Bilan officiel de la chasse 2020-2021 : des incidents en hausse !

stop à la chasse

13/10/2021

A ce jour, bizarrement, l’Office Français de la Biodiversité n’a toujours pas révélé au grand public son traditionnel comptage des accidents de chasse de la saison dernière. Pourtant, d’après un article du journaliste P. David publié sur Mediapart, ce bilan existe puisqu’il aurait été présenté aux participants d’une réunion CNCFS*, le 23 septembre 2021.

Avec 80 accidents dont 7 mortels (6 chasseurs et Morgan Keane qui coupait du bois au fond de son jardin, confondu avec un sanglier), les chasseurs se félicitent dans un court communiqué d’un « bilan particulièrement positif »… ! Quand on sait que le nombre de chasseurs diminue continuellement d’année en année (ils seraient désormais moins d’un million), et que la saison 2020-2021 a été perturbée par la crise sanitaire, cette baisse accidentogène est toute relative, et on ne trouve aucune raison de se réjouir, tant que ce loisir provoquera des morts et brisera des familles…

soyez visibles

Surtout, d’après nos sources, la proportion d’accidents impliquant des non-chasseurs serait en légère hausse (14% contre 12% auparavant), de même que le nombre d’incidents aurait sensiblement augmenté par rapport à 2019-2020, avec plus de 50 tirs sur des habitations et 26 tirs sur des véhicules !

Autres chiffres que les chasseurs se gardent bien de mettre en avant : 1 accident de grand gibier sur 10 serait lié à un tir sans identification de la cible, et 1 accident de petit gibier sur 2 serait lié à une non prise en compte de l’environnement (tirs vers une personne, une route ou une habitation). Le sentiment d’insécurité ressenti par les ruraux non chasseurs est on ne peut plus justifié, surtout quand on sait que certaines balles gros calibre finissent leur course à parfois plus d’un kilomètre d’où elles ont été tirées !

Déjà 15 accidents pour la saison 2021-2022 !

En 5 semaines, la chasse a déjà fait 15 accidents et provoqué la mort de 2 personnes… Deux non-chasseurs ont été blessés : une automobiliste touchée à l’épaule à Zonza, en Corse, et une cycliste touchée au pied à la Balme, en Savoie. Voilà qui n’inspire pas vraiment confiance pour le reste de la saison…

Pour une réforme majeure et en profondeur de la chasse !

Dès 2017, l’ASPAS a écrit au Président de la République Emmanuel Macron pour lui exhorter de procéder à une réforme majeure et en profondeur de la chasse en France. Au lieu de cela, M. Macron a opté pour une réforme qui favorise surtout les intérêts des chasseurs (autorisation des silencieux sur les armes, prix du permis national divisé par 2, nouveaux pouvoirs accordés aux Fédérations de chasse, etc.).

La généralisation du port de gilets fluorescents, la pose de panneaux « chasse en cours » et la remise à niveau décennale obligatoire portant sur les règles élémentaires de sécurité sont des mesures nationales entrées en vigueur par arrêté ministériel le 5 octobre 2020. C’est mieux que rien, mais c’est largement insuffisant : les Français attendent une réforme beaucoup plus ambitieuse !

Dans notre démocratie, il est inacceptable qu’autant de pouvoir et d’attention soient accordés à cette pratique qui concerne moins de 2% de la population.

> Lire la proposition de réforme de l’ASPAS et signez la pétition

* CNCFS : Conseil national de la chasse et de la faune sauvage 

ASPAS :Newsletter – Octobre 2021

Au sommaire de cette lettre d’information : une consultation publique urgente pour les « nuisibles », le résumé de nos récentes victoires juridiques, le dernier bilan des accidents de chasse et un appel contre l’industrialisation destructrice des forêts françaises. Bonne lecture !

nuisibles

PEINE PROLONGÉE D’UN AN POUR LES « NUISIBLES » !!

Par un tour de passe-passe, le Ministère prévoit de retarder d’un an la révision du classement des « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » (ESOD) ! Renards, corneilles, martres et d’autres animaux sauvages considérés comme « nuisibles » pouvaient espérer sortir de cette sordide « liste de la mort » le 30 juin 2022, or l’État veut prolonger l’autorisation de leur massacre jusqu’au 30 juin… 2023 ! Ceci dans le but affiché de permettre aux chasseurs de rassembler assez de données pour justifier ce massacre ! L’ASPAS vous invite à donner un avis DÉFAVORABLE à ce projet de décret, en participant à la consultation publique avant le 12 novembre.
>> En savoir plus et participer

blaireau
Meles meles, Blaireau d’Eurasie, Badger, Vosges, France

DANS L’OISE, JUSTICE POUR LES BLAIREAUX ET LES RENARDS !

Le 19 juillet dernier, la Préfète de l’Oise signait l’arrêt de mort de nombreux blaireaux dans son département, accusés de provoquer des dégâts agricoles et d’affaisser des routes… Saisi par l’ASPAS le 30 août, le Tribunal administratif d’Amiens nous a donné raison le 24 septembre : l’arrêté préfectoral est SUSPENDU ! (en savoir plus).

15 jours plus tard, autre bonne nouvelle partagée avec AVES et One Voice : l’arrêté autorisant l’abattage de 1700 renards dans ce même département a également été retoqué par le Tribunal d’Amiens ! Grâce à ces victoires, des milliers d’animaux sont sauvés.

tourterelle

SUSPENSION DE LA CHASSE POUR DES OISEAUX MENACÉS EN MARTINIQUE !

Quelques semaines après notre victoire pour 3 oiseaux en déclin en Guadeloupe, la justice nous donne une nouvelle fois raison, cette fois en Martinique ! Grâce à une action commune ASPAS, LPO, AMAZONA, AEVA, ASFA et Carouge, le Tribunal administratif a en effet partiellement suspendu l’arrêté préfectoral du 19 juillet portant sur l’ouverture et la clôture de la chasse pour la campagne 2021-2022 sur le territoire de la Martinique, permettant de préserver de nombreuses espèces.
>> En savoir plus

Panneau sur une voiture
Panneau sur une voiture de chasseurs, chasse en cours ensemble soyons vigilants

Alors que le bilan officiel n’a toujours pas été rendu public, certains chiffres ont fuité: avec 80 accidents dont 7 mortels, les chasseurs se félicitent d’un « bilan particulièrement positif » ! Or ces chiffres sont à relativiser avec une chute continuelle du nombre de chasseurs chaque année, et une crise sanitaire qui a fortement perturbé la saison dernière. Surtout : le nombre d’incidents, lui, est en augmentation ! >> En savoir plus

sos forêt

 

 

L’APPEL POUR DES FORETS VIVANTES

Devant la menace d’une industrialisation galopante de la forêt en France, l’ASPAS co-signe cet appel, porté par le collectif SOS Forêt France. Son objectif : réunir les énergies de résistance pour faire front à la politique destructrice du gouvernement, et agir concrètement sur le terrain. L’action de terrain, l’ASPAS la réalise depuis plus de 10 ans maintenant, par la création de Réserves de Vie Sauvage® protégées de toute exploitation humaine. >> Lire l’Appel

 

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Un cadavre de loup découvert en Loire-Atlantique,une première depuis un siècle

loup endormi

Un cadavre de loup a été découvert mi-octobre sur le bord d’une route de Saint-Brévin-les-Pins, en Loire-Atlantique. Une première depuis près d’un siècle dans ce département, a annoncé la préfecture jeudi dans un communiqué.

