L’effondrement des pollinisateurs sauvages : un drame silencieux

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Tout aussi grave que le déclin des abeilles domestiques, l’effondrement des pollinisateurs sauvages est pourtant peu médiatisé. Ces précieux insectes, indispensables à l’équilibre des écosystèmes, s’éteignent dans le plus grand silence. L’une des premières causes de leur dépérissement est l’agriculture intensive et son usage immodéré de pesticides.

Chaque année, à la sortie de l’hiver, les apiculteurs inspectent leurs ruches et décomptent les colonies qui n’ont pas survécu. Selon les enquêtes nationales lancées depuis 2018 auprès des professionnels, le taux de pertes se situe autour de 20 à 30 % par an. Ce chiffre, qui reflète la situation inquiétante des butineuses, n’est cependant que la partie visible d’un drame bien plus vaste.

Car si l’état des populations d’abeilles domestiques, au coeur de la filière de production de miel, est scrutée de près, celui de l’immense famille des pollinisateurs sauvages, abeilles solitaires, bourdons, papillons, coléoptères, etc., commence à peine être mis en lumière. Malgré le manque criant de recherche, les données disponibles dessinent un tableau glaçant : la chute des populations sauvages est vertigineuse.

En Belgique, plus de la moitié des espèces d’abeilles sont menacées d’extinction, et 12 % ont déjà disparu. Pour les bourdons, c’est encore pire : 80 % des espèces sont menacées d’extinction, déjà éteintes ou en passe d’être menacées. En Bavière, les ¾ des espèces d’abeilles sauvages ont disparu en seulement 10 ans. Dans la région protégée du Nord-Rhin-Westphalie, les populations syrphides ont diminué de 84 %. A l’échelle européenne, plus du tiers des espèces de papillons sont en déclin, avec une chute de près de 40 % en trente ans…

Un taux d’extinction vertigineux

Une recherche menée sur trois décennies en Allemagne a relevé des taux de déclin spectaculaires dans des zones naturelles pourtant protégées. En analysant les données recueillies sur une période de 27 ans, les scientifiques ont constaté une diminution de la biomasse des insectes volants de 76 % en moyenne, et de 82 % au milieu de l’été. Des taux qui, selon les auteurs de l’étude, sont généralisables à l’ensemble de l’Europe.

À l’échelle mondiale, le tableau est tout aussi sombre. Un rapport de l’IPBES, l’équivalent du GIEC pour la biodiversité, indiquait, en 2016, que 40 % des espèces pollinisatrices invertébrées étaient actuellement menacées, et 16 % en voie d’extinction. Selon une méta-analyse publiée en 2019, le taux d’extinction des insectes serait huit fois plus rapide que celui des mammifères, des oiseaux et des reptiles. Les insectes pollinisateurs, comme les lépidoptères et les hyménoptères, sont en première ligne de cette catastrophe.

Le déclin accéléré de ces insectes indispensables fait désormais planer une menace sur l’ensemble des écosystèmes. Car ce sont elles principalement, les innombrables espèces sauvages, qui pollinisent les plantes à fleurs, et près de 80 % des variétés que nous cultivons pour nous nourrir, pas uniquement Apis mellifera, notre abeille à miel.

Abeilles maçonnes, abeilles sauvages terricoles, comme les andrènes ou les halictes qui creusent des galeries dans le sol, abeilles tapissières, comme Megachile rotundata, qui découpe des petits morceaux de feuilles, ou comme l’anthocope du pavot, qui revêt de pétales de coquelicot les parois de son nid, abeilles cotonnières telle Anthidium manicatum, récoltant des fibres végétales, osmies, éristales, bourdons, papillons et syrphes… ces milliers d’insectes sauvages se complètent, formant ensemble un maillon essentiel de la biodiversité.

Coévoluant avec les plantes à fleurs depuis des millions d’années, ces animaux de taille et de morphologie variées, équipés de poils soyeux, de brosses à pollen, de trompe ou de langue, participent à la reproduction de fleurs de toutes formes, et couvrent toutes les périodes de floraison.

L’environnement contaminé

Les scientifiques qui se sont penchés sur leur déclin vertigineux pointent la responsabilité particulière de l’agriculture intensive. Mise en place depuis les années 60, ce modèle agricole entraine la destruction des habitats et la contamination des mi-lieux par les pesticides de synthèse. En collectant le pollen et le nectar des fleurs, les pollinisateurs sont particulièrement exposés à ces molécules chimiques.

Mais les pesticides déversés massivement dans les cultures contaminent également l’air, les eaux, les sols, et persistent parfois durant des décennies. Les lieux de vie et de nidification des butineurs sont ainsi durablement empoisonnés par nombre de substances, qui s’accumulent en formant des cocktails toxiques, et imprègnent leur environnement.

Malgré le déclin catastrophique des pollinisateurs sauvages, l’épandage dans les champs de substances dévastatrices pour ces insectes se poursuit, sans aucune régulation adéquate. Le système d’homologation des pesticides instauré au niveau européen est une véritable passoire, et permet toujours la mise sur le marché de pesticides toxiques pour les butineurs. Les tests règlementaires requis pour évaluer l’effet des pesticides sur les abeilles domestiques sont superficiels et obsolètes, notamment pour détecter la toxicité insidieuse des nouvelles générations de pesticides.

Quant aux pollinisateurs sauvages, ils restent dans l’angle mort de l’évaluation. La toxicité des pesticides n’est tout simplement pas évaluée pour eux. Si le processus d’homologation, en cours de révision, prévoit bien d’inclure prochainement des tests sur les bourdons et une espèce au moins d’abeille solitaire, il faudrait encore prendre en compte la sensibilité spécifique de chacune des espèces aux pesticides.

Une étude parue cet été, comparant la toxicité de plusieurs pesticides pour les abeilles domestiques et pour neuf espèces sauvages (bourdons, abeilles solitaires), a montré que ces dernières peuvent se montrer plus vulnérables aux molécules chimiques, les voies d’exposition et le potentiel de rétablissement des populations n’étant pas similaires entre les espèces.

L’écotoxicologue Céleste Azpiazu a fait le même constat en examinant la toxicité d’un fongicide et d’un insecticide sur trois espèces, abeilles domestiques, bourdons et osmies. Ses résultats ont mis en lumière la fragilité particulière des abeilles solitaires. Les pesticides peuvent donc avoir des effets qui diffèrent selon les espèces de butineurs. Et si chez les abeilles sociales, la mort d’individus peut être atténuée par la survie des autres membres de la colonie, une telle résilience n’existe pas chez les abeilles solitaires.

Une transition agricole urgente

Profitant de l’absence de cadres protecteurs pour ces insectes sauvages, l’agrochimie poursuit sans entrave son commerce mortifère. En décimant les pollinisateurs, le modèle agricole conventionnel détruit ses indispensables auxiliaires des cultures, et menace ainsi notre sécurité alimentaire.

Plutôt que de maintenir à tout prix une agriculture toxique et à bout de souffle, il est urgent de remplacer les pesticides de synthèse par l’intelligence du vivant, et d’instaurer des systèmes plus résilients et autonomes. Pour enrayer le déclin vertigineux des butineurs sauvages, la seule réponse adéquate aujourd’hui est de mettre en place un plan de transition agricole ambitieux, sur un modèle agroécologique respectueux de la nature. Un modèle qui permette de s’affranchir de l’agrochimie et de produire sans détruire les pollinisateurs sauvages.

 

→ Cet article a été rédigé par POLLINIS pour le magazine Abeilles en liberté, une revue consacrée aux abeilles et pollinisateurs, pour initier et accompagner des solutions nouvelles et alternatives. CLIQUEZ ICI POUR DÉCOUVRIR CETTE REVUE.

