATURELS !

Jusqu’au 5 février, le public est invité à participer à une consultation publique nationale autour de l’adoption d’un décret visant à définir la notion de « protection forte » d’un espace naturel. En l’état, le texte manque sérieusement d’ambition face à l’effondrement du vivant : soyons nombreux à demander à ce que l’État favorise une nature laissée en libre-évolution ! >> Participer

Cervus elaphus, Cerf élaphe, Vosges, France, Septembre 2019
Cervus elaphus, Cerf élaphe, Vosges, France, Septembre 2019

NON À LA CHASSE DANS
LA RÉSERVE NATURELLE DU VERCORS !

La chasse est forcément interdite dans une Réserve naturelle vous vous dites… Niet ! Dénonçons ce scandale impliquant le Conseil Départemental de l’Isère, qui a décidé de remettre des fusils dans une partie de la réserve, un ilot de biodiversité de 4000 hectares où le loup est depuis longtemps présent et où il n’y a PAS eu de chasse depuis 29 ans !! >> Signer la pétition

biodiversité et pesticides

BIODIVERSITÉ ET PESTICIDES :
L’ASPAS REJOINT « JUSTICE POUR LE VIVANT »

Le 10 janvier, l’ASPAS a déposé un recours contre l’État français pour manquement à ses obligations de protection de la biodiversité au Tribunal Administratif de Paris, aux côtés de Notre Affaire à Tous, POLLINIS, Anper-tos et Biodiversité sous nos pieds. Après la condamnation de l’État pour inaction climatique, il est aujourd’hui temps de le condamner à agir pour préserver la biodiversité ! >> En savoir plus

dégats des sangliers
Sus scrofa, wild boar, sanglier, Vosges, France, 2018

DÉGÂTS DE SANGLIERS :
LES CHASSEURS DEVRONT CONTINUER DE PAYER !

Alors qu’ils sont les principaux responsables de la prolifération des sangliers, les chasseurs ne veulent plus indemniser les agriculteurs, comme le prévoit le système actuel… Raté ! Le Conseil constitutionnel, saisi par le Conseil d’État, n’a pas suivi la demande de la Fédération Nationale des Chasseurs, dans une décision rendue publique le 20 janvier. >> En savoir plus

lynx,film
Collared wild female european lynx (Lynx lynx) staring at the biologists who are tagging her cubs near by in the swiss Alps.

L’ASPAS EST PARTENAIRE DE « LYNX »,
UN FILM DE TOUTE BEAUTÉ À VOIR AU CINÉMA

Sorti en salles le 19 janvier, le documentaire « LYNX » de Laurent Geslin est une superbe immersion de 80mn dans les forêts du Jura sur la trace du mythique félin, avec des images rares et époustouflantes, obtenues après des années de patience et avec un total respect de l’animal. Un merveilleux cadeau en ce début 2022 pour tous les amoureux d’une nature épanouie, libre et sauvage. >> En savoir plus

 

La cellule de gendarmerie Déméter harcèle les opposants à l’agro-industrie

déméter

Des activistes animalistes sont en procès ce vendredi 28 janvier, pour des dégradations d’élevages et la libération d’agneaux. Cette inculpation est signée par la cellule de gendarmerie Déméter, dont les interventions contre les opposants aux élevages industriels ou aux pesticides se multiplient. La cellule est elle-même sous le coup d’une procédure juridique.

« Un procès éminemment politique » : c’est ainsi que Vincent Aubry décrit l’audience qui se tiendra vendredi 28 janvier au tribunal correctionnel du Mans (Sarthe). Avec huit autres co-inculpés, l’activiste animaliste se voit reprocher une série de tags et dégradations dans des élevages en 2020, ainsi que la « libération » de sept agneaux à la veille de Pâques, en 2021. Tous sont aussi accusés d’« association de malfaiteurs », punie jusqu’à dix ans de prison et 150 000 euros d’amende.

