Greenpeace en procès : les craintes des antinucléaires jugées « légitimes »

militants Greepeace

Des militants de l’ONG Greenpeace comparaissaient au tribunal correctionnel de Valence (Drôme) pour s’être introduits dans la centrale EDF du Tricastin. Une occasion, pour les prévenus, de parler du vieillissement des installations dans les tribunaux. Le procureur a requis des peines modérées, estimant leurs inquiétudes légitimes.

Valence (Drôme), reportage

« Le nucléaire révèle la face sombre de l’État : c’est l’opacité sur les décisions, l’absence de transparence et la répression des militants qui essaient d’avoir une voix discordante sur l’industrie nucléaire. » Jean-François Julliard, président de Greenpeace France, a donné le ton lors de l’ouverture du procès du tribunal correctionnel de Valence.

Trente-quatre activistes de l’ONG, âgés de 28 à 70 ans, étaient jugés, le 29 juin, pour s’être introduits dans l’enceinte de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme), le 21 février 2020, « pour dénoncer sa dangerosité et son vieillissement ». Ils sont informaticien, musicien, charpentier, ébéniste ou encore ingénieur, et sont venus de toute la France. Tous assument leurs actes pour cette opération de communication effectuée à visage découvert. Pour eux, le débat démocratique autour de la principale source d’énergie en France, « le pays le plus nucléarisé au monde », ne peut se faire sans passer par des actions médiatiques et sans risquer une condamnation en justice.

Le magistrat a requis de simples amendes pour les militants sans casier judiciaire. Pour ceux ayant déjà « l’inscription Greenpeace sur leur casier » des jours-amendes. Concernant l’association, citée à comparaître comme personne morale par EDF, il a proposé une « condamnation modérée ». La décision sera rendue publique le 7 septembre.

Des motivations politiques et un débat de fond

« Vous êtes l’un des rares tribunaux qui s’intéressent au mobile des infractions et qui nous autorisent à plaider sur les raisons qui ont mené les militants de Greenpeace à cet acte », a dit l’avocat des prévenus Me Alexandre Faro, à la cour. « Trop souvent, on dépolitise le débat et, en cela, EDF cherche à criminaliser, à traiter les militants comme de simples délinquants de droit commun. »

Les débats, qui ont duré plusieurs heures, ont permis de cerner les motivations politiques des trente-quatre personnes qui reconnaissent avoir participé à cette action de désobéissance civile. S’introduire dans les centrales nucléaires pour dénoncer leur faille de sécurité est une pratique courante chez Greenpeace. À nouveau, pour ce procès, l’ONG a plaidé « l’état de nécessité » et a cherché à démontrer le caractère urgent et proportionné de cette action.

 

Jprésident de Greenpeaceean-François Julliard, président de Greenpeace France, au micro, avant son entrée dans le tribunal. © Estelle Pereira/Reporterre

Mis en route entre 1980 et 1981, les quatre réacteurs de 900 mégawatts (MW) de la centrale du Tricastin ont été conçus pour fonctionner quarante ans. L’échéance à peine passée, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a publié, en février dernier, une décision générique ouvrant la voie à la prolongation de sa durée de vie, ainsi que celles des 28 autres réacteurs français de la même génération.

Les deux témoins choisis par les prévenus ont été invités par la présidente à ouvrir les débats. Le philosophe Dominique Bourg, coauteur de l’ouvrage Désobéir pour la Terre — Défense de l’état de nécessité, (PUF, 2021), a évoqué l’importance des actions de désobéissance civile pour prévenir d’éventuels accidents industriels. « Historiquement, la mise en place de plans de gestion de risques est toujours intervenue après un accident. Par définition, la loi s’adapte toujours a posteriori. » L’ancien membre du conseil sociétal d’EDF a pris l’exemple de l’accident nucléaire de Fukushima, en 2011, qui a donné lieu à des mises aux normes — partiellement réalisées à ce jour — dans les centrales françaises. « S’il y avait eu de la désobéissance civile à Fukushima, il n’y aurait pas eu cette catastrophe. […] De telles actions visent à faire évoluer la loi », a-t-il appuyé. « Il n’y a pas de société démocratique qui n’autoriserait pas la désobéissance civile, sinon ça s’appelle une dictature. »

militants Greenpeace

Les débats, qui ont duré plusieurs heures, ont permis de cerner les motivations politiques des trente-quatre activites. © Estelle Pereira/Reporterre

Le philosophe a également pointé les changements de statuts opérés chez EDF avec l’ouverture du marché de l’énergie, et son entrée en bourse en 2005. « L’arrivée de la logique économique de rentabilité n’est pas totalement compatible avec le pacte nucléaire qui consiste à atteindre le risque zéro. Car la sécurité en matière nucléaire coûte cher. » Pour la seule centrale du Tricastin, la troisième plus âgée du parc nucléaire français, EDF a estimé le coût de la rénovation à 3,2 milliards d’euros afin de prolonger son exploitation pendant dix ans.

Le deuxième témoin, le physicien Yves Marignac, a quant à lui mis en doute la capacité d’EDF à entretenir ses centrales vieillissantes. D’abord parce que, malgré les milliards promis, certaines pièces usées ne sont pas remplaçables. C’est le cas des cuves renfermant le cœur des réacteurs. La n°1 de la centrale du Tricastin est d’ailleurs celle enregistrant le plus de microfissures en France. Le spécialiste de la sûreté nucléaire a évoqué le risque de séisme en faisant référence au tremblement de terre de magnitude 5,4, du 11 novembre 2019, dont l’épicentre se situait à vingt kilomètres de la centrale. « Par chance la digue a tenu. La centrale est construite au-dessous du niveau du Rhône, si la digue en remblai avait cédé, on aurait pu vivre la même situation qu’à Fukushima. » Il a également pointé les 150 pièces non conformes aux exigences réglementaires fournies par l’usine Creusot Forge, installées sur la centrale. « Il n’y a pas eu d’évaluation de l’impact de ces malfaçons dans le cadre de la prise de décision de prolonger la durée de vie des centrales », a-t-il regretté.

« Le risque industriel n’est pas une fantaisie d’écolo »

Pour des militants qui n’ont plus confiance en EDF pour les protéger d’un éventuel accident, la barre a été pour cinq d’entre eux l’occasion de se confier sur leurs inquiétudes. « L’accident nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux en 1969, la Loire polluée au plutonium en 1980, le Rainbow Warrior coulé en 1983 : le voilà le nucléaire de mon enfance ! Le risque industriel n’est pas une fantaisie d’écolo », a clamé Étienne, ingénieur dans les énergies renouvelables. Laura, étudiante en CAP boulangerie, a choisi la poésie pour exprimer sa crainte : « EDF, pour ses intérêts personnels, me prive du droit d’enfanter sereinement sans faire porter à mon enfant le risque de connaître un accident nucléaire », a-t-elle écrit sur un papier, serré dans ses mains, quand elle a fait face à la juge.