Ourse tuée en Ariège SUITE : une information judiciaire pour « destruction d’une espèce protégée » et « chasse illégale dans une réserve »

ariège : ours tué

Un chasseur avait tué l’animal lors d’une battue, samedi 20 novembre, dans une réserve domaniale. Blessé aux jambes par l’ourse, il avait dû être hospitalisé.

Le parquet de Foix a annoncé, vendredi 26 novembre, l’ouverture d’une information judiciaire contre X pour « destruction d’une espèce protégée », rapporte France Bleu Occitanie, six jours après la mort d’une ourse à Seix (Ariège). Elle avait été tuée par un chasseur qui avait été gravement blessé aux jambes par l’animal puis hospitalisé.

>>> Ourse tuée par un chasseur en Ariège : « La présence de l’ours est un problème », selon la présidente du département Christine Tequi

L’information judiciaire est aussi ouverte pour « chasse illégale dans une réserve », précise France Bleu. Ce qui veut dire que la battue s’est déroulée dans une zone où des restrictions de chasse s’appliquaient, dans une réserve domaniale régie par l’Office nationale des forêts. Des infractions au code de l’environnement pourraient donc être relevées. L’enquête devra déterminer si le chasseur avait ou non le droit d’être là. 

Il est par ailleurs trop tôt pour savoir si le chasseur a tiré avant ou après avoir été mordu, précise France Bleu. L’autopsie de l’ourse montre qu’un seul coup de feu dans la poitrine l’a tuée presque instantanément.

Non à l’ouverture de la chasse dans la réserve naturelle des hauts plateaux du Vercors

chasse dans une réserve naturelle

Le Conseil départemental de l’Isère a autorisé la chasse (mai 2021) sur sa propriété de 4000 ha située au cœur de la plus grande Réserve naturelle de France, les Hauts plateaux du Vercors sur les communes de Gresse et Chichilianne.
Depuis 1992, ce formidable espace naturel n’était plus chassé et l’exploitation de la forêt abandonnée au profit de l’évolution naturelle de l’écosystème et du plaisir des randonneurs et des scientifiques. Ce site est labellisé Espace Naturel Sensible et Zone Natura 2000.

Le Conseil départemental  de l’Isère a mis le Parc naturel régional du Vercors, gestionnaire de la réserve naturelle et le comité scientifique de la réserve devant le fait accompli sans concertation et sans raisons scientifiques.

L’ouverture de la chasse a été confiée par le Conseil départemental à « l’Amicale des agents du département chasseurs de l’Isère » pour organiser une chasse privée pour une minorité de citoyens et d’élus. Cette association  pourrait demander la modification du règlement actuel de la réserve naturelle nationale afin de pouvoir circuler en dehors des pistes et parkings autorisés et utiliser des chiens, ce que nous refusons sur ces parcelles aujourd’hui préservées.

Nous demandons : Pétition : ICI

–  L’arrêt définitif de la chasse sur la propriété du Conseil départemental de l’Isère dans  la Réserve naturelle des hauts plateaux du Vercors.

–  Que l’ensemble des citoyens puissent randonner dans cet espace naturel sans croiser un engin motorisé ou craindre un coup de fusil.

Cette pétition est soutenue par :

La Fédération des Amis et usagers du Parc Naturel Régional du Vercors (FAUP); France Nature Environnement Isère; FRAPNA Drome Nature Environnement; Vercors Nature; Mille traces

chasse présidentielle

Un loup observé dans le Calvados, une première depuis 100 ans

loup dans le calvados

Un loup a été observé dans le Calvados pour la première fois depuis plus d’un siècle et sa présence vient d’être confirmée dans l’Eure, où elle était soupçonnée, a-t-on appris mardi des sources concordantes.
L’Office français de la biodiversité (OFB) « a fait des analyses qui ont confirmé que c’était bien un loup », a déclaré à l’AFP le directeur de cabinet du préfet Julien Decré, confirmant une information de France Bleu Normandie-Calvados-Orne.
« La présence du loup dans le Calvados est une première depuis plus d’un siècle », ajoute la préfecture. L’animal a été photographié vendredi près de Bayeux, selon la même source.
« Les experts du réseau loup-lynx au niveau national nous ont affirmé que c’était du loup sans émettre de réserves », sur la base de « photos essentiellement », a précisé à l’AFP Nathalie Pfeiffer, animatrice du réseau loup-lynx pour la Normandie à l’OFB.
La présence du loup vient par ailleurs d’être confirmée dans l’Eure où le retour de l’animal était soupçonné depuis avril 2020, à la suite d’une première attaque sur des ovins, a ajouté Mme Pfeiffer.
De « premiers résultats reçus le 17 novembre 2021 confirment que les échantillons de poils prélevés à Saint-Aubin-le-Guichard (Eure) le 4 août 2021 sont bien d’un loup gris de lignée italienne », précise la préfecture de l’Eure.
« En complément, le réseau loup-lynx national a validé l’observation visuelle d’un loup gris dans le secteur de Vernon le 11 novembre 2021 », ajoute-t-elle.
Dans ce département, « 19 cas de prédation où la responsabilité du loup ne peut être exclue ont été recensés en 2021 », selon la préfecture.
Le retour du loup en Normandie avait été établie en avril 2020, en Seine-Maritime. On soupçonne depuis qu’il ait été présent dès novembre 2019 dans ce département, a ajouté Mme Pfeiffer.
« Le loup est aujourd’hui une espèce strictement protégée », rappelle la préfecture de l’Eure. « Après avoir été complètement éradiquée du territoire national en 1939, la population de loup recolonise progressivement le territoire de façon naturelle, d’abord depuis l’Italie puis aujourd’hui à partir de la population installée dans le grand quart sud-est de la France (Alpes et Jura) et dans le Massif central », ajoute-t-elle.
La destruction illégale d’un loup constitue un délit, puni de trois ans d’emprisonnement et de 150.000 euros d’amende, précise de son côté la préfecture du Calvados.
La population de loups en France « est estimée aujourd’hui à environ 620 individus (avec un intervalle de confiance assez large) », selon la préfecture du Calvados. Source GEO

Positionnement de la LPO sur l’énergie

énergie et LPO

La LPO a pour objet sur le territoire national et en tous lieux, d’agir ou de contribuer à agir dans les domaines de la recherche, de la connaissance, de la protection, de la conservation, de la défense, de la valorisation et de la reconquête de la nature et de la biodiversité.

Ce positionnement s’inscrit dans le cadre de l’action générale de la LPO au niveau International (BirdLife International), national (LPO France) et local (associations locales LPO).

Qu’il s’agisse des moyens de réduction des consommations, de production et des infrastructures associées, la LPO s’intéresse aux impacts passés, présents et futurs sur la biodiversité de la politique énergétique Française.

Constat

L’énergie, par ses modes de production, de transport et ses usages, est un secteur qui génère des impacts négatifs significatifs sur la biodiversité en France et dans le monde, notamment les énergies fossiles à l’origine de pollutions de l’air, de l’eau et des sols lors de leur extraction, leur transport et leur consommation.

La forte consommation d’énergies fossiles dans le monde mais également en France 1 , entraine des changements climatiques 2 qui, associés aux autres pressions anthropiques (artificialisation des sols, mauvaise qualité des eaux et des sols…), appauvrissent et fragilisent la biodiversité 3 .

La prédominance du nucléaire dans la production d’électricité est facteur de risques technologiques importants et de fortes externalités environnementales négatives en France et dans le monde.

L’empreinte carbone, qui inclut les émissions sur le territoire national ainsi que celles dues aux produits et services importés, est aujourd’hui de 11,2 teq CO2 par habitant en France. Contenir le réchauffement climatique à +2°C impose d’atteindre un peu moins de 2 teq CO2 par habitant en 2050, soit une division  par plus de cinq 4

L’évolution des modes de production et de consommation d’énergie est indispensable pour la conservation de la nature.

