Le gouvernement interdit la chasse à la tourterelle des bois

chasse de la tourterelle des bois

Par Sciences et Avenir avec AFP le 28.08.2021 à 09h38, mis à jour le 30.08.2021

La tourterelle des bois a vu sa population divisée par cinq en 40 ans en Europe, d’après les scientifiques.

Le gouvernement interdit la chasse à la tourterelle des bois, oiseau dont la population s’est effondrée en Europe

AFP/Archives – RENE JEAN

Le gouvernement a interdit le 28 août 2021 la chasse à la tourterelle des bois, oiseau dont la population s’est effondrée en Europe, et qui avait été protégé par le Conseil d’Etat en 2020.

Une population divisée par cinq en 40 ans

« Jusqu’au 30 juillet 2022, la chasse de la Tourterelle des bois (Streptopelia turtur) est suspendue sur l’ensemble du territoire métropolitain« , indique un arrêté du ministère de la Transition écologique au Journal officiel le 28 août. Cet oiseau migrateur a vu sa population divisée par cinq en 40 ans en Europe, d’après les scientifiques. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) – dont le congrès se réunit vendredi prochain à Marseille – l’a placé en « liste rouge » des espèces « vulnérables ». Pour autant, le gouvernement avait autorisé le tir de 17.460 individus en août 2020, avant que le Conseil d’Etat, le mois suivant, ne suspende l’arrêté.

La LPO satisfaite

Pour la campagne de chasse 2021, le gouvernement avait déjà fait savoir en juillet qu’il projetait d’interdire tout abattage. La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) s’en disait satisfaite. « On voit mal comment la France aurait pu continuer à laisser chasser cette espèce à l’agonie« , écrivait-elle dans un communiqué. Mais elle déplorait que « cette suspension ne soit pas prise pour cinq ans au moins, l’espèce n’ayant aucune chance de retrouver un état satisfaisant de conservation à court et moyen terme« . La LPO avançait ainsi que ses observateurs à la pointe de Grave, en Gironde, avaient dénombré l’arrivée de moins de 4.000 tourterelles des bois au printemps 2021, contre 44.000 au printemps 2004. La Fédération nationale de la chasse (FNC) soutient cette chasse au nom de la défense des chasses traditionnelles.

 

Acrobates, les écureuils font du parkour pour se déplacer (étude)

écureuils acrobates

Image d’illustration d’un écureuil à Berlin en 2020.    

AFP/Archives – David GANNON

 le 05.08.2021

Des scientifiques de l’université UC Berkeley ont construit des courses d’obstacles sur mesure afin de mieux comprendre comment les écureuils ajustent leurs mouvements en vol pour éviter des chutes fatales

Les bonds acrobatiques des écureuils dépendent de calculs complexes réalisés en une fraction de seconde et ces rongeurs développent des stratégies surprenantes, ressemblant parfois à celles utilisées dans la discipline urbaine du parkour, selon une nouvelle étude publiée jeudi dans la prestigieuse revue Science.

Des scientifiques de l’université UC Berkeley ont construit des courses d’obstacles sur mesure afin de mieux comprendre comment les écureuils ajustent leurs mouvements en vol pour éviter des chutes fatales.

Ils espèrent que ces recherches pourront aider à un jour développer des robots plus agiles.

« Les écureuils ont une combinaison de caractéristiques qui les rend très intéressants: d’une part, leur nature acrobatique, leur mécanique biologique et leurs muscles puissants, qu’ils peuvent utiliser pour des bonds faisant plusieurs fois la taille de leur corps », a expliqué à l’AFP Nathan Hunt, auteur principal de l’étude.

« D’autre part, leurs capacités cognitives. Ils ont une très bonne mémoire, sont très créatifs et très bons pour trouver les solutions à des problèmes », a-t-il ajouté.

L’équipe de chercheurs a utilisé des cacahuètes pour les attirer. Des perchoirs ont été installés pour simuler des branches d’arbres, forçant les animaux à des sauts de distances variées pour recevoir leur récompense.

Les scientifiques souhaitaient observer la façon dont les écureuils prennent leurs décisions face à un compromis difficile: s’approcher du bord des perchoirs réduisait la distance à sauter mais compromettait leur stabilité, tout en réduisant la force de propulsion pouvant être utilisée, puisque la plateforme devenait alors instable.

Résultat: les écureuils préféraient s’élancer depuis la base du perchoir, surtout lorsque les « branches » étaient les moins rigides. La flexibilité des perchoirs s’est finalement révélée six fois plus importante dans leur prise de décision que la distance à franchir.

Aucun écureuil n’est tombé durant l’expérience, grâce à différentes stratégies — et à leurs griffes aiguisées.

L’innovation la plus surprenante: pour les sauts les plus difficiles, au lieu de viser directement la cible, les écureuils se servaient du mur latéral comme étape pour « rebondir », semblant ainsi utiliser une technique de parkour, cette discipline popularisée par les Yamakasi en France dans les années 1990.

Lorsque les écureuils sont pris en chasse par des rapaces, leur fuite peut se jouer à quelques centimètres, ce qui est probablement la raison de leur grande agilité, selon Nathan Hunt.

« C’est drôle de publier cette étude, parce que les gens regardent très souvent les écureuils dans leurs jardins », dit-il. Et lui-même ne peut s’empêcher d’avoir d’autres idées d’expériences en les observant, confie-t-il.

 

Ces serpents de mer ne s’attaquent pas aux plongeurs, ils leur font la cour

serpent de mer

Un serpent de l’espèce Aipysurus laevis photographié dans la Grande barrière de corail.