« Je me suis juste demandé les arguments qui ont poussés les Français à choisir cette énergie », racontait Antoine, dernier prévenu à prendre la parole. « Je n’en ai trouvé aucun, parce qu’on ne nous a jamais demandé notre avis, ni à moi, ni mes parents ou mes grands-parents. »

militants de Greenpeace

Les militants voulaient faire du procès une vitrine de leur revendication en matière de sûreté nucléaire. © Estelle Pereira/Reporterre

Du côté de la défense, EDF attaque sur le portefeuille en réclamant à Greenpeace la somme minimum de 500 000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral. « Il y a un moment, ça suffit », a tonné Me de Montbrial à propos des intrusions de Greenpeace dans les centrales. « Pour la quinzième fois depuis 2003, les mêmes auteurs pour les mêmes victimes », a-t-il insisté en qualifiant Greenpeace « d’association délinquante ». « Tant qu’on aura 500 euros d’amende, des peines peu dissuasives, il y aura récidive », a-t-il lancé en direction de prévenus.

À la surprise générale, le procureur Michel Coste n’a pas été aussi vindicatif envers les prévenus. Il a estimé que ces derniers étaient « des activistes déterminés avec des interrogations sérieuses ».

Rappelant que dans ce même tribunal, EDF a parfois été condamné pour des infractions, il a axé son réquisitoire sur l’image d’EDF et plus largement du nucléaire. Cette dernière n’a pas eu besoin de Greenpeace pour être, selon lui, entachée. Il a notamment cité l’exemple de l’EPR de Flamanville ainsi que les trois catastrophes nucléaires de Three Mile Island (États-Unis), Tchernobyl (Ukraine) et Fukushima (Japon).

 

Chasses traditionnelles de certains oiseaux : mobilisons nous !

participer à la consultation

chasse dite traditionnelle

Le ministère de la transition écologique a ouvert plusieurs consultations publiques concernant les quotas de « chasses traditionnelles » d’oiseaux dans plusieurs départements français. Ces arrêtés prévoient d’autoriser à nouveau pour la campagne de chasse 2021-2022 la capture de 113 530 oiseaux sauvages. Exprimez-vous sur le site web du ministère avant le 28 juin 2021.

 

Pourquoi se mobiliser contre ses méthodes de chasse ?

Si ces chasses ont eu leur importance dans le passé compte tenu de la dureté de la vie dans nos campagnes, ce n’est plus le cas actuellement, n’ayant plus aucun intérêt sauf auprès de quelques passionnés.

 

Pire, elles risquent fort de mettre à mal les espèces concernées en les faisant passer sous des seuils de populations d’où il leur sera difficile voire impossible de connaître un regain démographique.

 

 

Ces espèces ont une très grande importance car elles limitent les populations d’insectes, d’annélides, de mollusques et sont d’excellents disséminateurs de graines, baies et fruits. Elles sont ainsi d’importants acteurs de la migration végétale et du brassage génétique des végétaux, clés de l’adaptation de nos écosystèmes aux changements climatiques.

 

Grives, merles noirs, vanneaux huppés et pluviers dorés menacés par les tenderies dans les Ardennes

La consultation fixe le prélèvement maximum pour 2021-2022 des grives, merles noirs, vanneaux huppés et pluviers dorés à l’aide de tenderie et de filets dans les Ardennes.

merle noir

 
  http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projets-d-arrete-relatifs-aux-chasses-a2385.html

 

Nous vous invitons à vous prononcer contre. La tenderie est un mode chasse qui ne tue pas rapidement (lacet). La situation démographique de ces oiseaux n’est guère brillante. Les grives ont des populations qui varient de manière importante d’une année sur l’autre en fonction des disponibilités alimentaires http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projets-d-arrete-relatifs-aux-chasses-a2384.htmlet des conditions climatiques, les merles ont souffert du virus Usutu et ont besoin de voir leurs effectifs se regonfler, quant aux vanneaux et surtout aux pluviers dorés leurs effectifs sont en déclin.

http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/projets-d-arrete-relatifs-aux-chasses-a2384.html

 
   

 

D’autres espèces d’oiseaux menacées

 

  • Nous vous invitons à vous prononcer contre le projet d’arrêté sur la capture d’alouette des champs à l’aide de pantes et matoles pour 2021-2022 dans les quatre départements de l’ex-région Aquitaine. L’alouette des champs est inscrite sur liste rouge UICN des espèces menacées.

 

 
   

 

  • Il est également indispensable de vous prononcer pour la prolongation de la suspension de la chasse au barge à queue noire, une espèce classée « vulnérable » par l’UICN.

 

 
   

 

  • Enfin, sur la consultation pour une prolongation de la suspension de la chasse au courlis cendré, nous vous invitons vous prononcer pour, au vu de l’effondrement des effectifs de l’oiseau.

http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=article&id_article=2382

 
   

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Chasse Vie institutionnelle et politique Espèces menacées

Des papillons battent le record de la plus longue migration d’insectes

papillon: belle dame

Par Anne-Sophie Tassart le 23.06.2021 à 14h46 Lecture 3 min.

Les Belles-Dames, des papillons, sont capables de parcourir entre 12.000 km et 14.000 km aller-retour, quand les conditions météorologiques le permettent

Lorsqu’elle migre, la Belle-Dame (Vanessa cardui), une espèce de papillon, ne fait pas dans la demi-mesure : elle peut traverser le désert du Sahara pour rejoindre l’Europe, révèle une étude publiée le 29 juin 2021 dans la revue américaine PNAS.

Des données récoltées sur le long terme

Ces papillons sont notamment présents en Afrique subsaharienne. En Europe, leur nombre est très variable d’une année à l’autre. Mais jusqu’à maintenant, ce phénomène n’avait pas d’explication. D’où viennent les papillons présents sur le Vieux-Continent ? Ce peut-il qu’ils soient originaires d’Afrique et qu’ils peinent parfois à migrer ? Les entomologistes savent que la Belle-Dame migre au printemps après la saison de reproduction qui se déroule l’hiver. Pour suivre le mouvement de cette espèce, une équipe internationale de recherche a utilisé les données de surveillance obtenues sur le long terme par des milliers de volontaires. Les biologistes ont également pris en compte les données atmosphériques et climatiques concernant l’Afrique et l’Europe.

Des papillons qui parcourent entre 12.000 et 14.000 kilomètres

C’est donc en combinant plusieurs données que les chercheurs ont réussi à avoir une vision plus précise de la migration des Belles-Dames. Ils en ont déduit que ces papillons sont capables de migrer sur des milliers de kilomètres, traversant le désert du Sahara et la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Ce périple ne s’effectue pas tous les ans mais seulement lorsque les conditions météorologiques le permettent. Les Belles-Dames parcourent alors, aller-retour, entre 12.000 et 14.000 km, volant sans s’arrêter le jour et se reposant tout de même la nuit afin de réussir leur traversée du Sahara. Il s’agit de la migration d’insectes la plus longue connue à ce jour. Mais attention : elle se réalise en plusieurs étapes d’un point de vue démographique. « Le nombre de générations pour l’ensemble du circuit annuel est probablement d’environ 6 à 8 générations, explique à Sciences et Avenir le chercheur chinois Gao Hu, auteur principal de l’étude. Aucun individu ne peut couvrir tout le voyage de migration, la traversée s’effectue donc sur plusieurs générations« .