Positionnement de la LPO

Avis favorable à une transition énergétique respectueuse de la biodiversité

La LPO considère que la meilleure façon de diminuer l’empreinte écologique du secteur de l’énergie est d’être plus sobre dans nos consommations en faisant la chasse au gaspillage et en développant l’efficacité énergétique (même service rendu avec moins d’énergie consommée).

La transition énergétique implique de diviser notre consommation d’énergie par deux (isolation thermiques, mobilités actives, amélioration du rendement des appareils électriques et des véhicules, sobriété, etc.) 5 . Malgré cette baisse très importante de notre consommation d’énergie, notamment du pétrole et du gaz, la consommation d’électricité va augmenter du fait du développement de nouveaux usages (véhicules électriques à la place des véhicules thermiques, pompes à chaleur à la place des chaudières à gaz, production d’hydrogène, numérique, etc.) 6.

La LPO estime que les énergies fossiles et fissiles résiduelles doivent, à terme, être remplacées par des énergies renouvelables (EnR) largement décentralisées, faiblement émettrices de gaz à effet de serre (GES) ayant une emprise au sol limitée et présentant des risques technologiques maîtrisés ; le développement de chaque projet devant se faire dans le respect d’une séquence ERC (Eviter, Réduire, Compenser) exemplaire visant une non perte nette – voire un gain – de biodiversité, conformément au droit de l’environnement.

La LPO considère que la production électrique et les infrastructures associées (transport, stockage, etc.) doivent se développer au plus près des lieux de consommation.

La LPO considère, comme le GIEC et l’IPBES, que les crises climatiques et de perte de la biodiversité sont étroitement liées et se renforcent mutuellement ; aucune des deux ne pourra être résolue avec succès si les deux ne sont pas abordées ensemble 7.

C’est pourquoi la LPO soutient le scénario négaWatt 8 à droit environnemental constant. Sa déclinaison au niveau local doit se faire dans le cadre d’une planification qui prenne réellement en compte les besoins, les usages, les ressources et les enjeux de biodiversité : la préservation des territoires les plus sensibles est souvent la seule solution pour éviter des impacts irrémédiables sur des habitats ou des espèces parfois fragiles.

En général, la LPO est défavorable aux projets EnR envisagés dans des espaces à forts enjeux biodiversité (espaces naturels protégés etc.) et aux projets qui porteraient atteinte aux objectifs climatiques.

La LPO est également vigilante à l’égard des secteurs à forts enjeux paysagers.

La LPO insiste pour que les effets cumulés des différents projets soient mieux pris en compte, à terre comme en mer, à une échelle suffisamment large dès la phase de planification.

La LPO est défavorable à tout nouveau projet d’énergie fossile ou fissile.

En dehors des secteurs à forts enjeux écologiques et de très forte sensibilité paysagère, la LPO peut fournir des pré-diagnostics en amont des projets afin de signifier aux développeurs les enjeux particuliers dont elle a connaissance ou les raisons pour lesquelles le projet doit être abandonné.

La LPO n’accompagne pas et ne participe pas, directement ou indirectement, au développement ou à la construction de projets EnR lorsque ceux-ci ne sont pas conformes au présent positionnement.

Energie éolienne

La LPO regrette l’absence de planification effective et opposable à une échelle administrative suffisamment large (département ou région pour l’éolien terrestre ; façade maritime pour l’éolien en mer) visant à préserver les sites présentant de forts enjeux de biodiversité à terre comme en mer.

La LPO regrette un effet de seuil dans la réglementation ICPE (Installations Classés Protection de l’environnement) qui permet à certains projets envisagés avec des éoliennes de moins de 50 m de haut de s’affranchir d’études d’impacts sérieuses et d’enquêtes publiques.

En complément du positionnement explicité précédemment, applicable à l’ensemble des EnR, la LPO est défavorable à l’implantation d’éoliennes dans les Zones de protection spéciales (ZPS), les Parcs naturels marins (PNM), les Zones spéciales de conservation (ZSC), les forêts, mais également dans les espaces vitaux (sites de nidification, d’alimentation ou d’hivernage) et les voies de déplacement des espèces sensibles ou à enjeu (par exemple les rapaces…).

La LPO souhaite que les recommandations Eurobat 9 pour la prise en compte des chiroptères dans le développement, la construction et l’exploitation des parcs éoliens soient respectées.

En mer, la LPO considère que tous les taxons (benthiques…) doivent être pris en compte dans la planification des énergies marines et recommande de privilégier les projets de parcs éoliens flottants de manière à pouvoir les éloigner du littoral, eu égard aux impacts sur la biodiversité.

Energie photovoltaïque

En ce qui concerne l’énergie solaire, la LPO est favorable à un développement massif sur les espaces artificialisés (immeubles collectifs, maisons particulières, toitures de centres commerciaux, bâtiments agricoles existants, parkings…) et défavorable au développement de centrales solaires dans les espaces naturels et en substitution d’espaces agricoles ou forestiers.

La LPO est à priori défavorable à la couverture des plans d’eau.

Des projets agri voltaïques de taille raisonnable privilégiant la production agricole et démontrant une réelle plus-value à la transition agro-écologique sont envisageables.

Pour toute implantation, des solutions efficaces doivent être mises en œuvre pour éviter toute rupture des continuités écologiques du fait des clôtures des centrales.

La LPO regrette que les centrales solaires au sol et flottantes d’une puissance supérieure à 500 kWc ne soient pas soumises au régime ICPE qui permettrait une meilleure concertation en phase développement et un meilleur suivi des impacts en phase d’exploitation.

Logement et transport

Sauf exception justifiée, par exemple en milieu urbain très dense, la LPO défend un urbanisme durable fondé sur la densification des espaces urbanisés et la mixité fonctionnelle pour contrer l’étalement urbain et ses corollaires que sont la destruction des espaces naturels et agricoles et l’allongement des déplacements quotidiens, ces derniers contribuant fortement au gaspillage énergétique et au réchauffement climatique.

Le développement des transports en commun doit s’inscrire dans cette perspective pour aboutir à une réelle diminution la part de la voiture dans le transport des personnes.

Que ce soit pour les personnes ou pour les marchandises, le développement du train doit être basé prioritairement sur la rénovation et la modernisation des infrastructures existantes. La LPO s’oppose à la création de nouvelles infrastructures lourdes basées sur la consommation d’énergies fossiles (autoroutes, aéroports, etc.).

La densification nécessaire des espaces urbanisés doit s’accompagner d’une véritable politique de la nature en ville donnant toute sa place à la biodiversité et constituant un moyen d’adaptation au changement climatique (lutte contre les îlots de chaleur).

Par sa capacité à capter les GES ou à protéger contre les événements climatiques extrêmes, la nature représente des opportunités importantes pour répondre aux enjeux des changements climatiques, tout en apportant des bénéfices pour la biodiversité et le bien-être humain. Les solutions fondées sur la nature doivent être pleinement intégrées dans les stratégies de lutte contre les changements climatiques.

La LPO souhaite que les bâtiments anciens et nouveaux fassent l’objet d’efforts importants en termes d’efficacité énergétique et d’intégration des énergies renouvelables (solaire thermique et photovoltaïque) tout en privilégiant la biodiversité à l’échelle du bâtiment, du projet et du quartier. La LPO demande donc une application stricte de la Réglementation Thermique 2012 (RT 2012) et milite pour une définition ambitieuse de la RT 2020 de manière à ce que les bâtiments à énergie positive deviennent la norme. La rénovation des façades et des bâtiments y compris à des fins énergétiques doit préserver, voire restaurer la capacité de nidification des espèces domicoles (hirondelles, martinets, moineaux, etc.) ; la construction de novo doit la favoriser.

La LPO travaille de façon constructive avec les acteurs associatifs, institutionnels et privés afin d’accompagner la transition vers un modèle énergétique sobre, efficace, durable et respectueux de la biodiversité.