Plus de deux ans après sa création, la cellule de gendarmerie Déméter peut donc se vanter d’avoir obtenu des résultats. Elle avait été créée fin 2019 pour lutter contre les « atteintes au monde agricole ». Elle annonçait des mesures contre les vols de matériel dans les exploitations, de plus en plus fréquents. Mais aussi contre les actes « de nature idéologique, qu’il s’agisse de simples actions symboliques de dénigrement du milieu agricole ou d’actions dures ayant des répercussions matérielles ou physiques », précisait le communiqué de presse. L’idée était de « recueillir des renseignements », notamment grâce à « des échanges d’information réguliers […] entre agriculteurs et forces de l’ordre ». Le tout était matérialisé par une convention signée entre la gendarmerie nationale et les deux syndicats agricoles majoritaires, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et les Jeunes Agriculteurs. « Ce n’est pas un dispositif arrivé de nulle part, il a été créé sur demande expresse de notre part », avait d’ailleurs reconnu auprès de Reporterre Étienne Gangneron, vice-président de la FNSEA.

hendrix_genetics

Les activistes antispécistes étaient clairement visés. De nombreux acteurs de l’écologie et de l’agriculture paysanne et biologique s’étaient également sentis menacés : « Il s’agit de faire taire tous ceux qui mènent des actions symboliques contre le système de l’agriculture industrielle, dont la FNSEA est le principal soutien », écrivaient-ils dans une tribune sur Reporterre.

Procès en cascade ?

Vincent Aubry a ainsi bien prévu de constater que la gendarmerie a sorti les grands moyens contre les actions de son collectif Animal1st. Le procès de vendredi est alimenté par un dossier de « près de 8 000 pages », étoffé grâce à des « moyens colossaux », assure le collectif dans un communiqué. « On est neuf prévenus. En juin, ils nous ont tous perquisitionné en même temps, à raison de cinq ou six gendarmes par perquisition. On a fait jusqu’à trente heures de garde à vue », raconte-t-il. Il a subi deux perquisitions. « Ils ont saisi des cahiers de notes, de l’argent, même une voiture. Ils ont analysé nos ordinateurs de fond en comble. Ils sont même allés jusqu’à analyser les peintures des tags pour connaître les marques et fait des moulages des empreintes de bottes. » Il reconnaît que la cellule Déméter n’a jamais été directement évoquée devant lui par les gendarmes, mais il affirme qu’un major lui a précisé qu’il mettait le paquet car « l’agribashing, ça suffit ». M. Aubry alerte le monde des militants animalistes : les procès risquent de se multiplier.

hendrix_genetics

À la FNSEA, Étienne Gangneron ne le détrompe pas. « Déméter répondait à une demande forte, celle de stopper les intrusions dans les élevages. On considère que ça a fonctionné, il y a eu un coup d’arrêt. Certains rendus de procès commencent à juger cela problématique. Il faut montrer à ces militants qu’il y a des limites. »

« Déméter a créé un climat de pression sur nos associations », constate de son côté François Veillerette, porte-parole de l’association de lutte contre les pesticides Générations futures. Les associations environnementales qui dénoncent l’agriculture industrielle ont aussi eu droit, depuis la création de Déméter, aux faveurs de la gendarmerie.

« Il y a une surveillance spécifique des associations qui s’attaquent aux pesticides »

En décembre 2019, l’association Alerte pesticides Haute-Gironde avait dû répondre à un interrogatoire détaillé de la gendarmerie locale à propos du paisible après-midi de tables rondes sur les pesticides qu’elle organisait. En février 2020 dans le Tarn, une réunion de préparation de la semaine pour les alternatives aux pesticides avait vu débarquer les képis. En juin 2020, en Corrèze, les pandores déconfinés avaient convoqué le porte-parole de l’association Sources et Rivières du Limousin : il avait eu le malheur, lors d’une interview avec France 3, de dénoncer des serres de tomates industrielles et de mettre un pied sur ce terrain privé. Enfin dans le Gard, toujours en juin 2020, la gendarmerie avait fait circuler un questionnaire aux agriculteurs leur demandant de faire remonter les actes d’« agribashing ».

déméter

« Cela confirme ce que l’on craignait, indique François Veillerette. Il y a une sorte de surveillance spécifique des associations qui s’attaquent aux sujets comme les pesticides. C’est comme si nos actions devenaient suspectes. C’est liberticide ! »