 

 

Cette carte montre les zones traversées par les Belles-Dames durant leur migration. Crédit : Gao Hu et al

Et ce voyage est possible uniquement lorsque la croissance de la végétation sur le parcours est suffisante, que ce soit dans la savane en hiver ou dans le nord de l’Afrique au printemps, ce qui conduit alors à une période de reproduction supplémentaire juste avant de traverser la Méditerranée. En effet, les plantes, dont le développement est favorisé par un climat humide, permettent alors aux chenilles Vanessa cardui de se nourrir. En outre, des vents entre l’Afrique et l’Europe permettent également la migration transcontinentale des Belles-Dames. Ces dernières volent entre un et trois kilomètres au-dessus du niveau de la mer pour en bénéficier.

Selon les chercheurs, cette étude pourrait les aider à mieux évaluer les mouvements migratoires d’autres insectes et tout particulièrement des espèces invasives capables de mettre à sac les cultures ou d’être des vecteurs d’agents pathogènes.

 

Une espèce rare et menacée de cerf repérée pour la première fois au Cambodge

cerf muntjac

Selon les autorités locales, la découverte de ce cerf muntjac géant est une bonne nouvelle qui prouve que la préservation des ressources naturelles dans le pays est efficace.

  • AFP

AFPUne photo prise par une caméra automatique dans une forêt du Cambodge le 11 avril 2021.

ANIMAUX – L’espoir renaît pour la faune en voie de disparition. Un cerf muntjac géant, espèce rare en danger d’extinction, a été repéré au Cambodge pour la première fois, signe que les efforts du pays pour la préservation de la vie sauvage paient, ont déclaré les autorités locales ce 25 juin 2021.

L’animal a été pris en photo en avril par une caméra automatique cachée dans le parc national de Virachey, dans la province de Ratanakiri (Nord-Est), a déclaré à l’AFP Neth Pheaktra, porte-parole du ministère de l’Environnement.

 

Une découverte grâce aux caméras automatiques

Mais la découverte n’a été faite que récemment, quand les autorités cambodgiennes ont récupéré la caméra et passé au crible des mois d’images de la forêt, connue pour abriter un trafic illégal de bois. “C’est la nouvelle la plus excitante pour le Cambodge et pour le monde entier qu’une espèce aussi rare et gravement menacée ait été découverte au Cambodge”, a-t-il déclaré. “C’est un résultat positif pour les efforts du gouvernement en matière de protection des ressources naturelles”.

L’espèce a été découverte pour la première fois dans les forêts voisines du Vietnam et du Laos en 1994. Le Muntiacus vuquangensis, son nom scientifique, figure sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) comme étant en danger critique d’extinction.

L’exploitation forestière illégale reste un risque environnemental majeur au Cambodge, où de vastes étendues de forêt sont menacées depuis la fin de la guerre civile en 1998. Le parc national de Virachey a souffert d’une déforestation rampante au début des années 2000, mais sa situation s’est améliorée. “Le parc est devenu un abri sûr pour la faune sauvage”, a affirmé Neth Pheaktra.

Le voyage comme philosophie du lien au monde

la forêt

Les livres de La Petite Philosophie du voyage sont nés de cette conviction : le plus beau des voyages n’est pas le plus exotique, le plus lointain, mais celui qui nous rend heureux d’être vivant. Des bistrots à la toundra en passant par le tango, cette collection aux 60 titres regorge d’immersions revigorantes.

Pour faire un beau voyage, on peut embarquer pour un tour du monde, on peut aussi se contenter de suivre des yeux les envolées d’une feuille au gré du vent, et redécouvrir le silence, porte ouverte sur la plénitude. Qu’importe la destination, pourvu qu’on « instaure une puissance de relation avec le monde », soutient Émeric Fisset, le créateur de la Petite Philosophie du voyage aux éditions Transboréal. Une conception qui imprègne son Ivresse de la marche, récit d’une traversée en solitaire de l’Alaska sans assistance, et l’ensemble du catalogue de cette collection.

Elle comptera bientôt soixante titres, qui « représentent toutes les formes de voyage », explique l’éditeur : le voyage intérieur, celui qui permet de redécouvrir la puissance de l’imaginaire ou les relations privilégiées (Le Voyage immobile ; Le Prodige de l’amitié) ; le voyage que l’on peut faire à travers des pratiques sportives ou des modes de déplacement (L’Extase du plongeur ; Le Tao du vélo) ; des univers culturels (L’Écho des bistrots, L’Esprit du geste) ; des écosystèmes (Le Murmure des dunes, L’Hymne aux oiseaux) ; voire en réfléchissant sur le voyage lui-même (L’Appel de la route, L’Écriture de l’ailleurs)…

la forêt

« La forêt est un espace habité, au sens biologique du terme, au sens également de toutes les strates et ramifications de mythologies, légendes, mystères, contes et cultes qui prennent la consistance d’un humus profond dans lequel, à notre tour, nous sommes invités à enraciner notre légende personnelle, c’est-à-dire à exister par nous-mêmes », Rémi Caritey, Le Vertige des forêts. © Rémi Caritey

On aura d’autant plus de plaisir à s’enfoncer dans ces brefs mais denses récits (une centaine de pages) qu’ils sont écrits par des « passionnés plutôt que par des intellectuels », dit Marc Alaux, coéditeur. Des personnes qui connaissent bien le terrain et nous offrent la joie d’immersions ressenties, documentées et méditées. C’est le cas des auteurs férus de nature dont nous allons explorer les livres. Notamment Anne-Laure Boch, neurochirurgienne et alpiniste amatrice (L’Euphorie des cimes), Rémi Caritey, photographe et grimpeur-récolteur (Le Vertige des forêts), Émeric Fisset, éditeur et grand voyageur (L’Ivresse de la marche), ou Christophe Houdaille, navigateur solitaire (Le Chant des voiles). Tous nous racontent pourquoi, dans ces territoires sauvages (selon le dictionnaire, « qui n’ont pas subi l’action humaine »), ils se sentent profondément vivants, nourris sensoriellement et psychiquement. Davantage, soulignent-ils à l’unisson, que dans notre société moderne, qui « fait l’Homme à l’âme terne » parce qu’elle l’embrigade sans lui donner accès à sa propre valeur.

Communier avec le paysage, et vivre à son rythme

Dès que l’on prend le temps de l’observer, de le laisser se découvrir, un paysage cesse d’être une image. Il prend corps, se fait sphère d’énergie communicative. En forêt, par exemple, à regarder les moirures de la lumière sur les feuilles, emportées dans un cycle incessant d’engendrements et d’évanouissements, le promeneur entre dans un léger état d’hypnose. Il quitte sans même s’en apercevoir la roue des ruminations, le corps enivré par un foisonnement de sons, de formes et de couleurs — on compte environ 3 000 fruits dans la forêt tropicale, dont 200 à peine sont consommés, détaille Rémi Caritey dans son grisant Vertige des forêts. Un état de plénitude physique que le navigateur Christophe Houdaille ressent aussi en mer, notamment lorsque la nuit tombe. Le ciel apparaît alors « comme nulle part ailleurs : dense, profond, scintillant de myriades d’étoiles, et l’on peut rester des heures dans sa contemplation ».