C’est une première depuis plus d’un siècle. Un cadavre de loup a été découvert mi-octobre sur le bord d’une route de Saint-Brévin-les-Pins, en Loire-Atlantique, a annoncé la préfecture jeudi dans un communiqué.

Le cadavre a été retrouvé vendredi 15 octobre par les services d’entretien des routes du département sur le bord de la RD 213, selon la préfecture.

Confondu avec un chien

D’abord pris pour celui d’un chien, le cadavre a été conduit chez un vétérinaire pour être identifié par son tatouage ou son puçage, avant d’être transféré dans les locaux des services techniques de Saint-Brévin-les-Pins.

Le 20 octobre, un employé des services techniques a envoyé des photos de l’animal à un membre du Groupe mammalogique breton (GMB), ensuite transmises à l’Office français de la biodiversité (OFB), «qui a confirmé qu’il s’agissait bien d’un loup gris de l’espèce Canis lupus lupus», selon la préfecture.

L’animal a été récupéré par le réseau Loup de l’OFB «pour des analyses complémentaires afin de déterminer l’origine de l’individu et les causes de sa mort», selon la même source. «La présence du loup en Loire-Atlantique est une première depuis près d’un siècle», souligne la préfecture. Un loup avait été photographié par un dispositif de piège photo le 14 mai dernier à Jard-sur-mer, sur la côte vendéenne, à environ 120 km au sud de Saint-Brévin-les-Pins.

Eradiqué puis réapparu

Considéré comme éradiqué en 1937 au niveau national, le loup est réapparu dans le parc du Mercantour (Alpes-Maritimes) en 1992. La population de cette espèce protégée est aujourd’hui estimée entre 414 et 834 individus, avec une présence détectée jusqu’en Normandie et dans le Centre-Val-de-Loire. Avec, souvent, des tensions entre chasseurs, éleveurs et associations de défense de l’environnement.

photo : Un loup gris de type Européen (Canis lupus) endormi dans une prairie. (Philippe Clément/Arterra/Universal Images Group via Getty Images)

par LIBERATION et AFP publié le 28 octobre 2021

Plan national : Donnez votre avis et aidez le lynx !

lynx

L’Etat français lance enfin un Plan National d’Actions (PNA) pour le Lynx boréal, espèce considérée « en danger » pour la France. Une consultation publique est en cours jusqu’au 27 octobre pour recueillir les avis des citoyens. FERUS se réjouit du lancement de ce PNA dont il est globalement satisfait mais insiste sur des points cruciaux qui doivent être pris en compte : par ex. prise en compte des remarques du CNPN (Conseil National de Protection de la Nature), concertations en vu de futurs lâchers pour consolider la population, garder une attitude ferme sur la stricte protection du lynx (pas de prélèvement de lynx à titre dérogatoire), etc.

Nous vous invitons donc à participer à la consultation publique en insistant sur les points ci-dessous (vous aussi aussi reprendre les arguments du CNPN).

Participez à la consultation publique en laissant votre commentaire sur      ce lien

  • l’avis du CNPN de juillet dernier doit impérativement être pris en compte, car l’avis favorable n’a été donné que sous réserve de la prise en compte de ses recommandations
  • l’Etat doit consacrer des moyens financiers et humains importants pour assurer la mise en œuvre rapide et efficace des différentes actions prévues dans ce PNA,
  • Le suivi des populations doit nous fournir rapidement des éléments démographiques avec des estimations quantitatives sur les différents massifs et ne peut plus se contenter de nous indiquer des zones de présence de l’espèce
  • La lutte contre les collisions routières et les destructions illégales doit être une des priorités fortes de ce PNA. A ce sujet nous demandons toujours que chaque lynx tué illégalement soit systématiquement remplacé dans les meilleurs délais, et que les enquêtes soient menées avec suffisamment de moyens (notamment au travers de la mise en place effective et rapide d’une cellule criminalistique) pour que les coupables finissent par être identifiés et lourdement condamnés
  • Une étude de terrain sur l’impact du dérangement par les activités humaines doit être lancée rapidement, bien au-delà de la réalisation d’une simple étude bibliographique en 2022
  • Un travail d’analyse doit être conduit sur la cohérence du réseau des Aires Protégées (a minima dans l’aire de présence actuelle du lynx) avec les besoins de l’espèce , en termes de maintien de la qualité d’habitats et de lutte contre leur fragmentation et de l’existence de zones de quiétude à l’abri des perturbations d’origine anthropique, afin de proposer des améliorations à l’échéance du premier plan
  • La mise en œuvre des moyens de protection des troupeaux doit être généralisée, et il faut abandonner toute idée de réactiver un protocole d’intervention qui pourrait aboutir à la destruction de lynx.
  • Les processus de concertation pour arriver à des renforcements de population doivent être lancé prioritairement et devraient permettre de procéder à des lâchers avant la fin du 1er plan de 5 ans, ce qui n’est pas prévu. Ces renforcements devraient pouvoir être menés à bien après cette concertation, même si l’unanimité ne réussit pas à se faire avec certains lobbies de l’élevage ou de la chasse farouchement opposés à toute idée de renforcement.

ONG cherche volontaires en télétravail pour compter les morses de l’océan Arctique

morse

Le Fonds mondial pour la nature, le WWF, recrute des volontaires pour compter les populations de morses dans l’océan Arctique. C’est de la science participative bénévole. Originalité du job, c’est en télétravail.

Les morses, mammifères marins dotés de deux grandes défenses qui descendent de la mâchoire supérieure,  vivent sur 25 000km2 en Arctique. Et pour les recenser, les équipes du WWF et du British Antartic Survey (qui gère cinq  stations de recherche en Arctique) ont trouvé la solution : ils proposent au grand public de les aider à les compter les morses un par un, à partir d’images satellites.

Au cours des cinq prochaines années, des photos de la Russie du Groenland, de la Norvège et du Canada vus de l’espace, seront mises en ligne. Les volontaires pourront compter depuis leur écran d’ordinateur, les petits points marrons qui correspondent chacun à un morse. Une observation importante car ces mammiferes sont menacés par le réchauffement climatique, et la fonte de la banquise sur laquelle ils vivent. (…)

La suite de l’article sur le site de France Info : cliquez ici

Le Conseil d’Etat suspend les nouveaux arrêtés du gouvernement autorisant les chasses traditionnelles Publié le 25/10/2021 19:56

alouette des champs

Publié le 25/10/2021 19:56

Le juge des référés du Conseil d’Etat a considéré lundi que les arrêtés pris en octobre par le gouvernement risquaient de contrevenir au droit européen.