Son association a donc attaqué, aux côtés de Pollinis, la convention entre la gendarmerie et la FNSEA, qui est le support de Déméter. L’audience au tribunal administratif a eu lieu le 18 janvier dernier. La demande de dissolution de la cellule Déméter, déposée par l’association L214, était jugée en même temps. « Cette convention touche à des libertés fondamentales : d’expression, d’opinion, de recevoir et communiquer des informations, argumente Julie Pecheur, porte-parole de Pollinis. Il y a aussi une rupture d’égalité entre les syndicats agricoles représentatifs, car seulement deux ont signé la convention, et enfin cela correspond à une délégation du pouvoir de police à des acteurs privés, ce qui est très grave. »

« Excès de zèle »

L’avocate Corinne Lepage défendait les deux associations. Elle fait le bilan de l’argumentation de la rapporteuse publique, la magistrate qui conseille les juges : « Elle a estimé que nous n’avions pas intérêt à agir, car nous n’avons pas prouvé que le fonctionnement normal de nos associations était entravé par cette convention, regrette-t-elle. En revanche, elle a demandé la suppression de Déméter, estimant que cette cellule agit préventivement, sur des sujets d’ordre idéologique, et que c’est donc illégal. » Elle porterait donc bien préjudice à la liberté d’expression. On saura début février si les juges ont suivi l’avis de la rapporteuse.

chbre_agri_53

Le ministère de l’Intérieur était aussi représenté à l’audience, pour défendre sa convention. « C’est fou, il a reconnu qu’il y avait eu des “excès de zèle”, mais a estimé que c’étaient des cas isolés, rapporte Julie Pecheur. Il a aussi expliqué que le communiqué de presse — toujours sur le site du ministère — qui invite à cibler les actions de nature idéologiques était juste une erreur de communicants ! »

La FNSEA, elle, minimise les inquiétudes des associations. « Nous avons été très amusés des cris effarouchés de ces militants, dit Étienne Gangneron, vice-président du syndicat. J’ai été président d’une FDSEA [1] pendant des années. À chaque manifestation, on avait les RG [feu les renseignements généraux] qui débarquaient. Cela a toujours existé. On dirait qu’ils découvrent la vie ! »

Déméter doit « aller plus loin »

« On sent bien que le climat général se durcit », conteste Julie Pecheur pour Pollinis. « On vérifie tous nos rapports encore plus qu’avant, pour éviter toute erreur, parce qu’on sent bien que les procès deviennent un moyen de faire taire les associations », enchérit François Veillerette. Il cite ainsi le procès de Valérie Murat, fondatrice de l’association Alerte aux toxiques. Elle avait publié des analyses de vin de Bordeaux étiquetés HVE — haute valeur environnementale — montrant qu’ils contenaient des pesticides. Elle a été attaquée par le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) pour « dénigrement », et condamnée à payer 125 000 euros de dommages et intérêts.

Idem pour l’application nutritionnelle Yuka, qui a relayé une pétition demandant l’interdiction des additifs nitrés dans la charcuterie, qui augmentent les risques de cancer. Attaquée par les industriels de la charcuterie, l’application a été condamnée à verser en tout 95 000 euros, là encore pour « dénigrement ». Or, c’est précisément la définition de l’« agribashing » pourfendu par Déméter et la FNSEA : le dénigrement de l’agriculture.

chambre_agriculture_fnsea_53

Les associations espéraient une protection bientôt améliorée grâce au projet de loi sur les lanceurs d’alerte, actuellement en discussion. Mais les sénateurs, la semaine dernière, ont commencé à détricoter le texte. Comme l’a révélé Mediapart, l’agroalimentaire breton a notamment fait pression pour que les militants animalistes qui pénètrent dans les élevages ne puissent être protégés. « On voudrait une exception agricole, défend Étienne Gangneron. Cela nous interpelle que les intrusions dans les élevages, qui remettent en cause la sécurité sanitaire et ont un lourd poids psychologique sur les éleveurs, puissent être protégées. »

Un appel sans aucun doute entendu par le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie. En mars dernier, interrogé par France Bleu pays d’Auvergne, il jugeait ces actions animalistes « insupportable[s], on ne rentre pas chez les gens, on ne rentre pas dans une priorité privée » et estimait que Déméter devait « aller plus loin ».