Mais un paysage sauvage n’est pas seulement beau, il parle à l’être humain en quête de mieux-vivre. Dans sa poétique Vertu des steppes, Marc Alaux observe que les steppes, horizontales et dépouillées, enseignent à se libérer de l’angoisse du vide et à adhérer à « l’école du présent ». Quant à Rémi Caritey, il redonne corps au « sauvage en nous ». Et que veut-il cet être qui renaît à la faveur du silence, de la vacuité, de laquelle ressurgit la vraie valeur des choses ? « Le privilège de la lenteur. Vivre au rythme de ses rêves. Célébrer la beauté de toute chose. Mesurer son action à l’aune de son corps, de son âge, de la simplicité de ses besoins. » Guère compatible avec l’idéologie de la performance… Serait-ce pour cette raison que l’on parle encore si peu, dans notre société, des bienfaits du monde sauvage ?

beauté de la nature

« La beauté de la nature est intérieurement la nôtre, et la sérénité ne naîtra d’aucune tentative de saisie, mais simplement de la reconnaissance de notre appartenance essentielle à cette beauté », Rémi Caritey, Le Vertige des forêts. DR

On peut pourtant vivre au cœur de ce monde des expériences existentielles vraiment déterminantes. De celles qui aident à développer une qualité d’être, en conscientisant la mort ou la joie de l’accomplissement de soi. Dans Le Chant des voiles, Christophe Houdaille nous en raconte une, devenue l’un des moments les plus intenses de sa vie. Se débattant au milieu d’une puissante tempête avec Saturnin, son voilier, il vit arriver la dernière « culbute ». Pourtant il se sentait alors si profondément lié à ce milieu, qui n’était plus que splendide explosion de houles et de lumières, qu’il n’a ressenti aucune angoisse. Il accepte d’en subir les conséquences, « fusionnant avec les éléments comme les oiseaux qui replient leurs ailes pour étaler la tempête ».

De même, c’est au cœur des abîmes bleutés de la haute montagne que l’alpiniste Anne-Laure Boch, par ailleurs neurochirurgienne reconnue, se sent « tout entière réconciliée avec son être, reconnue par le monde, à sa place ». Encouragée par ces métaphores minérales de l’élévation que sont les pics et sommets neigeux, elle déplace ses limites physiques et morales, heureuse d’être redevenue un individu singulier, quand la vie urbaine ne lui donne plus que le sentiment de « participer à un flux ».

Grandir dans sa propre histoire comme un arbre s’élève vers le ciel

Voyager dans le monde sauvage, c’est aussi renouer avec l’émerveillement de l’enfance (« aborder une île en voilier, c’est éprouver dans sa chair les rêves mystérieux de l’enfance ») ou le charme des rencontres improbables. « Bergers, bûcherons, pêcheurs, dont la vie s’entrouvre spontanément au passant », raconte Émeric Fisset, ou animaux aussi curieux de nous que nous pouvons l’être d’eux. Dans L’Ivresse de la marche, cet intrépide voyageur nous rend sensibles ces moments où la barrière culturelle entre espèces vacille, et où l’on redécouvre notre commune condition de vivant avec les animaux. Dépendant de la nature pour survivre lors de ses marches en solitaire, il grappille, comme eux, « les fruits et les baies en chemin, [se sent] guilleret comme la mésange sous l’éclaircie, inquiet comme l’hirondelle avant l’orage [et] emprunte — empreinte — les mêmes itinéraires ». Jusqu’à ce jour pluvieux où il tombe nez à nez avec un ours brun. Contre toute attente, ce « magnifique cousin va-nu-pieds » passe son chemin, plus pressé d’aller s’abriter que d’honorer sa réputation d’animal dangereux.

côte de Porto

« Il faut parfois se sentir vulnérable pour s’interroger sur la finalité de l’existence, et, partant, sur ce qui vaut d’être vécu », Christophe Houdaille, Le Chant des voiles. Côte de Porto Moniz, sur l’île de Madère (Portugal). CC BY-SA 3.0 / Wikimedia Commons / H. Zell

Un des bonheurs de lecture des ouvrages de cette collection réside aussi dans leur construction cubiste : le motif étudié est saisi sous plusieurs angles (anthropologique, historique, botanique, etc.), ce qui lui donne une densité psychique exceptionnelle. Le lecteur est ainsi invité à se souvenir que l’espèce humaine a médiatisé au fil du temps, au travers de rites et légendes, ses relations avec le monde naturel. Au Sénégal, dans la région de la Casamance, raconte par exemple Rémi Caritey, la fabrication du vin de palme avec la sève du palmier donne toujours lieu à une cérémonie étonnante. Chacun en boit un verre en souhaitant s’élever dans la vie comme l’arbre qui monte vers le ciel, pour grandir dans sa propre histoire, exister par lui-même. Un rite auquel on participerait volontiers, en rêvant avec Rémi Caritey d’« une écologie politique [qui] ose se refonder dans ce creuset de l’animisme et du sacré ». Mais peut-être faudrait-il d’abord reconnaître que l’écologie est aussi un voyage, de ceux qui appellent à renouer avec le sens premier du mot « con-naître » : naître avec. Pour un prix modeste de huit euros, les livres de la Petite Philosophie du voyage nous y invitent délicieusement.

La Petite Philosophie du voyage, aux Éditions Transboréal, 8 euros l’exemplaire.

 

 

Ce qu’il faut retenir du projet de rapport du Giec

poisson mort sur les rives de la loire

Dérèglement climatique : faim, pauvreté, maladies… Ce qu’il faut retenir du projet de rapport du Giec

 

Les experts du climat annoncent des « impacts irréversibles » si la hausse des températures est supérieure à 1,5°C, selon un pré-rapport dévoilé par l’AFP et qui n’est toutefois pas destiné à être publié tel quel.

Article rédigé par

franceinfo

France Télévisions

Publié le 23/06/2021 17:16 Mis à jour le 23/06/2021 18:11

Temps de lecture : 7 min.

Les restes d’un poisson mort repose sur les rives asséchées de la Loire, à Montjean-sur-Loire, le 24 juillet 2019. (LOIC VENANCE / AFP)

Il y a urgence. Pénurie d’eau, exode, malnutrition, extinction d’espèces… Un réchauffement climatique durable supérieur au seuil de +1,5 °C aurait des « impacts irréversibles pour les systèmes humains et écologiques », avertit un projet de rapport des experts du climat de l’ONU obtenu en exclusivité par l’AFP mercredi 23 juin. Quel que soit le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, ces impacts vont s’accélérer et devenir douloureusement palpables bien avant 2050, assure le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) dans ce document de 137 pages.