 

1 Le pétrole et le gaz représentent environ 2/3 de l’énergie finale consommée en France en 2018.
2 Résumé du rapport du GIEC à l’intention des décideurs politiques (8 octobre 2018)
3 Rapport de l’IPBES du 6 mai 2019.
4 Cohésion et transitions : agir autrement. Rapport annuel sur l’état de la France 2019. Avis du CESE. 2019

5 La sobriété énergétique pour une société plus juste et plus durable, Association negaWatt, 2018.

6 Futurs énergétiques 2050 – Bilan de la Phase I : Synthèse et enseignements issus de la consultation publique, RTE, mai 2021.
7 IPBES-IPCC Co-Sponsored Workshop Report on Biodiversity and Climate Change, juin 2021.
8 Scénario négaWatt 2022.

9 Eurobats – Guidelines for consideration of bats in wind farm projects revision 2014

« Loin des polémiques, seule la science doit décider de la gestion du loup » insistent FNE, FERUS et la LPO

installation du loup

L’installation du loup en France se poursuit tant en nombre qu’en occupation territoriale.  Sur le fond, c’est une bonne nouvelle pour l’état de la biodiversité dans notre pays. Malgré ces perspectives encourageantes, une offensive médiatique et politique remet en cause les fondements de la démarche visant à assurer la coexistence du loup et des activités d’élevage. Sans fondement scientifique, cette campagne de désinformation vise à contester l’estimation de la population de loups réalisée par l’Office Français de la Biodiversité (OFB), dans le but d’augmenter le nombre loups pouvant être tués, au risque de mettre en péril le bon état de conservation de la population. Devant les reculs de l’Etat face cette campagne, les organisations de protection ont décidé de suspendre leur participation au Groupe National Loup.

Une campagne de désinformation visant à tuer plus de loups

Dans le contexte pré-électoral et en vue du renouvellement à venir du plan national « loup et activités d’élevage », une offensive médiatique et politique de la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) et des Organisations Professionnelles Agricoles (OPA) a vu le jour depuis le début de l’année, pour remettre en cause la méthode de suivi de la population de loups. Ceci sans apporter le moindre argument scientifique, sans analyse rationnelle du protocole de suivi existant et sans proposition de méthode alternative sérieuse. Nous sommes bien en présence d’une campagne de désinformation dont l’objectif est de surestimer les effectifs de loups pour justifier une augmentation substantielle du plafond annuel de tirs létaux.

Face à cette campagne très organisée et démultipliée par de nombreux canaux nationaux et régionaux, l’État a laissé ces fausses informations se diffuser. Le relais de ces éléments fabriqués et répétés a été progressivement repris par des élus locaux et des parlementaires, jusqu’à des déclarations récentes de préfets, de ministres et jusqu’au premier ministre, mettant en cause les méthodes de suivi génétique, sans apporter non plus le moindre début de preuve. De plus, l’Etat a privilégié le dialogue avec les organisations professionnelles et les chasseurs, en écartant les organisations de protection des échanges.

La gestion de la présence du loup ne peut être conduite qu’avec la méthode scientifique

Nos organisations tiennent à réaffirmer leur soutien à l’OFB, rudement mis en cause malgré la qualité de son travail permettant d’évaluer régulièrement les effectifs et la répartition des loups présents sur le territoire national. Comme toute méthode, celle de l’OFB -saluée par la communauté scientifique internationale comme « une des plus complètes et mieux détaillées d’Europe »- peut être ajustée, mais cet exercice doit se faire sur des bases rationnelles, avec l’avis du Conseil Scientifique. La détermination de la population et du plafond annuel maximal de loups pouvant être abattus ne peut pas être déterminée par des suppositions ni par des avis non fondés sur la science.

Permettre la coexistence du loup et des activités d’élevage doit être l’enjeu majeur : pour permettre cette coexistence, il est nécessaire de miser en priorité sur la protection des troupeaux : un personnel bien rémunéré et suffisamment nombreux, un soutien financier pour les éleveurs, un suivi scientifique, des conseils, le dialogue et la reconnaissance du travail accompli par les exploitants. C’est d’ailleurs ce qui a permis de faire baisser les dommages ces dernières années, alors que la population de loups se développait. Ponctuellement, des interventions ciblées sur la population de loups sont prévues par la loi pour éliminer des individus ayant causé des dommages importants et répétés sur des troupeaux bénéficiant d’une protection effective adaptée. Les tirs létaux doivent se concentrer sur les foyers concentrant les attaques, dans la limite d’un plafond annuel ne remettant pas en cause la viabilité de l’espèce.

Fait exceptionnel : les organisations de protection de la nature boycottent le groupe national Loup

FNE, LPO et FERUS demandent que l’État retrouve le fil de l’équilibre dans son travail avec les parties prenantes, en fondant les décisions sur des données scientifiques.  A contrario, si l’État considère que la participation des organisations de protections de la nature gêne les échanges entre parties prenantes, ou que leurs apports sont négligeables dans la conduite du dossier, qu’il le dise et l’assume. Dans l’attente, nos organisations ne participeront pas aux prochaines réunions organisées dans le cadre du Groupe National Loup.

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Esneux (Belgique) : les riverains sous le choc, un castor retrouvé mort cloué sur un panneau

castor cloué

Un castor mort a été retrouvé cloué à côté d’un message de revendication à Esneux. Un acte qui choque.

Les promeneurs d’Esneux sont sous le choc. Ce samedi un castor mort a été retrouvé cloué sur un panneau en bois au bord de l’eau, près du ravel. « HONTEUX ! Comme c’est agréable les promenades au bord de l’eau à Esneux!!!! Y passer avec ses enfants, leur expliquer… mais quoi ? Que le nuisible n’est sûrement pas le castor. Il y a tant de façons de s’exprimer que de passer par cette cruauté ! », écrit d’ailleurs une internaute sur Facebook.

Car à côté du cadavre de l’animal se trouve un message : « On en a marre des dégâts que les castors font partout et dans nos jardins. Les castors ont tué des personnes avec les inondations (…) Il faut éliminer ces nuisibles ». Un acte qui choque les habitants et qui a attiré l’attention de l’échevine de l’Environnement et du Bien-être animal à Esneux, Pauline Godin.

Détails sur Sud Info : ICI

 

Mon commentaire: 

Il y a peu de temps les chats (surtout les noirs ) les chouettes et autres rapaces nocturnes étaient, comme  ce castor, cloués sur des portes des granges.

Nous pourrions croire que ces temps de « croyances » et de barbarie étaient révolus Eh bien non

D’autres HORREURS : c’est sans limite

Le pêcheur qui avait frappé mortellement un jeune phoque sur une plage à Dunkerque est condamné : une première en France

phoque-Dunkerque-museau-sang

Un bébé phoque échoué sur une plage de Dunkerque a été mortellement frappé à la tête par un pêcheur excédé par leurs dégâts sur les filets. Histoire tragique d’une violence en toute impunité sur des espèces protégées.

Dimanche 15 septembre 2019, un jeune phoque a été retrouvé échoué sur la plage de Malo-les-Bains (Dunkerque – France). Visiblement perdue et incapable de rejoindre la mer, cette jeune femelle de quelques mois a été pris en charge par la Ligue protectrice des animaux de Calais.

Seulement, avant son intervention, devant des curieux qui s’amassaient en attendant des secours, un pêcheur s’en est pris violemment au jeune phoque en lui portant plusieurs coups de pieds violent au museau. Son motif : les phoques mangent les poissons qu’il pêche…

« Baptisée Laetitia, elle se remet doucement de son agression. Son état est stable et nous surveillons de près l’évolution de ses blessures », rassurait alors le Centre de Soins de la Faune Sauvage LPA de Calais, début septembre 2019.

▴ Publi-reportage ▴

Devant la détermination du pêcheur qui a prévenu qu’il allait la tuer, Sea Shepherd et la LPA de Calais ont déposé une plainte commune contre lui.