Jeffrey Rotman / Biosphoto / Biosphoto via AFP

 

Par Anne-Sophie Tassart le 24.08.2021

Certains mâles Aipysurus laevis s’attaquent, sans raison apparente, à des plongeurs. Des chercheurs australiens ont tenté de comprendre cet étonnant comportement

Les serpents marins mâles de l’espèce Aipysurus laevis s’attaquent parfois aux plongeurs. Mais si leurs intentions étaient mal comprises ? C’est ce que supposent des chercheurs australiens qui ont avancé, le 19 août 2021 dans la revue Scientific Reports, une explication pour le moins étonnante.

L’humain, trop gros pour être une proie

Les plongeurs qui visitent les récifs coralliens tropicaux ne sont pas tranquilles : nombreux sont ceux qui rapportent avoir été attaqués, sans raison apparente, par des serpents de l’espèce Aipysurus laevis. Ils nagent directement vers les plongeurs, en effectuant des zigzags rapides, et s’enroulent parfois autour des membres puis mordent, expliquent les chercheurs. Ils sont extrêmement venimeux. Mais quelle mouche les pique ? Voient-ils en l’humain une proie potentielle ? Les biologistes n’y croient pas. « Comprendre les causes de telles ‘attaques’ présente un intérêt à double titre. Premièrement, pourquoi un serpent en liberté s’approcherait et mordrait une personne qui ne l’a pas harcelé, et qui est trop grosse pour être une proie ?« , s’interrogent-ils. « Deuxièmement, comprendre le contexte de ces approches pourrait suggérer comment les plongeurs devraient réagir à l’approche rapide d’un serpent potentiellement mortel« . Une information intriguait les chercheurs : les attaques de ces serpents sont plus fréquentes en période de reproduction. Ils ont donc mené une étude au large de la côte est de l’Australie, au sein de la célèbre Grande barrière de corail. Grâce à 188 plongées, ils ont pu réaliser des observations de cet étonnant comportement.

Des comportements liés à la parade nuptiale

« Nos données confirment les rapports selon lesquels les serpents de mer Aipysurus laevis s’approchent souvent des plongeurs et que ce comportement est particulièrement courant pendant la saison des amours et est présenté principalement (mais pas exclusivement) par les mâles« , remarquent les chercheurs. Les auteurs de cette nouvelle étude ont donc développé une nouvelle théorie : ces reptiles « attaquent » les humains car ils se trompent sur leur identité. Il est probable que les mâles voient dans le plongeur un rival… ou une femelle. En effet, ils ont adopté certains comportements – par exemple ils s’enroulent autour d’un membre – propres à la parade nuptiale de cette espèce. « Les approches rapides et agitées des mâles, facilement interprétées comme des ‘attaques’, se produisaient souvent après qu’un mâle en train de faire la cour a perdu le contact avec une femelle qu’il poursuivait, après des interactions entre des mâles rivaux, ou lorsqu’un plongeur a tenté de fuir un mâle« , souligne l’étude. Nombreuses sont les femelles qui fuient les parades nuptiales de leur prétendant. Un plongeur qui prend peur peut donc reproduire exactement le même comportement, encourageant le serpent à poursuivre sa tentative. La meilleure stratégie lors d’une telle rencontre, est de laisser le reptile comprendre son erreur en se laissant « scanner », immobile. Tenter de fuir ce prétendant est futile, assurent les biologistes.

 

Emblèmes de l’Islande, les macareux moines sont menacés d’extinction à cause du réchauffement climatique

macareux moine

Faute de nourriture suffisante près de leurs nids, du fait du réchauffement de l’océan, ces oiseaux doivent voyager plus loin, de sorte que leurs petits meurent parfois de faim.

La falaise qui surplombe l’océan Atlantique est animée par le ballet de centaines de macareux moines. Sans relâche, ces oiseaux au bec orangé plongent dans la mer, pêchent quelques poissons et reviennent nourrir leurs petits, qui s’apprêtent à quitter leurs nids. Affairés à leur tâche, les volatiles ne font guère cas de leurs invités : des scientifiques venus faire des comptages de la colonie de Hafnarholmi, à Borgarfjördur Eystri, un fjord du nord-est de l’Islande bordé de montagnes aux sommets enneigés.

Equipé de drôles de lunettes à écran, le biologiste Erpur Snær Hansen enfonce un long câble dans l’un des nombreux terriers qui trouent le sol. Au bout du tunnel, la caméra infrarouge finit par découvrir un bébé macareux moine, qui ouvre ses grands yeux curieux face à l’appareil indiscret. « Ici, le taux de reproduction est très bon. Environ 80 % des nids abritent des œufs et 97 % des œufs ont donné naissance à un poussin qui a survécu », s’enthousiasme le directeur du centre de recherche pour la nature du sud de l’Islande. Il entrevoit « une année normale »pour la première fois en quinze ans. Mais il n’en demeure pas moins inquiet pour le devenir de cette espèce emblématique d’Islande, menacée d’extinction, en premier lieu par le dérèglement climatique.

Survie liée à la températue de l’eau en surface

Le scientifique et son équipe réalisent deux fois par an un périple de 6 000 kilomètres autour de l’Islande – qui accueille la moitié de la population mondiale de macareux – afin d’inspecter le millier de nids qu’ils ont marqués dans vingt colonies. Normalement, les couples de macareux s’installent dans leurs colonies à la mi-avril pour se reproduire. Ils pondent leur œuf – un seul par couple – au mois de mai, qu’ils couvent pendant cinq semaines. Les petits, boules de duvet noire et blanc, finissent par s’envoler début août vers l’Atlantique.