« La vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes. L’humanité ne le peut pas. »

Les experts du Giec

dans un projet de rapport dévoilé par l’AFP

Voici ce qu’il faut retenir de ce résumé technique, qui n’en est encore qu’au stade de projet. Le texte définitif ne sera officiellement publié qu’en février 2022, après son approbation par consensus par les 195 Etats-membres.

Les villes côtières vont souffrir

Le réchauffement climatique touchera directement et fortement les habitants des villes côtières. En 2050, des centaines de millions d’entre eux, de Bombay (Inde) à Miami (Etats-Unis), et de Dacca (Bangladesh) à Venise (Italie), seront menacés par des submersions plus fréquentes, provoquées par la hausse du niveau de la mer, qui entraînera à son tour des migrations importantes. Environ 10% de la population mondiale et des actifs vivent à moins de 10 m au-dessus du niveau de la mer, notent les experts du Giec. Pour certaines mégalopoles, les conséquences pourraient se faire sentir très vite, du vivant des populations actuelles. 

« Le niveau de la mer continue à monter, les inondations et les vagues-submersion sont de plus en plus fréquentes et intenses, le réchauffement accroît l’acidité de l’océan et intensifie les canicules. »

Les experts du Giec

dans un projet de rapport dévoilé par l’AFP

« La plupart des villes côtières peuvent mourir. Beaucoup d’entre elles seront éliminées par les inondations à long terme. D’ici 2050, on aura une idée plus précise », explique Ben Strauss, de l’organisation Climate Central, interrogé par l’AFP. Mais en dépit de ces sombres prédictions, les villes côtières continuent de grossir, multipliant les victimes potentielles, en particulier en Asie et en Afrique. En Europe, Venise, chef-d’œuvre architectural classé au patrimoine mondial de l’Unesco, est particulièrement vulnérable : plus de 90% des habitations de la cité des Doges sont menacées par les inondations.

Au-delà de +2 °C, la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique de l’Ouest (qui contiennent assez d’eau pour provoquer une hausse du niveau de la mer de 13 m) pourraient d’ailleurs entraîner un point de non retour, selon de récents travaux. C’est pour cela que « chaque fraction d’un degré compte », insiste le Giec.

Enfin, sous l’effet combiné de la dilatation des océans et de la fonte des glaces provoquées par le réchauffement, la hausse du niveau des mers menace également de contaminer à l’eau salée les sols agricoles et d’engloutir des infrastructures stratégiques, comme les ports ou les aéroports.

 

La faim et la pauvreté vont s’aggraver

Même en limitant la hausse à 2 °C, quelque 130 millions de personnes supplémentaires pourraient sombrer dans la pauvreté extrême d’ici à dix ans, et la malnutrition s’accroîtra. Agriculture, élevage, pêche, aquaculture… « Dans tous les systèmes de production alimentaire, les pertes soudaines s’accroissent » à cause des sécheresses, des canicules etc., observe le pré-rapport, en pointant les aléas climatiques comme « principal moteur ». La fréquence des mauvaises récoltes augmente déjà régulièrement depuis 50 ans et la multiplication de phénomènes météorologiques extrêmes touchera de plus en plus la production. L’apport protéinique tiré du riz, du blé, de l’orge ou des pommes de terre devrait ainsi chuter entre 6% et 14% dans les années à venir.

S’ajoutera la pression sur les terres liée à la demande croissante en biocarburants ou à la plantation d’arbres pour séquestrer le carbone. Tous ces facteurs pousseront les prix à la hausse d’environ 30% d’ici 2050. Ce qui placera plus de 180 millions d’habitants ayant de faibles revenus au bord de la malnutrition chronique, un danger très inégalement réparti, l’Afrique et l’Asie du Sud-Est concentrant 80% des personnes menacées. Autre conséquence : plus de 10 millions de cas supplémentaires de malnutrition ou de rachitisme infantile sont attendus en Afrique ou en Asie d’ici 2050.

L’eau douce va manquer

Côté approvisionnement en eau, un peu plus de la moitié de la population mondiale est déjà en situation d’insécurité. Avec l’aggravation de la sécheresse et la multiplications des canicules, le manque d’eau douce deviendra de plus en plus criant dans certaines régions du monde. Près de 75% des approvisionnements en eaux souterraines – principale source d’eau potable pour 2,5 milliards d’humains – pourraient être touchées par le changement climatique d’ici à 2050, alors que la fonte des glaciers a déjà fortement affecté le cycle de l’eau (cours d’eau, mers, évaporation, pluie).

Avec une augmentation de 1,5 °C, dans les villes, 350 millions d’habitants supplémentaires seront exposés aux pénuries d’eau. Ce chiffre passera à 400 millions de personnes supplémentaires si la hausse des températures s’élève à 2 °C. « Les coûts d’adaptation pour l’Afrique devraient augmenter de dizaines de milliards de dollars par an au-delà de +2 °C », relèvent encore les auteurs du projet de rapport. D’après les études citées par le Giec, dans un monde à +1,5 °C, 14% de la population terrestre sera exposée à des canicules sévères au moins tous les cinq ans, en « augmentation significative ».

« A +2 °C, 1,7 milliard de personnes supplémentaires seront exposées à de fortes chaleurs, 420 millions à des chaleurs extrêmes et environ 65 millions à des canicules exceptionnelles tous les cinq ans. »

Les experts du Giec

dans un projet de rapport dévoilé par l’AFP

Les plus touchés seront les habitants des mégalopoles tropicales des pays en développement, en Asie et en Afrique notamment. « Dans ces régions, la population des villes augmente fortement et la menace de canicules mortelles plane », explique Steffen Lohrey de l’université de Berlin, principal auteur de l’étude dont sont extraits les chiffres du Giec.

Les maladies vont se propager

Autre danger, le réchauffement climatique agrandit les territoires propices aux vecteurs de maladies, notamment les moustiques. D’ici à 2050, la moitié des habitants de la planète pourrait être exposée à la dengue, la fièvre jaune ou des virus comme zika. Les ravages du paludisme ou de la maladie de Lyme vont s’amplifier et les décès liés aux diarrhées infantiles devraient augmenter au moins jusqu’au milieu du siècle, malgré le développement socio-économique. Les maladies liées à la qualité de l’air, notamment la pollution à l’ozone, typique des vagues de chaleur, vont aussi « substantiellement augmenter ». « Il y aura également des risques accrus de contamination de l’eau ou des aliments » par les toxines maritimes, selon les auteurs du pré-rapport.

De nouvelles espèces seront menacées

Pour certains animaux et certaines variétés de plantes, il est peut-être déjà trop tard : « Même à +1,5 °C, les conditions de vie vont changer au-delà de la capacité de certains organismes à s’adapter », souligne le projet de rapport, en citant les récifs coralliens. Parmi les espèces en sursis figurent les animaux de l’Arctique, territoire qui se réchauffe trois fois plus vite que la moyenne.