 

L’Equateur agrandit sa réserve marine des Galápagos de près de 60 %

l'equateur-agrandit-sa-reserve-marine-des-galapagos

L’Equateur a officiellement agrandit vendredi 14 janvier de près de 60% sa réserve marine des Galápagos, paradis de la biodiversité dans l’océan Pacifique, a constaté l’AFP.

A bord d’une embarcation scientifique du parc national des Galápagos (PNG), mouillant au large de l’île de Santa Cruz (l’une des cinq îles de l’archipel), le président équatorien Guillermo Lasso a signé le décret créant une nouvelle réserve naturelle baptisée « Fraternité ». Cette réserve marine de 60 000 km2 s’ajoute à la réserve de 138 000 km2 existant depuis mars 1998, célèbre notamment pour ses tortues et sa très riche faune marine. L’archipel équatorien, qui a inspiré la théorie de l’évolution du naturaliste anglais Charles Darwin, compte désormais 198 000 km2 de zone marine protégée.

La création de « Fraternité » est un « message clair au monde », a déclaré à cette occasion M. Lasso. Il s’agit d’« une nouvelle relation avec la Terre, une nouvelle façon de comprendre ce que signifie le progrès de l’humanité », a-t-il assuré. Le président colombien Ivan Duque et l’ancien président américain Bill Clinton ont assisté à l’événement, de même que des représentants des gouvernements du Costa Rica et du Panama.

La nouvelle réserve, au nord de l’archipel, s’étend jusqu’à la frontière maritime du Costa Rica. Elle forme un corridor marin qui se connecte à la zone protégée de Cocos (Costa Rica), suivant un couloir naturel de migration de la faune marine.Les zones protégées des îles de Malpelo (Colombie) et de Coiba (Panama) doivent ultérieurement s’y ajouter pour créer une réserve de biosphère marine transfrontalière, qui sera alors une zone exempte de pêche industrielle sur plus de 500 000 km2, dans des eaux où évoluent tortues de mer, baleines, requins et raies manta.

« Nécessité vitale »

Cette nouvelle réserve « garantira la survie de 40% des espèces marines du monde », a assuré le président colombien Duque. « Nous sommes peut-être un petit territoire (…) mais la planète est aussi la nôtre », a plaidé de son côté le président Lasso, qui avait annoncé la création de cette nouvelle ère protégée lors de la COP26 de Glasgow en Ecosse, en novembre dernier, en échange d’une réduction de sa dette internationale.

« Les mers sont de grands régulateurs du climat mondial », a-t-il ajouté, soulignant que « prendre soin d’elles n’est pas un idéalisme naïf, c’est une nécessité vitale ». L’archipel des Galápagos, qui doit son nom aux tortues géantes endémiques qui y vivent, est situé à 1 000 km des côtes de l’Equateur et classé Patrimoine mondial et réserve mondiale de biosphère pour sa flore et sa faune uniques.

Cette zone, protégée et où la pêche industrielle est interdite, est la deuxième plus grande au monde et compte plus de 2 900 espèces marines. En mars 2016, l’Equateur avait créé un sanctuaire supplémentaire de 38 000 km2 dans les Galápagos pour protéger le requin-marteau (Sphyrnidae), une espèce menacée.

Source GEO

L’extinction d’animaux a aussi un impact sur l’évolution des plantes

l'extinction-d'animaux-a-aussi-un-impact-sur-l'evolution-des-plantes

La disparition de certaines espèces d’animaux a des conséquences dramatiques pour les plantes, comme le rapporte une étude sur le sujet.

Pour les plantes, l’extinction des espaces capables de disperser des graines est néfaste. En ce sens, ces animaux perdent la capacité à migrer vers des lieux moins inhospitaliers et impactés par le réchauffement climatique. Ce sont les conclusions d’une nouvelle étude publiée jeudi dans la revue Science. « Lorsque nous perdons des oiseaux ou des mammifères, nous ne perdons pas seulement ces espèces. Nous perdons aussi leur fonction écologique importante, qui est de disperser les graines », a expliqué à l’AFP Evan Fricke, de l’université Rice.

