ASPAS :Newsletter – Septembre 2021

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Parmi nos actualités ce mois-ci, des centaines d’oiseaux sauvés des fusils dans les Antilles, une pétition pour interdire la chasse en période de brame, une consultation publique contre les chasses traditionnelles, et le témoignage d’éleveurs qui cohabitent en paix avec le loup. Bonne lecture !

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SUSPENSION DE LA CHASSE POUR 3 OISEAUX DES ANTILLES

Vendredi 10 septembre, suite à un recours déposé par trois associations dont l’ASPAS, la justice a suspendu en urgence la chasse de trois espèces menacées dans les Antilles, à savoir : la Barge hudsonienne, le Pigeon à cou rouge et la Colombe rouviolette. Des centaines d’oiseaux sont donc sauvés des fusils : une excellente nouvelle pour la biodiversité ! >> En savoir plus

 

chasse pendant le brame
STOP À LA CHASSE PENDANT LE BRAME !

Attendu avec trépidation chaque année par de nombreux passionnés, le brame des cerfs est l’un des plus beaux spectacles offerts par la nature. Malheureusement, cette période ô combien sensible pour ces magnifiques Rois des forêts attire aussi des chasseurs de trophées… Or aucune loi nationale n’interdit la chasse en période de brame, et l’Office National des Forêts (ONF) encourage même cette pratique scandaleuse dans certaines forêts domaniales, car elle leur rapporte de l’argent !
>> En savoir plus et signer la pétition

non aux chasses"traditionnelles"
non aux chasses »traditionnelles »
 
DITES NON AUX CHASSES TRADITIONNELLES RÉAUTORISÉES PAR LE PRÉSIDENT MACRON !

Interdites par le Conseil d’État, suite à un recours juridique porté par la LPO et One Voice, les chasses traditionnelles (filets, pantes, matoles), s’apprêtent pourtant à être à nouveau autorisées en France ! Opposons-nous massivement aux projets d’arrêtés en participant aux consultations publiques jusqu’au 6 octobre prochain. >> Participer

cohabiter avec le loup
« ON A FAIT LE CHOIX DE COHABITER AVEC LE LOUP »

Confrontés à la présence du loup depuis plus de 25 ans, Ingrid et André élèvent 400 moutons au col de Sagnes, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Suite à des prédations importantes sur leur cheptel en 2010, ils ont décidé de tout mettre en œuvre pour se prémunir de nouvelles attaques. Pari gagné ! Aujourd’hui, leur modèle de protection suscite la curiosité d’autres éleveurs mais aussi de l’administration. >> Voir leur témoignage

 

réintroduire le renard
Renard roux (Vulpes vulpes)
LES PÉPINIÈRES GRADILIS DEMANDENT AU PRÉFET DE RÉINTRODUIRE DES RENARDS !

Confrontés à des dégâts de lapins, les arboriculteurs de l’Hérault ont fait part de leur détresse au préfet, lors d’une rencontre début septembre à Mudaison. C’est là que le président de Gradilis – 2e pépinIériste de France – aurait proposé de relâcher des renards pour une régulation naturelle des petits herbivores ! Nos bénévoles locaux ont alors mené l’enquête : l’absence de petits prédateurs serait liée au piégeage intensif mené par les chasseurs dans les communes limitrophes… >> En savoir plus

 

 

Ours des Pyrénées : les opposants crient victoire après une volte-face de l’Etat

ours des pyrennées

Illustration Laurent Dard

C’est une victoire pour les opposants à la présence de l’ours dans le massif des Pyrénées. A l’occasion d’une foire agricole à Saint-Gaudens, en Haute-Garonne, samedi 18 septembre, le préfet de région Occitanie, Etienne Guyot, a annoncé vouloir« retravailler sur le dossier Life ours Pyr, relatif à la préservation de la nature et de la biodiversité ». Déposé auprès de la Commission européenne au printemps, en partenariat avec de nombreuses associations ou organismes, et porté par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), ce programme devait déboucher sur un vaste programme de « sauvegarde de l’espèce ursine dans le massif pyrénéen ».

Doté d’un budget de 8 millions d’euros, aux trois quarts financé par l’Union européenne, et portant sur la période 2021-2027, le programme avait pour ambition de« maintenir dans la durée la population d’ours », de « diminuer les contraintes de cohabitations avec les activités humaines » et de « favoriser l’acceptation des politiques européennes de préservation de la biodiversité ».

Le programme prévoyait également le renforcement des « corridors écologiques dans le massif », des « moyens supplémentaires pour la protection des troupeaux de brebis et la formation des bergers », mais aussi la création de nouveaux « outils de médiations tel un Centre de ressources sur l’ours ». S’il n’est pas question de nouvelles réintroductions d’animaux, le programme fait figure de véritable outil de financement pour le « Plan ours 2018-2028 » lancé par l’Etat.

Vendredi 23 septembre, la préfecture de région a confirmé au Monde le désir de « la France de reprendre le projet sur des bases nouvelles en concertation avec l’ensemble des acteurs concernés du territoire ». Le préfet ajoute avoir « entendu les messages de demande d’explications et parfois les messages d’incompréhension ».

Pour le président de la chambre d’agriculture de l’Ariège, Philippe Lacube, farouchement opposé à la présence de l’ours, « nous n’avons pas gagné la guerre mais c’est quand même une victoire d’importance ». Dès cet été, aux côtés de la présidente socialiste du conseil départemental, Christine Téqui, et du président de la fédération pastorale ariégeoise, Alain Servat, les élus avaient exprimé leur opposition à ce dossier « qui institutionnalise la cohabitation de l’homme et de l’ours. Nous y sommes opposés sur le fond, car nous savons que la cohabitation n’est pas possible, mais nous contestons aussi la forme », avaient-ils déclaré.

Trois ours tués en 2020

Dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, Christine Téqui, qui avait refusé de siéger au printemps au comité de Life ours Pyr, écrivait : « Nous attendons de vous un engagement personnel fort pour le retrait inconditionnel et définitif de ce dossier », dénonçant des décisions prises à Bruxelles.