Mais depuis 2005, le changement climatique a rebattu les cartes, certaines colonies frôlant l’hécatombe dans le sud de l’Islande, et en particulier aux îles Vestmann, où niche 40 % de la population de macareux moines du pays. Au total, ces oiseaux ont vu leurs effectifs chuter de 45 % entre 2003 et 2017 dans le pays, pour atteindre un peu plus de 2 millions de couples. En 2015, l’espèce a été classée en danger d’extinction pour l’Europe sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature.

« Les chances de survie des macareux moines sont essentiellement liées à la température de surface de l’eau, et cette corrélation est plus forte avec le changement climatique », indique Erpur Snær Hansen, principal auteur d’une étude sur le sujet, publiée en mai dans la revue Global Change Biology. Elle montre qu’un degré de hausse ou de baisse de la température de surface de l’eau par rapport à un optimum situé à 7 °C réduit de 55 % le nombre de petits.

La température affecte en effet directement les proies de prédilection des macareux : les lançons, dont les stocks se sont effondrés du fait de l’augmentation de la chaleur, et les capelans, partis plus au nord à la recherche d’eaux plus froides. Au final, faute de nourriture suffisante près de leurs nids, les macareux moines ont dû voyager plus loin. « Le vol est très coûteux en énergie pour ces oiseaux. Plus ils vont loin, et plus le succès de reproduction diminue car ils doivent consommer l’essentiel de leur nourriture pour leur vol et n’en ramènent presque plus pour leurs petits », explique Erpur Snær Hansen.

« L’espoir n’est pas mort »

Les macareux des îles Vestmann parcouraient ainsi 60 km en moyenne lors de leurs longs vols, contre 22 km sur l’île de Grimsey, au nord de l’Islande, une colonie qui se porte bien, selon une étude publiée en mars dans la revue Journal of Animal Ecology. « Ils ramenaient en outre des poissons plus petits, de sorte que les poussins, moins souvent et pas assez nourris, sont davantage morts de faim », complète Annette Fayet, chercheuse à l’université d’Oxford, et première autrice de l’étude, qui se dit « plutôt pessimiste pour l’avenir des macareux en Europe ». « L’espoir n’est pas mort », juge de son côté Erpur Snær Hansen, car les macareux mangent depuis quelques années davantage de krill atlantique, désormais plus abondant autour des îles Vestmann.

Autre note d’optimisme : la chasse des macareux moines, qui fait partie de la tradition dans un pays où il a été longtemps difficile de se nourrir, est en déclin. Entre 20 000 et 30 000 oiseaux sont aujourd’hui abattus, notamment pour être consommés dans les restaurants, contre 250 000 en 1995. « Il y a un changement de mentalité dans la population et la plupart des chasseurs ont plus de 60 ans. Cette pratique va finir par disparaître », juge Margret Magnusdottir, biologiste dans les îles Vestmann.

Elle est membre de la « puffling patrol », une patrouille créée en 2003 par la population de l’archipel pour aider les poussins désorientés par les lumières du port à retrouver l’océan lorsqu’ils quittent leur nid pour la première fois, se guidant à la lumière de la Lune. Depuis, chaque nuit, entre août et mi-septembre, adultes et enfants se relaient sur les routes de l’île. Ils ont aidé 7 650 petits macareux en 2020, dont certains, blessés, ont été soignés. « C’est désormais le moment le plus sympa de l’année, se réjouit Margret Magnusdottir. C’est si beau et si gratifiant de voir ces oiseaux rejoindre l’océan. »

Audrey Garric (Borgarfjördur Eystri (Islande), envoyée spéciale du Monde

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Bonne nouvelle : la RDC renonce à exploiter le pétrole à Salonga

Réserve de salonga

Chers ami·e·s de la forêt tropicale,

le gouvernement de la République démocratique du Congo a décidé d’abandonner ses plans d’exploitation des réserves pétrolières à l’intérieur du Parc national de la Salonga. Les concessions chevauchant l’aire protégée ont été déclarées « nulles et non avenues ».

C’est une excellente nouvelle pour les bonobos dont Salonga est un habitat crucial.

Situé au cœur du bassin du Congo, le Parc national de la Salonga est la plus grande réserve de forêt tropicale humide d’Afrique. Inscrit en 1984 sur la Liste du patrimoine mondial, l’Unesco avait menacé de lui retirer son prestigieux titre, notamment en raison du plan des autorités congolaises de rendre possible l’exploitation pétrolière à l’intérieur du site. C’est l’inverse qui arrive aujourd’hui puisque le Comité du patrimoine mondial a décidé de le retirer de la Liste du patrimoine mondial en péril où il était inscrit depuis 1999.

Nous souhaitons vous remercier pour votre signature à notre pétition « Non au sacrifice des primates pour le pétrole ! » lancée en 2018. Celle-ci continue car, contrairement à celui de la Salonga, le Parc national des Virunga est toujours menacé pour ses réserves de pétrole.

Il vous est encore possible de diffuser la pétition grâce aux différents boutons de partage (courriel, réseaux sociaux, messagerie, code QR) mis à disposition sur ce courriel et sur notre site :

Jour du dépassement : quand l’humanité épuise-t-elle les réserves naturelles de la Terre année après année ?

Le jour du dépassement est un indice qui a pour but d’illustrer la consommation toujours plus rapide d’une population humaine en expansion sur une planète aux ressources limitées.