Cette étude est la première à quantifier le problème au niveau mondial, et estime que la capacité à s’adapter au changement climatique des plantes réclamant la collaboration d’animaux a déjà été réduite de 60%. Les espèces d’arbres présentes dans des régions devenues inhospitalières à cause du réchauffement de la planète peuvent par exemple migrer vers d’autres où il pleut davantage, mais doivent pour cela le faire sous forme de graines. La moitié des plantes comptent sur les animaux pour manger leurs fruits ou leurs noix et ainsi les emmener plus loin, tandis que d’autres dépendent uniquement du vent.

Les comportements des animaux analysés

Pour leurs travaux, les chercheurs danois ont utilisé les données accumulées par des milliers de précédentes études sur le comportement d’animaux, afin de construire une carte de leur contribution à la dispersion de graines. Ils ont ensuite comparé une carte annulant l’effet des extinctions d’espèces causées par les humains, et de la réduction de leurs territoires. Leurs modèles incluaient de nombreux détails : « Quels animaux mangent quelles graines de quel fruit, jusqu’où les graines peuvent être déplacées par rapport à la plante d’origine… », a par exemple énuméré Evan Fricke, auteur principal de l’étude.

Les navires, un vecteur qui accroit le risque d’espèces invasives en Antarctique

Pour les animaux n’ayant pas été précisément étudiés, leur comportement a été prédit par ordinateur en utilisant les données d’espèces similaires. Les résultats se sont révélés surprenants. La perte en dispersion de graines était particulièrement marquée dans les régions tempérées d’Amérique du Nord et du Sud, d’Europe, et d’Australie, même si elles n’avaient perdu qu’un faible pourcentage d’espèces de mammifères et d’oiseaux.

La perturbation était moindre dans les régions tropicales d’Amérique du Sud, d’Afrique ou d’Asie du Sud-Est. Elle pourrait toutefois s’accélérer si d’autres espèces importantes s’éteignent, comme les éléphants. L’étude montre ainsi que les efforts de protection des animaux peuvent aider à combattre le changement climatique. « Les déclins chez les animaux peuvent perturber les réseaux écologiques d’une façon qui menace la résilience d’écosystèmes entiers », conclut Evan Fricke.

Source GEO

Comment un animal né dans un zoo peut-il être réintroduit dans la nature ?

comment-un-animal-ne-dans-un-zoo-peut-il-etre-reintroduit-dans-la-nature

Des programmes de reproduction gérés par les zoos permettent parfois de relâcher des animaux nés en captivité dans la nature.

Mercredi 5 janvier 2022, une loutre géante née au Bioparc de Doué-la-Fontaine (49) s’est envolée pour l’Argentine. Une première en France pour un animal de cette espèce menacée. L’objectif est qu’Arirahna, une femelle de sept ans, soit relâchée dans son milieu naturel en compagnie d’un mâle provenant d’un zoo suédois.

Un projet qui aura mis plus de 20 ans à aboutir. Pierre Gay, président de Bioparc Conservation, explique ainsi avoir eu l’idée à la fin des années 2000, pour les 40 ans du Bioparc, de soutenir des programmes de conservation gérés par les communautés locales. De nombreux voyages et rencontres ont abouti en 2005 à la création d’un programme d’élevage en Europe pour les loutres. Il n’y avait alors que sept individus dans les zoos européens, dont un seul mâle capable de se reproduire. En parallèle, le Bioparc a finalement accueilli son premier couple de loutres géantes en 2007, qui donnera naissance à plusieurs petits, dont Arirahna en septembre 2013.

« Finalement, il y a quelques semaines, nous avons été contactés pour envoyer notre loutre femelle en Argentine. C’est la concrétisation d’un travail et d’un engagement de 20 ans, donc je suis vraiment très content ! », confie l’ancien directeur du parc animalier.

Comment la loutre géante va-t-elle être réintroduite ?