Ces élus ont-ils été entendus par l’Etat ? C’est l’avis d’Alain Reynes, directeur de l’association pro-ours Pays de l’ours-Adet :« On a appris cette nouvelle dans la presse alors que nous sommes partenaires du projet. C’est incompréhensible et clairement une reculade. » Ce fervent défenseur du plantigrade estime que « dans Life, il n’y a que des mesures positives, non imposées, et c’était le moyen trouvé par l’Etat de mettre en œuvre financièrement le plan ours ».

Réintroduit dans les Pyrénées depuis 1996, notamment grâce à deux premiers programmes Life, et alors qu’il était en voie de disparition, l’ours brun est protégé par un arrêté interministériel de 1981 ainsi que par la directive européenne dite « Habitats » de 1992. On dénombre actuellement 64 individus, dont 59 ours dans les Pyrénées centrales – d’où beaucoup de tensions entre pro-ours et anti-ours en Ariège, principalement dans les montagnes du Couserans.

Alors que l’été avait été plutôt calme sur le front des « prédations » et attaques attribuées à l’animal sur les troupeaux en estive – environ 200, contre plus de 1 200 en 2018 en Ariège –, cette annonce relance une nouvelle fois les débats sur la cohabitation avec Ursus arctos. Après les très controversés lâchers de Sorita et Claverina, en 2018 dans le Béarn, trois plantigrades sont morts côté français et espagnol courant 2020. Cachou, empoisonné dans le Val d’Aran côté espagnol ; Sarousse, qui vivait sur le versant espagnol depuis 2010 et a été tuée par un chasseur ; et enfin un mâle de 5 ans, découvert en Ariège criblé de balles le 9 juin.

Si les auteurs des deux premiers faits ont été arrêtés, côté français « les investigations se poursuivent et plus de 70 personnes ont été entendues dans cette affaire où personne ne parle beaucoup », déclare au Monde le procureur de la République de Foix, Laurent Dumaine. Si l’Etat ne fournit pas de calendrier pour la révision de Life ours Pyr, il va devoir aussi répondre à la Commission européenne qui, le 29 janvier, lui demandait de « remplacer les ours tués par l’homme en 2020 et de procéder à de nouveaux lâchers, comme la loi [le] lui impose ». La mesure figure en effet dans la feuille de route du plan « Ours brun », sous peine de poursuites.

Philippe Gagnebet (Toulouse, correspondant)

Le Monde

Quand les bergers sont aidés, le loup est accepté

quand les bergers sont aidés

Une étude menée en Espagne montre qu’une cohabitation entre loups et troupeaux est possible. À condition d’accompagner au cas par cas les populations locales financièrement et moralement.

Il n’y a pas de recette miracle pour cohabiter pacifiquement avec le loup. Une étude parue dans Frontiers in conservation début septembre 2021, et menée par l’université de Leeds, au Royaume-Uni, et l’université d’Oviedo, en Espagne, montre qu’une coexistence sereine avec le loup dépend de nombreuses conditions écologiques, économiques et sociales liées au contexte géographique. Elle illustre l’importance de travailler avec chaque communauté pour trouver des solutions adaptées à leurs besoins et aux conditions locales, plutôt que d’appliquer des solutions généralisées.

Cette publication intervient alors que la chasse au loup est, depuis le 22 septembre, interdite sur l’intégralité du territoire de l’Espagne sur décision du gouvernement de Pedro Sánchez.

« L’acceptation des loups est cruciale pour une forme de cohabitation résiliente. Mais il est important de reconnaître que les gens ont tendance à être en désaccord sur la façon dont les terres locales devraient être gérées et sur les espèces qui devraient s’y trouver, dit à Reporterre Hanna Pettersson, auteure principale de l’étude et chercheuse au Sustainability Research Institute de Leeds. Par exemple, dans la Sierra de la Culebra, tout le monde n’aime pas les loups, mais même ceux qui ne les aiment pas les considèrent comme faisant partie du système local et ne s’engagent pas dans des activités visant à les tuer ou à les éradiquer »

loup

Si les bergers des zones où les loups ont toujours été présents ont un savoir-faire pour se prémunir, ceux des zones où le retour du carnivore est récent devront apprendre à s’adapter. CC BY-SA 4.0/Arturo de Frias Marques/Wikimedia Commons

Durant toute l’année 2020, la chercheuse a étudié trois communautés rurales d’Espagne afin d’essayer de comprendre quelles sont les clés permettant une bonne coexistence avec le canidé. Comme en France, les pratiques agricoles traditionnelles sont encore répandues en Espagne, les bergers font paître le bétail librement sur de vastes zones géographiques et sont confrontés au risque de prédation par les loups. Dans la première communauté, les loups ont toujours été présents depuis des décennies, dans la deuxième il avait disparu dans les années 1950 et a recolonisé le territoire, et dans la troisième, le canidé s’est éteint depuis les années 1960 mais est susceptible de se réinstaller prochainement. Les chercheurs ont réalisé 92 interviews de différents acteurs du territoire sur la ruralité, sur les interactions entre l’homme et la nature et les perspectives futures de cohabitation avec le loup. Ils en ont tiré plusieurs conditions essentielles pour une coexistence réussie entre l’homme et ces grands carnivores.

La première condition consiste à mettre en place des institutions efficaces formelles et informelles pour fournir un soutien aux éleveurs, mais aussi un processus décisionnel transparent et participatif qui adapte les exigences de conservation — le loup étant protégé en Europe par la convention de Berne sur la conservation de la vie sauvage — aux conditions locales, et qui puisse arbitrer les différends lorsqu’ils surviennent. Dans la communauté de Sanabria-La Carbadella, dans la province de Zamora, où le loup a toujours été présent, la réserve de chasse de Culebra autorise le tir de certains loups moyennant une somme d’argent reversée aux éleveurs. Lorsque des attaques ont lieu sur les troupeaux, le parc doit indemniser les éleveurs. Selon un biologiste sondé dans l’étude, « cette mesure donne l’impression que la population de loups est contrôlée et contribue au développement économique de la région, participant à une meilleure acceptabilité sociale de sa présence. »

loup et berger

Dans les Asturies, des garanties financières pour les éleveurs ont aidé à l’acceptation de la présence du loup. Domaine public/Eduard Solà/Wikimedia Commons