Nouveau rebondissement dans le combat qui oppose les chasseurs et les associations de défense des animaux. Le juge des référés du Conseil d’Etat, saisi en urgence par la Ligue pour la protection des oiseaux et l’association « One Voice », a suspendu lundi 25 octobre les huit nouveaux arrêtés gouvernementaux autorisant des chasses d’oiseaux traditionnelles. La Ligue pour la protection des oiseaux et l’association One Voice avaient saisi le Conseil d’Etat pour demander de « suspendre en urgence ces autorisations pour la campagne 2021-2022. »

Après une première annulation en août par la plus haute juridiction administrative du pays de plusieurs autorisations de chasse (grives, merles noirs, vanneaux, pluviers dorés, alouettes des champs avec des filets ou cages), le juge a estimé que le gouvernement avait pris mi-octobre ces nouveaux arrêtés sur la même base, risquant de contrevenir au droit européen, et qu’il existait ainsi « un doute sérieux quant à leur légalité ».

« Après cette première décision rendue en urgence, le Conseil d’Etat statuera au fond sur les recours contre ces arrêtés dans les prochains mois », précise le communiqué publié sur son site internet

IL Y A DEUX SEMAINES……..

Chasse et pêche : La « chasse traditionnelle » des oiseaux va être de nouveau autorisée

« À partir de ce week-end, la « chasse traditionnelle » va de nouveau être autorisée en France. Cependant, la querelle entre les pro et les anti-chasse concernant cette pratique n’est pas près de se terminer.

Le Conseil d’État avait annulé plusieurs autorisations de chasse

Pourtant, début août, après avoir été saisi par deux associations de protection des animaux, le Conseil d’État annulait plusieurs autorisations de chasse. Les Sages estimaient que les autorisations ministérielles de chasser les merles noirs, les alouettes des champs, les grives, les pluviers dorés et les vanneaux huppés à l’aide de filets fixés à terre ou de nœuds coulants n’étaient pas « conformes aux exigences du droit européen relatif à la protection des oiseaux ».Ainsi, comme le rappelait le Conseil d’État, une directive européenne datant de 2009 « interdit les techniques qui capturent des oiseaux massivement et sans distinction d’espèce ». Toutefois, ce texte prévoit une dérogation à condition qu’elle soit « dûment motivée et dès lors qu’il n’existe pas d’autre solution satisfaisante pour capturer certains oiseaux ». Et selon les Sages, les autorisations ministérielles ne remplissaient aucune de ces deux conditions.

L’exécutif a lancé des consultations publiques sur la « chasse traditionnelle » des oiseaux

À la suite de cette décision du Conseil d’État, l’exécutif a lancé, jusqu’au 6 octobre, 4 consultations publiques afin de connaître l’avis des Français sur 8 projets de loi visant à permettre la capture de 106 500 alouettes des champs, 5 800 grives et merles, 1 200 vanneaux huppés et 30 pluviers dorés.

Cette phase étant terminée, Le Parisien révèle que la publication de ces textes au Journal officiel doit avoir lieu d’ici vendredi. Ainsi, selon le quotidien, le ministère a mis en avant une « absence de solution alternative », la faible « quantité » des oiseaux chassés et leur « sélectivité ». Ces arrêtés précisent également que des contrôles seront effectués. En tout, 113 530 oiseaux sauvages pourront donc être chassés, dès samedi.

La LPO devrait demander la suspension immédiate de ces arrêtés

Et si la Fédération nationale des chasseurs (FNC) se réjouit de cette décision et de pouvoir « chasser selon ces méthodes », la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) avait vivement critiqué la décision de l’exécutif de lancer des consultations publiques.

Dans un communiqué datant du 16 septembre, la LPO annonçait que si ces arrêtés étaient publiés au Journal Officiel, elle demanderait « leur suspension immédiate devant le Conseil d’État ». La Ligue pour la protection des oiseaux rappelait également que l’alouette des champs était classée en « préoccupation mineure » et le vanneau huppé en « quasi menacé » sur la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en France.

Source : Démarches administratives  »

L’humeur de Philippe Guerlet :

Jusqu’où ce gouvernement va-t’il se prostituer auprès du lobby des chasseurs pour gagner le million de voix promises pour les prochaines présidentielles ?

Il n’ y a vraiment pas d’autre combat et priorité dans notre pays (crise sanitaire peut-être ?) que d’aller à l’encontre de la Communauté Européenne, du Conseil d’Etat, des associations, des scientifiques et de l’opinion publique ???

A vomir !

 

Protection animale: ce que change l’accord inattendu des parlementaires

animaux dans les cirques

Le texte, qui veut notamment interdire les animaux sauvages dans les cirques et lutter contre les abandons, a été salué par les associations.

ANIMAUX – Interdiction progressive des animaux sauvages dans cirques et delphinariums, vente de chiots et chatons en animalerie prohibée… Députés et sénateurs sont parvenus ce jeudi 21 octobre à un accord sur le texte contre la maltraitance animale, ouvrant la voie à son adoption rapide.

“Nous venons de trouver un accord inespéré sur un texte historique en faveur de la condition animale en France”, s’est félicité sur Twitter le député LREM Loïc Dombreval, co-auteur de cette proposition de loi.

Le Premier ministre Jean Castex a dit sur ce réseau social partager “la fierté de tous les parlementaires qui ont rendu ce texte possible”, soulignant que “le bien-être animal est une préoccupation centrale pour nos concitoyens”. 

“C’est une victoire pour la cause animale”, a salué dans un communiqué le patron des députés LREM Christophe Castaner. L’Assemblée avait voté en janvier dernier ce texte étendard de la majorité à la quasi unanimité, avec le soutien du gouvernement.  

La rapporteure pour le Sénat Anne Chain‑Larché (LR) a salué un texte “véritablement équilibré” qui “crée de nouveaux outils de lutte contre la maltraitance et remet à niveau la législation, sans éloigner l’homme de l’animal, ni cumuler les interdictions stériles”.

Un texte aussi acclamé par les défenseurs de l’environnement et des animaux. “Quand c’est bien, il faut le dire. Bravo Barbara Pompili”, a félicité le journaliste activiste Hugo Clément. “Aujourd’hui c’est une grande avancée pour la cause animale!”, a aussi tweeté la Ligue des animaux. “Journée historique”, a ajouté la Fondation Brigitte Bardot.

Cet accord en commission mixte paritaire (sept députés-sept sénateurs) n’était pas acquis, alors que le Sénat dominé par la droite avait largement édulcoré le texte fin septembre, en souhaitant maintenir notamment les animaux sauvages dans les cirques itinérants et delphinariums.

Lutter contre les abandons d’animaux

Concrètement, selon l’accord trouvé, il sera mis fin à l’exploitation commerciale d’espèces sauvages, en interdisant leur acquisition et reproduction dans un délai de deux ans et leur présence dans les cirques itinérants d’ici sept ans. La détention de cétacés dans les delphinariums sera prohibée dans un délai de cinq ans.

Les élevages de visons d’Amérique et d’animaux d’autres espèces exclusivement élevés pour la production de fourrure seront également interdits.

La proposition de loi doit aussi contribuer à éviter les achats impulsifs d’animaux de compagnie, qui conduisent à trop d’abandons, et entend aussi durcir les sanctions en cas de maltraitance. Ainsi un certificat de connaissance avant l’acquisition d’un animal de compagnie sera délivré.

La vente de chiots et chatons en animalerie sera interdite à compter du 1er janvier 2024. La présentation des animaux dans les vitrines ne sera plus permise. La vente d’animaux en ligne sera mieux encadrée.

ANALYSE DE ….