En outre, devant les personnes qui se sont interposées devant cette violence gratuite, le déséquilibré a affirmé : « « Je vais la tuer, c’est une saloperie qui bouffe mes poissons. De toute façon je suis pas solvable donc les amendes, j’en ai rien à foutre« .

L’individu s’est enfui avant l’arrivée des forces de l’ordre mais a été reconnu puis interpellé.

« A quand la prison ferme pour ceux qui se rendent coupables d’actes de barbarie sur des animaux vulnérables, qui plus est dans le cas présent des espèces protégées ? Si la Justice ne prend pas le problème au sérieux, il est normal que se genre d’individu ne prenne pas la Justice au sérieux non plus« , accuse Sea Shepherd Lille.

La jeune phoque est morte de ses blessures

Finalement, la jeune phoque est morte, elle n’a – à priori – pas survécu à ses blessures. Une autopsie va être réalisée pour déterminer exactement les causes de la mort. En effet, une possible épidémie de Morbilivirus (proche de la rougeole) toucherait actuellement les veaux-marins. Certains individus présentant les symptômes de cette maladie sont actuellement dans des centres de soins. En 2002, ce virus avait tué près de 40% de la population de phoques communs en Mer du Nord.
Seasheperd et la LPA de Calais ont tout de même déposé plainte.

Le pêcheur condamné : une première en France

En septembre 2020 se tenait à Dunkerque le procès du pêcheur qui a mortellement blessé ce jeune phoque en lui donnant plusieurs coups de pied à la tête.

Assistée par le cabinet Kings and Spalding dans ce dossier, Sea Shepherd avait déposé plainte et s’était constituée partie civile.

Le tribunal correctionnel de Dunkerque avait alors condamné le pêcheur à 140 heures de travaux d’intérêt général, 300 euros de dommages et intérêts et 300 euros de frais d’avocat, mais le pêcheur avait fait appel de cette décision.

Le 15 novembre 2021, le verdit a été rendu en appel : le coupable écope désormais de 6 mois de prison avec sursis, 300 euros de dommages et intérêts et 800 euros de frais d’avocat.
C’est la première fois en France qu’une peine de prison est prononcée pour des faits de « tentative de destruction d’un phoque ».

La tentative de destruction d’espèce protégée est passible de 3 ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende.

La loi de l’UE contre la déforestation est un bon début, mais comprend des lacunes :2TEXTES

 Ce 17 novembre, la Commission européenne a présenté une nouvelle loi pour écarter la déforestation du marché européen. L’expansion de l’agriculture qui alimente les marchés de l’Union européenne détruit les forêts et les précieux écosystèmes de notre planète, tout en dévastant les lieux de vie et les moyens de subsistance des humains. Nous l’avons analysée : la proposition de loi contient des éléments forts, mais ne répond pas à certains aspects importants pour dissocier la consommation des Européen·nes et la destruction de la nature.

La Commission européenne vient de présenter sa proposition de loi visant à minimiser l’impact de la consommation de l’Union européenne sur les forêts du monde. Il répond à la demande de la campagne #Together4Forests que nous menons au WWF depuis plus d’un an.

« 1,2 million de citoyens ont demandé une loi qui éliminerait la déforestation de leurs assiettes une fois pour toutes. Avec cette proposition, la Commission montre qu’elle a écouté – mais seulement d’une oreille. Malheureusement, il existe encore d’importantes lacunes qui permettraient à des produits liés à la destruction de la nature ou aux violations des droits humains de se retrouver sur le marché de l’UE », analyse Béatrice Wedeux, chargée de politique forêts au WWF-Belgique.

Les points forts

Le texte comprend des éléments forts, tels que l’exigence que tous les produits entrant sur le marché de l’UE soient exempts de toute déforestation et de dégradation des forêts en plus d’être légaux selon les normes du pays producteur.

De plus, le texte stipule que tous les produits doivent être traçables jusqu’à leur lieu d’origine, c’est-à-dire le lieu où ils ont été produits ou récoltés.

Enfin, la proposition prévoit des mesures fortes pour faire appliquer la législation dans l’ensemble de l’UE, notamment par le biais d’amendes qui doivent être proportionnelles aux dommages environnementaux causés et à leur valeur, ainsi qu’un cadre plus clair pour les États membres sur les moyens d’effectuer des vérifications et des contrôles.

Cependant, la loi proposée contient des lacunes qui réduisent les chances de l’UE de maintenir la destruction de la nature hors du marché.

Lacune 1 : ne pas inclure les autres écosystèmes, comme les prairies et les savanes

D’abord, le WWF avait soutenu que d’autres écosystèmes au-delà des forêts, comme les prairies et les savanes, soient inclus dans le champ d’application de la loi dès le début, ce qui n’est actuellement pas le cas.

La Commission propose d’évaluer s’il faut les inclure après la première révision de la loi, deux ans après son entrée en vigueur. C’est trop tard ! Ces écosystèmes disparaissent à un rythme alarmant. En un peu plus d’un an, plus de 5 000 km² de terres ont été détruits dans la savane brésilienne du Cerrado, le plus grand fournisseur de soja de l’UE. C’est près d’un quart de la superficie de la Wallonie.

Lacune 2 : parler de «risque faible»

Les entreprises qui s’approvisionnent dans des pays « à faible risque » ne doivent pas procéder à une évaluation des risques et vérifier si les produits sont liés à la déforestation ou à la dégradation des forêts. Cela risque de fausser le marché et de créer une concurrence déloyale, car les produits à haut risque peuvent également être expédiés via des pays à faible risque.

Il faut appliquer les mêmes règles à toutes les entreprises : la catégorie « à faible risque » devrait être complètement supprimée. En outre, les mêmes règles devraient s’appliquer à toutes les entreprises afin d’assurer des règles du jeu équitables, sans aucune échappatoire possible pour les entreprises malhonnêtes.

Lacune 3 : une mention des droits humains trop limitée

Le WWF estime également que la mention des droits humains dans la proposition est trop limitée, n’empêchant pas la mise sur le marché de l’UE de produits liés à des violations des droits des peuples autochtones et des communautés locales.  

Actuellement, les peuples autochtones et les communautés locales du monde entier sont expulsés de leurs terres et font face à une violence croissante au nom de l’agriculture. La législation devrait se référer aux normes internationales des droits humains. 

Lacune 4 : ne pas couvrir tous les produits pertinents

Pour que cette loi s’attaque efficacement à la déforestation mondiale et réduise l’empreinte de l’UE sur la nature, elle doit couvrir tous les produits et matières premières pertinents qui risquent d’être liés à la destruction de la nature. Or, la proposition exclut le caoutchouc et le maïs, sous prétexte qu’ils ne représentent qu’une petite fraction de la déforestation… Alors qu’ils font partie des 10 principaux produits importés de l’UE et liés à la destruction de la nature.  

Enfin, l’élargissement de la gamme de produits pour les produits en bois, que le WWF demande depuis longtemps dans le cadre du Règlement bois de l’Union européenne (RBUE), fait défaut, comme par exemple, les livres, le charbon ou encore les instruments de musique. 

L’Europe doit arrêter la destruction de la nature causée par sa consommation

Selon une étude récente, l’expansion agricole est à l’origine de près de 90 % de la déforestation mondiale – un impact bien plus important qu’on ne le pensait auparavant. L’UE à elle seule est responsable de 16% de la déforestation tropicale liée au commerce international de matières premières telles que le soja, l’huile de palme et le bœuf. L’action de l’UE pour réduire son empreinte doit être à la hauteur du défi. « En tant que plus grand bloc commercial du monde, l’UE a la responsabilité d’arrêter la destruction de la nature causée par sa consommation. Avec cette proposition, la Commission européenne a jeté les bases pour que l’UE devienne la première région à assumer son rôle dans la déforestation mondiale », a réagi Ester Asin, directrice du Bureau de politique européenne du WWF.   