Dans les Asturies où le loup avait disparu dans les années 1960 et recolonisé le territoire en 1986, une ONG locale a par ailleurs mis en place un système de certification qui garantit des prix élevés et fiables pour un agneau « pro-biodiversité ». Ce système offre les fonds nécessaires aux bergers pour pratiquer leur métier plus sereinement, ainsi qu’une reconnaissance publique de leurs services environnementaux dans les magasins et les restaurants où leur viande est vendue. « Dans les zones où les loups et les hommes cohabitent, le principal problème n’est pas tant lié aux loups qu’aux pressions économiques et sociales qui menacent les moyens de subsistance, les cultures et l’autonomie des communautés locales. Pour différentes raisons, les loups en sont souvent venus à représenter ces pressions », dit la scientifique. Ainsi, selon les auteurs, dans la zone bientôt recolonisée, les budgets prévus et la fourniture d’infrastructures municipales pour les bergers ont le potentiel d’inverser les a priori négatifs si l’on aborde au préalable ces questions de dignité, de sécurité et de rentabilité.

Une deuxième condition pour une cohabitation résiliente est la confiance des communautés dans les décideurs locaux et l’acceptation des procédures et des résultats des prises de décision. Dans la communauté étudiée dans les Asturies, l’absence de consultation des communautés locales liées à une difficulté de gérer les attaques à cause du relief très montagneux a conduit à une défiance envers les décideurs locaux, et ce malgré l’autorisation de tirs.

Des pratiques à redécouvrir

L’étude souligne également l’importance de maintenir un faible niveau de risque en adaptant les pratiques pour réduire la vulnérabilité des troupeaux. Les pratiques traditionnelles de protection de troupeau comprenaient l’utilisation de clôtures la nuit et de chiens de protection. Dans les Asturies, ces pratiques ont été abandonnées et oubliées car le loup avait disparu. Son retour a donc été problématique pour la communauté étudiée dans les Asturies. Malgré le retour de l’utilisation des clôtures et des chiens de protection, la prédation y reste plus élevée.

« Dans les zones où le loup a toujours été présent, les communautés ont vécu avec les loups pendant tant de générations que les chiens et les bergers n’ont jamais été abandonnés, Ils savaient quelles zones éviter et combien de chiens il leur fallait pour prévenir les attaques », dit Hannah Pettersson. Cette habitude permet « une adaptation continue et un transfert de connaissances ».

Un constat partagé par Pierre Rigaux, naturaliste expert du loup et auteur de Loups, un mythe vivant : « Dans les endroits où le loup a toujours été présent, il y a une forme de responsabilisation de certains éleveurs qui ont une certaine technicité dans la sélection des chiens et des clôtures par exemple. Évidemment ce n’est pas si simple et ça dépend de beaucoup de paramètres, mais cela peut expliquer des différences de prédation. »

Mais en Espagne aussi, le débat reste vif. La décision du gouvernement espagnol d’interdire tout tir de loup a provoqué la colère de la Cantabrie, des Asturies, de la Galice et de la Castille-et-Léon qui promettent de déposer un recours en justice. En effet, ces régions concentrent l’immense majorité de la population de loups en Espagne. « De nos jours, les bergers ont du mal à être compétitifs, car les marchés et les infrastructures locales ont disparu et le nombre d’intermédiaires dans la chaîne d’approvisionnement a augmenté », dit Hannah Pettersson. De plus, l’élevage extensif implique de lourds investissements face aux prédateurs. Il faut nourrir les chiens de protection, et des équipements comme les clôtures. Le secrétaire d’État à l’environnement Hugo Moràn promet des « ressources financières » pour les éleveurs qui vivent avec la présence de grands carnivores.

C’est maintenant que tout se joue…

La communauté scientifique ne cesse d’alerter sur le désastre environnemental qui s’accélère et s’aggrave, la population est de plus en plus préoccupée, et pourtant, le sujet reste secondaire dans le paysage médiatique. Ce bouleversement étant le problème fondamental de ce siècle, nous estimons qu’il doit occuper une place centrale et quotidienne dans le traitement de l’actualité.
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En résumé, Reporterre est un exemple rare dans le paysage médiatique : totalement indépendant, à but non lucratif, en accès libre, et sans publicité.
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Une aigrette garzette vaut 1 euro !!!

Aigrette garzette les ailes déployées

1 euro de réparation pour le tir d’une aigrette !

Il avait prétendu confondre une aigrette garzette (oiseau au plumage blanc) avec un Grand cormoran (au plumage… noir !). Gilbert Limandas, chasseur, pisciculteur et ancien administrateur de l’ONCFS*, ignorait que des agents de la police de l’environnent surveillaient la zone lorsqu’il a abattu d’un coup de fusil cet oiseau protégé, sur un étang de la Dombes (Ain), en avril 2019.

Si les inspecteurs ont correctement effectué leur travail, en dressant un procès-verbal contre leur ancien patron, le parquet de Bourg-en-Bresse a préféré quant à lui classer l’affaire sans suite, le 19 août 2019 ! Gilbert Limandas, également ancien administrateur de la FNSEA et ancien président de la Chambre d’agriculture, a reçu un simple rappel à la loi, invoquant pour sa défense une « malheureuse coïncidence »… Si aigrette garzette et Grand cormoran ont une taille similaire, leur bec est très différent mais surtout : l’un est intégralement blanc, l’autre complètement noir !

Grand cormoran © M. Quiot

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Propriétaire de plusieurs étangs, Gilbert Limandas bénéficiait d’une autorisation individuelle de tirs de Grands cormorans délivrée par la préfecture de l’Ain. Ces oiseaux protégés, qui se nourrissent de poissons, sont la bête noire des pisciculteurs dont certains, plutôt que de miser sur les mesures de protection, préfèrent souvent la solution de l’abattage… D’autres oiseaux au régime poissonneux peuvent ainsi être inquiétés par le braconnage, comme les balbuzards, les hérons… et les aigrettes.