AVA

PPL Animaux : nécessaire mais pas suffisante
Ce jeudi 21 octobre, la proposition de loi « visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes » a enfin trouvé un accord entre sénateurs et députés. Si ce texte symbolise une « avancée historique » pour la protection animale, comme le soulignent de nombreuses associations, il soulève néanmoins de nombreuses questions et laisse, malgré tout, un certain goût amer… Voici pourquoi.

La fin des cirques et des delphinariums d’ici 2028

Dans le cas des cirques, dans un délai de 7 ans après la date de mise en place de la loi, l’utilisation d’animaux sauvages sera interdite. Pour les delphinariums, les spectacles et la détention de cétacés seront également interdits d’ici à 5 ans. Pour autant, la présence de ces espèces reste possible dans les refuges à condition que les critères définis par l’arrêté soient respectés. Reste à savoir lesquels.

Car c’est bien là toute la problématique : que va-t-il advenir de tous ces animaux qui ne pourront plus être exploités par l’Homme ? Nés en captivité pour l’écrasante majorité d’entre eux, ils ne pourront jamais être réintroduits dans la nature. Quel avenir pour eux ? Quelles structures vont pouvoir les recueillir et leur offrir une retraite conforme à leurs besoins ? L’Etat soutiendra-t-il financièrement les sanctuaires existants ? En créera-t-il d’autres ? Ces animaux seront-ils simplement envoyés dans d’autres pays où ils pourront continuer leur triste « carrière » en toute légalité ?

Pour répondre à toutes ces questions, nous espérons sincèrement que l’Etat saura s’entourer d’experts (vétérinaires, éthologues, associations de protection animale…). L’échec du refuge Rewild, supposé œuvrer à la réintroduction d’animaux ayant été exploités par l’Homme, nous a prouvé que la gestion des espèces et des individus imprégnés par l’humain ne s’improvisait pas…

La fin des ventes de chiens et chats en animalerie d’ici à 2024

Les chiots et chatons ne pourront plus être vendus dans les animaleries d’ici à 2024. Les seuls chiens et chats qui pourront être présentés à l’adoption en animalerie seront les chiens et chats de refuges dans le cadre de partenariats entre animaleries et associations. Cette exception a pour but de favoriser l’adoption de chiens et de chats abandonnés. Seul critère à respecter, ces animaux ne pourront être présentés en « vitrine », avec vue sur eux depuis la rue.

Très attendue par les associations de protection animale, cette mesure vise à lutter contre les achats impulsifs, notamment au moment des fêtes de fin d’année. Néanmoins, pour nous, il ne s’agit que de l’arbre qui cache la forêt. Il y a bien d’autres problématiques à évoquer quant aux élevages, à la vente et au bien-être de nos animaux de compagnie. Remettre en question la « marchandisation » des animaux, quel qu’en soit le lieu de provenance (animaleries comme élevages ou ventes par des particuliers), et lutter contre les effets de mode, favorisés par le marketing à outrance des « races de chiens » vendues comme de vulgaires produits (dont le caractère, la personnalité et l’apparence seraient « garantis »), et les dérives de la sélection artificielle (révélées par l’explosion des maladies héréditaires chez les chiens et les chats dits « de race (pure) »), auraient été autrement plus utiles.

De plus, nous dénonçons l’hypocrisie de cette mesure scandaleusement spéciste : les NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie) ainsi que les poissons ne sont pas concernés ! Ils pourront toujours être vendus, alors que ce sont les premières victimes des achats impulsifs, rapidement regrettés une fois que les enfants s’en sont lassés… On le voit d’ailleurs avec la crise du Covid : les hamsters, lapins et autres furets achetés pour s’occuper pendant les confinements sont actuellement abandonnés en masse dans les refuges…

Quant à l’obtention d’un certificat de connaissances avant l’acquisition d’un animal de compagnie, prochainement rendue obligatoire, reste à en déterminer la teneur. Qui le concevra ? Quel en sera le contenu ? Celui-ci sera-t-il mis à jour régulièrement à la lumière des avancées des connaissances scientifiques ?

Les ventes en ligne d’animaux encadrées par un label

Une labellisation devrait être mise en place sous la forme de différents critères à respecter… Une nouvelle fois, c’est un élément qui peut avoir son importance, reste à savoir quels seront les « critères » qui pourront encadrer ces ventes. Là encore, nous y voyons surtout un effet de communication : même labellisées, les ventes (qu’elles soient en ligne ou pas, d’ailleurs) n’empêcheront ni les trafics d’animaux, ni les actes de maltraitance.

Les sanctions renforcées

Autre avancée : le renforcement des sanctions applicables en cas de sévices graves, d’actes de cruauté et d’abandon – contre animaux domestiques, apprivoisés ou tenus en captivité : ils seront désormais passibles de 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende, contre 2 ans et 30 000 euros aujourd’hui. Notre sentiment : à quoi bon renforcer les sanctions alors qu’elles ne sont même pas appliquées à l’heure actuelle ? Si cette mesure n’est pas suivie d’une application concrète et réelle, elle n’est qu’une vaine tentative de séduction vis-à-vis des protecteurs des animaux…

Stérilisation obligatoire des chats sauvages

Un dernier point nous semble important à aborder : l’obligation pour les maires de chaque commune d’organiser la stérilisation des chats sauvages présents sur leur territoire. C’est un sujet qui avait grandement fait débat. Les élus se sont mis d’accord sur la mise en place d’une expérimentation pendant 5 ans, à l’échelle des collectivités territoriales.

Pour beaucoup d’acteurs de la protection animale, la stérilisation des chats errants est une évidence. Pour nous, c’est une nouvelle fois le refus de prendre en compte chaque animal comme un individu. La stérilisation de certains chats (anxieux, vulnérables, malades chroniques ou, tout simplement et comme ils sont si nombreux à l’être, non familiers et totalement indépendants) pourrait grandement leur causer du tort, notamment lorsque ces chats sont ensuite de nouveau voués à vivre dehors, sans être abrités au chaud et nourris tous les jours. D’où la nécessité d’agir au cas par cas, et de favoriser des méthodes de stérilisation plus respectueuses du bien-être et de l’intégrité de chaque individu, comme la vasectomie pour les mâles ou la stérilisation sans gonadectomie pour les femelles.

Et après ? 

Le texte de loi devrait être présenté le 15 novembre pour une adoption définitive. Une nouvelle fois, nous tenons à souligner cette avancée mais il reste encore beaucoup de défis à relever pour lutter contre les actes de cruauté et de maltraitance commis envers les animaux. Cette proposition de loi ne concerne en effet, hélas, qu’une infime minorité d’animaux, tandis que la souffrance, les cruautés et les maltraitances, elles, en concernent des centaines de millions et même largement plus d’un milliard chaque année en France : ces pauvres animaux dits « d’élevage et d’expérimentation » ainsi que ces si nombreux animaux liminaires qui partagent avec nous les habitats des villes, des territoires et des campagnes en France, en Corse, ainsi que dans les DOM-TOM.

Dérèglement climatique : Total savait dès 1971

20 octobre 2021 Par Mickaël Correia

Des archives inédites démontrent que Total a été alerté dès les années 1970 de l’impact climaticide de son activité. Elles dévoilent comment le groupe a déployé, en réaction, une stratégie pour insuffler le doute. Et saboté toute action politique en faveur du climat. Entretien avec Christophe Bonneuil, coauteur de cette enquête historique, publiée mercredi.