Béatrice Wedeux, chargée de politique forêts au WWF-Belgique, conclut : « Il appartient désormais au Parlement européen et aux États membres, y compris nos ministres belges, de mettre la barre plus haut pour rendre cette loi aussi forte qu’elle doit l’être pour vraiment s’attaquer à l’empreinte de la consommation de l’UE – et inspirer le monde à emboîter le pas ». 

REMARQUE

Arrêter la déforestation en 2030, réaliste ou incantatoire ?

Le bel objectif de stopper la déforestation à l’échelle de la planète n’est pas réalisable sans de nouvelles législations et des investissements massifs, notamment pour des millions de paysans pauvres.

Plus d’une centaine de pays ont pris un engagement solennel au nom de la planète, celui d’arrêter la déforestation mondiale et de «restaurer les forêts» en 2030. Et des engagements financiers significatifs pour les forêts tropicales, puisque l’accord prévoit de mobiliser 19,2 milliards de dollars pour la protection et la restauration des forêts (dont 7 milliards venant de fonds privés). On ne sait pas, toutefois, quelle proportion de cet argent sera réellement additionnelle par rapport à des financements qui sont déjà engagés ou étaient déjà prévus.

La presse a largement évoqué le fait qu’à New York, en 2014, de nombreux pays (et de grandes firmes agroalimentaires) s’étaient engagés à diviser par deux la déforestation en 2020 (raté…) et d’y mettre fin en 2030. Est-il vraiment réaliste de penser pouvoir arrêter la déforestation mondiale en 2030, au risque de devoir soupirer «encore raté…» dans huit ans ?

Il s’agit d’un objectif d’arrêt de la déforestation nette

D’abord, ce qui ne semble pas avoir été noté par la presse, c’est qu’il s’agit d’un objectif d’arrêt de la déforestation nette, et non de la déforestation brute. Avec un objectif de déforestation nette, un pays peut continuer à perdre des forêts naturelles et compenser les surfaces perdues par des plantations d’arbres. La plupart du temps, ce sont des arbres à croissance rapide, utiles, mais peu favorables à la biodiversité et qui peuvent poser des problèmes pour la disponibilité des ressources en eau.

Donc la conversion d’écosystèmes naturels en espaces artificialisés. Nul doute que cette nuance permettra à certains pays de se prévaloir d’un objectif atteint ou tout au moins de s’approcher de celui-ci. Mais surtout, l’idée qu’un pays pourrait décider d’arrêter la déforestation comme il pourrait décider de fermer des centrales à charbon est une illusion.

Une bonne partie de la déforestation, notamment dans les pays les plus pauvres et les Etats fragiles, échappe à la maîtrise des gouvernements. En particulier en Afrique, où la grande majorité de la déforestation est liée à une petite agriculture familiale et à la fabrication de charbon de bois, dans un contexte d’incertitude des droits fonciers et de fort accroissement démographique.

Des politiques publiques visant à faire évoluer profondément les pratiques des exploitants familiaux, à développer des alternatives à l’usage massif du charbon de bois, à clarifier et sécuriser les droits fonciers (en particulier des communautés et des groupes familiaux), à mettre en place des règles d’aménagement et d’utilisation des terres, et à accélérer la transition démographique (par la scolarisation prolongée des filles) doivent être développées, financées et mises en œuvre.

Un plafond initial de déforestation de 667 867 ha à ne pas dépasser

Bien sûr, la lutte contre la corruption afin d’avancer vers un Etat de droit conditionne en grande partie le succès de ces politiques. Mais qui peut penser que de tels changements pourront être réalisés en moins d’une dizaine d’années afin de parvenir à un arrêt total de la déforestation en 2030 ?

Déjà, l’Indonésie, pourtant signataire de la déclaration de Glasgow, a annoncé, par la voix du vice-ministre des Affaires étrangères, que l’engagement de mettre fin à la déforestation était «faux et trompeur»,soulignant que le communiqué sur cet accord avait été diffusé avant la fin des discussions.

La ministre de l’Environnement, qui a participé aux discussions au Royaume-Uni, a indiqué que les objectifs environnementaux ne pouvaient pas entraver le développement économique de son pays : «Forcer l’Indonésie à atteindre zéro déforestation en 2030 est clairement inadéquat et injuste.»

Et dans l’accord de la coalition Cafi (initiative pour les forêts d’Afrique centrale, financée majoritairement par la Norvège) avec la RDC (jusqu’à 500 millions de dollars possibles sur la période 2021-2031), il est question d’un plafond initial de déforestation de 667 867 ha à ne pas dépasser, et d’une baisse progressive de ce plafond tous les deux ans. Mais il n’est pas question de zéro déforestation (même nette) en 2030.

Deux objectifs plus réalistes auraient pu être proposés

L’un des problèmes de ces processus (dont REDD +, réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation forestière) est qu’il est implicitement suggéré que les Etats, quelles que soient leurs capacités, peuvent décider d’arrêter la déforestation, laissant de côté les énormes difficultés de mise en œuvre cohérente de politiques publiques efficaces qui, bien souvent, n’existent pas encore.

Avec cet objectif, intenable, d’un arrêt total de la déforestation en 2030, on entre dans une logique performative («dire, c’est faire») qui ne peut aboutir qu’à une déception généralisée, décrédibilisant encore un peu plus la parole des dirigeants mondiaux et ces conférences internationales.

Deux objectifs plus réalistes, car décidables par les Etats, auraient pu, a minima, être proposés :

Pour les pays en développement, l’engagement de renoncer à toute déforestation brute légale et planifiée. Trop de pays continuent à attribuer de vastes zones forestières (supposément «dégradées») à des investisseurs agricoles. Ceci conduira inévitablement à une discussion sur les critères de définition des forêts (quel seuil de couvert forestier ? Après quelle date accepter la prescription de la déforestation ?), discussion qui doit de toute manière être ouverte.

Pour les pays développés, un engagement de tous à élaborer et à adopter, avant 2025 (par exemple), des législations visant à lutter contre la déforestation importée dans les produits agricoles et forestiers.

Ils ne l’ont pas été. Les négociateurs ont préféré annoncer un objectif qui frappe l’opinion publique, mais qui engendre la confusion sur ce qui est véritablement à la portée des Etats et ce qui est, aujourd’hui, hors de leur portée.

L’arrêt de la déforestation ne sera pas possible sans investissement massif dans la construction d’alternatives aux pratiques agraires de millions de paysans pauvres. Ceci est nécessaire, tant pour arrêter la destruction du couvert forestier que pour sortir ces paysans de la pauvreté et assurer la sécurité alimentaire des pays concernés.

par Alain Karsenty, Economiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement / Libération /17 novembre

photo : Cette vue aérienne montre la déforestation près d’une forêt à la frontière entre l’Amazonie et le Cerrado, à Nova Xavantina (Etat du Mato Grosso, Brésil), le 28 juillet 2021. (Amanda Perobelli/REUTERS)

 

Un ours tué ? Cherchez le chasseur… Et autres réactions

ours tué

Le 20 novembre 2021, près de Seix en Ariège, un chasseur septuagénaire participant à une battue aux sangliers a été blessé à la jambe par une ourse accompagnée de ses oursons. Il l’a tuée, ce qui pose encore une fois le problème des battues en pleine zone à ours : soit les chasseurs ne connaissent pas la nature, soit ils s’en moquent.

L’ASPAS regrette cet accident et nous souhaitons le meilleur rétablissement à la personne qui a été blessée. Souhaitons également que les oursons survivent à l’hiver… Ce drame aurait cependant pu être évité, si les chasseurs avaient respecté le territoire de l’ours. Aucune régulation n’est nécessaire en haute montagne, a fortiori quand des sangliers se trouvent plus bas dans la vallée, entretenus artificiellement par les chasseurs qui ont recours au tir sélectif et à l’agrainage. Cette ourse suitée était connue des naturalistes dans le secteur : s’il s’avère que les chasseurs étaient conscients de sa présence, c’est très grave, car ils savaient le risque encouru.