Ayant pris connaissance de ce scandale judiciaire grâce à un article du Canard Enchaîné publié le 11 septembre 2019, l’ASPAS a décidé d’attaquer le contrevenant au pénal aux côtés de la LPO et de FNE Ain (rappelons que la destruction d’une espèce protégée est passible de 150 000 euros d’amende et de 3 ans d’emprisonnement !). Après deux ans d’attente, le verdict est enfin tombé le 16 septembre 2021 : Gilbert Limandas est condamné à verser 1€ symbolique (!) en réparation du préjudice moral à chacune de nos associations, et seulement 250 € d’amende versé à l’Etat pour destruction d’espèce protégée.

Son fusil sera détruit, en revanche son permis de chasse ne lui sera pas retiré… Le juge n’a pas non plus retenu la circonstance aggravante d’avoir eu des responsabilités importantes au sein de la police de l’environnement.

Notons que le clientélisme dont semble bénéficier M. Limandas a également troublé la Fédération Départementale des Chasseurs de l’Ain, qui avait choisi de ne pas se porter partie civile.

* ONCFS : Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, devenu depuis 2019 l’OFB (Office Français de la Biodiversité).

Cet article 1 euro de réparation pour le tir d’une aigrette ! est apparu en premier sur ASPAS : Association pour la Protection des Animaux Sauvages.

 

LPO : MOBILISATION GÉNÉRALE : NON au retour des chasses traditionnelles !

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Jusqu’au 6 octobre, merci de participer massivement aux 4 consultations publiques sur les 8 projets d’arrêtés ministériels visant à rétablir plusieurs pratiques de piégeage “traditionnel” pour tuer 106 500 alouettes, 1 200 vanneaux, 30 pluviers, 4 800 merles et grives
au cours de la saison de chasse 2021-2022.

Pour accéder aux liens vers les consultations en ligne :

Consultation publique sur les projets d’arrêtés relatifs à la capture de 98 702 alouettes des champs au moyen de pantes dans les Landes, la Gironde, le Lot-et-Garonne et les Pyrénées-Atlantiques

Consultation publique sur les projets d’arrêtés relatifs à la capture de 7 798 alouettes des champs au moyen de matoles dans les Landes et le Lot-et-Garonne

Consultation publique sur le projet d’arrêté relatif à la capture de 1 200 vanneaux huppés et 30 pluviers dorés au moyen de tenderies aux filets dans les Ardennes

Consultation publique sur le projet d’arrêté relatif à la tenderie de 5800 grives et merles noirs dans les Ardennes

Le site des consultations sature fréquemment en cas de trop nombreuses connections simultanées et il faut parfois persévérer ou recommencer à un autre horaire. Il est également important de ne pas simplement copier-coller des argumentaires existants car seuls les avis individuels originaux sont pris en compte.

Le but du gouvernement étant de laisser le Conseil d’État statuer à nouveau sur la base d’un nouvel argumentaire rédigé par les chasseurs eux-mêmes, une opposition massive lors de la consultation publique est essentielle pour peser sur la décision. D’autant plus que les fédérations de chasse mobilisent également de leurs côtés.

Le 6 août dernier, le Conseil d’État avait pourtant annulé les arrêtés ministériels qui avaient autorisé les années précédentes le piégeage de plus de 110 000 oiseaux sauvages. Qu’importe, Emmanuel Macron ordonne à sa Ministre de l’écologie de désavouer la plus haute juridiction française en prenant des arrêtés exactement similaires.

La chasse à la glu a scandalisé les Français avant d’être enfin interdite en juin dernier. Qu’importe, Emmanuel Macron prolonge l’emploi de matoles, de pantes et de la tenderie, pratiques moins connues mais tout aussi révoltantes.

A Marseille vient de s’achever le Congrès mondial de l’Union internationale de conservation de la nature où le Président français a clamé sa détermination à porter les enjeux de protection de la biodiversité. Qu’importe, Emmanuel Macron planifie quelques jours plus tard le piégeage archaïque de milliers d’oiseaux sauvages.

Décimée par l’agriculture intensive, l’Alouette des champs a perdu 35% de ses effectifs au cours des 15 dernières années. Qu’importe, Emmanuel Macron veut tout de même permettre aux chasseurs du Sud-Ouest d’en tuer 106 500 de plus pour s’amuser.

Les scientifiques nous alertent sur le risque d’extinction massive des espèces sauvages. Qu’importe, Emmanuel Macron réduit la biodiversité à une monnaie d’échange électoraliste afin de satisfaire les fédérations de chasseurs qui ont manifesté le 18 septembre dans plusieurs régions de France et font les yeux doux à un des ses principaux rivaux à l’élection présidentielle.

Le 1er janvier prochain la France prendra la présidence de l’Union Européenne. Qu’importe, Emmanuel Macron veut reprendre des arrêtés que la Cour de justice de l’UE a déjà jugé contraires à la législation communautaire.

Emmanuel Macron semble considérer que les 90% de ses concitoyens qui sont opposés aux chasses traditionnelles constituent une majorité silencieuse sans importance. Qu’importe, prouvons lui qu’il a tort !

Les loutres de mer préservent l’équilibre des océans et limitent le réchauffement climatique

loutre de mer

NATURE En mangeant oursins et crabes, le mammifère marin préserve les varechs et herbiers, jouant un rôle dans la captation du carbone

20 Minutes avec agence

Publié le 21/09/21 à 16h11 — Mis à jour le 21/09/21

Les loutres mangent en effet un quart de leur poids corporel par jour et se nourrissent en partie d’oursins. En faisant ainsi, elles préservent le varech, nourriture principale des oursins et élément crucial de l’équilibre sous-marin. Là où la loutre a disparu, les oursins se multiplient, le varech se fait rare et c’est le désert aquatique.

Des millions de tonnes de carbone stockées

Les loutres permettent également de préserver les herbiers marins. En se nourrissant de crabes, elles épargnent les brouteurs que sont les limaces et les escargots. Ces animaux ont un rôle bénéfique en grattant les algues présentes sur les herbes, ce qui permet aux herbiers de puiser davantage de lumière.

Les chercheurs, qui ont étudié une zone du Pacifique Nord entre l’archipel des Aléoutiennes et l’île de Vancouver, ont montré que la présence des loutres permettait de stocker 4,4 à 8,7 millions de tonnes de carbone par rapport à une zone sans loutre. Cela représente davantage de carbone que celui émis par un million de voitures de particuliers pendant un an.