Total est informé du dérèglement climatique depuis le début des années 1970. Depuis, la multinationale a sciemment déployé différentes stratégies pour annihiler tout volontarisme politique. C’est en substance ce que dévoile une étude scientifique sans précédent publiée mercredi, dans la revue Global Environmental Change, par les chercheurs Christophe Bonneuil (directeur de recherche en histoire au CNRS et enseignant à l’EHESS, Paris), Pierre-Louis Choquet (post-doctorant au Centre de sociologie des organisations, Sciences Po Paris) et Benjamin Franta (historien à l’université de Stanford, aux États-Unis).

Après s’être plongés dans les archives des groupes Total et Elf (avec qui la fusion s’est opérée au tournant des années 1999-2000), les trois universitaires révèlent que TotalEnergies, le nouveau nom de la firme depuis mai 2021, a été alerté en interne dès 1971 de l’impact potentiellement désastreux de ses produits pétroliers sur le réchauffement planétaire.

Informé sur la question durant les années 1980, le pétrolier a néanmoins délibérément entretenu le doute quant à la base scientifique du dérèglement climatique. Après avoir œuvré activement à retarder toute décision politique en faveur du climat dans les années 1990, Total a adopté un discours de greenwashing à partir des années 2000, tout en orchestrant son adhésion au consensus scientifique.

Ces travaux sont à contre-courant du récit dominant qui veut que les rapports scientifiques nous aient progressivement éclairés à propos du réchauffement global. Et posent la question inévitable d’un éventuel procès contre Total pour inaction climatique, à l’instar de celui qui cible actuellement les firmes pétrolières aux États-Unis. Entretien.

Mediapart : Le point de départ de votre travail est l’année 1971, durant laquelle, pour la première fois, le groupe Total fait paraître dans sa revue un article mentionnant l’existence du dérèglement climatique.

Christophe Bonneuil : Dans le n° 47 de la revue Total Information, le géographe François Durand-Dastès publie cette année-là sept pages intitulées « La pollution atmosphérique et le climat », dont une section entière est consacrée au réchauffement planétaire. Dans un dossier préfacé par le PDG et le secrétaire général du groupe, cet article sur l’impact climatique des énergies fossiles a été lu par des milliers de salariés et des cadres exécutifs de Total.

L’auteur a travaillé sur les régimes des moussons en Inde, et leur lien avec la production alimentaire. À l’époque, la communauté française des sciences du climat est petite mais François Durand-Dastès lit les publications anglo-saxonnes, et connaît bien les recherches et les travaux de synthèse parus aux États-Unis.

Dans son article pour Total Information, il s’alarme d’une augmentation « préoccupante » du taux atmosphérique de CO2 qui « pourrait atteindre 400 parties par million vers 2010 », avec des « effets importants » sur la météo et la montée des eaux. Il précise que « la prévision est incertaine » mais parle de « conséquences catastrophiques faciles à imaginer » – il connaît déjà les impacts des pluies diluviennes en Inde.

Quel était alors l’état des savoirs scientifiques sur le réchauffement global ?

Ce texte, ne cachant pas des incertitudes tout en posant une alerte nette, reprend fidèlement la position des rapports coordonnés par les scientifiques du MIT de 1970 et de 1971, respectivement le Study of Critical Environmental Problems (SCEP) et le Study of Man’s Impact on Climate (SMIC), qui établissent un état des lieux de la connaissance climatique. Les scientifiques y prédisent déjà une augmentation des températures de 3 à 4 °C d’ici à 2100, avec une élévation estimée à 2 °C vers 2030 [à l’heure actuelle, elle est déjà de l’ordre de 1,1 °C – ndlr].

Dès 1965, un rapport du comité scientifique de la Maison Blanche avait déjà affirmé que la hausse du CO2 atmosphérique pourrait « produire des changements mesurables et peut-être marqués du climat ».

En France, en 1968, les milieux dirigeants de l’énergie discutent déjà lors d’un colloque de la Datar (Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale) des problèmes comparés posés par les déchets nucléaires et par « l’augmentation du taux de gaz carbonique dans l’atmosphère tout entière qui pourrait peut-être, dans une décade ou un demi-siècle, commencer à poser des problèmes de modification globale du climat terrestre »

Toutefois, comme entre 1945 et 1975 on observe un léger refroidissement de l’hémisphère Nord, la communauté scientifique demeure prudente – d’où la mention « la prévision est incertaine » de François Durand-Dastès dans son article. Certains se demandent même si la Terre ne serait pas à l’aube d’une nouvelle ère de glaciation et si les pollutions industrielles, en bloquant l’entrée du rayonnement solaire sur Terre, ne participent pas au refroidissement enregistré.

Les deux hypothèses sont encore en jeu en 1971 – réchauffement versus refroidissement planétaire –, mais au fil des années 1970, le constat qu’on assiste bel et bien à un réchauffement planétaire causé par les activités humaines devient prépondérant dans les publications scientifiques . Avec le rapport de l’Académie américaine des sciences de 1979 (dit « Rapport Charney »), une certitude se solidifie. L’étude, vue par la revue Nature comme un tournant, note qu’au rythme actuel, un doublement de la teneur en CO2 par rapport à l’ère préindustrielle serait atteint au XXIsiècle et provoquerait un réchauffement de 1,5 à 4,5 °C. Le rapport conclut qu’« une politique du wait-and-see signifierait attendre qu’il soit trop tard ».

Bien sûr, depuis 1965, 1971 ou 1979, les observations se sont systématisées, les modèles se sont perfectionnés, et notre compréhension scientifique de l’origine humaine du réchauffement climatique n’a cessé de s’accentuer. Mais il est intéressant de noter que, dès 1972, la Datar affirmait dans sa revue : « Nous en savons assez aujourd’hui de la théorie du climat et de la construction de modèles climatiques pour voir que l’homme peut fort bien provoquer des changements de climat. »

Quelle était la prise de conscience de l’enjeu climatique à l’époque en France ?

C’est un moment d’affirmation des enjeux écologiques dans la société française. En 1966, un accident à la raffinerie de Feyzin provoque la mort de dix-huit personnes. L’année suivante, les rives bretonnes sont victimes de leur première grande marée noire à la suite de l’échouement du pétrolier Torrey Canyon. Les premières grandes manifestations antinucléaires commencent en 1971 contre la centrale du Bugey. Le début de cette décennie-là voit aussi la naissance des Amis de la Terre et de Greenpeace.

Dans les sphères administratives, le haut fonctionnaire Serge Antoine, le numéro deux de la Datar, revient d’un voyage d’études aux États-Unis où il voit la montée en puissance des problématiques environnementales et, dans une note au premier ministre de 1969 qui sera à l’origine de la création du ministère de l’environnement en 1971, il évoque l’enjeu du CO2.  

C’est une personne influente, qui dirige la Revue 2000 de la Datar : il fait partie de ces cercles de technocrates éclairés de la VRépublique qui savent déjà qu’il faut commencer à agir face aux pollutions industrielles.

Comment réagit l’industrie fossile française face à cette montée en puissance d’un souci pour l’environnement ?