Retour en arrière. L’humanité aura consommé l’ensemble des ressources planétaires pour cette année, jeudi 29 juillet, selon l’ONG américaine Global Footprint Network. Le « jour du dépassement » est donc revenu au niveau de 2019, après une brève accalmie en 2020, liée à la crise sanitaire due au Covid-19. Cet indice a pour but d’illustrer la consommation toujours plus rapide d’une population humaine en expansion sur une planète limitée. Pour le dire de façon imagée, il faudrait cette année 1,7 Terre pour subvenir aux besoins de la population mondiale de façon durable.

« À plus de cinq mois de la fin de l’année, ce 29 juillet, nous aurons épuisé le budget planétaire de ressources biologiques pour 2021. Si nous avions besoin d’un rappel de l’urgence climatique et écologique à laquelle nous sommes confrontés, le Jour du Dépassement de la Terre s’en charge », indique dans un communiqué publié mardi Susan Aitken, responsable politique à Glasgow, ville qui accueillera la COP26 sur le climat en novembre prochain.

Reprise à la hausse de l’empreinte carbone

La date est calculée en croisant l’empreinte écologique des activités humaines (surfaces terrestre et maritime nécessaires pour produire les ressources consommées et pour absorber les déchets de la population) et la « biocapacité » de la Terre (capacité des écosystèmes à se régénérer et à absorber les déchets produits par l’humain, notamment la séquestration du CO2). Le « dépassement » se produit quand la pression humaine dépasse les capacités de régénération des écosystèmes naturels. Il ne cesse, selon l’ONG, de se creuser depuis 50 ans : 29 décembre en 1970, 4 novembre en 1980, 11 octobre en 1990,

23 septembre en 2000, 7 août en 2010.

Le rebond, cette année s’explique à la fois par une hausse de l’empreinte carbone de 6,6% ainsi qu’une diminution de la biocapacité forestière mondiale de 0,5% « due en grande partie au pic de déforestation en Amazonie », selon l’ONG. Si l’empreinte carbone liée aux transports, reste inférieure aux niveaux antérieurs à la pandémie, celle liée à l’énergie devrait nettement rebondir. « Ces données montrent clairement que les plans de relance de l’ère post-Covid 19 ne peuvent réussir à long terme que s’ils s’appuient sur la régénération et la gestion raisonnée des ressources écologiques », estime dans le communiqué Laurel Hanscom, PDG de Global Footprint Network

Le babillage des chauves-souris ressemble à celui des bébés humains

chauve-souris : Brésil

Par Théo Tzélépoglou le 19.08.2021

L’apprentissage de la vocalisation chez une espèce de chauve-souris serait très proche de celui des bébés humains

Batman avait tout compris. La chauve-souris et l’Homme partagent en effet plus que ce que l’on croyait, et ce dès les premiers stades de vie. Pas besoin de cape ni de batmobile pour arriver à cette conclusion, un enregistreur et un logiciel d’analyse de son ont suffi à des scientifiques allemands et panaméens… Les premières étapes du langage chez le bébé passent par des gazouillis composés de simples voyelles, puis par le babillage – qui correspond à la production d’onomatopées plus structurées -, jusqu’aux premiers mots vers l’âge de 6 mois. Une étude publiée dans la revue Science s’est focalisée sur 55.056 syllabes de 216 babillages de vingt chauves-souris Saccopteryx bilineata juvéniles et les ont comparés à des babillages de bébés humains. Ces onomatopées partageraient les mêmes caractéristiques incluant des aspects de réduplication et de rythmicité.

Jusqu’à présent, les preuves de babillages chez d’autres espèces que l’homme étaient très rares, « Il est fascinant de constater ces parallèles entre les pratiques vocales de deux mammifères à apprentissage vocal« , déclare Mirjam Knörnschild, co-auteure de l’étude et chercheuse au Museum d’histoire naturelle de Berlin ainsi qu’au Smithsonian Tropical Research Institute au Panama.

Des caractéristiques communes entre l’humain et la chauve-souris

En analysant les syllabes produites par Saccopteryx bilineata, les chercheurs ont distingués des protosyllabes, soit des ressemblances avec les syllabes adultes. Ces syllabes sont définies par des sons ponctués de silence et ne sont évidemment pas comparables avec celles de nos langages en terme de sonorité mais plutôt en terme de structure. Ces protosyllabes sont comparable aux sons précurseurs de la parole chez les enfants.

« Le babillage des chauves-souris juvéniles est caractérisé par la répétition des syllabes, similaire à la répétition caractéristique des syllabes – ‘dadada’ (on parle de ‘réduplication’, NDLR) – dans le babillage du bébé humain », explique Lara Burchardt co-auteure de ce travail et chercheuse au Museum d’histoire naturelle de Berlin ainsi qu’au Smithsonian Tropical Research Institute au Panama. Durant ces réduplications de syllabes, les jeunes chauves-souris s’entraînent en facilitant l’intégration sensorielle tout comme les bébés. Enfin, la composition syllabique des babillages de ces mammifères nocturnes est caractérisé par une grande rythmicité, une caractéristique également commune avec l’Homme.

Les épisodes de babillage chez la chauve-souris peuvent durer jusqu’à 43 minutes

Chez cette espèce de chauve-souris, les jeunes passent 30% des dix premières semaines de vie à babiller en essayant de prononcer des syllabes. « Le babillage des jeunes est un comportement vocal très clair. Il est audible à une distance considérable du perchoir et les épisodes de babillage peuvent durer jusqu’à 43 minutes », précise Martina Nagy, co-auteure et également chercheuse au muséum d’histoire naturelle de Berlin. Si s’occuper d’un bébé est fatiguant, imaginez pour les parents de ces jeunes chauves-souris, qui eux ont l’habitude de vocaliser moins d’une minute au maximum !