Arirahna et le mâle suédois qui l’a rejoindra à Iberá, au cœur du plus grand parc naturel d’Argentine, ont été choisis par le coordinateur scientifique de l’espèce en Europe parmi toute la population de loutres géantes des zoos européens (environ 80 individus). Parmi les critères pris en compte : l’âge, la maturité, et la compatibilité génétique.

« Après une période de quarantaine effectuée à l’arrivée, Arirahna sera ensuite placée dans un enclos de pré-relâché de 800 m² avec le mâle, et dès qu’ils auront une portée, ils seront relâchés, pucés et équipés d’un émetteur radio », explique Pierre Gay. Là, au bord du lac Paraná, ils recevront quotidiennement des poissons vivants afin de mettre en pratique leurs techniques de pêche. Ils seront relâchés progressivement, et pourront retourner dans leur parc s’ils le souhaitent.

A noter qu’un premier couple de loutre géante a été réintroduit en 2019 et a eu plusieurs portées. Une bonne nouvelle pour cette espèce, considérée comme « probablement éteinte » en Argentine par l’UICN.

 

Toutes les espèces d’animaux peuvent-elles être réintroduites ?

Les réintroductions d’animaux nés en captivité ont pour objectif d’offrir un renfort de population, lorsqu’il ne reste que quelques individus à l’état sauvage, ou de réintroduire une espèce complètement disparue.

« Il existe deux critères fondamentaux pour savoir qui peut être relâché. D’une part l’espèce : est-ce qu’elle a besoin d’un apprentissage. Et ensuite l’individu : est-ce qu’il est imprégné ou non. Si c’est le cas, c’est très dur de désimprégner un animal, il aura besoin de l’homme toute sa vie », détaille Pierre Gay.

C’est pour cela, explique le spécialiste, que les premières réintroductions ont eu lieu avec des vautours. Ceux-ci ne consommant principalement que des charognes, ils ont juste à repérer les autres oiseaux qui tournent dans le ciel au dessus d’un cadavre, et se joindre à eux.

« Pendant très longtemps on a cru qu’on ne pourrait pas relâcher de grands félins, continue Pierre Gay. Ils savent chasser de façon innée. Même un chat domestique sait spontanément chasser. Le seul danger, c’est que les grands félins sont dangereux pour l’homme, et quand ils ont été à notre contact pendant des années, ils savent très bien que nous, nous ne sommes pas dangereux… et faciles à manger. »

Difficile donc, mais pas impossible. Une équipe russe est ainsi en train de mener un projet avec les léopards de Perse. « Ils ont récupéré des animaux élevés dans de très grands enclos dans des zoos européens, qu’ils ont mis dans des enclos encore plus grands. Leur intention est de relâcher leurs petits. »

Le principe est similaire pour les primates. Il s’agit de laisser vivre les individus en groupe social loin de l’homme, pour ensuite relâcher les générations suivantes. Le zoo de Beauval avait ainsi réintroduit deux de ses gorilles au Gabon en 2019.

Enfin, il faudra choisir avec soin l’endroit où les animaux seront relâchés, le bon moment, ainsi que la disponibilité en nourriture.

Source GEO

Dégats de sangliers : les chasseurs pompiers pyromanes

degats_sangliers

La Fédération nationale des chasseurs (FNC) a saisi le Conseil d’État pour contester le système actuel d’indemnisation des dégâts de grand gibier (sanglier, cerf et chevreuil) versée aux agriculteurs par les fédérations départementales de chasse. Le Conseil d’État a transmis la question devant le Conseil constitutionnel, qui y a répondu ce jeudi 22 janvier 2022 : les chasseurs devront continuer à payer. 

Environ 800.000 sangliers sont aujourd’hui tués chaque année en France, contre à peine 30.000 il y a 50 ans, et leur nombre continue pourtant de croître. L’indemnisation des dégâts occasionnés par le grand gibier aux exploitations agricoles est assurée par les fédérations départementales des chasseurs. En 2019, cette somme s’est élevée à plus de 75 millions d’euros.