 

Une louve pendue : FERUS porte plainte

louve pendue

Ce matin 24 septembre, le cadavre d’une louve fraîchement abattue a été retrouvé pendue à la devanture de la mairie de Saint-Bonnet-en-Champsaur (Hautes-Alpes).

FERUS va porter plainte pour destruction d’espèce protégée.

Cet acte ignoble est une première en France. Il est l’aboutissement normal de l’impunité accordée aux exactions et violences perpétrées depuis tant d’années par les anti-loups et anti-ours. Les pouvoirs publics sont autant responsables que ceux qui ont tué et pendu cette louve.

Si rien n’est fait, quelle sera la prochaine étape de ces hors-la-loi ?

Voir également l’article du Midi Libre

Une louve a été retrouvée pendue devant la mairie de Saint-Bonnet-en-Champsaur (Hautes-Alpes) vendredi 24 septembre. L’animal aurait été tué par balles puis placé ensuite devant l’édifice public. 

Une louve vient d’être retrouvée morte, pendue et tuée par balles devant la mairie du petit village de Saint-Bonnet-en-Champsaur dans les Hautes-Alpes ce vendredi 24 septembre.

« Réveillez-vous, il est déjà trop tard »

Selon le procureur de la république cité par Le Dauphiné, c’est la personne en charge du ménage du bâtiment qui a retrouvé la pauvre bête pendue. D’après les premiers éléments, la mort serait « très récente » car le sang coulait encore. Il apparaît clairement que l’animal a été braconné. Une balle a été découverte dans le corps de la bête. Une banderole revendicative a aussi été déposée à côté du corps : « Réveillez-vous, il est déjà trop tard ». 

Le parquet de Gap a ouvert une enquête pour déterminer avec précision les circonstances de la mort de cette espèce protégée. La gendarmerie locale et l’Office français de la biodiversité sont en charge des investigations. Selon BFM-TV, les « techniciens de l’identification criminelle » sont sur place ce vendredi matin pour effectuer des relevés. 

De plus en plus d’espèces menacées

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L’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) vient de rendre public, ce samedi 4 septembre, son inventaire complet des espèces menacées d’extinction dans le monde, végétales et animales. Cet outil, réalisé à Marseille à l’occasion du congrès organisé par l’UICN, nous permet donc de savoir dans quelle mesure et par quoi telle ou telle espèce est menacée mais aussi combien on compte d’espèces éteintes.

Durant dix jours, ce sont des scientifiques, des membres de la société civile, des responsables politiques et des chefs d’entreprise qui se réunissent afin d’élancer une mobilisation nouvelle et un passage à l’action. Pour le directeur du comité français de l’UICN, Sébastien Moncorps, « il n’y a plus d’incertitudes sur la crise de la biodiversité« . Entre ONG, Etats, parcs nationaux… tous les acteurs sont réunis pour réfléchir à des solutions viables et remettre au cœur des priorités la défense de la biodiversité.

Les chiffres sont tombés : nous dénombrons 38 543 espèces classées « menacées » sur les 138 374 recensées. Toutes les espèces ne peuvent cependant pas être étudiées. C’est le cas pour certains poissons qui ne sont pas faciles à recenser mais les scientifiques sont bien déterminés à élargir cette liste en étudiant 160 000 espèces d’ici à 2022. Au total, ce sont 28% d’espèces animales qui sont menacées. Les spécialistes sont clairs : nous nous dirigeons droit vers un « effondrement de la biodiversité« . L’objectif de cette précieuse base de données vise donc à mobiliser le public et les politiques sur l’urgence de ces problèmes ainsi qu’à encourager les acteurs à agir en vue de baisser le nombre d’espèces menacées. 

Dans ce contexte, la France se place en très mauvaise position. En effet, le pays figure dans les dix premiers hébergeant le nombre le plus élevé d’espèces menacées avec un total de 1742 espèces menacées présentes sur tout le territoire.

Les experts de la Commission de sauvegarde de l’espèce de l’UICN mettent au point cette Liste rouge grâce à un réel processus d’élaboration, de concertation et de validation qui requiert plusieurs années. Ils réalisent ce recensement depuis 1964 et le mettent à jour régulièrement. Chaque espèce est alors classée selon neuf catégories différentes : Eteintes (EX), Eteinte à l’état sauvage (EW), En danger critique (CR), En danger (EN), Vulnérable (VU), Quasi menacée (NT), Préoccupation mineure (LC), Données insuffisantes (DD), Non évaluée (NE).

Ce véritable baromètre du vivant permet de démontrer le lien étroit qui existe entre les conditions de vie des humains sur la planète et la biodiversité. De « vulnérable » à « en danger », les statuts peuvent malheureusement très rapidement changer. C’est le cas par exemple du dragon du Komodo qui subit à la fois le réchauffement climatique mais également l’activité humaine. L’UICN prévient que la hausse des températures et donc du niveau de la mer « devrait réduire leur habitat d’au moins 30% dans les quarante-cinq prochaines années« . Le réchauffement climatique agit sur de nombreuses conditions de vie, notamment les cycles de reproduction, ce qui peut expliquer le changement de catégorie.

En 2014, 24% d’espèces marines étaient menacées et ce chiffre a malheureusement augmenté cette année atteignant les 37%. Plus de deux tiers des espèces de requins et de raies sont en danger d’extinction. Ces espèces doivent faire face à une autre problématique qui est la surpêche, contre laquelle très peu de mesures sont prises. Entre dévastation de la nature par l’Homme, surexploitation d’espèces, la surpêche, la chasse, les trafics et le réchauffement climatique, tout est réuni pour réduire drastiquement tous les habitats de la faune sauvage. Nous devons changer ça !