Des solutions peuvent être trouvées

Face à ces problèmes systémiques, il n’existe pas de remède miracle unique. En revanche, une seule action peut avoir des effets positifs en cascade. Par exemple, la conservation et la restauration des mangroves et des forêts sous-marines de varech (des algues), qualifiées de puits de « carbone bleu », accroissent le stockage du carbone, mais protègent aussi contre les submersions, tout en fournissant un habitat à de nombreuses espèces et de la nourriture aux populations côtières. En dépit de ses conclusions alarmantes, le pré-rapport offre ainsi une note d’espoir. En prenant aujourd’hui des mesures fortes, il est possible de freiner l’emballement de la deuxième moitié du siècle. 

« Nous avons besoin d’une transformation radicale des processus et des comportements à tous les niveaux: individus, communautés, entreprises, institutions et gouvernement. »

Les experts du Giec

dans un projet de rapport dévoilé par l’AFP

« Nous devons redéfinir notre mode de vie et de consommation », plaident encore les auteurs de ce document, dont la teneur définitive ne sera connue que l’an prochain.

 

Mis « à poil » par le gouvernement, les paysans bio se mobilisent pour une meilleure PAC

les "bio" à poil

Les agriculteurs bio manifestent ce mercredi 2 juin pour dénoncer les arbitrages de la Politique agricole commune (PAC), qui pourraient faire baisser les aides touchées par bon nombre d’entre eux. Le ministère de l’Agriculture assure au contraire soutenir la filière bio.

Actualisation du 3 juin 2021 – À l’issue de la manifestation, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a reçu la Fnab. Elle a affiché son soutien aux agriculteurs bio, qui espèrent qu’elle défendra leur cause auprès de son collègue le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie.

Article du 2 juin 2021 au matin :

Une feuille de vigne ou une pancarte pour tout habit, debout devant un tracteur, au milieu des pieds de tomates ou dans un champ de patates. Pour montrer leur indignation, les paysans bio ne pouvaient pas être plus clairs : le gouvernement les met à poil, dénoncent-ils.

À l’appel de leur syndicat, la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab), ils manifestent ce mercredi 2 juin à Paris, aux Invalides. Des agriculteurs de toute la France sont attendus pour protester contre les derniers arbitrages du gouvernement concernant la nouvelle Politique agricole commune (PAC), qui s’appliquera à partir de 2023. Ces 9,1 milliards de subventions européennes doivent chaque année être répartis entre les agriculteurs français. La part du gâteau attribuée à ceux de la filière bio va baisser de 66 %, a calculé la Fnab, soit une perte moyenne de 132 euros par hectare et par an. « Inacceptable », proteste avec véhémence le syndicat.

C’est en particulier la disparition de ce qui s’appelle « l’aide au maintien » qui crée cette soudaine baisse et inquiète les agriculteurs bio. Les cinq premières années, ceux-ci bénéficient d’une aide à la conversion ; puis l’aide au maintien doit prendre le relai. Cela aurait dû être le cas pour Christophe Osmont, éleveur de vaches laitières dans la Manche. Avec ces nouvelles règles, il pourrait perdre au bas mot 12 500 euros par an, a-t-il calculé. « C’est plus que mon revenu, qui était de 9 000 euros l’an dernier. Si je perds toutes ces aides, se pose la question d’augmenter mes prix. Mais je ne veux pas vendre mes produits à un prix auquel je ne pourrais pas moi-même les acheter ! » Il vient d’ailleurs d’investir pour passer sa porcherie en bio, dernière partie de sa ferme qui ne l’était pas. « Je me suis installé récemment, tous mes emprunts courent encore, mais avec toutes ces incertitudes, je ne vois pas comment faire… » Il a ainsi prévu de manifester ce mercredi.

« On nous demande de faire mieux, avec moins »

Face à la fronde grandissante, le ministère de l’Agriculture a vu la nécessité de monter lui aussi au créneau, et a organisé un point presse mardi, la veille de la manifestation. « Ces chiffrages catastrophiques dénoncent une volonté de faire peur », se défend-il. Les agriculteurs bio ne sont pas pris en traîtres : « Cela fait quelques années que la décision de supprimer l’aide au maintien est prise », souligne-t-on rue de Varennes. Elle n’est d’ailleurs plus (ou quasiment plus) versée dans plusieurs régions : Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Pays de la Loire et Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca). Le ministère aurait très bien pu revenir dessus, mais « le ministre assume ce choix, car la demande de produits bio augmente plus vite que l’offre. Il faut augmenter la production. D’où la priorité mise sur la conversion ».

Il met en avant une augmentation de 30 % de l’enveloppe dédiée aux conversions, qui passe de 250 à 340 millions d’euros par an. L’objectif est de doubler la proportion de bio d’ici 2027, pour atteindre 18 % de la surface agricole. « Le soutien à la bio augmente », martèle le ministère.

Mais les bio, eux, espéraient que l’aide au maintien serait prolongée sous une nouvelle forme, celle des paiements pour services environnementaux : une façon de rémunérer les effets positifs du bio sur les sols, la qualité de l’eau ou la santé. « Il y a encore plusieurs régions où l’aide au maintien est encore versée, et il n’y aura pas de compensation », souligne Loïc Madeline, agriculteur et secrétaire national à la PAC de la Fnab. Il assure que cette absence de visibilité après les cinq premières années ralentira le rythme des conversions : « En ce moment, en Normandie, on a zéro demande de conversion. » L’enveloppe de 340 millions d’euros dédiée à la transition vers la bio ne serait alors même pas entièrement utilisée. « Le gouvernement n’envoie pas un bon signal à ceux qui souhaitent se convertir, en particulier dans les régions céréalières, où la dynamique vers le bio est la plus faible. Si on regarde sur la durée, on nous demande quand même de faire mieux, avec moins. »

 

« Placer la bio et le HVE au même plan du point de vue économique, c’est inacceptable »

Le ministère de l’Agriculture met également en avant le fait que les agriculteurs bio auront automatiquement accès à une autre aide : l’écorégime. Ce bonus est accordé aux agriculteurs qui respectent un certain nombre de mesures environnementales. Il aura deux niveaux, et les bio seront classés sur le palier dont les aides sont les plus élevées. « Cet écorégime, ce sont les paiements pour services environnementaux », estime le ministère. En gros, le remplacement de l’aide au maintien.

Sauf que là encore, les agriculteurs bio bondissent. Les montants, même s’ils ne sont pas complètement arbitrés, seront bien inférieurs à l’aide au maintien. Et surtout, le bio sera placé, dans ces écorégimes, au même niveau que la certification Haute valeur environnementale (HVE), dont les critères sont dénoncés comme hautement insuffisants par les associations environnementales (pas d’interdiction des pesticides les plus dangereux, critères biodiversité indigents). Une analyse récemment confirmée par une note de l’Office français de la biodiversité (OFB), révélée par Le Monde. L’organisme concluait que les critères « ne permettent pas de sélectionner des exploitations particulièrement vertueuses ».