Depuis 4 ans déjà, du fait des accords passé entre le Président de la République et le Président de la FNC, les finances des fédérations départementales des chasseurs ont été mises à mal au profit de leur fédération nationale. Par exemple, la baisse du permis de chasse national passé en 2019 de 400 à 200 € a conduit les chasseurs à délaisser les permis locaux devenus peu avantageux, entrainant un manque à gagner pour les fédérations départementales. Certaines sont désormais au bord de la faillite et ne parviennent plus à indemniser les agriculteurs, ce qui a motivé la saisine du Conseil d’Etat pour tenter de s’y soustraire ; en vain.

Les chasseurs ont cependant longtemps participé délibérément à cette explosion démographique avec l’objectif de préserver les populations de grand gibier, en pratiquant notamment des lâchers d’animaux d’élevage. L’agrainage dissuasif, censé les éloigner des cultures, s’est en fait souvent transformé en nourrissage tout au long de l’année dans certaines régions. L’augmentation des surfaces consacrées à l’agriculture intensive, en particulier du maïs, et la succession d’hiver doux réduisant la mortalité naturelle des sangliers, ont également contribué au développement des populations de suidés.

Plutôt que de repenser sa stratégie de régulation des sangliers à l’instar d’autres pays européens, l’Etat français a préféré à nouveau céder aux lobbies cynégétiques en étendant la période d’ouverture de la chasse de début juin à fin mars, soit 10 mois sur 12 ; et ce après leur avoir déjà accordé des dérogations au confinement sanitaire l’an dernier.

Pour Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO : « Les chasseurs se comportent en pompiers pyromanes. Ils sont en grande partie responsables de la prolifération des sangliers mais essayent pourtant aujourd’hui de s’exonérer de l’indemnisation des dégâts causés aux agriculteurs. Ils utilisent en outre le prétexte de la régulation pour essayer de chasser à l’intérieur des espaces naturels protégés et des propriétés privées. »

 

Collarwali est morte : l’Inde pleure la tigresse, symbole de la lutte pour la préservation de l’espèce

collarwali est morte

La tigresse s’est éteinte de vieillesse, à 16 ans, samedi 15 janvier dans la réserve du parc national de Pench et depuis les hommages se multiplient pour saluer celle qui a donné naissance à 29 petits et contribué à faire remonter la population de cette espèce en danger d’extinction.

C’est une star nationale, une « légende » écrivent même les journaux : Collarwali, la tigresse la plus célèbre du pays, icône du parc national de Pench, s’en est allée samedi, à l’âge de 16 ans. Une tigresse tellement aimée, tellement adorée qu’elle a eu droit à une cérémonie de funérailles, il faut l’imaginer étendue sur un lit de bois, recouverte d’un linceul blanc immaculé laissant dépasser sa tête entourée de fleurs oranges et roses, déposées par centaines par des anonymes venus lui dire adieu.

Un hommage qui s’explique parce que Collarwali était le symbole de la sauvegarde réussie des tigres en Inde. Lorsqu’elle est née en 2005, les félins avaient quasiment disparus. À force de chasse et de déforestation, ils sont passés de 100 000 en 1900 à 1 400 au début des années 2000. Une hécatombe. Pour la stopper, les autorités indiennes ont donc lancé dans une grande campagne de préservation.

Une cinquantaine de réserves a été créé, des caméras ont été installées partout pour recenser chaque tigre, et enfin, certains fauves ont reçus des colliers émetteurs. Collarwali, qui tient son nom « collar » de collier, a été la première à en avoir un, ce qui a permis aux soigneurs de suivre ses déplacements, sa vie et donc ses prouesses : celle que les Indiens surnomment « Supermaman » a fortement contribué à la perpétuation de l’espèce en donnant naissance à 29 petits, le tout en huit portées, un record national, voire mondial.

collarwali

Mais si Collarwali est célèbre c’est aussi parce qu’elle a su gagner les cœurs en étant la seule tigresse à ne pas fuir devant les visiteurs de la réserve. Quand un pick-up passait, elle venait sur la route, faisant le spectacle en déambulant nonchalamment, et c’est ainsi qu’elle est devenue la reine des photos souvenirs, contribuant dans la foulée à casser le fantasme du tigre méchant, tueur, attaquant sans raison.