Amélioration et Statut « vert »

Malgré tout, l’UICN a noté des améliorations : c’est le cas notamment pour quatre espèces de thons qui sont dits en « voie de récupération ». Il s’agit du résultat de la mise en place de quotas régionaux élaborés par des organisations spécifiques. Cette espèce rentre donc, avec 180 autres espèces, dans la catégorie des « Statuts vert » qui sert, à l’inverse de la Liste rouge, à mesurer les espèces qui sont en voie de régénération ainsi qu’à déterminer l’impact des programmes de conservation. C’est aussi la preuve que la pêche durable est une solution liant activité économique et biodiversité. Malgré cette nouvelle qui peut sembler bonne, l’organisation reste sur ses gardes puisqu’en parallèle, on compte encore beaucoup de stocks régionaux de thons appauvris. Une situation qui reste dramatique donc.

Ce « Statut vert des espèces » est une idée toute nouvelle, jamais réalisée par le passé : malgré le faible nombre d’espèces recensées pour le moment, cette liste sera intégrée par la suite à la Liste rouge.

L’océanographe François Sarano, participant au congrès, plaide pour réconcilier les hommes avec la vie sauvage qui, pour lui, reste le seul moyen de leur faire prendre conscience de l’urgence à protéger la faune. Alors, faire la paix avec notre planète et le vivant n’est pas mission impossible mais cette lutte pour la biodiversité demande plus de cohérence. Alors que nous sommes proches de la sixième extinction de masse, si nous continuons dans ce sens, alors nous devrons faire face à une crise majeure. Après la connaissance, il faut passer à la prise de conscience puis à l’action.

L’incroyable histoire du crapaud-buffle d’Australie, devenu cannibale en quelques décennies

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Ces amphibiens dévorent tout et n’ont que peu de prédateurs… sauf eux-mêmes. Depuis quelques dizaines d’années, les grands têtards gobent les plus petits, qui en viennent à déployer une stratégie évolutive pour échapper à la voracité de leurs aînés.

Le cannibalisme n’a pas très bonne réputation. En dehors de lecteurs compulsifs, de sportifs sur-performants ou d’enfants affamés, le terme « cannibale » tient rarement du compliment. Loin de nous l’idée de réhabiliter ici cette pratique dite contre-nature. Simplement, il convient de rappeler que, dans la nature, justement, l’exercice n’a rien d’exceptionnel et qu’il cache parfois des phénomènes évolutifs tout à fait passionnants.

Les scientifiques considèrent qu’au moins 1 500 espèces goûtent leurs congénères, aux deux sens du terme. Pour certaines espèces de mantes, de criquets, d’araignées, il s’agit là d’une conclusion optimale de l’acte copulateur. Pour de nombreux poissons, insectes ou même mammifères, une façon de doper la croissance d’une partie de l’espèce. Lors de la mise bas, la charmante femelle hamster doré, par exemple, une fois dévoré le cordon ombilical, poursuit son action lorsqu’un de ses petits lui semble trop inactif : le geste contribuerait à la sélection des plus résistants. Même constat chez certains requins où les premiers-nés peuvent croquer les derniers embryons. Ailleurs, comme chez les abeilles, le cannibalisme, notamment des larves, peut devenir un dernier recours, une solution pour les années de disette.

Puissant venin

Comment en arrive-t-on là ? Une étude publiée le 23 août dans les Comptes-rendus de l’Académie des sciences américaine (PNAS)apporte des indications précieuses. Des scientifiques australiens et français ont pu observer l’apparition du phénomène en quelques décennies – un claquement de doigts à l’échelle de l’évolution – et en caractériser la nature en laboratoire. Au passage, ils rappellent les ravages qu’a pu constituer l’introduction d’espèces invasives à travers le monde.

Natif d’Amérique du Sud, le crapaud-buffle (Rhinella marina) n’avait a priori rien à faire en Australie. Mais, au cours des années 1950, des producteurs de canne à sucre y ont vu une réponse à l’invasion de scarabées qui frappait leurs plantations. Opération réussie côté coléoptères. Mais le vorace amphibien ne s’est pas arrêté là. Il s’est mis à avaler tout ce qui passait à sa portée, d’autres insectes mais surtout d’autres amphibiens. Pire, le venin puissant qu’il sécrète a décimé ses prédateurs – serpents, varans, lézards, mais aussi poissons et insectes qui gobent les œufs – qui n’ont ni appris à les reconnaître ni pu acquérir des défenses antipoison. Les autorités cherchent en vain une réponse à cette catastrophe. L’animal pourrait leur offrir un petit coup de main.

Car les scientifiques ont constaté que, devant ce qui ressemble à une surpopulation, les crapauds-buffles s’attaquent à leurs congénères. Plus précisément, les têtards déjà développés prennent pour cibles leurs petits cousins tout juste éclos et encore peu mobiles. Un comportement exceptionnel. « De nombreux têtards de grenouille mangent n’importe quel œuf de grenouille, y compris de leur propre espèce, précise Simon Ducatez, chargé de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD, Tahiti) et cosignataire de l’article. Mais, chez le crapaud-buffle, nous observons un comportement ciblé. » Au laboratoire, les cannibales boudent ainsi non seulement les pièges vides mais aussi ceux contenant de grands têtards ou de jeunes têtards d’une autre espèce pour se concentrer sur leurs petits conspécifiques (1).

« Course aux armements »

Le constat apparaît « déjà remarquable en soi », réagit Annemarie Ohler, du Muséum national d’histoire naturelle. Mais les scientifiques ont fait mieux : avec les mêmes expériences, ils ont constaté l’absence de tout cannibalisme chez les crapauds-buffles vivant dans leur zone d’origine, en Amérique du Sud, où leur densité est dix fois plus faible. En quelques décennies, l’amphibien a donc évolué et acquis un comportement cannibale… mais aussi développé une réponse à ce comportement. En effet, les chercheurs ont constaté que, chez les envahisseurs, le stade vulnérable, entre l’éclosion et la première alimentation, a été sensiblement réduit. Une « course aux armements » classique entre proies et prédateurs, sauf qu’elle se joue ici à l’intérieur même d’une espèce.

Ce cannibalisme ne conduira pas à l’autodestruction de l’amphibien, souligne Simon Ducatez. Mais une certaine régulation est envisageable. D’autant qu’une nouvelle méthode de piégeage du crapaud-buffle a été inventée. Elle cible les têtards cannibales. On en devine l’appât.