« Placer la bio et le HVE au même plan du point de vue économique, c’est envoyer un signal d’équivalence, c’est inacceptable, alerte Loïc Madeline. Quand on envoie un tel message, on se demande quelle est la stratégie : positionner le HVE, plutôt que la bio, comme outil de la transition agroécologique ? Dans ce cas, qu’ils l’assument. »

En réponse, le ministère énumère les politiques favorables au bio (Fonds Avenir bio du plan de relance, loi Egalim demandant 20 % de bio dans dans les cantines, etc.). Il assure étudier une évolution des critères de la certification HVE. Sur la base de la note de l’OFB, la Fnab demande de son côté la réévaluation des critères de l’écorégime, afin de différencier le HVE du label bio, bien plus exigeant. Dans leurs revendications aujourd’hui portées, ils sont notamment soutenus par de nombreux médecins et scientifiques, qui soulignaient dans une tribune la forte exposition de la population aux pesticides, et demandaient « de prioriser dans la Politique agricole commune (PAC) la réduction drastique des pesticides dans la production et dans l’alimentation en favorisant le développement de l’agriculture biologique ».

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Les paysans se meurent et bientôt les champs seront silencieux

Ces oiseaux du quotidien dont la population s’effondre

les oiseaux disparaissent

Le nombre d’oiseaux les plus communs, dont le tarier des prés, le chardonneret élégant ou le martinet noir, est en fort déclin depuis trente ans, selon un nouveau rapport. Les raisons de ce déclin : intensification agricole, pesticides, actions humaines…

Les espèces d’oiseaux, même les plus communes, celles que l’on voit tous les jours, connaissent un fort déclin en France depuis trente ans. Voici le constat du programme de Suivi temporel des oiseaux communs (Stoc), mené par le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et l’Office français de la biodiversité (OFB), dont les résultats ont été publiés lundi 31 mai.

Depuis 1989, plus de 2 000 ornithologues bénévoles ont observé l’évolution du nombre d’oiseaux sur plusieurs territoires donnés. Ils sont retournés aux mêmes endroits, aux mêmes périodes, année après année, notant scrupuleusement tous les volatiles qu’ils apercevaient ou entendaient. Trois décennies plus tard, leur état des lieux est sans appel : sur 123 espèces d’oiseaux les plus communes en France, 43 régressent (soit environ 35 % des espèces étudiées).

« Les oiseaux sont d’excellents indicateurs de l’état de santé des écosystèmes, indique Caroline Moussy, responsable d’enquêtes avifaunes à la LPO et coordinatrice du Stoc. Ces résultats sont très inquiétants pour notre biodiversité commune, même s’ils ne concernent pas des espèces en voie d’extinction, car ils sont le symptôme d’un gros déséquilibre dans notre environnement. » Pour rendre ce bilan plus concret, Reporterre détaille le cas de trois oiseaux communs dont le nombre se réduit d’année en année.

  • Le tarier des prés

Sourcil blanc, poitrail orange, ce petit oiseau était emblématique des milieux agricoles. Mais sa population est en baisse de 60 % depuis vingt ans. « Les tariers des prés [Saxicola rubetra] allaient de pair avec les pâtures extensives, qui leur fournissaient de la nourriture et des endroits où nicher, précise Caroline Moussy. Mais ils ont été affectés par les changements de sols, et par le fait que les pâtures aient été converties en de grandes monocultures. »

les oiseaux disparaissent Tarier des prés. Flickr/CC BY 2.0/Frank Vassen

« On a l’impression de toujours rabâcher les mêmes choses, soupire-t-elle. Il faut changer cette tendance d’intensification agricole, il faut aller vers de l’agroécologie, aider les éleveurs à garder leur activité, ces prairies extensives, continuer à planter et protéger des haies, etc. » Ces changements de pratique aideraient au redéveloppement de la population des tariers des prés, mais seraient évidemment aussi favorables à toutes les espèces, et pas seulement d’oiseaux.

  • Le chardonneret élégant

Ce petit volatile à la face rouge écarlate et aux ailes bariolées de noir et jaune est davantage observé dans les milieux urbains, il niche dans les arbres ou buissons des parcs et jardins. Il n’échappe pas non plus à un fort déclin : sa population a été réduite de près de 31 % ces vingt dernières années. Pour cet oiseau, les raisons de cette baisse sont moins évidentes. « Le Stoc en lui-même n’a pas vocation à évaluer les causes du déclin, c’est un indicateur d’état des espèces », rappelle Caroline Moussy.

les oiseaux disparaissent

Chardonneret élégant. Wikimedia Commons/CC BY-SA 3.0/Ghislain38

Quelques hypothèses peuvent toutefois être mises en avant. « L’artificialisation des friches privant le chardonneret élégant (Carduelis carduelis) de nourriture pourrait être en cause, le braconnage pourrait aussi contribuer à son déclin », suppose la coordinatrice du programme.

  • Le martinet noir

Cette espèce, qui passe le maximum de son temps en vol, est reconnaissable à ses ailes en forme de faucille et à sa couleur foncée. Au fil du temps, le martinet noir est devenu un oiseau urbain, habitué des milieux bâtis, nichant dans les coins de fenêtres des immeubles, des cavités ou sous les toits des bâtiments. Sa population est en baisse de près de 46 % depuis 2001. Il a pu subir la transformation des bâtiments, la rénovation des façades, et plus globalement l’artificialisation des milieux urbains. « À cela peut s’ajouter un conflit avec l’humain : certaines personnes n’ont parfois pas envie d’avoir un oiseau qui niche sur leur fenêtre et fait des déjections partout », soupçonne Caroline Moussy.

les oiseaux disparaissent

Martinet noir. Capture d’écran YouTube/Jean-François Cornuet

« Le martinet noir [Apus apus] est une espèce insectivore, or le nombre d’insectes décline lui aussi, rappelle-t-elle aussi. On connaît très bien les raisons de cette disparition : l’utilisation en milieu agricole de pesticides, et notamment d’insecticides néonicotinoïdes. » Des études ont montré une corrélation spatiale et temporelle entre la commercialisation massive de l’imidaclopride (la substance néonicotinoïde la plus commercialisée en France depuis 1991 [1]) et le déclin des oiseaux.

Le 21 mai 2021, désemparée face au manque d’action politique, la LPO a décidé d’emprunter la voie de la justice. Elle a assigné devant le tribunal judiciaire de Lyon les principaux producteurs, importateurs et distributeurs d’imidaclopride en France. Le but : réclamer une expertise judiciaire pour déterminer l’étendue des dommages et les mesures de réparation à engager. L’association demande aussi au tribunal de faire cesser immédiatement toute commercialisation de produits contenant cette substance.

« Certaines personnes veulent aider les oiseaux avec des petits gestes individuels, comme créer un refuge dans son jardin, dit Caroline Moussy. C’est bien, chaque petite action aide, mais au niveau de déclin de la biodiversité où nous en sommes, il faut passer à une action beaucoup plus importante. C’est une réelle action politique qu’il nous faut. »

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Combien d’oiseaux sont présents sur Terre ?

La chocogrenouille existe dans la vraie vie, elle s’appelle Litoria mira

une grenouille chocolat

Une grenouille couleur chocolat a été découverte dans les marais de la forêt tropicale de Nouvelle-Guinée.