Toutefois nombre de ces babillages, même les plus ressemblants, ne trouvent pas de réponse de la part d’autres adultes, certainement car le contexte social de ces vocalisations n’est pas celui des adultes, ou bien parce qu’ils reconnaissent le caractère juvénile de ces onomatopées. Chez Saccopteryx bilineata, l’apprentissage du langage est également lent puisqu’une fois sevrée, le répertoire constitutif des 25 syllabes adultes n’est pas complet chez les jeunes. Enfin, curieusement, les premières syllabes apprises par les jeunes mâles et femelles sont celles des vocalises territoriales des mâles adultes. Tous les juvéniles les prononcent dans le bon ordre, pourtant c’est seulement les jeunes mâles qui les chanteront encore à l’âge adulte.

 

Incendies dans le Var : désastre écologique dans le massif des Maures

incendies dans le var

M.Dana, L.Perrier, A.Poitevin, S.Lacombe – France 3

France Télévisions

La réserve naturelle de la plaine des Maures a été gravement touchée par les incendies, dans le Var. Des arbres, il ne subsiste que des troncs et la faune est dévastée. 

C’était l’un des plus anciens massifs forestiers de Provence. Il y a encore deux jours se dressaient de grands chênes, des pins ou des châtaigniers. Aujourd’hui, le massif des Maures est une terre de cendres. « Ce qui fait mal au cœur, c’était la beauté du paysage qu’il y avait, on pense aux animaux, la faune, la flore (…) c’est ça qui nous fait mal au cœur », confie Éric Trambaud, président délégué de la réserve communale de sécurité civile. L’incendie a calciné la moitié de la réserve naturelle de la plaine des Maures. 

Toute une biodiversité détruite 

Sur plus de 5 200 hectares de nature sauvage avant l’incendie, on dénombrait 241 espèces protégées. La plus emblématique était aussi la plus rare : la tortue d’Hermann. « C’est pour ça qu’elle a été créée, cette réserve. C’est pour protéger le dernier bastion de population viable de tortues d’Hermann dans le Var et dans le monde, explique Marie-Claude Serra, conservatrice de la réserve naturelle des Maures. Donc là, on est en train de voir disparaitre potentiellement une espèce protégée. » De premières tortues calcinées ont été retrouvées.

« Il y a des conséquences à court terme, de la disparition d’espace pure et dure, et on a des conséquences aussi à plus long terme, la disparition d’habitats qui ne vont pas se régénérer », indique Concha Agero, directrice adjointe de l’Office français de la biodiversité. Selon les experts, il faudra entre 10 et 20 ans pour restaurer cette biodiversité. 

Dans les Cévennes, les oiseaux disparaissent avec les bergers

Activités humaines et biodiversité ne sont pas incompatibles. Les oiseaux de milieux ouverts le démontrent bien : ils disparaissent en même temps que le pastoralisme, et sont aussi victimes de l’intensification de l’agriculture. Pour comprendre, Reporterre est parti arpenter les pelouses steppiques du parc national des Cévennes.

Ce reportage s’inscrit dans notre série La balade du naturaliste : une randonnée à la découverte d’une espèce ou d’un milieu exceptionnel, en compagnie d’un passionné, qui nous explique.

Causse Méjean (Lozère), reportage

Le soleil brille d’un éclat estival, mais la matinée est rafraîchie par une légère brise d’altitude : le Causse Méjean (Lozère) est le plus haut des grands causses calcaires du Massif central, son relief vallonné oscille entre 800 et 1 200 mètres d’altitude. Son aspect steppique entretenu par le pâturage peut sembler à première vue aride, voire stérile. « Autrefois ces paysages pastoraux étaient vus comme des écosystèmes dégradés, raconte notre guide du jour, Jocelyn Fonderflick, responsable faune du parc national des Cévennes. Notre regard de naturalistes a changé. » Ce sont ces paysages qui sont désormais inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, et protégés par le parc national des Cévennes. Car ils disparaissent peu à peu, ainsi que leurs habitants.

Nous sommes ici dans un haut lieu de rendez-vous des passionnés d’oiseaux. « Le Causse Méjean est connu dans la France entière par les ornithologues pour les grands rapaces dans les gorges, mais aussi pour voir et entendre, sur les causses, l’ortolan (Emberiza hortulana), le pipit rousseline (Anthus campestris) ou le crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax) », insiste notre spécialiste. Ces oiseaux de milieux ouverts sont des espèces protégées. Une bonne partie d’entre eux étant des migrateurs, ces mois d’été sont donc les derniers pour les observer avant qu’ils ne s’envolent vers des contrées plus chaudes pour l’hiver.

causse Méjan

Le Causse Méjean aujourd’hui. © David Richard/Reporterre

Le déclin des oiseaux de milieux ouverts

Tout en parlant, Jocelyn Fonderflick tend l’oreille. En fond sonore, l’alouette des champs (Alauda arvensis) domine. « Elle niche au sol, elle aime les strates herbacées [1]denses et les lisières forestières », explique-t-il. C’est la moins originale des protagonistes du jour. On la retrouve quasiment partout en France et, comme son nom l’indique, elle habite les espaces ouverts cultivés. Elle est pourtant protégée, car ses effectifs diminuent.