Nathaniel Herzberg

Le Monde

1: conspécifiques: Deux ou plusieurs organismes, populations ou taxons sont dits conspécifiques s’ils appartiennent à la même espèce : le concept biologique associé est la conspécificité. L’antonyme en est l’hétérospécificité, pour des individus dits « hétérospécifiques » lorsqu’ils appartiennent à des espèces différentes. Wikipédia

 

Une pression se ferait-elle sentir? et des réponses et commentaires

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La fédération des chasseurs des Hauts-de-France appelle à une manifestation à Amiens le 18 septembre

W-Schraen

 

Les chasseurs se réunissent contre l’avis défavorable formulé par le Conseil d’État, le 6 août dernier, sur la pratique des chasses traditionnelles. Il n’est plus possible d’utiliser des filets pour capturer des oiseaux, dont les vanneaux huppés, pluviers dorés, alouettes des champs, grives et merles noirs, puisque plusieurs autorisations ont été annulées par l’instance.

Le Conseil d’État a jugé illégales le 6 août plusieurs techniques traditionnelles de chasse d’oiseaux utilisées dans les Ardennes et dans le Sud-Ouest et a annulé plusieurs arrêtés autorisant ce type de chasse, notamment à l’aide de filets ou de cages.

La plus haute juridiction administrative juge que les autorisations délivrées par le gouvernement ne sont pas conformes au droit européen. « Le seul motif de préserver ces méthodes de chasse dites ’traditionnelles’ ne suffit pas à les autoriser », a décidé l’institution.

Une décision saluée par les associations de protection des animaux mais vivement critiquée par les chasseurs, comme Willy Schraen. Sur franceinfo vendredi 6 août, le président de la Fédération nationale des chasseurs originaire du Pas-de-Calais estime que « ce n’est pas de la chasse, c’est de l’art »(SIC, ndlr). Il indique qu’il se « battra jusqu’au bout » pour ces « chasses populaires ».

Appel à la démission de Barbara Pompili

En réaction à cette décision judiciaire, considérée comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase, la Fédération régionale des chasseurs des Hauts-de-France a rédigé un communiqué daté du 18 août, repéré par le Courrier Picard. Les cibles sont clairement identifiées : « Mesdames Abba et Pompili à la chasse, c’est comme mettre un végan à l’agriculture et à la pêche ». Bérangère Abba et Barbara Pompili étant respectivement secrétaire d’État chargée de la biodiversité et ministre de la Transition écologique, donc en charge de la chasse.

LA MANIF

Pour défendre la chasse et la ruralité, des dizaines de milliers de personnes manifestent en France

Mais non, on n’emmerde pas les ruraux (comme dénoncé ci-dessous), on emmerde les chasseurs qui défilent avec des pancartes aussi débiles. Pas pareil…

manifestants pour la chasse

Chasseurs souvent urbains d’ailleurs.  Il n’y qu’à voir les plaques minéralogiques des Range qui se ruent en Sologne le week-end….Par ailleurs 36% de permis sont détenus par des cadres et profession libérale, contre 8% par des agriculteurs…

Et puis nous aussi nous aimons et défendons les traditions et la culture : carnaval de Dunkerque, marché de Noël de Strasbourg, joutes nautiques de Sète, penas de Bayonne, folklore Breton : aucun mort à déplorer, pas une goutte de sang (sauf mec bourré qui tombe sur le front)

Quant à l’art de vivre “repas arrosé, ballade en forêt avec les petits-enfanst et les chiens”, ça marche aussi sans fusil !

Bref, de grâce, arrêtez de vous réfugier derrière de fausses valeurs et excuses pour justifier votre soif de sang, votre envie viscérale de fuir le foyer conjugal ne fusse qu’une matinée, et votre besoin frénétique de boire un coup avec le pote de boutanche !

Philippe Guerlet

Ceci étant dit, voici l’article du Monde :

Ils jugent le « monde rural menacé » et les « traditions en danger ». A Mont-de-Marsan (Landes), comme à Amiens (Somme) et Redon (Ille-et-Vilaine), plusieurs milliers de personnes ont manifesté, samedi 18 septembre, pour défendre les chasses traditionnelles d’oiseaux, jugées illégales par le Conseil d’Etat. D’autres rassemblements étaient organisés à Caen (Calvados), Charleville-Mézières (Ardennes) et Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence).

Au son des bandas et cors de chasse sous une pluie battante à Mont-de-Marsan, emmenés par des piboles (petites trompes) à Redon, soutenus par des élus locaux comme le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, à Amiens, des marées orange fluo – de la couleur des vestes des chasseurs – ont envahi les rues.

En août, le Conseil d’Etat a jugé plusieurs techniques de chasse avec des filets (pantes, tenderies) ou des cages (matoles) contraires à la directive européenne « oiseaux » de 2009, qui interdit les techniques de capture massive d’oiseaux sans distinction des espèces capturées. La justice avait déjà jugé illégale, en juin, la chasse à la glu, qui consiste à piéger des merles et des grives sur des tiges enduites de colle, mais qui conduit à capturer aussi d’autres espèces d’oiseaux.

Un électorat très courtisé

Dans la semaine, le gouvernement a toutefois mis en consultation plusieurs arrêtés pour autoriser à nouveau certaines de ces chasses, au grand dam des défenseurs de l’environnement. Une mesure interprétée comme un geste envers cet électorat très courtisé.

« Il y a des enfants, des femmes, toutes les générations… Les chasseurs ont été le détonateur, mais toute la ruralité est là », s’est félicité le directeur de la Fédération des chasseurs des Landes, Régis Hargues, à Mont-de-Marsan, où un peu plus de 16 000 personnes ont manifesté selon la préfecture.

Myriam, une Landaise, épouse de chasseur et de gaveur de palmipèdes, amatrice de corrida, veut pouvoir « transmettre ces traditions » aux jeunes générations. « Ce n’est pas que la chasse, c’est tout un art de vivre », glisse-t-elle. « Que les urbains nous foutent la paix ! », dit un homme à côté d’elle. « J’en ai marre de voir ma culture partir en lambeaux. On a déjà éradiqué ma langue, le gascon, maintenant ce sont les chasses traditionnelles, à l’alouette, la palombe… », déplore Eric, Landais de 47 ans, qui en a assez des « idéologues de la capitale ».