Aux États-Unis, en 1970, une loi impose en Californie des normes aux constructeurs automobiles pour limiter les émissions nocives. Et avec l’avènement des premières mobilisations écologistes en France, l’arrivée dans le débat public de l’enjeu « environnement » apparaît aux chefs d’entreprise français comme un mélange de contraintes (normes de pollution, contestations citoyennes) et d’opportunités (marché de la dépollution).

Pour mieux faire face à l’enjeu environnemental, le Conseil national du patronat français (CNPF, ancêtre du Medef) crée en 1971 une « commission environnement ». La même année, Elf fonde son Centre d’information et de recherche sur les nuisances et Total met sur pied une nouvelle « structure environnement » qui allait plus tard devenir sa « direction environnement ».

En 1971 toujours, une brochure du syndicat patronal des industries pétrolières intitulée « Industrie pétrolière et environnement » admet « un lent accroissement de la teneur moyenne en CO2 de l’atmosphère » qui « devrait entraîner normalement un léger effet de réchauffement du climat terrestre d’ici à la fin du siècle ».

Les industriels et l’environnement, 1er juillet 1973. © INA Société

En somme, quand Total publie son article dans Total Information qui fait référence pour la première fois à la menace climatique, ce n’est pas une alerte isolée. C’est plutôt le signe de l’entrée dans le radar attentionnel des pétroliers français d’un ensemble d’études scientifiques sur le réchauffement global qui sont également discutées dans les milieux des ingénieurs des Corps des mines, de la Datar ou des savants et hauts fonctionnaires de l’environnement.

En 1972 est organisé à Stockholm le premier sommet mondial sur l’environnement. Les pollutions de l’atmosphère globale s’y affirment comme des préoccupations internationales, et sur les 109 recommandations de sa déclaration finale, deux appellent à plus de recherche et de vigilance à propos des modifications du climat par l’action humaine. René Dumont parle aussi du réchauffement climatique dans son livre L’Utopie ou la mort de 1973 et dans sa campagne comme candidat écolo à l’élection présidentielle de 1974.

Face à ces alertes climatiques grandissantes, quelle est la réponse de Total et d’Elf ?

Aux États-Unis, les grandes majors pétrolières et l’American Petroleum Institute (API) vont commander des rapports à des scientifiques dès la fin des années 60. Dans les années 1970, Exxon équipe même un énorme tanker pour réaliser des études sur la capture de carbone par les océans et publie dans des revues scientifiques des articles qui confirment la gravité du problème du réchauffement climatique. Durant cette décennie, ces multinationales cherchent à savoir s’il existe un tampon naturel pour contrebalancer les émissions croissantes de gaz à effet de serre, mais elles ne trouvent rien.

Dès 1979, un rapport scientifique interne d’Exxon estime que “le niveau actuel de consommation des fossiles va causer des effets environnementaux dramatiques avant 2050”

Christophe Bonneuil

L’histoire des majors pétrolières est une histoire de duplicité : les notes et rapports internes qui ont pu être rendus publics montrent que ces entreprises savaient parfaitement qu’il existait un réchauffement de la planète inquiétant autour de 1980. Dès 1979, un rapport scientifique interne d’Exxon estime que « le niveau actuel de consommation des fossiles va causer des effets environnementaux dramatiques avant 2050 ».

Pourtant, à partir de 1983, les majors vont cesser de publier leurs recherches sur la question et adopter un discours de fabrique du doute sur la réelle gravité du réchauffement et sur le lien entre émissions humaines de gaz à effet de serre et changement du climat. Cette stratégie du déni est particulièrement illustrée par Exxon et par la coalition d’industries climato-négationnistes créée en 1989, la Global Climate Coalition.

Chez Total comme chez Elf, nous n’avons pas trouvé trace dans leurs archives de recherche ou études internes sur le dérèglement climatique dans les années 1972-1987, sans doute parce qu’elles sont moins riches que des majors comme Exxon, PB ou Shell. Il est par contre plus surprenant qu’entre 1972 et 1988, les magazines d’Elf et Total soient restés silencieux sur les travaux et scénarios du changement climatique : rien sur la première Conférence mondiale sur le climat de 1979 à Genève ou encore, la même année, le rapport « Charney »  de l’Académie américaine des sciences.

Par contraste, dans la revue Pétrole Progrès d’Esso France, nous sommes tombés sur deux pages sur le réchauffement planétaire qui datent 1983. Elles reprennent et vulgarisent une intervention donnée par Edward David, président de la division R&D d’Exxon à l’université de Columbia en 1982.

Mais après l’article de François Durand-Dastès dans Total Information en 1971, il faut attendre 1989 pour que l’enjeu climatique soit à nouveau discuté dans la revue, et 2004 pour lire un climatologue présenter l’état des savoirs sur le changement climatique. Dans le magazine d’Elf, créé en 1966, ce n’est qu’en décembre 1992 que l’on peut lire une première mention, par ailleurs très défensive, consacrée au réchauffement global. 

Total et Elf ont-ils alors été dans une sorte de refoulement de la question climatique ?

Difficile de le dire. Ce qui est sûr, c’est qu’après le choc pétrolier de 1973, les alertes environnementales passent au second plan. En outre, ces deux entreprises françaises sont en difficulté financière contrairement aux grandes majors pétrolières qui ont mieux pu tirer parti de la hausse des prix du brut.

Ce qui est également prouvé, c’est qu’alors que les écologistes militent déjà pour les énergies renouvelables, Total cherche à se diversifier vers l’uranium et vers le charbon. Avec la British Petroleum, le groupe se met dès 1976 à extraire du charbon de la mine d’Ermelo, en Afrique du Sud – alors sous régime d’apartheid –, puis crée en 1979 Anthracorp Inc. pour exploiter le charbon aux États-Unis.

En 1986, la Direction Environnement de Total explique que face aux velléités des politiques (…), l’industrie pétrolière devra “se préparer à se défendre”

Christophe Bonneuil

Malgré nos recherches, une zone d’ombre persiste sur qui savait quoi chez Elf et Total à propos du réchauffement climatique anthropique entre 1973 et 1984. Après les alertes de 1968-1972, les premiers éléments positifs de connaissance dont nous avons pu trouver trace remontent à 1984. Bernard Tramier, directeur de l’environnement chez Elf de 1983 à 1999, nous a indiqué qu’il n’avait été alerté du sérieux du dérèglement climatique qu’en 1984 par une intervention d’un collègue d’Exxon sur le sujet lors d’une réunion des membres de l’International Petroleum Industry Environmental Conservation Association (Ipieca) à Houston – l’association avait été fondée en 1974 pour représenter l’industrie pétrolière auprès du Programme des Nations unies pour l’environnement.

Cette connaissance est alors transmise oralement à ses supérieurs et collègues d’Elf, puis consignée dans le Rapport annuel de la Direction Environnement qui est discuté lors du comité exécutif de l’entreprise nationale en mars 1986. Bernard Tramier y explique que « l’accumulation de CO2 et de CH4 dans l’atmosphère et l’effet de serre qui en résulte vont inévitablement modifier notre environnement », mais en conclut surtout que face aux velléités des politiques de vouloir à l’avenir taxer les énergies fossiles, l’industrie pétrolière devra « se préparer à se défendre ».