Les battues de chasse sont en effet très dérangeantes pour toute la faune sauvage : on imagine que l’ourse a été perturbée, et a cherché à se défendre de l’agression cynégétique. L’ASPAS exige toute transparence dans les circonstances qui ont mené à cet accident.

Conseils pratiques en cas de rencontre avec un ours brun

Ce drame souligne l’importance de diffuser à tous les publics, toute l’année, les conseils sur le comportement à avoir en présence d’ours.
Comme tous les animaux sauvages, l’ours n’aime pas être dérangé, encore moins surpris ou forcé à se défendre ou à défendre ses oursons.
Alors, en montagne en zone à ours, apprenons à anticiper nos rencontres fortuites avec un ours :

  • Manifester calmement sa présence en bougeant et en parlant.
  • S’écarter lentement de la trajectoire de l’ours.
  • Ne pas courir.
  • Si l’ours se montre agressif, se plaquer au sol, la tête dans les bras.

2 comportements de l’ours à connaître :

  • L’ours se dresse sur ses pattes arrière : il n’est pas agressif mais curieux, il cherche à reconnaître les odeurs et à vous identifier.
  • L’ours charge : c’est une charge d’intimidation, il cherche à vous éloigner.

Les promeneurs qui croisent un ours n’ont pas de problème, et l’animal attire un écotourisme d’avenir. Oui, la cohabitation avec les ours est possible et souhaitable !

Contact presse :

Alain MAREK, délégué ASPAS de l’Ariège : delegation09@aspas-nature.org / 06 07 39 65 51

Marc GIRAUD, porte-parole de l’ASPAS : mgiraud.nature@wanadoo.fr / 06 07 74 99 05

AUTRES TEXTES

Ariège : chasseur blessé, ourse suitée tuée! les réactions du FIEP et autres commentaires

D’après des informations encore floues, hier samedi 20 novembre, un chasseur de 70 ans a été grièvement blessé lors d’une charge de défense d’une ourse suitée de 2 oursons en vallée d’Estours, dans le département de l’Ariège. L’ourse a été abattue par ce même chasseur au cours d’une battue.

Une enquête accompagnée d’expertises devra élucider précisément l’enchaînement des circonstances ayant entraîné ce drame.

Il s’agit du premier blessé dû à l’ours en France depuis de nombreuses décennies, et nous lui souhaitons un prompt rétablissement sans conséquences durables.

Rappelons que des règles doivent être respectées pour la chasse en battue en zone à ours, même si des blessures peuvent être occasionnées par d’autres mammifères dans des circonstances similaires. C’est le respect de ces règles qui a permis récemment une conclusion heureuse à la présence dans une battue de l’ourse Sorita, accompagnée de ses trois oursons, en Béarn.

Rappelons aussi que la province des Asturies, en Espagne, a montré la compatibilité de la chasse en battue avec la présence de 300 ours dans la chaîne des Cantabriques, par la prise en compte de mesures adéquates.

Deux oursons orphelins nécessitent maintenant la mise en place d’un suivi et de précautions par les autorités dans ce secteur, afin d’assurer leur survie.

 Les précisions du   Fonds d’Intervention Eco-pastoral

Bien que n’ayant pas encore de façon officielle les détails de cette affaire, on peut d’ores et déjà regretter les blessures d’un être humain et la mort d’une ourse reproductrice qui laisse 2 oursons livrés à eux-mêmes.
Cet accident inédit avec un ours, dans les Pyrénées, est malheureusement assez fréquent avec des sangliers.

Au cours des 2 derniers mois en France, nous avons relevé pas moins de 4 accidents du même type qui ont fini par l’évacuation par hélicoptère du chasseur blessé par un sanglier.
C’est le résultat des traques en battue qui est un mode de chasse qui est conçu pour acculer le gibier. Sans doute cette ourse a voulu défendre ses petits et se sentant coincée, elle a réagi en mordant l’homme aux jambes.

L’ours brun d’Europe n’attaque pas délibérément l’être humain.

C’est uniquement s’il se sent menacé ou surpris, craignant de ne pouvoir s’échapper qu’il peut devenir agressif.
La cohabitation entre l’homme et l’ours, espèce protégée, ne peut être remise en cause par cet accident. Remet-on en cause la présence de cerfs, sangliers, chiens, vaches qui tuent et blessent des humains tous les ans en France ?

Bilan : une personne blessée et une ourse reproductrice tuée dans une population d’ours pyrénéenne pas encore viable.
C’est le 4ème ours tué depuis avril 2020 de la main de l’homme ! Cela nous rappelle la mort de Cannelle, de Mellba, de Sarousse.

Il faut maintenant aider les 2 oursons à survivre par un suivi de l’OFB et de la tranquillité.
Cet accident prouve encore une fois le besoin de formation continue des chasseurs sur les conduites à tenir en présence d’ours et surtout sur la façon d’établir les postes de chasse en battue afin de laisser une échappatoire possible à l’ours sans qu’il bute sur un chasseur au poste. C’est indispensable pour éviter qu’avec davantage d’ours à l’avenir, cela puisse se reproduire.

Nous en saurons davantage grâce à l’enquête qui a été diligentée et nous prendrons alors toutes les dispositions nécessaires.

FIEP-Groupe ours Pyrénées                                                         

Autres premiers commentaires

franceinfo : L’ours est-il habituellement agressif envers l’homme ?

Sabine Matraire : C’est rare qu’un ours attaque un homme, c’est forcément qu’il a été conduit à ça. Il y a plusieurs rencontres chaque année avec l’ours et c’est la première fois qu’un chasseur est blessé par un ours. Le peu de fois où il y a des rencontres difficiles c’est quand une ourse est suitée [accompagnée de ses oursons]. Là, elle se retrouve avec ses petits dans une battue aux sangliers. Une ourse suitée n’a pas la même puissance de fuite qu’un ours isolé, donc elle va se mettre d’office en mode défense de ses oursons. Si le chasseur ne connaît pas la posture à adopter en cas de rencontre avec un ours lors de l’exercice de la chasse cela peut poser un souci.

Les chasseurs et certains éleveurs disent que la cohabitation est impossible. Qu’en pensez-vous ?

Des départements mettent l’accent sur la formation et l’information des chasseurs. En Ariège, normalement cela se fait depuis 2017, 2018, après je n’ai pas le bilan des rencontres et des formations qui ont été données. Les élus disent que c’est un problème, mais c’est à eux de faire en sorte que ce ne soit plus un problème. La seule posture qu’ils ont c’est de demander le retrait des ours. Ce n’est pas comme ça que ça va progresser.

Combien de plantigrades vivent dans les Pyrénées ?

Le bilan 2020 disait que 64 ours ont été détectés dans les Pyrénées. Donc la densité n’est pas énorme. Il y en a eu beaucoup plus dans les Pyrénées il y a quelques années. Cela fait 25 ans que des lâchers d’ours dans les Pyrénées centrales ont lieu. Il faut savoir qu’ils n’ont jamais disparu : il restait des ours du côté Pyrénées occidentales. Aujourd’hui c’est une seule population puisqu’il y a des liens entre les deux Pyrénées. Donc, 64 ours ce n’est pas énorme.

« La présence de l’ours est un problème », selon la présidente (PS) du département Christine Tequi

L’élue dénonce sur franceinfo « une mise en danger de la population. »

« Cela fait très longtemps que l’on redoutait un accident, c’est arrivé », a réagi samedi 21 novembre sur franceinfo Christine Tequi, présidente du conseil départemental de l’Ariège. Un chasseur a tué une ourse qui venait de le mordre à Seix (Ariège). L’homme de 70 ans, gravement blessé au niveau de l’artère fémorale, a été évacué au CHU de Toulouse (Haute-Garonne) mais ses jours ne sont pas en danger.