Dans cette forêt, qui est celle qui a inspiré à Rudyard Kipling Le Livre de la jungle, Collarwali a montré que les tigres chassent pour se nourrir, pas pour décrocher des trophées. Ou comment dire que pour eux, comme pour toutes les espèces en danger, pour protéger et sauver, il faut d’abord changer de regard.

Grâce aux efforts de conservation, les populations d’oiseaux d’eau se portent bien

grâce aux efforts de conservation

On parie que les chasseurs vont s’emparer de cette « bonne » nouvelle pour demander des quotas plus élevés ?

 

Les résultats de l’édition 2021 du comptage Wetlands confirment la stabilité des effectifs globaux en France métropolitaine.

Dans la réserve naturelle nationale de Lilleau des Niges, sur l’île de Ré (Charente-Maritime), le 14 janvier 2022. MATHIEU PUJOL POUR «LE MONDE»Comment se portent les oiseaux d’eau ? Il y a tout juste un an, 2,7 millions d’individus ont été dénombrés sur 486 sites en France métropolitaine dans le cadre du comptage Wetlands International. Les résultats de l’édition 2021, dévoilés samedi 15 décembre, confirment la tendance à la stabilité des effectifs observée depuis une vingtaine d’années. « Le bilan est bon, c’est une bonne nouvelle, souligne Allain Bougrain-Dubourg, le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Mais il ne faut pas que ça éclipse le fait que certaines espèces sont quand même très affectées. »

Le cygne tuberculé, le canard souchet ou la sarcelle d’hiver ont atteint des effectifs record. Le tournepierre à collier, le bécasseau maubèche, le flamant rose ou encore la spatule blanche ont également été vus en nombre. Les populations de grèbes et de certains groupes de canards, en revanche, continuent de décliner.

« Au niveau mondial, les populations d’oiseaux aquatiques augmentent en Amérique du Nord et en Europe, où l’environnement est le plus protecteur » Szabolcs Nagy, responsable biodiversité de Wetlands International.

« L’important est de regarder les résultats à l’échelle de la voie migratoire, note Caroline Moussy, la coordinatrice des suivis d’oiseaux communs à la LPO. Il peut y avoir des espèces en déclin en France mais dont la population globale va bien parce qu’il y a eu un changement de répartition. Quand des populations diminuent, il faut essayer d’identifier les causes et de voir si l’on peut agir dessus ou pas. »

Si, aujourd’hui, les effectifs sont stables, depuis 1980 les populations d’oiseaux d’eau hivernants, toutes espèces confondues, ont augmenté de 124 % en France métropolitaine. Une évolution qui s’explique par l’arrêt de certaines pratiques de chasse, par les conditions météorologiques avec des hivers moins rigoureux, mais surtout par la mise en œuvre de mesures de protection adaptées. Année après année, les résultats du comptage Wetlands démontrent que les efforts de conservation, d’espèces mais aussi de sites, fonctionnent. « Au niveau mondial, les populations d’oiseaux aquatiques augmentent en Amérique du Nord et en Europe, où l’environnement est le plus protecteur, alors qu’elles décroissent dans les régions tropicales et dans l’est de l’Asie », confirme Szabolcs Nagy, responsable biodiversité de l’association européenne Wetlands International.

Malgré ces bonnes tendances, la LPO, qui coordonne le comptage Wetlands en France, appelle à poursuivre les efforts en renforçant la protection de certaines espèces, en restreignant la pratique de la chasse – des espèces protégées sont encore sur la liste des espèces chassables –, en préservant la quiétude des oiseaux dans les sites naturels ou en anticipant les effets du changement climatique, encore difficiles à évaluer.

L’association de protection de la biodiversité s’inquiète aussi du projet de construction d’un parc éolien en mer au large d’Oléron, en pleine zone Natura 2000 et dans un couloir de migration de l’avifaune, et plus largement des impacts cumulés des champs offshore. « Il faut encore réduire les pressions sur les oiseaux d’eau et ne surtout pas en rajouter », estime Cédric Marteau, le directeur du pôle protection de la nature à la LPO.

Perrine Mouterde

Le Monde