Par Quang Pham

STEVE RICHARDS Queensland Museum, Griffith University, South Australian MuseumLa grenouille chocolat peut être trouvée dans les marais de la forêt tropicale de Nouvelle-Guinée

GRENOUILLE – Elle semble tout droit sortie de l’univers de “Harry Potter”, une grenouille couleur chocolat a été découverte dans un marais de la forêt tropicale de Nouvelle-Guinée selon un article publié le 20 mai dans l’Australian Journal of Zoology par des chercheurs du Museum de Queensland Museum et l’Université de Griffith.

Litoria mira, le nom donné par les scientifiques à cette nouvelle espèce, n’est pas une friandise pour sorciers mais une grenouille arboricole, sa plus proche cousine est la rainette de White qu’on retrouve notamment en Australie comme l’explique Paul Oliver, chercheur au Queensland Museum et l’Université de Griffith.

“Les deux espèces ont l’air similaires excepté qu’une est d’habitude verte tandis que cette nouvelle espèce possède une charmante couleur chocolat”, décrit le chercheur. Il existe également d’autres différences, la grenouille chocolat est plus petite et possède une petite tache violette au bord des yeux.

Une découverte surprenante

La zone où la grenouille a été découverte est assez peu hospitalière pour les êtres humains, ce qui peut expliquer pourquoi les scientifiques n’avaient pas eu auparavant connaissance de cette espèce estime Steve Richards, un des auteurs de l’étude auprès du journal australien Manning River Times.

“Elle est marécageuse, il y a beaucoup de moustiques porteurs du paludisme, la zone est inondée et il n’y a pas énormément de routes”, détaille Steve Richards. Le chercheur a même dû s’enfuir pour échapper à un essaim de frelons géants le jour exact où il faisait la découverte de la grenouille chocolat. “C’est vraiment un endroit désagréable pour travailler” se remémore-t-il.

Les chercheurs pensent que la grenouille chocolat pourrait être assez répandue en Nouvelle-Guinée. Le nom scientifique de la grenouille est une référence à la surprise qu’ont ressenti les scientifiques a sa découverte, affirme Paul Oliver dans un communiqué.

Le nom “mira” a été donné à cette grenouille car il “signifie ‘surprise’ ou ‘étrange’ en latin, parce qu’il était surprenant de découvrir une parente d’une espèce commune et bien connue en Australie de grenouille arboricole vivant au fin fond de la forêt tropicale de Nouvelle-Guinée”, explique le chercheur.

En Alsace, les cigognes plus nombreuses que jamais

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Des cigognes et leurs petits à Neuwiller-les-Saverne, dans le Bas-Rhin, le 4 juin 2021

AFP – FREDERICK FLORIN

 

Par AFP le 07.06.2021 à 12h30, mis à jour le 07.06.2021 à 15h48 Lecture 4 min.

Les cigognes ont frôlé l’extinction en Alsace. En 1974, Haut-Rhin et Bas-Rhin ne comptaient plus que neuf nids, alors qu’il y avait encore 145 couples en 1960. Aujourd’hui, un comptage national souligne la bonne santé de cette population

Leurs bruyants claquements de bec et leurs nids imposants font partie du paysage: en Alsace, les cigognes blanches n’ont jamais été aussi nombreuses, selon un comptage national en cours, signe de la réintroduction réussie d’une espèce qui peut désormais voler de ses propres ailes.

Jumelles sur les yeux, téléphone dans la main, Yves Muller scrute minutieusement les nids perchés sur un mât, un arbre ou un toit. « Un adulte avec trois jeunes », « un nid supplémentaire que je n’avais pas vu »…, dicte-t-il, avant de rentrer ces éléments dans une base de données localisant précisément chaque nid.

« Le but est de connaître exactement la population française de cigognes blanches et sa répartition, car si on veut protéger une espèce, il faut connaître ses effectifs », explique le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) Alsace.

Depuis plusieurs semaines, des centaines d’observateurs bénévoles examinent nids et couvées de cigogneaux.

Commune d’un millier d’habitants dans le parc naturel des Vosges du Nord, Neuwiller-lès-Saverne compte au moins trente nids. Certains atteignent plusieurs centaines de kilos et un mètre voire deux de haut. Chaque année les couples de cigognes ajoutent une épaisseur de branchages.

Jeune retraité et photographe amateur, Dominique se souvient avoir vu un premier couple d’oiseaux s’installer à Neuwiller-lès-Saverne « au début des années 1990 ». « Maintenant toutes les places sont occupées, c’est la crise du logement », plaisante celui qui a pris des milliers de photos de « (s)es voisines ».

– 1.200 nids –

Le recensement effectué par la LPO cette année est « le premier comptage exhaustif au niveau national » pour cette espèce, explique Yves Muller.

Si l’oiseau noir et blanc au bec rouge est présent depuis au moins le Moyen-Âge en Alsace et en est devenu un symbole, des cigognes blanches venues d’Espagne se sont aussi installées en nombre sur la façade atlantique du pays, en Charente-Maritime, en Gironde, ou dans le Morbihan.

Les données finales de ce comptage devraient être connues cet hiver. D’ores et déjà, une première estimation chiffre la population alsacienne à « 1.200 nids occupés », avec, pour chacun, un couple d’oiseaux et jusqu’à cinq jeunes qui prendront leur envol vers la mi-juin.

Une telle population est du jamais vu, alors que la cigogne a frôlé l’extinction en Alsace. En 1974, Haut-Rhin et Bas-Rhin ne comptaient plus que neuf nids, alors qu’il y avait encore 145 couples en 1960.

Une très forte mortalité intervenait pendant la migration hivernale. Les cigognes étaient chassées, la sécheresse dans le Sahel les empêchait de trouver suffisamment de nourriture et les lignes électriques les fauchaient en plein vol.

– Reproduction en captivité –

L’Alsace se lance alors dans des opérations de réintroduction de son oiseau fétiche, avec des « enclos de repeuplement », dans lesquels sont élevées des cigognes en captivité, perdant en quelques années leur instinct migratoire.

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Une cigogne et ses cigogneaux dans leur nid, le 4 juin 2021 à Newiller-lès-Saverne, dans le Bas-Rhin (AFP – FREDERICK FLORIN)

Les cigogneaux relâchés dans la nature ont permis à l’espèce de prospérer de nouveau rapidement. Quelque 79 couples sont dénombrés en 1990, puis 565 en 2011 et 788 en 2015.

« On a sauvé les cigognes d’Alsace, maintenant on laisse la population évoluer librement », explique Yves Muller, régulièrement interrompu par les claquements de bec d’une cigogne saluant son conjoint de retour dans le nid avant de régurgiter la nourriture rapportée aux cigogneaux.

Si la cigogne blanche reste une espèce protégée, la LPO plaide pour que l’oiseau ne soit plus nourri artificiellement et que la population se régule naturellement en fonction de la nourriture trouvée dans les zones humides.

Le sauvetage de la cigogne blanche a reposé sur une « spécificité » de l’espèce, celle de bien se reproduire en captivité.

« On ne peut pas faire avec tous les oiseaux ce qu’on a réussi avec la cigogne », regrette Yves Muller. En Alsace, le grand tétras ou le courlis cendré sont en voie d’extinction.