Pour l’élue, « la présence de l’ours est un problème. C’est un problème sur l’activité pastorale et c’est un problème parce qu’ils se sont reproduits et qu’il y a des ours en grand nombre sur ce secteur et qu’aujourd’hui on n’est jamais sûrs de ne pas les rencontrer ». Elle dénonce « une mise en danger de la population. »

« Retirer » les ours

Christine Tequi regrette « de ne pas avoir été entendue » par le gouvernement et le chef de l’État qu’elle « a alerté plusieurs fois parce que ces situations se sont déjà présentées », même si « elles se sont soldées bien heureusement autrement ». La présidente du département de l’Ariège indique avoir envoyé un courrier à Emmanuel Macron en 2019 parce qu’un « randonneur s’était fait courser sur 150 mètres. Et à l’époque, on m’avait dit ce n’est pas une attaque, c’est une rencontre. Non, c’est une attaque ! »

Selon elle, il faut « retirer » des ours, « ce n’est pas possible de rester avec une population d’ours qui met en danger les habitants. »

« Opposants et défenseurs encore plus divisés sur sa réintroduction dans les Pyrénées »

Après l’attaque d’un chasseur par un ours en Ariège, samedi 20 novembre dans l’après-midi, la colère gronde chez les éleveurs, les bergers, les chasseurs et de nombreux élus. « Nous alertons depuis longtemps » assène la présidente du conseil départemental, Christine Téqui. L’association Pays de l’Ours appelle de son côté à la suspension des battues dans le secteur de l’accident.

La colère gronde en Ariège après l’accident intervenu samedi 20 novembre, dans l’après-midi. L’attaque d’un ours blessant grièvement un chasseur, sur les hauteurs de Seix, dans le Couserans, provoque une vive émotion chez Christine Téqui, présidente du conseil départemental : « Cet accident est dramatique’, martèle l’élue socialiste. Nous n’avons cessé d’alerter l’Etat sur les dangers de cette présence de l’ours. Sans succès. Vue de Paris, cette réintroduction est simple. Mais c’est une vision romantique et illusoire. »

L’Etat alerté depuis plusieurs mois

Christine Téqui est d’autant plus affectée que cet événement a eu lieu sur des terres qu’elle connaît bien. Celles de la commune de Seix dont elle fut la maire. « Ces ours ont été réintroduits sans concertation et désormais, nous faisons face à une reproduction galopante. L’ours ne cohabite avec aucune activité. Nous n’avons pas été pris au sérieux ni entendus. Est ce qu’à un moment l’Etat va prendre ses responsabilités ? » interroge-t-elle alors que la préfecture de l’Ariège communique à minima sur le sujet.

Des « ours présents partout »

Pour le président de la fédération de chasse de l’Ariège, le « plus important » est l’état de santé de l’homme de 70 ans blessé gravement, qui doit sa survie au fait « d’avoir une arme entre les mains. » Jean-Luc Fernandez, n’y va pas par quatre chemins : « La Montagne des Pyrénées est devenue dangereuse, assure-t-il. Là, c’est un chasseur qui a été attaqué, mais cela pourrait être un randonneur ou un cueilleur de champignons. Un jour, les ours sont à un endroit. Le lendemain dans un autre lieu. Ils sont en haute, mais aussi en moyenne montagne. Les ours sont présents partout ! »

Un avis partagé par Jean-Pierre Mirouze, de l’Association pour la sauvegarde du patrimoine d’Ariège-Pyrénées. Même s’il rechigne à réagir, l’éleveur et maire de Saint-Bauzeil estime lui le nombre d’ours dans le Pyrénées bien supérieur à celui des 64 officiellement recensés. « Ils sont tous concentrés au cœur des Pyrénées, dans l’Ariège, dans l’ouest du département. Cela devient impossible d’avoir la moindre activité. Nous ne sommes pas contre la réintroduction de l’ours, mais le pays n’est plus conçu pour permettre cette cohabitation. »

Un petit risque dans les Pyrénées

« Tout ceci est caricatural, déplore Alain Reynes, directeur de l’association Pays de l’Ours. Ce sont des opposants à l’ours et ils se comportent comme tels. Avec cet accident, l’ours va se retrouver à nouveau sur le banc des accusés. Tout ceci n’est pas raisonnable. »

Dans un communiqué, Pays de l’ours – Adet rappelle que « c’est la première fois depuis 25 ans qu’un ours blesse un homme dans les Pyrénées et nous souhaitons qu’il puisse se rétablir rapidement et complètement. Une ourse ne mord pas un homme sans raison. La seule explication possible est qu’elle ait senti ses oursons menacés. Pourquoi, comment, c’est impossible à dire sans connaître le déroulement exact des faits. L’enquête, que nous souhaitons rapide et complète, devra établir les circonstances précises ayant mené à la blessure du chasseur et à la mort de l’ourse. »

Le directeur de l’association souligne au passage que dans d’autres pays d’Europe « les ours sont bien plus nombreux et la cohabitation se passe bien. Dire « c’est soit l’Homme, soit l’ours » c’est totalement stérile. Nous avons l’obligation de trouver une solution pour savoir comment vivre ensemble. L’ours dans les Pyrénées est un petit risque. »

Avec la mort de cette ourse femelle lors de cet accident, Pays de l’ours appelle à la suspension des battues dans le secteur et « les chasseurs de la vallée à la plus grande vigilance envers ces oursons inoffensifs et encore fragiles ».

 

. Samedi 20 novembre, un chasseur de l’Ariège a tué une ourse qui l’avait mordu. Une situation très rare, souligne Sabine Matraire, présidente de l’association Pays de l’Ours Adet. Depuis 30 ans, l’association milite pour le retour de l’ours.

« C’est rare qu’un ours attaque un homme, c’est forcément qu’il a été conduit à ça », a expliqué dimanche 21 novembre sur franceinfo Sabine Matraire, présidente de l’association Pays de l’Ours Adet, qui oeuvre depuis 30 ans pour le retour du plantigrade, après qu’un chasseur a tué une ourse qui venait de le mordre. Le chasseur qui a été grièvement blessé samedi 20 novembre à Seix, en Ariège, est « hors de danger ». L’homme, âgé de 78 ans, a tiré deux fois en direction de l’ourse qui est morte.

26 novembre Ourse tuée en Ariège : une information judiciaire pour « destruction d’une espèce protégée » et « chasse illégale dans une réserve »

Un chasseur avait tué l’animal lors d’une battue, samedi 20 novembre, dans une réserve domaniale. Blessé aux jambes par l’ourse, il avait dû être hospitalisé.

Le parquet de Foix a annoncé, vendredi 26 novembre, l’ouverture d’une information judiciaire contre X pour « destruction d’une espèce protégée », rapporte France Bleu Occitanie, six jours après la mort d’une ourse à Seix (Ariège). Elle avait été tuée par un chasseur qui avait été gravement blessé aux jambes par l’animal puis hospitalisé.

>>> Ourse tuée par un chasseur en Ariège : « La présence de l’ours est un problème », selon la présidente du département Christine Tequi

L’information judiciaire est aussi ouverte pour « chasse illégale dans une réserve », précise France Bleu. Ce qui veut dire que la battue s’est déroulée dans une zone où des restrictions de chasse s’appliquaient, dans une réserve domaniale régie par l’Office nationale des forêts. Des infractions au code de l’environnement pourraient donc être relevées. L’enquête devra déterminer si le chasseur avait ou non le droit d’être là. 

Il est par ailleurs trop tôt pour savoir si le chasseur a tiré avant ou après avoir été mordu, précise France Bleu. L’autopsie de l’ourse montre qu’un seul coup de feu dans la poitrine l’a tuée presque instantanément.