Puis, il s’interrompt au son d’une autre mélodie. Il sort ses jumelles et les pointe sur un églantier où est perché un traquet motteux (Oenanthe oenanthe). Le mâle a l’œil élégamment souligné de noir, ainsi que le bord des ailes. « Il va chercher sa nourriture au sol ; pour chasser, il a besoin de parcelles de sol nu, décrit Jocelyn Fonderflick. On le voit toujours dans des milieux très ouverts, comme les estives dans les zones de montagne. » Il est considéré comme quasi menacé en France, avec une population en déclin. En octobre, ce migrateur repartira vers l’Afrique et survolera le Sahara pour passer l’hiver en Afrique équatoriale.

les clapas

Les clapas, c’est-à-dire les tas de cailloux, façonnent le paysage et sont appréciés du pipit rousseline. © David Richard/Reporterre

L’oiseau volette d’une branche à l’autre, disparaît dans la pelouse. Il ramène un insecte à son jeune, qui vole déjà, mais quémande encore. Puis, revient se percher sur un muret de pierres, en tas parsemés ou alignés. Ces amoncellements, appelés clapas, dessinent le paysage. Les zones qu’ils délimitent « pourraient correspondre aux cultures d’autrefois : cultures et pâturage étaient liés, les animaux apportaient la fumure, estime Jocelyn Fonderflick. Cela pourrait être l’origine de ces milieux ouverts. » Le traquet motteux en fait parfaitement son affaire : « Il fait son nid sous les pierres. » On aperçoit également le pipit rousseline, qui a des habitudes similaires. Lui aussi est un migrateur transsaharien et chasse les insectes dans les pelouses rases. En revanche, il niche au sol.

Puis c’est au tour du bruant ortolan — encore un qui passe l’hiver en Afrique — de se manifester brièvement par quelques notes aiguës, sans que nous puissions l’observer. Pas étonnant : il est très rare, classé comme étant en danger sur la liste rouge des espèces menacées en France. « C’est l’un des passereaux qui a le plus régressé à l’échelle européenne ; les grands causses abritent l’un des noyaux forts de la population française », explique le naturaliste.

Et d’ajouter : « Le traquet motteux, le pipit rousseline et le bruant ortolan sont des espèces en régression même ici. » Le parc national les surveille, appliquant une méthode simple pour évaluer leur population : régulièrement, les naturalistes reviennent aux mêmes « points d’échantillonnage », équipés de leurs jumelles et leurs oreilles entraînées. Ils notent le nombre d’individus vus et entendus. Le déclin est donc documenté. Et pour en comprendre les origines, il faut observer les transformations tant à l’échelle du paysage qu’à celle de la parcelle de pelouse.

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Jocelyn Fonderflick, jumelles autour du cou. © David Richard/Reporterre

Une mosaïque fine d’herbes rases, de sol nu et de rocaille

Car, si le regard surplombant laisse penser que les pelouses à nos pieds sont un tapis vert uniforme, une attention aux détails laisse apparaître une alternance de rocailles, de sol nu et de touffes d’herbe et de graminées telles que la carex, la fétuque ovine, le brome ou la stipe pennée. Cistes, euphorbes et chardons y fleurissent également. C’est ce que Jocelyn Fonderflick appelle dans son langage scientifique une « strate herbacée rase et discontinue ». Ou une « pelouse écorchée », pour les poètes.

Le nez au ras du sol, nous voyons les criquets, sauterelles et autres orthoptères qui y sautillent de brin en brin. « Certains d’entre eux sont aussi rares et menacés », note notre guide. Dès qu’ils sortent de leur cachette herbeuse pour les zones de sol terreux, leurs prédateurs ailés peuvent les repérer plus facilement. Le naturaliste est ainsi convaincu que cette diversité dans la couverture du sol, cette « mosaïque fine » dessinée par les pelouses à caractère steppique, est indispensable aux oiseaux qui s’y nourrissent.

la stipe pennée

La stipe pennée. © David Richard/Reporterre

À leur recherche, il nous promène sur l’étroite départementale qui traverse le Causse, bordée alternativement de cultures et de pâtures. Un vol de craves à bec rouge atterrit devant nous dans un champ tout juste retourné. Ces oiseaux entièrement noirs se distinguent par leur bec à la couleur et forme particulière. « Long et fin, il leur permet d’aller chercher les invertébrés dans le sol, les pelouses, les champs labourés et les prairies de fauche, précise Jocelyn Fonderflick. Il y a plusieurs centaines d’individus sur le Causse, mais eux aussi sont une espèce menacée. »

On s’arrête aussi pour sortir les jumelles et espionner le jeu de deux pies-grièches (Lanius) jouant à chat perché sur les poteaux d’une clôture. Leurs plumages les distinguent. La pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), tirant vers le roux, est présente quasiment partout dans l’Hexagone. Elle est classée comme menacée, mais à un degré bien moindre que sa voisine. Cette dernière est la pie-grièche méridionale (Lanius meridionalis) — bec crochu, masque noir, sourcil blanc net. En France, on ne la trouve que dans le bassin méditerranéen et elle est considérée comme en danger d’extinction.