Dans un monde parfait, on aurait pu espérer qu’en apprenant la gravité du réchauffement à venir, les grandes entreprises pétrolières françaises alertent le gouvernement et l’opinion et – rêvons un peu – participent à un grand débat vers la sortie des énergies fossiles… Mais ce n’est pas ce qui s’est passé, et l’on a plutôt vu les grandes entreprises françaises utiliser leur avance de connaissance pour travailler à freiner les politiques climatiques balbutiantes.

À la fin des années 1980 apparaît un volontarisme politique de la part des dirigeants afin d’agir pour le climat. En parallèle, Elf et Total instillent dans l’opinion publique l’incertitude quant aux origines humaines du réchauffement climatique…

À cette époque, trois propositions solides pour freiner le réchauffement émergent. À la suite de la conférence intergouvernementale de Toronto, en juin 1988, une réduction de 20 % des émissions entre 1990 et 2005 est préconisée. En 1989, la Commission européenne avance l’idée d’une écotaxe sur les énergies fossiles. Enfin, le premier ministre français, Michel Rocard, lors de la conférence de ministres et chefs d’État sur le climat à La Haye en mars 1989, milite pour l’instauration d’une autorité mondiale de l’atmosphère dotée de pouvoirs contraignants, à l’instar de l’Autorité des fonds marins.

Finalement, ces trois propositions ont été torpillées ou abandonnées tant dans la convention climat adoptée au Sommet de la Terre de Rio de Janeiro de juin 1992, que dans les politiques énergétiques européennes et états-uniennes des années 1990 à travers le rejet des projets d’écotaxe.

Prenons le cas de l’écotaxe en Europe et en France. Alors que la France avait soutenu le principe en 1990, un lobbying et un contre-feu s’organisent. « Pour défendre la compétitivité des entreprises, le CNPF se mobilise contre l’écotaxe » titre Le Monde du 11 avril 1992 à propos d’un colloque de combat organisé par le patronat le 7 avril. Et en mai 1992, le ministre français de l’industrie, Dominique Strauss-Kahn, fait partie de ceux qui bloquent le projet d’écotaxe européenne. À ce moment, The Economist décrit cette bataille autour de l’écotaxe comme « le lobbying le plus féroce jamais vu à Bruxelles ».

Les progrès considérables réalisés en climatologie depuis le début du siècle n’ont pas permis de dissiper les incertitudes concernant l’effet de serre

Total, dans un dossier distribué au cours du Sommet de la Terre de Rio en 1992

Francis Girault, directeur de la prospective, de l’économie et de la stratégie chez Elf, rédige fin 1992 une note interne se félicitant de la part active prise par la direction de son entreprise pour faire échouer l’écotaxe. Pendant le sommet de Rio, Jean-Philippe Caruette, le directeur de l’environnement de Total, écrit pour sa part dans le magazine de l’entreprise qu’à propos du réchauffement climatique, « il n’existe aucune certitude sur l’impact des activités humaines, parmi lesquelles la combustion d’énergies fossiles ».

Au cours du sommet de Rio, Total distribue un dossier en papier recyclé et encres végétales dans lequel on peut lire que « les progrès considérables réalisés en climatologie depuis le début du siècle n’ont pas permis de dissiper les incertitudes concernant l’effet de serre ». Et au lendemain du sommet, Elf déclare : « À une vraie question encore méconnue comme celle de l’effet de serre, on ne peut répondre hâtivement en taxant les seuls industriels européens. »

Cette fabrique du doute continue d’être à l’œuvre après le sommet de Rio. Le président d’honneur de Total, François-Xavier Ortoli, prend la parole lors du congrès du Conseil mondial de l’énergie à Madrid, en septembre 1992, pour dire que le cycle complet du carbone est encore mal connu et qu’en matière de réchauffement climatique : « Hippocrate dit oui, mais Gallien dit non. Il existe un doute. »

En mars 1993, Francis Girault, d’Elf, propose un plan d’action pour le Comité de direction de l’entreprise afin que la compagnie promeuve l’idée qu’« il existe des doutes scientifiques en matière d’effet de serre ». Enfin, l’année suivante, la compagnie accueille dans sa tour à La Défense une réunion de l’Ipieca qui rassemble les managers environnement de Shell, Texaco et Chevron, avec, notamment au programme, un atelier sur l’expérience du secteur nucléaire français face aux contestations.

Après cette bataille gagnée contre les tentatives de restreindre les activités fossiles, Elf et Total vont adopter un nouveau langage.

Le deuxième rapport sur le climat du Giec en 1996 et la conférence de Kyoto de 1997 marquent un tournant. Les compagnies fossiles européennes sentent que la position de déni climatique devient contre-productive face aux avancées des savoirs scientifiques et à l’engagement de la société civile. Leurs discours sont empreints de nouveaux éléments de langage comme le « développement durable » et « la responsabilité sociale de l’entreprise ».

manifestants rassemblés

Manifestants rassemblés devant la tour Total, sur le parvis de La Défense, appelant à la réparation des dégâts causés par le naufrage de l’‘Erika”. 5 février 2000. © JEAN-PIERRE MULLER / AFP

Elf propose une nouvelle stratégie, celle d’afficher une bonne volonté à se verdir tout en promouvant des engagements volontaires et un système d’échanges des droits d’émissions sur le marché. Total va jusqu’en 2006 nuancer et relativiser via des formulations rhétoriques les origines humaines du réchauffement global. Dans son premier « rapport sociétal et environnemental » en date de 2002, Total précise par exemple que les émissions dues aux activités humaines « seraient » à l’origine du changement climatique.

Ce n’est qu’en 2006-2008 que Total orchestre son adhésion au consensus scientifique. En septembre 2006, Total organise une conférence sur le changement climatique qui accueille plus de 280 personnalités scientifiques dont des climatologues. Deux ans plus tard, le groupe finance une chaire au Collège de France intitulée « Développement durable » et qui sera ensuite attribuée à Nicholas Stern, autorité scientifique sur la question climatique.

Entre 2015 et 2019, Total a dépensé 77 milliards de dollars dans l’exploration et la production du pétrole et du gaz contre à peine 5 milliards d’investissements dans les sources d’énergies renouvelables.

Christophe Bonneuil

Nous montrons dans notre article que, si c’est un progrès par rapport à la fabrique stratégique du doute des années 1990, cette reconnaissance de l’expertise scientifique du Giec permet à Total de dérouler un nouveau récit, une sorte de division du travail où d’une part, les scientifiques sont en charge de faire l’état des lieux du changement climatique et d’autre part, les entreprises se présentent comme les plus légitimes pour mettre en œuvre les solutions adéquates pour opérer la transition énergétique.

En 2016, après la signature de l’accord de Paris, Patrick Pouyanné, le PDG de Total, présente « One Total 2035 », la feuille de route de la compagnie pour diminuer ses émissions, élaborée par l’entreprise elle-même.

Mais entre 2015 et 2019, Total a dépensé en cinq ans 77 milliards de dollars dans l’exploration et la production du pétrole et du gaz contre à peine 5 milliards de dollars d’investissements dans les sources d’énergies renouvelables sur la même période.

En quoi faire cette histoire des multinationales nous offre un autre éclairage de notre connaissance sur le réchauffement global ?