« J’accompagne mon père quand je peux avec mon petit frère de 12 ans. J’aime voir le travail des chiens et j’apprécie d’être en famille. C’est aussi un moment où on décompresse, où on communie avec la nature », explique Jérôme Delalande, un chasseur de 42 ans venu de Loire-Atlantique jusqu’à Redon pour manifester. Dans cette ville, ils étaient 10 000 manifestants selon la gendarmerie, 12 000 selon les chasseurs.

« Arrêtez d’emmerder les ruraux »

Partout, les agriculteurs défendaient aussi leurs traditions. Comme à Redon, où Catherine Lallié, pour la Coordination rurale, a déclaré : « Les végétariens et les végans n’ont pas à faire la police de l’alimentation. On se sent abandonnés par notre gouvernement et nos élus… »

« Pompili, casse-toi ! », « Pompili, t’as rien compris, la chasse c’est toute ma vie », « Arrêtez d’emmerder les ruraux », pouvait-on lire sur des pancartes à Amiens, fief électoral de la ministre de la transition écologique où 12 000 chasseurs, pêcheurs et agriculteurs ont crié leur colère, selon les chiffres de la préfecture.

« Il faut respecter la ruralité et les ruraux », y a affirmé M. Bertrand, candidat à la présidentielle, interpellant Emmanuel Macron :

« Il dit qu’il soutient les chasses traditionnelles, mais son gouvernement fait le contraire. Il faut arrêter le “en même temps”, qui est une blague hypocrite, qui est de chercher à faire plaisir à tout le monde. Dans la vie, il faut faire des choix et avoir des convictions ! Moi, je suis aux côtés des ruraux. »

« On a en face de nous des démagogues. On ne demandera jamais à un végan de manger de la viande, qu’on nous foute la paix ! Qu’on nous laisse vivre », a lancé à la foule le président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, appelant à la création d’un grand ministère de la ruralité, « pour s’y sentir enfin chez nous ».

DEUXIÈME RÉPONSE

Chez soi dans la ruralité ?

Blog : Miscellanées MÉDIAPART

Soyons clair ! Etre rural, c’est être chasseur, faire vivre des traditions, perpétuées de générations en générations par les anciens, rendre heureuse sa femme qui plumera les alouettes au retour, et tout ce qui n’est pas d’accord avec ça, c’est du citadin, forcément. Non contents d’avoir sillonné les chemins de campagne le fusil en bandoulières lors des derniers confinements…

 

Non contents d’avoir sillonné les chemins de campagne le fusil en bandoulières lors des derniers confinements, sous les yeux de ceux qui les observaient déconcertés et envieux derrière leurs fenêtres, passant pour des idiots qui respectaient les règles, eux qui n’étaient pas du clan, de celui où l’on a le réseau assez large pour bénéficier de l’indulgence des gendarmes lors d’un contrôle où le faciès se joue en fonction du nombre de cousins qu’on dans le coin,

Non contents d’être les rois des sentiers de septembre à mars, d’occuper les lieux de promenade avec leur pancarte « attention chasse en cours », qui ne précise pas si l’on risque sa vie à emprunter le chemin départemental pour rentrer le soir à son domicile, de donner des frissons mortifères aux balades à vélo lorsqu’on voit au loin des gilets orange ou jaunes et qu’on entend dans le brouillard siffler des balles ( dont on apprend par ailleurs qu’elles peuvent parcourir des kilomètres et toujours ainsi provoquer des sérieux dégâts),

Non contents de voir le gouvernement s’apprêter à ré-autoriser certaines chasses jugées illégales,

Non contents d’avoir vu le prix de leur permis baisser de 400 à 200 euros en 2018,

les voici maintenant qui manifestent par milliers et s’arrogent une ruralité du chez soi, ce chez soi d’où l’on n’est pas du tout pour peu que l’on soit passé par la ville, alors que l’exode rural n’est pas loin au point d’effacer chez les citadins les grands-pères ou grands-mères ruraux, qui n’étaient pas tous, loin de là ! des chasseurs. Et des chasseuses encore moins! car on a beau trouver des femmes dans les rangs des acharnés de la chasse, leur place est plus généralement au plumage ou à la battue qu’au tir ou à la glu.

« Qu’on nous laisse vivre !  » L’appel du président de la Fédération nationale des chasseurs Willy Schraen, appelant à la création d’un grand ministère de la Ruralité,, « pour s’y sentir enfin chez nous »,  a été relayé dans les médias sans aucune mise en perspective ni parole offerte en contrepartie aux millions de gens habitant dans les campagnes et qui ne chassent pas. 

Il serait pourtant intéressant d’entendre des témoignages de ces cueilleurs promeneurs qui voient ces grands connaisseurs et amis de la nature enfermer leurs chiens dans quelques mètres carrés. Que dire encore des haies taillées certes pour rendre service, mais en pleine période de nidification ou au beau milieu de la saison des mûres ? Et de ces chemins ravagés par les quads pour aller plus facilement dans les bois « entretenir les terrains » et « préserver la nature ». 

Quant à ces faits-divers documentés sur les réseaux sociaux de chasseurs traquant des biches ensanglantées jusque devant la porte de résidents  (mais sans doute non ruraux et donc nulle part chez eux car ni chasseurs ni traditionalistes acharnés), de jeune homme écolo et néo-rural abattu par une balle perdue, de morts par balle alors qu’ils circulaient sur une autoroute en bordure de zone de chasse, pourquoi ne sont-ils pas opposés à la parole envahissante de ces chasseurs qui sont déjà bien assez chez eux !? 

Il serait temps de modérer un peu les propos de ces chasseurs tout permis et de leur montrer l’immensité de leurs avantages dans un territoire qu’ils doivent bien penser à partager, non seulement avec les citadins en visite mais aussi avec les autres ruraux qui ne leur ressemblent pas. On ne peut ainsi s’arroger tout un territoire et il est bien trop facile de diviser les gens de manière caricaturale en rangeant d’un côté les bons ruraux et de l’autre les faux ruraux. Ou alors autant ré-écouter le sketch des Inconnus ! 

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