grillage

© David Richard/Reporterre

C’est que son habitat de prédilection disparaît. Sur les causses comme ailleurs, la végétation se densifie, ces pelouses steppiques si particulières se raréfient. Pour comparer, le naturaliste a apporté un ouvrage de photos prises au milieu des années 1980 [2], exactement à la même période de l’année, en juillet. Il nous emmène sur les lieux même où elles ont été prises. Le contraste est flagrant : alors que le gris des pierres domine les clichés des années 1980, désormais ce sont les reflets de la stipe pennée sur fond vert qui emplissent le cadre. Les broussailles sont plus nombreuses. Et en arrière-plan, les pins sont sortis de leur carré de plantation autrefois parfaitement délimité, essaimant aux alentours. « La végétation est rase et éparse, cela montre qu’il y avait une pression de pâturage bien supérieure à ce que l’on a actuellement, estime Jocelyn Fonderflick. Un collègue m’a dit que, à cette époque, les pierres tintaient. »

le même paysage en 35 ans

Le même paysage à trente-cinq ans d’intervalle : la photo du livre a été prise en juillet 1985. Le sol y est bien plus caillouteux qu’aujourd’hui, marquant un pâturage alors plus intense. © David Richard/Reporterre

Cinquante mètres plus loin, on s’arrête à nouveau pour une deuxième comparaison. Sur un pan de colline, les rocailles ont disparu au profit d’un champ cultivé. Devant nous, une clôture autrefois absente délimite le bord de route. « Les anciens racontent qu’à la création du parc, dans les années 1970, on pouvait traverser le Causse à cheval sans rencontrer la moindre clôture », assure encore le naturaliste.

« Les éleveurs aspirent à autre chose que de garder les brebis de 6 h à 23 h »

Autant de marques d’une « vraie révolution sociale » dans l’agriculture, estime Julien Buchert, responsable agropastoralisme du parc. « Ces trente à quarante dernières années, on a remplacé les humains par les tracteurs. » Les zones cultivées se sont faites plus nombreuses, alors que les éleveurs sortaient de moins en moins leurs animaux. « Depuis vingt ans, il existe les broyeurs à cailloux, qui permettent de mettre en culture des sols très peu fertiles. »

Même si, sur le Causse, le pastoralisme reste important et que la plupart des bêtes sont dehors de mai à novembre, peu à peu, les agriculteurs ont fait le choix du fourrage. « Il y a de moins en moins d’agriculteurs et de main-d’œuvre disponible. Avant, il y avait la mamie ou le tonton qui gardait les brebis. Le plus efficace maintenant pour les éleveurs est de faire du stock. Ils peuvent distribuer du foin le week-end pour être avec leur famille. Ils aspirent à autre chose que de garder les brebis de 6 h à 23 h. »

agneaux

Des agneaux qui attendent dehors pendant que les mères sont tondues à l’intérieur de la bergerie. © David Richard/Reporterre

Les clôtures permettent aussi de laisser les animaux seuls dehors. Mais sans berger pour les guider, leur pâturage perd en efficacité. « Il y a moins de précision dans l’entretien des milieux, explique encore Julien Buchert. Les éleveurs sont de plus en plus persuadés que leurs animaux vont mourir de faim s’ils les mettent sur les parcours. On tolère de moins en moins des variations d’état des animaux, en particulier en laitier. Chaque jour, l’animal doit manger sa ration parfaite, pour livrer la même quantité de lait. »

Mais l’élevage des ovins viande est aussi sur la même pente. « Certaines marques demandent d’avoir de l’agneau toute l’année, confie Bruno Bousquet, éleveur de brebis viande sur le causse. Cela oblige à garder des bêtes en intérieur de juillet à septembre. Moi, je ne le fais pas : l’été nous ne produisons rien chez nous, les brebis sont dehors et les pelouses bien nettoyées. Elles arrivent même à dépointer les jeunes pins. »

les activités humaines

© David Richard/Reporterre

« Les activités humaines structurent le paysage », insiste Jocelyn Fonderflick. Cela fait des années qu’il s’attache à démontrer le lien, protocoles et articles scientifiques à l’appui, entre pastoralisme et biodiversité des milieux ouverts. « La fermeture actuelle du paysage représente une menace pour plusieurs espèces steppiques dont le statut de conservation est défavorable en Europe. Cette fermeture ne résulte pas d’une diminution de la population humaine et/ou du nombre de troupeaux […]. Elle résulte plutôt du passage d’un ancien pastoralisme extensif, où les moutons broutaient des prairies de type steppique […], vers un élevage plus intensif qui utilise du foin et des céréales cultivés sur les zones les plus productives des exploitations », indiquait ainsi un de ses articles en 2010.

Des travaux qui justifient les politiques du parc national qui, depuis de nombreuses années, tente de convaincre les éleveurs de revenir à des pratiques plus pastorales, afin de préserver les multiples espèces dépendantes de ce paysage et dont les oiseaux ne sont que la partie la plus visible. « Certains orthoptères endémiques ou des papillons dépendant de ces pelouses ont aussi fortement régressé », souligne le scientifique.

chevaux de Przewalski

Le pâturage des chevaux de Przewalski crée une pelouse rase et discontinue favorable aux oiseaux de milieux ouverts. © David Richard/Reporterre

« Le pâturage des animaux sauvages a été remplacé par celui des animaux domestiques »

Mais si les activités humaines sont facteur de biodiversité, les oiseaux de milieux ouverts ont également d’autres alliés. Se promenant nonchalamment dans les valons pierreux du parc, une trentaine de chevaux de Przewalski façonnent eux aussi leur territoire depuis trente ans. Ils se reproduisent, se nourrissent et vivent comme bon leur semble au sein du parc de 400 hectares qui leur est dédié. « C’est l’un des plus beaux paysages du Causse », s’enthousiasme Jocelyn Fonderflick.