Regarder les documents internes des multinationales pétrolières nous permet de reconsidérer l’histoire des savoirs et des politiques climatiques sous un nouveau jour. Ce qui est communément admis, le récit standard auquel les scientifiques du GIEC ont tout naturellement participé, c’est qu’avant le Giec nous ne savions pas grand-chose à propos du réchauffement global. Il n’y aurait eu avant 1988 que des soupçons. Puis du premier rapport de 1990 au sixième rapport de 2021, grâce aux modélisations plus précises, aux observations en tout point de la Terre, aux satellites et à l’essor d’une communauté scientifique dynamique, serait venu le temps des savoirs de plus en plus certains tant sur l’origine humaine que sur les impacts du dérèglement climatique. 

Or, dans notre recherche, nous avons vu la Datar et d’autres estimer dès 1972 que « nous en savons assez », puis des majors pétrolières (dans des documents non publics !) considérer le réchauffement comme problématique pour l’humanité dès 1978-1986. C’est une invitation à abandonner une vision trop linéaire de l’Histoire, où « la science » éclaire progressivement le monde au fil des décennies, pour une vision plus complexe où différents groupes d’acteurs participent à la production de savoirs mais aussi d’ignorances, d’attentions et d’insouciances.

En ne voyant dans le passé que des connaissances encore insuffisantes, on se prive d’une analyse des jeux d’acteurs, analyse qui pourtant nous serait bien utile pour nous donner quelques clefs de lecture de la situation contemporaine, bien laborieuse, des politiques climatiques.

D’ici la fin de l’année, les dirigeants d’Exxon, Shell ou encore BP seront appelés à témoigner devant le Congrès américain, dans le cadre d’une enquête sur la désinformation des géants du pétrole sur le climat. Votre travail peut-il aussi nourrir un éventuel procès en justice envers Total pour inaction climatique ?

Tout travail d’établissement de vérité et de mise en lumière de sources et phénomènes nouveaux peut un jour où l’autre être utile aux citoyens, aux acteurs politiques ou aux juges. Les sources imprimées, les entretiens et les archives que nous avons dévoilés ne sont qu’un début, fruit de moins de deux ans de recherche alors que bien d’autres pistes sont à suivre, bien d’autres documents sont à exhumer, bien d’autres questions de recherche sont à creuser.

Aux États-Unis, les premiers travaux sur ce que savait Exxon ont commencé il y a dix ans. Ils se sont poursuivis tant de la part des historiens, comme Naomi Oreskes à Harvard et ses collègues, que de journalistes d’investigation et d’activistes, et certains procès ont permis de rendre publics des documents internes à l’entreprise, contribuant ainsi à faire avancer la recherche historique. Il y a donc une certaine synergie dans la quête d’établissement des faits et leur mise en contexte.

De là à ce que des actions en justice se saisissent en France de notre travail, il y a un pas. Le temps du climat, celui des délais d’accès aux archives et celui de la justice se déploient dans trois temporalités différentes.

Pour la période 2000-2020, notre regard est moins perçant, moins documenté. Plus on s’approche des années récentes – celles durant lesquelles des manquements au devoir de vigilance sociale et environnementale peuvent donner lieu à saisir la justice – et moins les archives sont accessibles aux historiens. Or ces décisions prises dans le silence de la tour Total, sont de celles qui sont susceptibles de permettre ou de retarder le réel virage à prendre, de limiter ou d’aggraver le réchauffement climatique.

Campagne publicitaire du groupe Total signée “TotalEnergies”, 1977. © DR

Les matériaux du passé donnent également à méditer le présent. Pour exemple, Total vient de se rebaptiser TotalEnergies, pour signifier qu’elle est une compagnie multi-énergétique actrice de la transition. Mais en 1977, après un choc pétrolier et les premières marées noires bretonnes, la firme, tout en investissant dans le charbon, communiquait sur ses timides efforts dans le solaire, et lançait une campagne publicitaire signée « TotalEnergies » pour nous convaincre déjà que le groupe était plus qu’une multinationale pétrolière. J’aimerais pouvoir espérer que les annonces de 2021 seront plus suivies d’effets en matière de réduction des émissions que celles de 1977.

 

Une espèce d’oiseau sur cinq est menacée d’extinction en Europe

bruant.a.calotte.blanche.

BirdLife international, dont la LPO est le représentant officiel en France, a publié une mise à jour de la Liste rouge européenne des oiseaux menacés, pour lesquels la situation continue de s’aggraver.

Diffusée pendant que se déroule la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique (COP 15), cette Liste rouge examine le risque d’extinction régionale de 544 espèces d’oiseaux dans plus de 50 pays en Europe. Réalisée à partir de données collectées par des milliers d’experts et de bénévoles, notamment en France par la LPO, il s’agit de la quatrième évaluation coordonnée par BirdLife International après les éditions publiées en 1994, 2004 et 2015.

Le risque d’extinction de chaque espèce est ainsi évalué selon plusieurs catégories en appliquant la méthodologie de l’Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN) : Préoccupation mineure (LC), Quasi menacée (NT), Vulnérable (VU), En danger (EN), En danger critique (CR), Éteinte à l’état sauvage (EW), Complètement Eteinte (ER).

Les conclusions de l’étude sont très inquiétantes:

  • 1 oiseau sur 5 en Europe est menacée (CR, EN ou VU) ou quasi menacée (NT) d’extinction, soit 106 espèces au total
  • 1 espèce d’oiseau sur 3 en Europe a décliné au cours des dernières décennies
  • 3 espèces supplémentaires se sont éteintes au niveau européen depuis 2015 (Bruant à calotte blanche, Turnix d’Andalousie, Syrrhapte paradoxal)
  • Les oiseaux marins, les limicoles et les rapaces sont les groupes les plus menacés qui déclinent le plus rapidement en Europe et les espèces migratrices sont parmi les plus affectées
  • Les milieux marins, ainsi que les terres agricoles, les zones humides et les prairies sont les habitats qui abritent les espèces les plus menacées.

Les principaux facteurs de l’effondrement des populations d’oiseaux sont identifiés : artificialisation des sols à grande échelle, pratiques agricoles intensives et utilisation massive de pesticides, surexploitation des ressources marines, pollution des milieux naturels, gestion forestière non durable, développement des infrastructures de transport et d’énergie (réseau routier, lignes électriques, éoliennes, etc.), chasse et braconnage d’espèces en mauvais état de conservation.

L’un des rares motifs de satisfaction dans cette nouvelle Liste Rouge européenne est que la mise en œuvre de programmes ciblés fonctionne pour sauver certaines espèces. Par exemple le Milan royal, le Gypaète barbu et le Percnoptère d’Egypte voient leur statut s’améliorer grâce aux plans nationaux d’actions de l’Etat Français ou aux projets LIFE de l’Union Européenne consacrés à leur sauvegarde, et auxquels la LPO participe.

Pour Allain Bougrain Dubourg : « Cette étude démontre une nouvelle fois l’urgence d’agir pour restaurer la biodiversité. En raison de la sensibilité des oiseaux à toute modification de leur environnement, ils constituent des indicateurs particulièrement pertinents pour évaluer la santé de notre planète. Tous les êtes vivants sur Terre sont interdépendants ; donc lorsque les oiseaux sont en péril, nous sommes tous en danger. »