Les chercheurs ont donc voulu savoir comment les chevaux avaient influé sur les pelouses. Et, bonne nouvelle pour nos passereaux en voie de disparition, « on observe plus de richesse en matière de biodiversité dans les zones pâturées par les chevaux », indique Laurent Tatin, responsable scientifique de l’association Takh, qui préserve ces chevaux typiques des milieux steppiques, dont certains sont réintroduits en Mongolie, leur terre d’origine. « Ils ont un pâturage hétérogène et structurent la végétation avec des zones très rases, voire de terre nue, et des zones de refus où la végétation est plus haute. Cela met en avant l’importante de l’hétérogénéité des paysages. »

Ainsi, il se pourrait que les grands herbivores aient précédé les humains sur les grands causses. « Le pâturage des animaux sauvages a été remplacé par celui des animaux domestiques en plus grand nombre », suppose Jocelyn Fonderflick. Pas question pour autant, pour ces deux scientifiques, d’opposer ici le domestique et le sauvage. « C’est complémentaire, estime Laurent Tatin. On peut associer les différents types de pâturage et travailler à un équilibre. »

 

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Climat : le grand courant marin de l’Atlantique se ralentit

courant océanique

Une étude scientifique montre que la circulation du grand courant océanique atlantique ralentit. S’il se poursuit, ce phénomène causé par le changement climatique aura des conséquences néfastes.

Le Gulf Stream qui s’arrête : c’est le scénario du film Le jour d’après, sorti en 2004. Dans cette superproduction, l’arrêt des courants océaniques de l’Atlantique Nord est à l’origine d’une série de catastrophes. Si ce scénario est très exagéré, la crainte d’un ralentissement important des courants océaniques dans l’Atlantique lié au réchauffement climatique est un sujet de préoccupation pour les scientifiques depuis plusieurs décennies. Une étude parue le 25 février dans Nature Geoscience indique que ces courants seraient déjà en train de ralentir, ayant atteint leur plus bas niveau depuis au moins un millénaire.

Le circuit du grand courant atlantique, dit Atlantic meridional overturning circulation (Amoc).

Les océans ne sont pas des masses d’eau inertes. Ils sont brassés en permanence par des courants marins, qui lient les océans entre eux. Ce mouvement continu de grande échelle, appelée circulation thermohaline ou MOC (meridional overturning circulation), joue un rôle très important dans la régulation du système climatique. « L’océan transfère d’énormes quantités d’eau, de carbone et de chaleur de la surface vers les profondeurs, grâce à la circulation thermohaline. Elle joue donc vraiment le rôle de thermostat au niveau du climat mondial », explique à Reporterre Jean-Baptiste Sallée, chercheur au laboratoire LOCEAN de l’université Paris Sorbonne.

La stabilité de ce thermostat est donc un bon indicateur quand on cherche à comprendre les évolutions passées du climat, pour tenter d’anticiper ceux à venir. « Ce que nous montre l’étude, qui se fonde sur l’observation de plusieurs facteurs indirects, c’est que la circulation thermohaline atlantique [Amoc] est très stable depuis environ un millénaire. Mais au cours du dernier siècle, il s’est produit une réduction marquée de ces courants atlantiques », dit Jean-Baptiste Sallée. Le thermostat du climat de la planète serait donc en train de bouger, probablement sous l’effet du réchauffement climatique.

fonte des glaciers

La fonte des glaciers contribue au ralentissement de l’Amoc.

La différence de densité entre les eaux de surface et les eaux profondes est le moteur de la circulation thermohaline. Plus les eaux de surface sont denses, plus elles peuvent plonger et alimenter la circulation thermohaline. Les eaux profondes ont une masse volumique d’environ 1.050 kg/m3 contre 1.029 pour les eaux de surface près des pôles et 1.020 pour les eaux tropicales. Or, le réchauffement global va provoquer la diminution de la densité des eaux de surface des océans. D’une part, les eaux de surface plus chaudes à cause du réchauffement seront aussi moins denses du fait de leur dilatation thermique. De surcroît, la fonte des glaciers et des banquises et la modification du régime des précipitations aux hautes latitudes injecteront de grandes quantités d’eau douce dans les eaux de surface des océans. Cette addition d’eau douce rendra l’eau moins salée, et donc moins dense.

Quelles conséquences aurait l’accentuation du ralentissement de l’Amoc ? En apportant la douceur et l’humidité de l’océan, l’Amoc gouverne en profondeur la météo des continents. Un ralentissement important aurait des conséquences très néfastes à l’échelle du globe. « Dans la région du Sahel, une diminution de l’Amoc entraînerait une baisse importante des précipitations, avec des répercussions humaines importantes dans cette région très peuplée », dit à Reporterre Didier Swingedouw, chercheur CNRS à l’université de Bordeaux.

« En Europe du Nord, une diminution de l’Amoc a comme conséquence une augmentation de la fréquence des tempêtes et une augmentation du niveau des mers en Amérique du Nord et en Europe. Elle produira aussi une baisse importante de la production biologique marine », dit de son côté Jean-Baptiste Sallée. « Il est aussi possible qu’en Europe, le contraste entre les saisons soit plus marqué, avec des hivers plus rigoureux et des étés très chauds », ajoute Didier Swingedouw.

Mais ce ralentissement est-il certain ? Pour Didier Swingedouw, la question est plutôt de savoir dans quelle proportion l’Amoc va diminuer : « On sait qu’une diminution de l’Amoc est très probable. La question est plutôt de quantifier l’amplitude de cette baisse et son horizon temporel. »

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